Prenons avec nous notre Feu et partons pour Mars!

Dans la Guerre du Feu de J.H. Rosny aîné, nos très lointains ancêtres s’emparent puis protègent par leur mobilité des braises qu’ils transportent dans une coque de morceaux d’écorce humides tapissée d’éclats de pierre. Ils se sauvent, non pas pour fuir c’est à dire renoncer mais bien au contraire pour temporairement survivre et, un jour, pour s’installer à nouveau et continuer à vivre, grâce au meilleur de ce que la technologie de leur époque pouvait leur offrir.

Il ne faut pas croire, malgré les centaines de milliers d’années écoulées passées en tant qu’Homo-sapiens sur cette Terre qui nous a enfantés, que nous soyons moins fragiles qu’ils l’étaient. Nous avons intérêt à en être conscients, à ne pas oublier qu’il faut rester mobiles et agir en conséquence au bon moment. Nous n’avons pas forcément le temps de nous prélasser dans les palais de Sodome et de Gomorrhe. Nous avons tous intérêt à ce qu’au moins une poignée d’entre nous, portant avec eux leur feu de vie, partent « cette nuit même ».

Les exemples de tels mouvements abondent dans les mythes et dans l’Histoire : ceux des premiers hommes de la Guerre du Feu bien sûr, mais aussi celui de Noé, de Loth et ses filles, de Moïse, des Pilgrims Father, des Mormons…

Aujourd’hui, Mars !

Oui, pour nous aussi l’heure est venue et nous devons partir, trouver un havre de paix ou au moins un abri pour préparer des jours meilleurs ; non seulement pour nous-mêmes mais aussi pour l’humanité entière. Nous voyons bien autour de nous la dégradation générale de la situation, la surpopulation, la pollution extrême, la hausse des températures, la perte accélérée de la biodiversité, les maladies qui circulent d’un bout à l’autre de la planète à une vitesse de plus en plus rapide, la haine et la violence qui se déchainent en raison des mouvements incontrôlés de population ou du saccage de l’environnement. Nous constatons aussi que malgré l’expérience, la guerre pour toutes sortes de raisons n’est pas qu’un mauvais souvenir mais qu’elle peut toujours revenir sur le devant de la scène avec des armes de plus en plus destructrices.

Certes, tout espoir de correction de cette évolution négative n’est pas à exclure par principe. Nous pouvons nous amender, retrouver un équilibre, être à nouveau heureux sur Terre ; le cœur de l’homme est souvent mauvais mais il est bon aussi. La Technologie donc notre esprit inventif opérant sur un lit de connaissances et de savoir-faire accumulés depuis maintenant plus de deux siècles, peuvent nous permettre d’éviter la catastrophe.

Mais aurons-nous le temps ? Le Titanic sur lequel nous sommes embarqués et sur la barre duquel nous faisons pression pour passer au large de l’Iceberg, va-t-il réagir à temps, l’inertie conjugués des insouciants et des incapables devant l’extrême violence de certains d’entre nous, sera-t-elle trop forte ou bien la barre va-t-elle casser ?

J’entends les gens qui disent que nous ne sommes pas pressés d’aller sur Mars pour cette raison, que la Terre est notre seule possibilité de continuer à vivre et qu’il n’existe pas de Planète-B ou bien qu’on verra, plus tard.

Je ne suis pas d’accord.

Grâce à nos progrès technologiques, Mars devient potentiellement habitable, tout comme l’Europe le (re)devint pour Homo Sapiens après le pic de la dernière Grande-glaciation ou comme l’Amérique devint accessible aux Européens après qu’ils eurent développé des bateaux suffisamment résistants et des armes plus efficaces que leurs lances ou leurs flèches.

« Devenir habitable » ne veut pas dire que ce sera facile de s’y installer. Non, ce sera probablement « juste-possible », tant l’environnement de Mars est hostile. Mais ce sera « quand-même-possible » car outre les rayons du Soleil pour nous éclairer et nous fournir un peu d’énergie, nous aurons les éléments pour le faire, nos connaissances en chimie, mécanique, ingénierie pour les utiliser et les transformer et nos connaissances en biologie et en médecine pour y adapter nos enveloppes charnelles.

« Nous », ce sera seulement une toute petite poignée d’entre nous, pas plus nombreux que nos ancêtres quand ils quittèrent l’Afrique, quelques centaines puis quelques milliers de personnes. Certainement des hommes courageux et psychologiquement forts mais aussi capables de transformer leur environnement, adaptables à l’imprévu et à l’épreuve, et créatifs ; des hommes qui sans être du tout asociaux car il leur faudra « vivre ensemble » avec un petit nombre, seront capables de vivre en dehors du cocon physique et humain où ils seront nés ; des hommes exceptionnels donc mais l’humanité devrait être capable de nous les offrir comme on tend une corde à quelqu’un qui se noie, comme elle l’a toujours fait en cas de besoin extrême.

De cette graine, naitra une nouvelle branche de notre espèce, des êtres qui seront adaptés à leur environnement et qui, entre eux, par leur vie même, auront créé des liens particuliers de connaissance, de proximité, d’amitié et d’affection, comme dans toute autre communauté humaine.

Eloignés de nous autant qu’on puisse l’être, ils n’en seront pas moins des membres de notre grande famille, en relations aussi fréquentes que possible, que les autres avec tous, par tous les moyens disponibles, c’est-à-dire essentiellement les ondes. Les télécommunications entre Mars et la Terre seront essentielles pour les Martiens, autant que les contacts physiques intermittents car réalisables seulement tous les 26 mois, une véritable ligne de vie jusqu’à ce que l’autonomie soit possible. Il s’agira de continuer à bénéficier, autant que faire se peut, des progrès techniques et de l’enrichissement culturel terrestre et d’y participer…mais à distance, donc derrière un écran protecteur des troubles ou des maladies. De ce fait les Martiens donneront une nouvelle dimension à la communauté humaine. Pour nous tous, Mars sera le lieu des extrêmes, la « frontière » comme l’était l’Ouest Américain dans la seconde moitié du 19ème siècle et le début du 20ème et peut-être, paradoxalement, le pays de la paix.

