LRTV: c’est oui. Et alors?

C’est donc un oui du bout de lèvres pour la loi sur la révision de la radio et de la télévision (LRTV), mettant fin à un suspense presque insoutenable tout au long de l’après-midi, rappelant quelque peu la votation du 9 février 2014. En faisant presque oublier qu’il ne s’agit que de réformer la perception d’une redevance… Ce score très serré traduit-il un rejet du modèle de la SSR? On peut s’interroger. Mais on peut imaginer qu’une tranche non négligeable de la population a été dérangée par les nouvelles modalités de cette perception, en particulier sur les entreprises. On n’a en effet pas besoin d’être un anti-SSR primaire pour mettre en question l’idée que les personnes professionnellement actives utilisent massivement un média à vocation régionale sur leur lieu de travail. L’argument d’une double imposition n’était pas dénué de fondement. Les défenseurs de la révision ont affirmé qu’il s’agissait finalement de sommes assez modestes. Ce qui est vrai. Mais ce n’est pas une raison. On vote aussi sur des principes.

Pour l’initiative sur les successions, le rejet est suffisamment fort pour qu’on n’ait pas vraiment envie d’en rajouter. Même les Vaudois, qui connaissent un impôt de succession en ligne directe à partir de 250'000 francs, n’ont en pas voulu. Les opposants ont peut-être exagéré les risques que cette initiative faisait courir à l’économie, en entravant la transmission des entreprises familiales. Mais c’est le genre de phénomène qu’il est toujours difficile d’évaluer a priori. Et cela a certainement inquiété bon nombre de nos concitoyens alors qu’il est facile de se représenter la charge que constitue le franc fort pour les entreprises. Sans parler des effets à venir de cette fameuse votation du 9 février pour recruter la main-d’œuvre qualifiée qui leur est tellement nécessaire.

Enfin, on peut penser que l’idée d’imposer les héritiers en ligne directe aux mêmes conditions que n’importe quel autre bénéficiaire, qu’il soit apparenté au défunt ou non, n’était pas forcément du goût d’une majorité de la population. D’ailleurs, est-ce forcément illégitime de vouloir transmettre intégralement son patrimoine à ses enfants, d’autant plus qu’il aura déjà été ponctionné chaque année par l’impôt sur la fortune?

Retrouvez ici le sommaire des votations de ce 14 juin

Pierre Novello

Pierre Novello est journaliste économique indépendant et auteur d’ouvrages de vulgarisation dans le domaine de la prévoyance, de l’investissement sur les marchés financiers ou encore pour l’accession à la propriété de son logement. Avant d’embrasser la carrière journalistique en entrant au Journal de Genève et Gazette de Lausanne, il a été formé comme analyste financier pour la gestion de fortune.