A-t-on une chance de trouver une nouvelle-Terre dans notre environnement le plus proche ?

Les deux semaines précédentes j’ai évoqué les 33 systèmes stellaires qui évoluent dans le rayon d’une douzaine d’années-lumière de notre Soleil, c’est-à-dire les étoiles les plus proches de nous, celles que nous avons le plus de chance de mieux connaître et un jour peut-être d’atteindre.

Sur ces 33 systèmes j’ai éliminé les 2 centrés sur des étoiles blanches et les 26 centrés sur des étoiles naines-rouge. J’ai ensuite souligné les particularités défavorables des étoiles doubles, des jupiters-chauds et des super-terres. Ces éliminations ont été faites dans le but de focaliser notre intérêt sur les systèmes les plus susceptibles de pouvoir comprendre une « nouvelle-Terre ». Je voudrais cette semaine réfléchir sur eux avec vous.

Après exclusions, il nous reste donc à examiner de plus près les étoiles de type solaire ou d’une masse légèrement inférieure, les « naines-orangées », également intéressantes car plus stables que les naines-rouges et d’une masse permettant à leur zone habitable de se situer assez loin de leur source de radiations.

Nous avons dans notre environnement trois naines-jaunes et quatre naines-orangées donc, à ce stade, sept systèmes stellaires « candidats ». Regardons les capacités de chacun à l’habitabilité réelle. Nous disposons pour ce faire de données encore insuffisantes du fait que ces petites planètes sont difficiles à « voir » mais nous pouvons aujourd’hui approcher la réalité mieux que nous ne l’avons fait jamais.

Alpha Centauri

Le système le plus proche (4,39 AL) est le couple Alpha-Centauri-A (0,945 MS, naine-jaune) et Alpha-Centauri-B (0,445 MS, naine-rouge mais presque orange). Notez bien qu’elles sont différentes de la petite naine-rouge, Proxima-Centauri (0,123 MS) qui leur est liée gravitationnellement mais qui en est éloignée de 13.000 UA. Avec ce couple A et B, on se retrouve dans une configuration d’étoile double qui, comme exposé la semaine dernière, me semble peu propice à la présence d’une nouvelle-Terre. Mais comme ce sont deux étoiles de masses situées dans notre cible et que leur système est le plus proche du nôtre, on ne peut les éliminer d’emblée.

Que nous offre ces étoiles ? Les deux orbitent entre elles en 80 ans et leur distance varie de 11,2 UA (équivalent à la distance Soleil/Saturne) à 35,6 UA (un peu plus que la distance Soleil/Neptune). Une masse se situant entre celle de Neptune et la moitié de celle de Saturne, orbite autour d’Alpha-Centauri-A à une distance de 1,1 UA (« C1 » pour « Candidate 1 » ou « Polyphème » pour David Cameron dans son célèbre film « Avatar »). C’est une situation idéale mais on n’est pas certain que cette masse soit agrégée en planète (ce qui serait compréhensible du fait de l’instabilité de la matière entre les deux étoiles) et si elle l’était, elle serait largement trop massive. En effet, comme vous vous en souviendrez, les super-terres pas plus que les jupiters-chauds ou les mini-neptunes ne sont a priori des nouvelles-Terres. Mais elles peuvent avoir des lunes qui, elles, comme l’hypothétique « Pandora » (toujours Avatar !), pourraient l’être !

61 Cygni

Le système 61 Cygni est à 11,43 AL. C’est encore une étoile double ! Elle comprend deux naines-orangées de 0,60 et 0,63 MS. Celles-ci sont distantes de 90 UA, ce qui laisse une certaine place entre elles pour des planètes et une Ceinture de Kuiper (la nôtre évolue de 30 à 55 UA) d’autant que la masse de chaque étoile étant plus petite, leur zone d’attraction est plus faible et leur Ceinture de Kuiper plus proche. Cependant leurs nuages de Oort ne disposent pas de « la place » nécessaires pour être séparés. Les implications pourraient être négatives.