Cependant, de plus en plus, les Martiens développeront leurs particularités et la nature les différenciera aussi des autres hommes car on ne vivra pas impunément dans des gravités différentes. Comme les Thibétains se sont adaptés biologiquement aux hauts plateaux d’Asie-Centrale, les Martiens s’adapteront biologiquement, avec le temps, à leur gravité spécifique de 0,38g. Et si les Terriens pourront toujours leur rendre visite physiquement, eux-mêmes auront de plus en plus de mal à reciproquer. Imaginez, si vous deviez vivre dans une gravité de 3g, la fatigue que vous ressentiriez rapidement en vaquant à des activités tout à fait normales !

Mais ce sera ainsi, le prix à payer pour une vie nouvelle et il y a eu bien pire dans l’Histoire. Car de plus en plus nous aurons, dans ce monde nouveau, des échanges en « distanciel ». Certes ces échanges avec la Terre souffriront d’un décalage de temps (les 3 à 22 minutes incompressibles dans un seul sens en raison de la finitude de la vitesse de la lumière) mais ce sera pénible, non insurmontable. On aura le temps de réfléchir avant de parler et on continuera à communiquer par Internet (non plus le www mais le twww pour trans-world-wide-web).

Alors, malgré ces inconvénients et en raison de ces avantages, il ne faut pas hésiter, il faut partir « demain » c’est-à-dire « dès que possible » car l’acclimatation sera longue, l’autonomie absolument nécessaire pour ne pas mourir, et encore plus longue à réaliser totalement. D’un autre côté nous ne pouvons pas nous permettre d’éviter la mort totale de notre Civilisation si par malheur la barre de notre Titanic cédait avant d’avoir contourné l’Iceberg. Demain nous pouvons avoir surmonté l’obstacle ou nous pouvons avoir disparu. C’est maintenant plus que jamais qu’il faut se préparer à partir en emportant notre Feu. Nous pourrons le faire dans la coque d’un Starship, nouvelle version de la coque faite d’écorce humide et de morceaux de pierre de nos lointains prédécesseurs.

NB : La guerre du Feu a été publié en 1909. Depuis, notre connaissance de l”homme préhistorique” a évolué mais la vraisemblance de l’histoire reste acceptable. Le cinéaste Jean-Jacques Annaud en a tiré un film (moins bon que le livre) en 1981. Le livre a été édité une centaine de fois. J’ai moi-même dû le lire vers 1955. L’histoire, épique, se déroule il y a quelques 100.000 ans. Vous pouvez le trouver facilement, chez votre libraire, chez Amazon ou à la FNAC.

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Index L’appel de Mars 22 07 27

Pierre Brisson

Pierre Brisson, président de la Mars Society Switzerland, membre du comité directeur de l'Association Planète Mars (France), économiste de formation (Uni.of Virginia), ancien banquier d'entreprises de profession, planétologue depuis toujours.

45 réponses à “Prenons avec nous notre Feu et partons pour Mars!

  1. Cher Monsieur, c’est avec plaisir que je lis ce nouvelle article. J’ai lu et relu avec plaisir la guerre du feu, et je suis totalement d’accord avec vous, bientôt nous pourrons aller vers Mars je n’en doute pas et nous le ferons… Il y a quelques progrès à faire, mais nous y sommes bientôt, j’en suis certains !
    Bien à vous, J-Ph Verselin

  2. Il est malheureusement à craindre que nous ayons laissé passer la fenêtre d’opportunité (et donc de lancement) de “l’aventure martienne”. Il aurait fallu y aller sur la lancée du programme Apollo, faisant suite à une compétition spatiale qui avait justement (et heureusement!) remplacé la confrontation armée entre les grandes puissances de l’époque, confrontation rendue impensable du fait de “l’équilibre de la terreur” nucléaire (crainte qui ne semble malheureusement plus vraiment retenir aujourd’hui certaines puissances disposant de cet armement, pourtant létal pour l’Humanité). Cette impulsion n’existe plus actuellement et d’autres préoccupations jugées plus urgentes (mais bien moins exaltantes) ont pris sa place. Il était généralement admis que la “conquête de Mars” ne pourrait se réaliser (comme l’ISS) que dans le cadre d’une large coopération internationale, aujourd’hui devenue totalement illusoire. Certains mettent leurs espoirs alors dans les initiatives privées, d’Elon Musk et SpaceX en particulier. Espérons en effet, mais si on veut rester réaliste force est de constater que, malgré ses formidables succès passés (lignée des “Falcon”), Elon Musk a cette fois peut-être eu “les yeux plus grands que le ventre (:-)). Même Robert Zubrin (Mars Society) a souligné que le concept du Starship tel qu’actuellement envisagé présente des aspects irrationnels et non-optimaux qui rendront probablement inatteignables sous cette forme les objectifs visés. Bref, il ne faut pas encore définitivement désespérer, mais le moins que l’on puisse dire et que les choses ne se présentent pas pour le mieux en cette troisième décennie du 21ème siècle dans le domaine de l’exploration spatiale habitée!

