Il y a cinq ans exactement j’écrivais et publiais mon premier article dans ce blog.
Je vous invitais, chers lecteurs, « à vous placer par la pensée à mes côtés pour considérer la Terre sous nos pieds et la voûte céleste où brillent tous ces astres qui nous intriguent, nous émerveillent et nous appellent depuis l’aube des temps ». Il s’agissait et il s’agit toujours ici, ensemble, « de regarder, de réfléchir, pour tenter d’appréhender et de comprendre les grands mystères auxquels est confrontée l’humanité dans l’Univers, où elle n’est que poussière infime ».
J’espère avoir, tout au long des 270 articles publiés, fait un point utile sur nos connaissances, et sur les réponses qu’on peut apporter à ces grandes questions qui se posent ou plutôt qui s’imposent à nous, concernant l’Univers et notre place dans icelui, sans avoir bien entendu la prétention d’avoir maîtrisé ces connaissances dans toutes leurs complexités. Je m’y suis efforcé, sérieusement et sans crainte d’un « qu’en dira-t-on » quelconque relatif à ma présomption et je pense, avec l’aide bienveillante des nombreux spécialistes qui ont accepté de répondre à mes questions, en avoir bien perçu les grandes lignes. En dépit des difficultés et du temps passé que cela représente, j’ai osé me plonger dans des matières connues séparément par ces spécialistes qui utilisent pour communiquer entre eux, à l’intérieur de chacun de leur domaine, des présupposés et un langage élaboré comme véhicule de leur science, qui sont largement impénétrables aux profanes tant la Recherche s’est approfondie et en s’approfondissant s’est segmentée, chaque segment s’allongeant et s’élargissant considérablement comme les branches puis les ramures d’un arbre de plus en plus gigantesque. Je ne leur reproche pas cette complexité ; elle leur est nécessaire pour leur permettre de bien se comprendre entre eux, c’est-à-dire de se comprendre avec précision et efficacité dans leur communication « interne », mais elle a malheureusement pour effet négatif de compartimenter de plus en plus la communication générale entre les praticiens des différentes disciplines. Ma plus grande satisfaction personnelle aura été de parvenir à faire sauter ces cloisons pour obtenir une vue d’ensemble sur ce que l’on sait aujourd’hui, me rapprochant ainsi, en esprit, des humanistes de la Renaissance. J’espère avoir en même temps « clarifié les choses » pour mes lecteurs.
Je ne vois évidemment pas l’Univers comme le voyaient ces hommes des 15ème et 16ème siècles. Pour résumer, il est beaucoup plus étendu, complexe et surtout évolutif qu’ils pouvaient le penser. Giordano Bruno puis Galilée avait retrouvé dans l’observation ou/et le raisonnement la voie entrouverte par Aristarque de Samos et refermée très vite par Aristote et l’Eglise, mais que de chemin parcouru depuis ! Que de chemin parcouru même depuis Einstein, Lemaître, Hubble au début du 20ème siècle quand mes propres parents étaient jeunes ! Ce n’est pas que ces très anciens et moins anciens prédécesseurs ne concevaient pas l’infini mais que n’ayant pas eu les possibilités technologiques d’observation que nous avons développées avec une rapidité prodigieuse ces dernières décennies et les connaissances que nous avons pu de ce fait accumuler, ils ne pouvaient imaginer l’impressionnante complexité de l’Espace et en déduire avec la finesse absolument extraordinaire dont nous sommes aujourd’hui capables, les lois qui en gouvernent l’évolution, ni concevoir notre si particulière situation en tant qu’êtres pensants en son sein.
Il ressort de tout cela, en ce qui me concerne, un sentiment mêlé d’émerveillement, d’admiration et de révérence que je ne puis éprouver qu’avec ferveur, comme devant le plus beau spectacle éducatif que l’on puisse imaginer et qui satisfait tous les sens et l’esprit, non pas jusqu’à satiété car l’esprit humain ne peut être rassasié de l’infini, mais jusqu’à une sorte de débordement, comme devant quelque chose en mouvement qui défile devant les yeux (par exemple les eaux d’un puissant fleuve tropical ou les nuages précurseurs de l’orage dans un ciel tumultueux), qu’on ne peut appréhender en totalité et dont on attend toujours la suite pour voir encore de plus près ce qu’il y a de plus lointain et/ou pour tenter de connaître ce qui dans le temps vient encore toujours « avant ».
Je pense que je resterai dans cet état d’esprit, insatiable, progressant sans cesse mais voulant toujours savoir plus, jusqu’à la fin non pas des temps, évidement, mais de mon temps à moi, possédé et emporté comme par une drogue, en tout cas une force irrésistible, jusqu’à ce tunnel de lumière que l’on dit être « la dernière perception que l’on a de ce monde », sans finalement pouvoir savoir ce qui éventuellement se révèlera ensuite.
C’est alors qu’apparaît naturellement dans la réflexion, le besoin de l’explication ultime et que beaucoup de nos contemporains utilisent, comme nos ancêtres, la réponse bien pratique pour tranquilliser son esprit, d’un Dieu « créateur de toutes choses ». La réalité c’est qu’honnêtement, on ne peut plus sortir ce « joker » si facilement aujourd’hui. La Science nous a appris à douter, à remettre en cause, à critiquer, à chercher toujours plus, avant d’adhérer. La pertinence de ce Dieu s’éloigne donc sans disparaître toutefois, au fur et à mesure que l’on s’approche c’est-à-dire que nos connaissances s’étendent, et il n’est plus acceptable comme explication ultime aux niveaux où on le faisait intervenir dans les temps plus anciens. Alors peut-être est-il dans son essence même de reculer indéfiniment, de se dissiper comme un brouillard au fur et à mesure que la Science progresse et finalement de ne pas être là-bas, à la sortie du tunnel de lumière ou « d’y être sans y être tout en y étant quand même », comme une sorte de phénomène quantique dont la réalité est insaisissable avec précision ou comme le vide que les spécialistes nous disent être riche d’une infinité de virtualités…A moins que ?
Nous verrons bien ou nous ne verrons rien !
Illustration de titre: image en tête d’article: Photo choisie pour les 25 ans du lancement du Télescope Spatial Hubble (le 24 avril 1990). Crédit: NASA (Hubble) :Amas d’étoiles « Westerlund 2 » de la nébuleuse « Gum 29 », dans la constellation de la Carène (à 20.000 années lumières de notre système solaire).
…”à moins que” à l’autre bout du tunnel, de l’autre côté du miroir du vide de l’espace-temps, le Christ en majesté ne nous empoigne pour nous arracher à la mort, comme sur la sublime fresque de la coupole de l’église Saint-Sauveur in Chora à Constantinople…mais nous ne saurons qu’après!
Crédit : Wikipedia commons. NB : Les descendants des barbares qui ont pris et pillé la Ville en 1453 menacent aujourd’hui de détruire ce joyau de notre culture européenne sans que le gouvernement des Etats qui en sont les dépositaires aient le courage de riposter sinon de protester, sauf en Grèce bien entendu mais la Grèce seule n’est pas assez puissante pour empêcher le crime.
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