Du fait de certaines irrégularités d’orbite de 61-Cygni-B, il y a possibilité d’une planète autour d’elle mais à ce jour, la planète n’a pas été localisée et elle devrait plutôt avoir une grosse masse, bien supérieure à celle de la Terre et elle serait en dehors de la zone d’habitabilité.

Y aurait-il quelque chose de plus petit, plus près ? Nous ne le savons pas mais si c’était le cas, la forte variabilité de l’activité de 61 Cygni B constituerait un facteur négatif pour un séjour humain, d’autant que la zone habitable est proche de l’étoile (0,24 à 0,50 UA).

Epsilon Eridani

Epsilon-Eridani est à 10,50 AL. C’est une petite naine-jaune d’une masse de 0,85 MS et cette fois, c’est une étoile sans compagnon.

L’abondance de poussière tendrait à signaler un système jeune, toujours en formation. Trois planètes sont possibles, Une première (« Epsilon-Eridani-c ») de quelques petits dixièmes de masse joviennes, à environ 35 UA (« chez nous » elle serait au-delà de Neptune) ; une deuxième (« Epsilon-Eridani-b ») de masse jovienne, à environ 20 UA ; une troisième (« Epsilon-Eridani-a ») de 0,86 Mj, avec une orbite très excentrique allant de 0,6 à 3,4 UA (distance Soleil/Ceinture d’Astéroïdes 2,8 UA).

Donc une seule planète passe par la zone habitable mais elle est trop grosse et elle a une orbite trop excentrique. Et si on envisageait une lune de cette dernière, elle serait, de ce fait, soumise à des variations environnementales énormes.

Epsilon Indi

Epsilon-Indi est à 11,83 AL. C’est une naine orangée de 0,77 MS. L’étoile principale, Epsilon-Indi-A contrôle une planète Epsilon-Indi-Ab de plus de 3,25 masses joviennes (confirmée en Octobre 2019). Elle est « assortie » de deux naines brunes, étoiles avortées, doubles (distantes entre elles de seulement 2,5 UA), qui orbitent autour d’elle à quelques 1500 UA et d’une masse de 28 et 47 masses joviennes (respectivement 0,027 MS et 0,045 MS). Ce sont plutôt de très grosses planètes satellites que des concurrentes gravitationnelles (les naines brunes ont une masse de 13 à 75 masses joviennes soit de 0,01 à 0,07 MS).

A la distance où ces naines brunes se trouvent d’Epsilon-Indi-A, elles devraient pouvoir cohabiter du fait de leur sphère d’influence (sphère de Hill) limitée, avec quelques « vraies » planètes plus proche de l’étoile mais la seule observée, Epsilon-Indi-Ab, est extrêmement éloignée de la zone habitable (11,6 UA soit plus loin que la distance de Saturne -9,54 UA- et l’énergie reçue, l’irradiance, est égale à celle d’Uranus compte tenu de la masse de l’étoile). Pour le moment nous n’avons aucune indication de planète de type terrestre évoluant dans la zone habitable de l’étoile.

Tau Ceti

Tau-Ceti, distante de 11,90 AL est la dernière candidate. C’est une naine-jaune de 0,81 MS. Sa faible teneur en fer indique qu’elle est beaucoup plus vieille que le Soleil (estimation 10 milliards d’années soit plus du double de son âge). Sa zone habitable (fonction de la masse de l’étoile) est située entre 0,55 et 1,16 UA. Elle est entourée d’un disque de débris nettement plus important que celui du système solaire. On a identifié 4 possibilités de planètes telluriques mais aucune ne semble une nouvelle-Terre possible. Tau-Ceti-e est une superterre, de 4,29 MT orbitant à 0,55 UA ; elle est plus une planète du type de Vénus (en cas d’atmosphère proche de celle de la Terre, la température moyenne au sol serait de 68°C). Tau-Ceti-f est également une superterre, de 6,67 MT ; située à 1,35 UA, elle est nettement plus martienne que terrestre (pour ce qui est de l’irradiance). De plus il y a un problème général sans doute rédhibitoire, l’âge du système. La faible métallicité qui en résulte implique une insuffisance des éléments chimiques nécessaires à la vie et sans doute des difficultés graves pour un séjour humain prolongé.