    1. Je sais que le projet Starship comporte quelques faiblesses. Je pense notamment au fait qu’il faudra descendre hommes et équipements sur Mars d’une hauteur de 30 mètres (le sas sera forcément au dessus des moteurs et des réservoirs d’ergols). Richard Heidmann (association Planète Mars) avait, lui, imaginé que le vaisseau se pose sur le ventre (par orientation adaptée de la rétropropulsion lors de l’approche).
      Mais j’espère quand même qu’Elon Musk réussira car son projet est actuellement le seul susceptible d’apporter sur Mars les équipements nécessaires et bien sûr les hommes dans des conditions acceptables. Nous verrons. L’essentiel est que son lanceur puisse effectivement accéder à l’orbite de parking terrestre avec son vaisseau, que celui-ci puisse effectuer son plein d’ergols sur orbite et en surface de Mars, et ensuite supporter au retour dans l’atmosphère terrestre, l’échauffement de sa coque. Tout le reste n’est que détails.

      1. Le Starship réussira: SI le vaisseau peut accéder à l’orbite de parking terrestre, SI celui-ci peut refaire en apesanteur le plein d’ergols cryogéniques (opération encore jamais tentée), SI le plein d’ergols peut être ensuite refait à la surface de Mars (idem), SI l’échauffement au retour sur Terre peut être maîtrisé (plus important qu’au retour d’un séjour en orbite terrestre); cela fait pas mal de “SI” et pas des moindres! Et ce ne sont pas les seuls, il y en a d’autres, tout aussi peu “de détail”. Espérons que ce diable d’Elon Musk arrivera à surmonter ces défis, mais c’est TRES loin d’être gagné d’avance (sans compter les problèmes financiers et “administratifs” auxquels il pourrait en plus avoir à faire face).

    2. Il faut oublier le Starship comme véhicule pour Mars. Le Starship doit permettre d’amener des grandes quantités de matériaux et d’objets en orbite terrestre, une fois cela possible alors on passera à l’étape d’un vrai vaisseau spatial en orbite, adapté à l’espace et non hybride pour l’espace et la rentrée atmosphérique.

  3. Cher Etienne, j’ignore si malgré ta conscience et ta maturité tu perds encore ton temps à lire les billets de plus en plus obsessionnels de ton oncle. Aurais-tu alors remarqué, au paragraphe 8 de la page ci-dessus, que Monsieur Brisson légitime la colonisation armée des Indiens et leur destruction au nom du progrès? La honte, non? Tu nous vois à peine survivre dans une réserve ou crever sous les exocet que le Grand Chef Martien va nous envoyer? Et ce ne sera pas en Europe, n’ayons aucune illusion, continent que Monsieur Brisson réserve à quelques patrons de multinationales et milliardaires qui ne paient pas d’impôts… Finalement, je préfère encore une cage à tigre dans quelque île lointaine à l’obligation de contempler ici les nuisances de sa politique martienne. Mais avant d’en arriver là, préparons la résistance! Je te souhaite de garder la tête froide et de longtemps cultiver ta foi dans une vie terrestre humaine et digne.

    1. Quand j’écris “l’Amérique devint accessible aux Européens après qu’ils eurent développé …des armes plus efficaces que leurs lances ou leurs flèches”, je ne juge pas, je constate. Que vous l’aimiez ou non, cette prééminence des Européens au XVème siècle, est un fait et c’est bien ce qui a permis l’installation des Européens en Amérique, installation que les Vikings avaient été incapables de concrétiser.
      Ceci dit, à la différence de vous, Mme Etter, je ne regrette pas la colonisation européenne en Amérique et la création des Etats-Unis, cette magnifique terre de liberté pour tous, même si je regrette évidemment les excès des Européens dont les populations autochtones ont été victimes.

      1. Les États-Unis ont été d’abord colonisés par les Espagnols par la Floride et la majeure partie de l’Amérique du Nord européenne a été explorée par les Français. En voyant 40% des États-Unis sombrer dans le fascisme, cette terre est plutôt celle des opprimée. Une coopération pour Mars devra être intercontinentale sinon l’impérialiste Musk en fera les frais…

      2. La colonisation européenne en Amérique est aussi celle de Pizarre et Cortès, où la création d’une magnifique terre de liberté est moins (nettement) moins évidente. Et pourtant, avec eux et même au dessus d’eux, se trouvaient des gens croyant agir pour le bien.

        Le lien avec Mars et la discussion du jour, c’est qu’il faut se méfier des comparaisons. A moins d’en montrer au préalable l’exacte identité des conditions, ce qui est rarement le cas.

        1. Je partage votre point de vue sur la conquête espagnole de l’Amérique du Sud et Centrale qui a impliqué la destruction des civilisations qui s’y étaient développées, de façon particulièrement cruelle et odieuse (esclavage des Amérindiens). J’ai toujours amèrement regretté la disparition des codex mayas et des palais incas et je déteste le souvenir de ces barbares que furent Pizarre et Cortes.
          Je ne voulais pas, dans mon article, introduire un jugement moral, simplement constater que sans leurs armes les colons anglais et français n’auraient pas pu s’établir en Amérique du Nord. C’est l’aspect technologique que je voulais évoquer.

      3. USA, magnifique terre de liberté, en effet!… D’abord, et je vous remercie d’avoir répondu à mes objections, je m’adressais surtout à Etienne. 《La MSS (Mars Society Switzerland) est une organisation internationale à but non lucratif, ayant pour objectif de promouvoir l’exploration et la COLONISATION de Mars (…)》. Dont vous êtee le président et signataire? Sous la plume de Robert Zubrin, on trouve le même idiome. Mais je ne vais pas entretenir ici d’inutile polémique. Je crois que j’ai une idée qui va faire de vous, sinon un héros, du moins le chantre d’une opération vouée au succès le plus retentissant: verser Mars au patrimoine universel de l’UNESCO. Votre dossier sera assorti d’une indispensable campagne de communication et d’un relooking de votre image à la hauteur de vos ambitions. Oui, vous ne pouvez plus promouvoir les paysages et les bleus couchers de soleil sublimes de votre planète favorite derrière un costume, une cravate et des lunettes made in Earth, franchement démodés et pour tout dire, un poil réac’. Parce que vous le valez bien, non? Au nom de tous les résidents terrestres exploités et maltraités, je ne percevrai aucun pourcentage sur ce projet. Allez, bon voyage!

