Nous sommes deux millions

Fin 2013, la Suisse romande a passé en catimini le cap des deux millions d'habitants. Petit retour sur un bout de pays en pleine croissance.

Dans la frénésie de chiffres qui illustrent, depuis 2005, la croissance démographique suisse, il en est un qui est passé complètement inaperçu: celui de la population habitant la Suisse romande. Or, il apparaît, au vu de l'examen des données de la population permanente à fin 2013, publiés par l'OFS en septembre 2014, que la Suisse romande a passé la barre des deux millions d'habitants.

A l'examen des chiffres arrêtés au 31 décembre 2013, on apprend que la Suisse romande, définie comme étant les régions du pays où l'usage du français domine, comptait une population résidante permanente s'élevant à 1'995'956 personnes, auxquelles il faut encore ajouter la population romande de Bienne, estimée sur la période 2010-2012 à 15'326 personnes, soit un total romand au 31 décembre 2013 s'élevant à 2'011'282 personnes.

La comparaison avec les données de fin 2012 montre que la Suisse romande a gagné 35'155 habitants durant l'année 2013, ce qui signifie qu'en englobant les romands de Bienne, dont la population romande évolue peu, le cap des 2 millions d'habitants a probablement été franchi durant le mois de septembre 2013. Dans son acception territoriale stricte, donc sans la ville de Bienne, la Suisse Romande a passé la barre des deux millions d'habitants très tôt en 2014, durant le mois de février.

Avec ses deux millions d'habitants, la Suisse romande englobe désormais pratiquement le quart de la population totale de la Suisse (24,7%) – un chiffre en nette hausse. Et pour cause: en 2013, ce quart de pays a absorbé plus du tiers de la croissance démographique de l'ensemble: la Suisse romande abrite 35,0% des 100'571 habitants que la Suisse a gagné en 2013. De plus, cette croissance est avant tout due à un dynamisme économique hors-normes: en 2012, la Suisse romande a accueilli 37,6% de la croissance totale des emplois en Suisse. Le canton de Vaud à lui seul a gagné plus d'emplois cette année-là que le canton de Zurich, presque deux fois plus peuplé.

En année d'élections fédérales, il n'est certainement pas inutile de rappeler, particulièrement à nos compatriotes d'outre-Sarine, le poids croissant du "Welschland", la part de plus en plus importante qu'il prend dans le dynamisme du pays, l'expérience, notamment politique, qu'il porte. Qu'il est loin, le temps du misérabilisme romand des années 1980 et 1990! Nous avons de quoi être fiers de nous, de notre parcours, de notre expérience.

Car non, nous ne sommes plus ce petit bout de Suisse qui compte "un million et quelque" habitants. Nous sommes deux millions. Qu'on se le dise!

PS: On peut accéder ici à une version plus technique et plus cartographique de ce billet.

Pierre Dessemontet

Pierre Dessemontet est docteur en géographie économique, syndic d'Yverdon-les-Bains, député au Grand Conseil vaudois, et vice-président du Parti Socialiste Vaudois.