Comme vous le voyez, pour le moment pas d’enthousiasme !

Mon pessimisme repose sur plusieurs hypothèses que je pense solides : l’impossibilité de conditions semblables à celles de la Terre dans les systèmes de naines-rouges ou d’étoiles multiples et bien sûr d’étoiles à cycle de vie court (blanches et géantes). Il reste quand même deux possibilités : 1) celle de découvrir une planète de masse terrestre dans la zone habitable d’Epsilon Indi ; 2) celle de découvrir une lune de masse terrestre ou martienne orbitant autour d’une géante gazeuse (une Pandora orbitant une Polyphème) située dans la zone habitable d’Alpha-Centauri-A. A noter que je n’ai pas évoqué Proxima-Centauri-b, la planète qui orbite dans la zone habitable de Proxima Centauri, bien qu’elle ait une masse assez proche de celle de la Terre (minimum environ 130%). La raison? C’est une planète de naine-rouge et elle est probablement d’une masse trop importante pour servir un jour de « nouvelle-Terre ». Cela n’exclut pas qu’on l’étudie.

Pour terminer sur les distances, je rappelle qu’il faudrait 20 ans à la vitesse de 20% de la vitesse de la lumière pour atteindre Alpha Centauri et 55 ans pour accéder au système de Tau Ceti. Comme par ailleurs il est moins qu’évident de pouvoir atteindre cette vitesse et ce d’autant plus que la masse de notre vaisseau serait importante, le projet d’aller visiter physiquement nos proches voisines reste encore largement un rêve. NB : je prends cette vitesse comme « étalon » tout en ayant bien conscience de la difficulté de l’atteindre car c’est la vitesse qu’espèrent les promoteurs de Breakthrough Starshot pour la flotte de voiles photoniques de masse unitaire de 2 grammes qu’ils veulent envoyer vers Proxima Centauri. Pour ce qui est de la communication par ondes, on mesure aussi la difficulté posée par la distance puisqu’un échange par télécommunication avec une sonde dans l’environnement d’Alpha Centauri mettrait près de 9 ans et dans celui de Tau Ceti, près de 24 ans, aller et retour bien sûr…après que la sonde soit arrivée sur place !

Même si l’espoir est ténu, une de nos priorités en tant qu’hommes reste de rechercher par tous les moyens dans des systèmes aussi proches que possible (irai-t-on jusqu’à 15 années-lumière ?), la présence d’un socle planétaire sur lequel nos descendants pourraient un jour se poser. Les premiers critères à sélectionner doivent être la gravité, la luminosité (donc aussi la température) et l’eau. La localisation en « zone habitable » n’est pas suffisante.

Illustration de titre: le système d’Epsilon Eridani. Vue d’artiste, crédit NASA (PIA11365).

illustration ci-dessous: Vue d’artiste du système stellaire d’Alpha Centauri. Crédit ESO/L. Calçada/N. Risinger — ESO, CC BY 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=23163877:

liens:

Stellar and substellar companions of nearby stars from Gaia DR2, par Pierre Kervella et al. in Astronomy & Astrophysics manuscript no. Nearby-PM-v5r1-arXiv, 11 février 2019, copyright ESO.

Epsilon Eridani  Backman_2009_ApJ_690_1522.pdf

lien: Stellar and substellar companions of nearby stars from Gaia DR2, par Pierre Kervella et al. in Astronomy & Astrophysics manuscript no. Nearby-PM-v5r1-arXiv, 11 février 2019, copyright ESO.