        1. Vous avez bien vu, Madame, je suis totalement “réac” et très heureux de l’être.
          Pour le reste je ne vois pas très bien l’intérêt de votre classement de Mars par l’UNESCO. Je ne crois pas à ces énormes machins qui ne servent qu’à dépenser de l’argent qui ne leur appartient pas et à faire vivre (très bien) des fonctionnaires inutiles “copains des copains”.

          1. “je suis totalement “réac” et très heureux de l’être.”

            Pas grave. Nobody’s perfect. Enseignant, j’étais le seul à venir en classe avec une cravate, huit ans après mai 68. Mes élèves se moquaient gentiment de moi mais ne se levaient pas moins, en silence, à mon arrivée et sans même que je le leur ait demandé. J’étais aussi le seul de mon école auquel ils adressaient cette faveur, si démodée et ringarde aux yeux d’une certaine avant-garde en bloudjins et tisheurt de l’époque, adepte du tutoiement obligatoire.

            Un jour, une consoeur m’a dit:

            – Enlève ta cravate!

            Ce n’était pas une injonction, mais un ordre de marche auquel j’ai répondu:

            – J’enlève tout ce que tu veux…

            J’ai alors été viré pour incompétence, manque d’écoute et d’adaptation aux us et coutumes scolaires. Pourtant, aucun(e) élève ne m’a encore jamais tutoyé.

            Révolution : du latin ‘revolvere’, qui veut dire retour en arrière.

          2. Tout à fait d’accord avec vous. Le respect de soi est un appel au respect de l’autre et le seul moyen de mettre de l’huile dans les rouages des relations sociales. Autrement on se marche sur les pieds et ça peut dégénérer.

  4. Je doute fortement que la colonie martienne dont vous souhaitez la création soit une “terre de paix”. Un groupe d’humains – même d’élite – vivant en vase clos en état de stress permanent générera des tensions susceptibles de dégénérer à tout instant en conflit ouvert, peut-être mortel pour le groupe entier.
    Sur la Terre, même un conflit nucléaire de forte intensité ne pourra anéantir la vie, seulement notre civilisation. La vie repartira et quelques millénaires (un temps très court à l’échelle astronomique) suffiront à la renaissance d’une civilisation intelligente, peut-être (?) plus sage que l’actuelle.

    1. Certes un conflit nucléaire peut laisser sur Terre quelques îlots de civilisation préservés, comme par exemple les monastères irlandais au 5ème et 6ème siècle après l’écroulement de l’empire romain, suite à sa dégénérescence interne et à son saccage par les Barbares. Mais je pense qu’un conservatoire construit hors de la Terre pourrait être dans ces conditions, un excellent moyen de préserver ce que nous avons de plus précieux.
      Pour ce qui est de la vie sur Mars, je ne vois pas pourquoi elle ne serait possible qu’en état de stress permanent. Tout dépend du stade d’évolution de la Base. Aujourd’hui oui; demain, non et ceci même si la population est limitée à quelques mille individus.

      1. Bonsoir Monsieur,

        Dans ce projet, la notion du stress de la vie en collectivité a-t-elle aussi été étudiée en collaboration avec des militaires ?
        Ceux-ci réfléchissant depuis fort longtemps déjà à la meilleure manière de faire cohabiter des individus en milieux hostiles ou contraignants.

        Vous remerciant,

    2. “quelques millénaires (un temps très court à l’échelle astronomique) suffiront à la renaissance d’une civilisation intelligente”, j’aimerais en être aussi persuadé que vous, mais rien n’est moins certain. Ce n’est pas seulement notre civilisation, mais carrément l’espèce humaine qui pourrait bien disparaître (notre développement technique-même nous a rendu fragiles). Or, à notre connaissance, seule notre espèce est parvenue sur Terre à atteindre un stade de civilisation technique “intelligente”. Les dinosaures, qui ont régné sur notre planète bien plus longtemps que nous, ne l’ont jamais fait.

    3. Vivre en stress permanent est le propre d’une bonne partie de l’humanité durant son développement. L’humanité jusqu’au XXeme siècle dépendait énormement de la météo, des insectes nuisibles, des champignons qui pouvaient détruire des récoltes et plonger la population dans la famine. Unesimple coupûre pouvait vous envoyer 6 pieds sous terre sans les antibiotiques et autres désinfectants, les maladies contagieuses faisaient des ravages et beaucoup d’enfants mourraient en bas âge.

      Franchement, lorsque l’on voit comment la population humaine a prospéré jusqu’au XXeme siècle, la tension permanente, la sélection naturelle, rendait l’humain plus robuste qu’actuellement, et une population martienne qui devra se battre quotidiennement pour sa survie aura plus de chance de prospérer qu’une population terrestre obèse et sédentaire, perdue dans des mondes virtuels et angoissée à l’idée des défis qui l’attendent.

      1. Très bonne remarque! L’homme recherche le confort et la douceur mais s’il s’y laisse aller, il s’amollit et s’affaiblit. Dans ce domaine comme dans d’autres, l’équilibre est constamment à rechercher et à maintenir.

