Tout savoir (ou presque) sur le franc suisse

La saga du franc suisse

Si le dollar et l’euro ont déjà suscité de multiples ouvrages de vulgarisation sur leur histoire et leur avenir plus ou moins radieux, le franc suisse n’avait jusqu’à récemment suscité que peu de vocations. Rien de surprenant, étant donné le poids relativement modeste de notre monnaie en regard du billet vert ou de la monnaie européenne. Pourtant, la devise helvétique est loin d’être insignifiante dans les transactions internationales, comme le rappelle Yves Genier, journaliste économique au quotidien La Liberté, qui vient de lui consacrer un petit ouvrage* très synthétique et efficace dans la collection Le Savoir Suisse, intitulé Le franc suisse – la fragilité d’une monnaie forte.

Une devise trop désirable

Dans ce bref panorama de l’histoire du franc depuis sa création jusqu’à nos jours, mon confrère rappelle l’origine de son attrait : septième devise la plus échangée au monde, après le dollar, l’euro, le yen, la livre et les dollars australiens et canadiens ; stabilité politique et économique ; masse monétaire l’une des plus importantes au monde, dû à la taille de l’économie suisse, qui arrive au 19e rang mondial, et qui accumule les excédents. Comme on le sait, les crises chez nos voisins rendent notre devise trop désirable, la renforçant de manière exagérée, au grand détriment de notre industrie d’exportation et des professions liées au tourisme.

Politique monétaire sur la corde raide

Pour y faire face, la Banque Nationale Suisse n’a guère de latitude. Ce qui l’oblige parfois à des stratégies aux conséquences néfastes pour l’économie nationale, comme l’explique l’auteur : «Aussi la politique monétaire suisse est-elle à l’image de ces funambules sur une corde raide : trouver le moyen d’avancer dans un juste milieu entre les besoins indigènes et les impulsions extérieures. La Suisse, en tant que petite économie gagnant un franc sur deux à l’étranger, ne peut pas se permettre d’ignorer ce dernier, même quand cela ne correspond pas à ses intérêts.»

Pour les amateurs éclairés

La lecture de l’ouvrage d’Yves Genier peut constituer un excellent hors-d’œuvre avant de s’attaquer à un livre plus ancien, Le franc suisse – L’histoire d’un succès **, publié en 2015 chez le même éditeur. En effet, ce livre de référence de 320 pages ne se lira pas en quelques heures, puisque rédigé par le professeur Ernst Balstenberger, spécialiste de politique monétaire. Mais l’auteur réussit le tour de force de rester accessible malgré la technicité du sujet. L’ouvrage est d’autant plus plaisant qu’il est bien rédigé, efficacement mis en page et richement illustré.

*Le franc suisse ­ – La fragilité d’une monnaie forte, par Yves Genier, Presses polytechniques et universitaires romandes. 2018

**Le franc suisse – L’histoire d’un succès, par Ernst Baltensperger, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2015

 

 

 

 

 

 

Pierre Novello

Pierre Novello est journaliste économique indépendant et auteur d’ouvrages de vulgarisation dans le domaine de la prévoyance, de l’investissement sur les marchés financiers ou encore pour l’accession à la propriété de son logement. Avant d’embrasser la carrière journalistique en entrant au Journal de Genève et Gazette de Lausanne, il a été formé comme analyste financier pour la gestion de fortune.

Une réponse à “Tout savoir (ou presque) sur le franc suisse

  1. La Suisse aurait eu sûrement une carte à jouer, non avec son CHF monnaie refuge, mais avec une éthique d’il y a cent ans et la crypto-valley zougoise.

    Mais tout ça sera bientôt fini, tous ses rêves out, dans dix ans.
    On ne peut vendre son âme et penser que l’on reste Heidi!

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