Pour (re)trouver dans ce blog un autre article sur un sujet qui vous intéresse, cliquez sur :

Index L’appel de Mars 21 08 21

Pierre Brisson

Pierre Brisson, président de la Mars Society Switzerland, membre du comité directeur de l'Association Planète Mars (France), économiste de formation (Uni.of Virginia), ancien banquier d'entreprises de profession, planétologue depuis toujours.

49 réponses à “A-t-on une chance de trouver une nouvelle-Terre dans notre environnement le plus proche ?

  1. C’est un détail, mais si on calcule le temps nécessaire pour parcourir les 4,367 années-lumières nous séparant d’alpha Centauri, en tenant compte d’une accélération constante d’1 g (il me semble difficile d’accepter plus si des personnes voyagent à bord) jusqu’à atteindre 20% de la vitesse de la lumière, on arrive à 22 ans environ (en tenant compte également du freinage nécessaire à l’arrivée). Ce qui donnerait de l’ordre de 50 ans (!) pour un trajet aller-retour si on compte au moins quelques années à passer sur place pour explorer le système. C’est un peu à la limite du possible pour un être humain.
    Par ailleurs, si on tient compte de la masse de vaisseau à accélérer, on arrive à des puissances folles pour parvenir à lui donner une telle vitesse. Comme l’écrit Monsieur Brisson, un tel exploit relève donc en effet du rêve (malheureusement), quelle que soit la source d’énergie que l’on peut envisager, même en supposant possible de maîtriser les réactions matière/anti-matière.

    1. À supposer même que ce soit possible, et sans avoir la moindre idée d’un moyen pour y parvenir, je pense que le mieux serait de s’approcher suffisamment de c pour profiter des effets relativistes. Dans ces conditions, nous pourrions voyager deux cents années terrestres en ne vieillissant que de quelques années, voire moins.

      Bien sûr, au retour nous ne connaîtrions plus personne à supposer qu’il reste des habitants sur une Terre que nous sommes occupés à détruire. Donc ce serait autant se contenter d’un aller simple ou, pourquoi pas, d’une exploration sans fin, juste pour le plaisir de découvrir.

      Il y a quelques années, j’ai lu sur nasa.gov que la CIA avait financé une étude de faisabilité pour un tel voyage. Ça m’avait fort étonné que ce soit eux qui se soient occupés d’un tel problème mais, après tout, cette agence est un service public et c’est aussi le premier employeur de scientifiques dans le monde.

      1. Merci Monsieur Louis. Je pense in fine que, quand nous en aurons les moyens technologiques, c’est bien la question qu’il faudra se poser avant de partir pour ces longs voyages impliquant des vitesses relativistes: Partir pour toujours car ceux qui partiront s’engageront dans un référentiel de temps différent qui ne permettra pas de retour dans celui que l’on aura quitté. On peut penser à ces situations, à ces départs définitifs et aux choix qu’il faudra faire.

    2. g valant 9.8 mètres par seconde au carré, la vitesse augmente d’autant chaque seconde et donc 20% de la vitesse de la lumière , soit 60’000’000 m/s, sera atteinte au bout de 70 jours environ qu’il faut multiplier par quatre , deux accélérations et deux décélérations , soit 280 jours, presque 1 année.
      il ne faut donc ajouter qu’une année aux 44 ans de l’aller-retour à la vitesse de croisière de 20% de c , soit environ 45 ans …
      Mais avec une accélération limitée à 1 m /s^2, on atteint cette vitesse de croisière au bout de 1.9 année et dans ce cas on ajoute 7.6 ans aux 39.3 ans en vitesse de croisière , le trajet aura été raccourci d’environ 10% pendant ces 7.6 ans et on obtient un aller-retour en 47 ans environ …
      Petit problème : quelle accélération faut-il pour atteindre la vitesse de croisière ci-dessus qu’à mi parcours et donc on ne fera qu’accélérer puis décélérer ?
      La demi distance à parcourir en accélérant sera de 4.367/ 2 * 365.35 * 24 * 3600 * 300’000’000 , soit 2 * 10^16 mètres , où la vitesse moyenne sera de 30’000’000 m/s , donc effectuée en 689 millions de secondes , on obtient une accélération de 0.087 m/s^2 et la durée totale sera de 87 années , soit l’espérance de vie d’un être humain …
      Il n’est donc pas nécessaire de produire une énorme accélération … mais les moteurs ioniques sont encore loin du compte …