  5. Emettre un grand nombre d’hypothèses même étonnantes cela s’appelle réfléchir et c’est ce qui fait l’intérêt de ce blog. Que la guerre atomique ne détruise pas l’ensemble de l’humanité si elle survient, je ne sais pas. Vu le grand nombre de bombes en stock, peut-on imaginer qu’elles n’exploseront pas toutes, par la volonté des belligérants ou non ? Et, plus grave, quid du nuage qui résulterait ? Peut-on le comparer à celui qui a suivi l’arrivée du météore qui a détruit tous, TOUS les dinosaures reptiliens ? On cherche encore une île où l’un d’entre eux a survécu (malgré les rêves de certains cinéastes!). Je veux bien que les oiseaux soient leurs descendants mais qu’on m’explique qu’un oiseau est un tyrannosaure selon sa taille, son agressivité, ses aptitudes. Peut-être qu’après la guerre atomique les souris nous succèderont. Personnellement, j’aimerais éviter ce genre de chose. Les martionautes vont-ils s’entretuer? Je sais pas : y a-t-il déjà eu de telles tueries dans la station spatiale, dans des sous-marins? « L’état de stress permanent génèrera-t-il des tensions »? Certainement ! mais il créera peut-être une obsession pour la survie et l’entraide. Le danger est plutôt dans la survenue de problèmes imprévus dus aux conditions de vie sur Mars. Le sentiment d’être sans cesse menacé par une planète inhospitalière, l’inconfort, la nécessité vitale de collaborer, les accidents qui ne manqueront d’arriver, le sentiment de responsabilité concernant le sort de l’espèce humaine menacée de disparition, tout cela a des chances de calmer les impulsifs. Au delà de la sensation d’un acte de foi aveugle que peuvent donner certains billets de Monsieur Brisson, il y a le sens de l’histoire, celui qui nous pousse à faire ce qui n’a jamais été fait, l’attrait de l’inconnu, la soif de l’aventure, le besoin pour une génération de montrer qu’elle apporte quelque chose au grand œuvre de l’humanité, un héritage pour les suivants. Il y a encore les intentions des Chinois dont on ne sait presque rien et qui ont, je crois, envie de retrouver la créativité de leurs lointains ancêtres. Que les martionautes soient choisis parmi les privilégiés de ce monde ? Pas sûr s’ils partent en catastrophe ou si on ne sait pas quels « privilégiés » choisir. « Il faudra descendre hommes et équipements sur Mars » ? On trouvera bien une solution ! Faire de multiples descentes de petite masse? Et ingenuity peut, avec un peu de chance, être amélioré pour se lancer à haute altitude? et les retro-fusées aussi? Oui, il reste bien des choses à cogiter. Et si «une large coopération internationale» exclut en ce moment les Russes, le James Web (engin américain essentiellement) est parti avec une fusée issue de la coopération européenne. L’espionnage, qu’il soit le fait des Chinois ou d’autres, n’est-il pas une collaboration, même si forcée?

  6. Comment imaginer vivre sur mars en permanence alors que tous les équipements techniques devront venir de la terre ( on ne fabriquera pas d’usines à puces électronique ni d’autres productions industrielles comme par exemple chimique à base de pétrole etc… enfin imaginer vivre sur mars en étant confiné en permanence dans un espace restreint pressurisé et dépendant d’une source d’oxygène et d’un scaphandre pour en sortir vu que l’atmosphère n’est pas respirable relève du masochisme.
    Aller sur mars pour l’explorer comme la lune ok, mais y vivre en permanence, c’est simplement irréaliste vu la dépendance de la terre pour tout.

    1. Compte tenu de l’impossibilité d’aller sur Mars quand on voudra (fenêtres de lancements tous les 26 mois) et compte tenu des limitations de masse et de poids qui pourront être transférés de la Terre à Mars, il sera indispensable de développer au plus vite un maximum d’autonomie.
      Par ailleurs, l’espace viabilisé sera certes restreint mais pas forcément inconfortable et l’espace externe sera immense. Je ne vois pas le problème de confinement que vous semblez évoquer.

      1. Vivre en permanence dans un espace similaire à un sous-marin nucléaire et ne pouvoir en sortir que muni d’un scaphandre n’est pas un problème de confinement pour vous ?

        1. Je ne pense pas qu’un habitat martien soit nécessairement aussi exigu que l’intérieur d’un sous-marin nucléaire. Par ailleurs, on pourrait sortir en “manches de chemise” en accédant à un rover pressurisé par un sas. Enfin combien d’heures par jour passez-vous en dehors de votre propre “habitat” terrestre ou de votre bureau? La plupart sinon la totalité des travaux pénibles physiquement et répétitifs peuvent être effectués par des robots et le seront (manque de personnel, coût du personnel, risque).

          1. Vous je ne sais pas, mais autant que je peux, 6h par jours quand je travaille et 12h ou plus le week-end.
            De plus à la moindre panne d’un système, vous n’avez pas hornbach ou amazon pour acheter un nouvel équipement. Vous ne fabriquerez rien sur mars car vous n’y construirez jamais d’usines ni d’équipements pour extraire des matières premières. Regardez le poids d’un pelleteuse ou d’un bull.
            Faut rester réaliste.

          2. “Faut rester” inventif et entrepreneur. On fabriquera de plus en plus d’objets massifs sur Mars et pour commencer ont exploitera les ressources du sol pour faire des produits semi-finis. Par exemple, les poussière/sable des dunes sont très riches en toutes sortes de minéraux et leur prélèvement facile. Ensuite on peut fondre les métaux en employant des fours solaires. Imaginez au lieu de dire “c’est impossible”!
            Vous dites que vous restez 6 heures par jour en extérieur, ça me semble beaucoup. Je n’en vois pas la nécessité. Peut-être êtes-vous malade ou prof de gym. Mais on peut aussi exercer ce métier en intérieur. Sinon tant pis, vous resterez sur Terre. De toute façon la population humaine sur Mars sera très limitée car les conditions sont dures.

  7. “…Progress is the midwife of Force. Doubly the midwife, for the fact of technological progress provides people with the instruments of ever more indiscriminate destruction, while the myth of political and moral progress serves as the excuse for using those means to the very limit. I tell you, my dear sir, an undevout historian is mad.”

    – Aldous Huxley, “Ape and essence” (1948)

  8. Décidément, ce blog pourrait s’intituler “le combat des optimistes et des pessimistes”! La question est que cela va coûter cher. Pourtant, après tout, 26 mois pour apporter des puces neuves ou d’autres éléments, ce n’est pas si long! On a produit de l’oxygène à partir du CO2 de l’atmosphère martienne. En extraire à partir de l’eau est concevable. Est-on sûr qu’il n’y a pas d’azote pour reconstituer de l’air? Quant à la nourriture, des expériences avec des serres (notamment en Espagne) étudient la question. En outre de bonnes surprises ne sont pas totalement à exclure: si de la vie existe déjà là-bas éventuellement (voir https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/colonisation-lune-meilleur-endroit-lune-batir-cites-souterraines-65666/) on pourrait peut-être en tirer quelque chose. Les martionautes resteront-ils là-bas longtemps ou reviendront-ils sur terre après un relativement court séjour. C’est à voir.

    1. Le combat des optimistes et des pessimistes : attention aux simplifications abusives. S’il en était ainsi, le débat aurait été tranché depuis longtemps : qui accepte de se reconnaitre parmi les pessimistes ? Or aucun Etat, aucun mouvement politique ni aucune organisation scientifique d’ampleur (ou presque) ne soutient l’idée d’une migration vers Mars. C’est donc qu’il y doit y avoir d’autres raisons.

      En réalité, ce n’est pas plus le débat des optimistes et des pessimistes que celui des réalistes et des rêveurs, des professionnels et des amateurs, ou des analyses raisonnées et des affirmations péremptoires. Quant à l’optimisme, c’est une qualité admirable quand on n’en engage que soi, mais parfois la pire de chose quand on entraine d’autres dans son sillage, ainsi que l’Histoire l’a souvent montré.

      1. Ditto. Voltaire n’a-t-il pas sous-titré son “Candide” par “ou l’Optimisme”? Pour l’Ingénu, même alors que la terre de Lisbonne tremble sous ses pieds, tout ne va-t-il pas pour le mieux dans le meilleur des mondes (leibniziens) possibles?

        Quant à comparer la conquête spatiale à celle de l’Amérique, pemettez-moi d’avoir quelques réserves, moi aussi. J’ai vécu une année entière dans une petite ville du nord-ouest de l’Oklahoma comme étudiant non-immigrant (la plupart des étrangers choisissent les prestigieuses universités de la côte Est ou de Californie pour vivre leur expérience américaine et dédaignent tout ce qui s’étend entre les côtes. Ils ont tort. C’est dans les petites communes oubliées du fond de l’Amérique profonde qu’on apprend à connaître le mieux la démocratie américaine. Tocqueville est plus proche du “Main Street” et de “Babbitt” de Sinclair Lewis que les diplômé(e)s de Harvard, de Yale ou de Stanford et que les ingénieurs de la Silicon Valley).

        Or, ce qui me paraissait au premier contact comme un trou perdu au milieu du Grand Nulle Part m’a appris, après quelques recherches sur place, que la ville où je séjournais était née du jour au lendemain pendant la grande ruée des colons vers l’Ouest quand, le 16 décembre 1893, par décret du président Cleveland plus de cinquante mille émigrants venus de l’est s’établirent dans ce qu’on appelait alors le “Débouché Cherokee” (Cherokee Outlet), que le gouvernement fédéral avait racheté aux Cherokees au lendemain de la guerre de Sécession, dans la plus grande conquête territoriale de toute l’histoire des Etats-Unis. Sans même m’en être rendu compte, j’étais arrivé en plein Far West mythique.

        Je passais des heures en bibliothèque à lire les récits de ces pionniers et à interroger leurs rares survivants qui, tous, décrivaient la même réalité: la fin de leurs rêves de conquête et leurs amères désillusions quand ils ont atteint la Terre qu’on leur avait promise, et qu’ils décrivaient par ces mots caustiques: “An acre and a mule”.

        Des milliers et des milliers de gens venus de tous les coins du pays qui, après avoir parcouru des centaines de miles pour trouver un morceau de terre nue pour rien, comme les Espagnols miraginés par leur quête des Sept-Cités de Cibola, ne découvrent au lieu de leur Eldorado fantasmé que la poussière, les lézards, les serpents à sonnette, les scorpions et les sauterelles comme prix de leur conquête. En fait de Terre promise, de Nouvel Eden, Il n’y a rien là que des cailloux, du sable et des animaux venimeux pour les accueillir. Pas un brin d’herbe ne va pousser sur ce désert, constatent-ils avec tristesse et amertume à leur arrivée. des milliers de naïfs étaient victimes de leurs mirages.

        Encore ceux-ci vivaient-ils à ciel ouvert, et non pas enfermés sous cloche comme des fromages AOC, dans l’environnement hostile d’une autre planète,

        Oui, les progrès scientifiques et techniques sont remarquables. Mais vaut-il la peine de risquer sa vie et quitter la seule planète habitable à ce jour par l’espèce humaine, et aussi la plus belle connue, pour découvrir nul ne sait encore quoi? Si nous ne sommes pas capables de maîtriser notre “vivre ensemble” sur Terre, pourquoi y réussirions-nous mieux dans l’espace le plus hostile?

        Ne faudra-t-il pas inventer d’autres mythes que celui de “Nouvelle Frontière”, version Odyssée de l’Espace, pour motiver les éventuels partants vers le Grand Nulle Part spatial?