      1. En principe j’évite de développer ici des calculs parce que je pense que ce n’est pas le lieu pour cela, mais puisque vous m’y poussez…
        Mes calculs sont les suivants: la distance d’Alpha Centauri est de 4,367 années-lumières, soit D=4,132 10^16 m. le temps nécessaire pour accélérer le vaisseau de 0 à v=60’000’000 m/s (20% de la vitesse “c” de la lumière) avec une accélération a=9,81 m/s^2 est de T=v/a= 6’116’208 s, soit environ 70,8 jours. C’est aussi le temps pour ralentir à l’arrivée. La distance parcourue pendant ces 2 x 70,8 jours est de Dacc=3,67 10^14 m (2*(1/2 a.T^2)). Il reste donc une distance de D-Dacc =4,09 10^16 m à parcourir à 20% de la vitesse de la lumière, ce qui demande un temps Tv=682 millions de secondes, et donc un temps total de 695 millions de secondes ou 22 années (44 années par conséquent pour un aller-retour sans passer du temps sur place).
        Maintenant si on veut accélérer un vaisseau de 10’000 tonnes, soit 10’000’000 kg (je pense qu’il faut bien ça pour un tel voyage) jusqu’à 20% de c, il faudrait dépenser une énergie de (1/2 m.v^2) E=1,8 10^22 Joules sur une durée égale à T, donc une puissance moyenne de P=E/T=2’943’000’000 mégawatts, c’est–à-dire l’équivalent de près de 700’000 grosses centrales nucléaires du type EPR (et cela sans tenir compte des rendements)!!

        1. Je voulais juste me rendre compte que l’accélération ne doit pas être grande . Evidemment , emmener toute cette énergie avec la fusée ne peut être réalisé qu’avec de l’anti matière , puisqu’une masse d’un kg représente E=mc2 , donc 9*10^16 joules … on pourra se contenter d’un vaisseau de 100 tonnes , mais pour les humains, pas sur que les aliments resteront sains après 20 ans !!!
          Tout cela reste de la science fiction … comme ce blog …

          1. “on pourra se contenter d’un vaisseau de 100 tonnes”? Pour un tel voyage et forcément avec pas mal de passagers?! L’ISS a déjà une masse quatre fois plus grande et les spationautes n’y séjournent pas des années et sont régulièrement réapprovisionnés depuis la Terre. Et même si cela était, cela ne changerait que de deux ordres de grandeur la puissance nécessaire qui reste donc encore énorme et complètement “irraisonnable”, quelle que soit la source d’énergie envisagée! Et cela reste aussi vrai si on divise encore en plus par 100 environ l’accélération.
            On est cependant en cela d’accord que tout ça est non seulement de la science-fiction, mais même de la pure “fantasy fiction”! Par contre, le problème que vous soulevez n’en est pas un, bien entendu que la nourriture ne serait pas stockée à bord pour la cinquantaine d’années de voyage, mais produite en cycle fermé comme on le développe actuellement déjà aujourd’hui. Mais c’est une raison supplémentaire qui impose un vaisseau de relativement grande dimension, et donc masse.

  2. Nous naviguerons dans les étoiles en utilisant la matière noire, seulement si nous sommes aidé par une civilisation plus avancée que la nôtre pour faire le saut technologique et qui nous considérera digne de le faire. La civilisation humaine, après 3 million d’année est encore au stade de la barbarie planétaire et devra résoudre sa plus grande équation : la mobilisation pour la lutte contre le changement climatique terrestre et pour sa biodiversité est plus grande que la cupidité et les guerres intestines. Comme me disait Alain Berset samedi soir à 21heures à Genève : “la lutte contre le changement climatique est bien plus difficile que la lutte contre le Covid19”.