        1. Je ne dis pas que Mars serait un Eldorado. Je dis que sur cette planète il y a des vues aussi belles (et séduisantes) que dans certains grands déserts terrestres; que l’isolement ou les avant-postes ont toujours leurs charmes, ou encore que vivre n’importe où en utilisant toutes sortes de technologies novatrices présente aussi un attrait du fait de la satisfaction de maîtriser son environnement.
          Par ailleurs j’insiste sur le besoin que nous avons de diversification, autrement dit sur notre besoin de ne pas laisser tous nos œufs dans le même panier.

          1. Bonjour,

            La notion de “maîtriser son environnement” est-elle réaliste ?
            Avons-nous la possibilité de le faire ou la prétention de le faire ?

            Merci pour ce blog qui mène à des réflexions.

          2. La maîtrise peut ne pas être totale mais elle peut être suffisante. De toute façon, même sur Terre nous devons surveiller, réparer, assainir. Sur Mars ce serait évidemment plus contraignant.

          3. Tout à fait d’accord avec vous à cet égard. En effet, les premières vues de Valles Marineris disponibles laissent muet d’admiration. Le Grand Canyon paraît bien petit en comparaison. Et même si l’on peut mettre en question l’utilité de s’y installer un jour, les seules connaissances acquises par l’étude de la géologie martienne sur l’histoire de l’univers valent bien les sommes investies à cette fin. Qui d’ailleurs le contesterait?

            C’est vrai, la connaissance n’a pas de prix (mais elle a un budget).

            Je serais de plus bien le dernier à nier que l’installation d’une communauté martienne pourrait être utile en enseignements sur notre aptitude à nous adapter en milieu hostile – après tout, qu’a fait d’autre le genre humain jusqu’ici? Mais la pandémie, la guerre et le réchauffement climatiques, tous d’origine humaine, nous laissent-ils d’autre choix que d’y faire face ici et maintenant? Pour Mars, il faudra donc se contenter de rêver encore un peu.

            Il est vrai que certaines représentations artistiques du plus grand canyon du système solaire, telles que celle que vous aviez publiée dans l’en-tête d’un de vos précédents articles, sont au moins aussi impressionnantes, sinon plus que les images réelles qui nous parviennent par satellite. Même sans y être allé, leur auteur ne nous fait-il pas ressentir les émotions que suggèrent ces vues aussi belles (et séduisantes) que celles de certains grands déserts terrestres? Si la science nous permet de comprendre et d’expliquer, l’art ne nous permet-il pas de ressentir et de nous émouvoir?

            Pour ma part, je rêverais bien d’entendre un jour le London Philarmonic Orchestra jouer une symphonie martienne au fond de Valles Marineris. Entre-temps, à défaut de pouvoir nous rendre sur place, des amateurs seraient-ils tentés d’en faire une représentation simulée sur leurs ordinateurs?

  9. On peut toujours imaginer une station spatiale (en L5) avec 3 tores, une en gravité terrestre, l’autre plus intérieure en gravité martienne et une troisième plus interne encore en gravité lunaire.
    Ainsi, les terriens pourraient rendre visite à leurs cousins de la Lune et de Mars simplement en changeant d’étage.

  10. Oui, on ne peut pas comparer Mars et la conquête de l’ouest américain, sauf surprise. Cela ne pourra pas être une aventure quasi individuelle. Oui, la vie dans un sous-marin n’a rien d’exaltant mais je note que l’on n’a pas renoncé à en construire, ni les faire habiter par un équipage. On fabrique même des bathyscaphes. Certains sont même assez inconscients pour habiter la station spatiale. Le désir de savoir est une motivation irrésistible. Oui, cela vaut “la peine de risquer sa vie et quitter la seule planète habitable à ce jour par l’espèce humaine”. Demandez aux astronautes. Pourquoi le débat entre les optimistes et les pessimistes n’a-t-il pas été tranché depuis longtemps? Parce que bien des problèmes ne sont pas résolus, qu’on n’est pas fous, qu’on veut trouver des solutions au maximum de dangers avant d’envoyer des hommes, leur assurer le plus de confort possible et de sécurité. Pourquoi est-ce nécessaire, je dirai même question de vie ou de mort pour l’espèce humaine? Outre la curiosité scientifique, je vois trois raisons. Il s’agit d’éviter l’extermination totale de l’humanité qui devient de plus en plus possible au fur et à mesure que l’on accroît nos connaissances. Premièrement avoir des individus échappant à la mort par maladie grâce à leur éloignement. Sida, covid, le prochain virus sera -t-il impitoyable au point que personne sur terre ne puisse échapper à la mort? On ne sait pas précisément comment ces virus apparaissent mais je suis sûr que des recherches à leur sujet exposent à des accidents, sans parler des apprentis-sorciers qui rêvent de guerre bactériologique en s’imaginant y échapper. Ensuite, l’arrivée d’un météore de grande taille est quasi inéluctable dans une minute ou dans dix siècles. Il semblerait qu’on va réussir à trouver comment éloigner ceux qu’on a repérés. Le problème c’est que certains ne sont pas découverts à temps. Et surtout je crains le type Borissov, c’est-à-dire ceux qui arrivent d’au delà du système solaire propulsés à très haute vitesse par des corps extrêmement lointains. Troisièmement, nous sommes les fiers propriétaires de bombes nucléaires de plus en plus puissantes et certains espèrent que les envoyer très vite leur ferait éviter des représailles. De toute façon, on serrera les dents pour être sage pendant très longtemps puis un jour, quelqu’un se dira: marre d’être patient, banzaï! Ou bien un disfonctionnement, un accident fera débuter le grand feu d’artifice. Et les abris anti-atomiques ne sauveront personne si l’atmosphère, l’eau sont contaminés pour longtemps. Vous voyez, aller sur Mars est pour moi comme une assurance-vie et ceux qui s’enterrent la tête dans le sable ne voient plus clair! Mais cela demandera encore un certain temps avant de faire survivre des gens sur Mars et certains y laisseront leur vie, ça je le crois !