    1. “si nous sommes aidés par une civilisation plus avancée que la nôtre”, encore faudrait-il qu’une telle civilisation existe (et qu’elle veuille bien nous aider!). Or jusqu’à maintenant nous n’avons pas le moindre indice que même simplement la vie (sans aller jusqu’à “intelligente”) puisse exister ailleurs que sur notre planète, où elle est née de circonstances extrêmement particulières. La probabilité que de telles conditions aient été également réunies ailleurs, et en plus dans un espace-temps qui permettrait éventuellement un contact avec ce qui aurait évolué jusqu’à une véritable civilisation extra-terrestre, est par conséquent des plus faibles. Comme déjà dit plus haut, toutes ces spéculations ne sont même plus de la science-fiction, mais de la “fantasy-fiction” (un style littéraire pas moins valable qu’un autre, mais il ne faut simplement pas mélanger “science” et “fantaisie”).

  3. “On ne commande à la nature qu’en lui obéissant”. Alors, si on veut atteindre de lointaines planètes, il faudra prendre de gigantesques risques: construire des vaisseaux sans espoir proche de retour, exposés à l’inconnu des météores, des rayonnements, des attractions, des dangers biologiques… Des vaisseaux capables de faire survivre des hommes sans aucune aide extérieure pendant des siècles, assumant seuls leur ravitaillement en nourriture, air, médicaments, combustible… (ce qui est possible, moyennant peut-être quelques captures de cailloux errants). Les graines sont envoyées dans la nature avec une autonomie et beaucoup de chances de mourir. “Fantasy-fiction”, me direz-vous? Bien peu de gens se hasardent dans l’espace. Jules Verne, à l’époque où rares étaient les hommes qui allaient sous l’eau, a pensé le “Nautilus”. On sait ce que les Américains en ont fait et après quel délai. Espérer que les extraterrestres nous donnent la becquée? J’ai aussi des doutes. Il faudrait faire un inventaire de toutes les hypothèses possibles à leur sujet, depuis la science-fiction jusqu’à Hawking. Je rêve d’une organisation interstellaire des êtres super-avancés, attendant que nous ayons fait certaines découvertes avant de nous admettre parmi eux… mais je n’y crois pas. Ben, je commençais à trouver que cette page était déprimante. Où est le nouveau Jules Verne ?

    1. Je ne veux pas et ne peux pas préjuger des capacités technologiques que nous aurons dans le futur. J’espère seulement que nous pourrons faire mieux que ce que nous pouvons envisager de faire aujourd’hui.
      A la différence de François Donneur, je n’écrirai pas que l’on va “utiliser la matière noire” pour nous propulser. Nous ne savons même pas ce qu’est la matière noire! Ne faudrait-il pas d’ailleurs plutôt penser à l’énergie noire?
      Dans le même esprit je ne compte absolument pas sur une civilisation plus avancée pour nous servir de mentor. Nous n’avons à ce jour aucun signe qu’il existe de telles civilisations et qu’il en existe qui soient accessibles dans notre petit coin d’Univers (je cherche plutôt à montrer qu’elles sont très improbables). Nous n’avons non plus aucune raison de dire que si de telles civilisations existaient et qu’elles soient accessibles, elles pourraient être bien disposées à notre égard.
      On peut rêver et espérer, c’est tout.

      1. Les êtres humains sont les plus compatissants du règne animal (seul les êtres humains ont inventé les vétérinaires pour s’occuper presque universellement de la santé des autres espèces). Une civilisation plus avancée que la nôtre sera dans les 3 cas de figures pour simplifier :
        a) scientifique observatrice et non interventionniste (la plus probable, avec une éthique d’écologie interstellaire)
        b) interventionniste à la manière de vétérinaires ou diplomates moraux, selon le degré de barbarie qu’ils nous jugeront
        (la deuxième plus probable)
        c) expansionniste où le progrès moral ne suit pas le progrès technologique (exemple: civilisations absolutistes, fanatiques, anarchistes, populistes, terroristes, fascistes ou communistes) : la moins probable car ces types de civilisations ont tendance à s’auto-détruire, sauf chez certains insectes où l’absolutisme est inné (abeilles, fourmis, etc.).

        Matière noire et non énergie noire, car même si moins abondante et uniformément répartie que l’énergie noire, elle sera probablement plus facile à capturer et atteindre le presque 100% d’efficacité en conversion énergétique, contrairement aux autres matières, chimiques, nucléaires à fission ou fusion ou antimatières avec inefficacités de conversion matière-énergie énormes. Quant à l’énergie noire dans l’état actuel des connaissances selon mes recherches de la littérature scientifique, nous avons encore moins d’hypothèses que la matière noire de quoi elle est constituée…
        https://www.forbes.com/sites/startswithabang/2019/07/03/this-is-how-mastering-dark-matter-could-take-us-to-the-stars/

        1. Monsieur Donneur, vous nous parlez des “civilisation plus avancée que la nôtre” comme d’une réalité. Si vous en évoquez la possibilité, il faut au moins utiliser le conditionnel!
          Quant à utiliser comme énergie la matière noire plutôt que l’énergie noire, je vous en prie n’entrons pas dans cette discussion. On ne peut valablement discuter de quelque chose qu’on connaît si mal puisque la seule chose qu’on puisse dire c’est qu’elles ne sont, l’une et l’autre, qu’un nom donné à un phénomène dont nous voyons les conséquences mais dont nous ne comprenons pas encore la nature.

        2. @François Donneur: Vous continuez à mélanger “science” et “science-fiction”, voire même plutôt “fantasy-fiction” avec l’utilisation de la matière noire par exemple. Comme je l’ai déjà mentionné, ce dernier genre littéraire peut-être tout aussi “excitant”, et souvent même plus sans doute, que la littérature scientifique, mais simplement il ne faut pas mélanger les genres. Le blog de Monsieur Brisson est en principe censé rester dans le domaine “péri-scientifique” (c’est-à-dire s’appuyant sur ce que l’on sait aujourd’hui ou que l’on peut raisonnablement extrapoler à partir de là), pas s’envoler vers la “fantasy-fiction” qui est tout autre chose.

    2. “Des vaisseaux capables de faire survivre des hommes sans aucune aide extérieure pendant des siècles, assumant seuls leur ravitaillement en nourriture, air, médicaments, combustible”, comme je l’ai montré plus haut, lancer de tels vaisseaux exigerait des puissances gigantesques, totalement hors de notre portée quelle que soit la source d’énergie utilisée (et je ne parle même pas des autres problèmes!). Ou alors, il faudrait imaginer une vraie révolution dans les lois physiques que nous estimons connaître aujourd’hui. Mais, comme l’écrit Monsieur Brisson, il n’est pas interdit de rêver; il y a problème néanmoins quand on commence à prendre ses rêves pour des réalités 🙂 !
      Quant à Jules Verne, c’était un formidable romancier, à l’imagination fertile, mais il ne s’est jamais trop embarrassé de vraisemblance non plus. Pour ne citer que deux exemples: le bateau volant plutôt fantaisiste de Robur-le-Conquérant et, plus encore, le canon Columbia pour aller sur la Lune alors que de rapides petits calculs montrent immédiatement que c’est totalement impossible (un peu comme les supers-vaisseaux spatiaux s’approchant de vitesses relativistes pour emmener des humains vers d’autres système stellaires).

    3. Un point encore, je pense que si l’on cherche des nouveaux Jules Verne plus contemporains, on n’a pas trop de peine à en trouver: Clarke, Sagan, Asimov, Herbert, Ben Bova, et bien d’autres encore.

      1. Juste. Surtout Isaac Asimov. Sa dimension sociologique de l’exploration spatiale se rapproche de toute l’œuvre de Jules Verne en exploration terrestre.