    1. Comme vous l’écrivez, « on ne peut pas comparer ». En effet, les comparaisons ne prouvent rien.

      Sur le fond, personne ne conteste l’intérêt d’une migration sur Mars. Le débat porte sur son réalisme.

      « Grâce à nos progrès technologiques, Mars devient potentiellement habitable » peut-on lire. C’est une profession de foi à laquelle nous aimerions tous souscrire. Mais on n’en voit pas aujourd’hui la démonstration, même avec la réserve du “potentiellement”. Dans le monde spatial ou scientifique compétent, personne n’y croit. Ou, plus précisément, ne sait donner un début de solution professionnelle aux innombrables problèmes techniques, psychologiques, financiers et autres que poserait une migration dans l’état actuel ou prévisible de nos connaissances. Un exemple parmi mille : on ne sait pas chiffrer l’impact de l’abrasion des régolithes martiens, pour la bonne raison qu’on ne l’a même pas encore mesurée. Or cette abrasion pourrait à elle seule remettre en cause toute construction. On pourrait citer des centaines d’autres cas sans réponse, peu médiatisés je vous le concède – mais non moins importants.

      Donc oui, il y a de bonnes raisons d’envisager un jour des migrations vers Mars. Non, ce ne sera pas pour demain.

  11. L’expérience du « vivre ensemble » sur Mars se distinguera, à mon avis, de toutes expériences déjà faites de groupes isolés appelés à survivre dans un contexte donné. Le contexte est nouveau, il ne s’agit pas d’une situation de guerre ou d’entraînement par simulation, ni d’isolement d’adeptes pour une vie meilleure en accord avec leurs croyances. Aller sur Mars pour tenter d’y vivre n’est pas une fuite après un combat perdu, c’est tout le contraire : ceux qui « restent » aideront et soutiendront ceux qui « partent ». Je crois que la distinction est importante à faire, un peu bêtement je dirais : « tout le monde est d’accord que c’est pour vivre ». Les conditions, dès le départ, sont bien meilleures pour les spationautes qu’une équipe d’amis qui prend la route des vacances dans un camping-car ! Le plaisir il y en aura aussi, et en premier une forte motivation intellectuelle. Je ne pense pas que des personnes en bonne santé psychique, entraînées à des simulations sur terre même partielles, connaîtront des difficultés relationnelles majeures : elles savent vraiment ce qu’elles veulent et pourquoi elles sont ensemble.

    D’autre part, est-ce qu’il y a beaucoup d’entreprises qui investissent et visent à des découvertes sans devoir se préoccuper de leur exploitation dans un délai raisonnable ? Pour Mars au moins le profit semble pouvoir attendre*, il a une dimension plus large qui ne se limite pas aux seules personnes qui auront la chance de faire le voyage. Et puis est-ce que c’est vraiment une « chance » ? Il y a un énorme travail (collectif et individuel) avant ce bonheur qui n’est pas sans risque. Pour le profit immédiat et le bien-être assuré, il n’y a que la loterie à numéros qui soit une affaire sérieuse en termes de chance !

    (* J’espère que « l’équation temps-argent » le permettra, je n’ai que de faibles notions en économie pour me faire une idée dans le prévisible).

  12. Toujours la même rhétorique de la part de Mars Society et toujours la même réalité: il est impossible de passer toute une vie sur Mars, quelques années tout au plus .
    Alors impossible d’avoir une descendance sur Mars , dont vous ne parlez jamais …ce qui est vital sur Terre …sur n’importe quel continent , pour toutes les espèces…depuis des centaines de millions d’années sous des climats les plus extrêmes…
    La comparaison avec le Titanic ne tient pas la route ! Même coulé, il n’a pas empêché l’humanité de continuer sa route .
    Dans l’histoire , les exemples de fin de règne son nombreux , par exemple : l’ancien empire Égyptien s’est terminé sur une sécheresse sans précédent, mais s’est relevé plus tard , plusieurs siècles après!
    Ce qui reste possible sur Terre est impossible sur Mars …
    Vous ne comprendrez jamais … c’est au-delà de votre côté raisonnable…

    Article répétitif et donc inutile …

    1. Vos raisonnements vous mènent chaque fois à la même impasse, et vous ne vous lassez pas d’emprunter cet unique chemin.

    2. Nous ne sommes plus à l’époque de l’ancien empire égyptien, Monsieur Giot. L’environnement technologique a changé. Informez-vous; continuez à lire mon blog. Vous verrez mes arguments finiront par vous convaincre (c’est pour cela que je me répète!).
      PS: je ne vois pas très bien pourquoi on ne pourrait pas avoir d’enfants sur Mars. Mais vous avez peut-être une explication physiologique ou médicale?

      1. S’il n’est possible de vivre sur Mars que « quelques années tout au plus », cela impliquerait qu’un enfant n’aurait pas devant lui une vingtaine d’années pour être à son tour père ou mère, donc pas de descendance assurée par des familles présentes sur Mars. Il est une disposition d’esprit qui dit Non dès le début, puis tente de démontrer que non c’est non. Cela mène à des dialogues qui tournent en rond…

    1. Merci Martin. Effectivement intéressant. Cela souligne le besoin de lutter contre l’apesanteur en créant une gravité artificielle par force centrifuge à l’intérieur de l’habitat du vaisseau, comme le préconise la Mars Society depuis son origine! Maintenant, on ne peut pas grand chose contre les radiations cosmiques, sauf à rendre le voyage aussi court que possible. Quatre mois?

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