  4. La station spatiale représente un balbutiement en mini vers ce que serait un engin envoyé vers les étoiles. Sa propulsion est à voir. Des engins américains ont déjà quitté le système solaire, à “petite” vitesse, sans direction maîtrisée. Herbert, c’est intéressant à lire. Asimov, Sagan, mais leurs projets n’ont fait l’objet d’aucune tentative de concrétisation comme le Nautilus, ni chez les Américains, les Russes, les Chinois, les Européens, les Arabes…Et je vous accorde que ce ne sont que des rêves. Verne, sur son Nautilus au moins, a été réaliste sans le savoir. Pour les vitesses quasi-relativistes, attendons l’antimatière en quantité.

  5. A lire ces calculs savants, vains et prétentieux, il me vient une belle envie de rire : ils touchent au poétique, on dirait du Raymond Queneau… : Et si la vérité était belle mais ailleurs, si nous n’avions qu’une seule planète, comme nous n’avons qu’une seule vie?
    Le vrai (seul) défi est de nous retrousser les manches pour donner à chaque humain sur terre un accès aux ressources nécessaires à son développement : de l’air pur, de la nourriture, des soins médicaux, un travail rémunérateur, de la dignité… Cela s’appelle le partage et la paix. C’est possible, mais cela fait moins rêver, parce que certains privilégiés devraient revoir leur mode de vie.
    Si l’homme ne change pas son coeur, nous pouvons bien coloniser 10 autres Terres potentielles, nous y importerons le même cauchemar et le même échec en moins d’une année-lumière!

    1. Il est clair que vous n’êtes pas favorable à l’éventuelle installation de l’homme en dehors de sa planète de naissance. Mais pour autant, avez vous besoin d’être désagréable? Pourquoi qualifier “nos” calculs de “vains” et de “prétentieux”?
      Par ailleurs, pourquoi rejeter le projet d’un essaimage de l’homme en dehors de la Terre sous prétexte que nous avons déjà une Terre et que cette Terre est un joyau digne de tout notre respect et nos attentions, tout comme la vie humaine? Je ne suis pas non plus hostile à l’idée de préserver la Terre tout en m’efforçant que la vie humaine (et animale) y soit plus facile et moins dure. Au contraire. Mais cela n’est absolument pas contradictoire avec le projet “d’aller voir ailleurs”, de s’intéresser à “autre chose”.
      L’histoire humaine a été horrible par certains aspects mais elle a été aussi magnifique. On ne peut rejeter tout ce que nous avons créé de beau avec tout ce que nous avons fait de mal. L’homme est ainsi fait, un être “biface”, et si vous pensez qu’un jour nous serons tous “bons”, vous vous trompez certainement. Ceci dit vouloir aller dans l’espace, pour éventuellement préserver notre civilisation n’est pas un crime et, il me semble, un projet plus utile que beaucoup d’autres entreprises.

      1. Monsieur Brisson, J’espérais pouvoir éviter de répondre à Miss Electra, mais certains commentaires me font parfois monter la moutarde au nez. Navré d’avoir perturbé ainsi le débat (sans doute le réflexe tardif de l’ancien prof dont les élèves n’avaient qu’un plaisir: le voir craquer).

        Pour en revenir à des choses plus sereines et, je l’espère, plus en phase avec votre sujet, même s’il nous offre une petite escapade, d’ailleurs fort bienvenue, vers la science-fiction. Oublierait-on un maître du genre, H. G. Wells? Avec sa “Guerre des Mondes”, ne pourrait-on le proposer comme parrain de la “Mars Society”?

        L’interprétation mémorable de son texte par Orson Welles à la radio, dans les années trente, et le vent de panique qu’elle avait créé à New York, dont les habitants croyaient en toute sincérité que les Martiens les attaquaient, a-t-elle jamais été répétée? A ma connaissance pas.

        1. Ne soyez pas navré, cher A.Ldn, notre Electre moderne n’a eu que ce que son intransigeance puritaine méritait. Notre époque voit de plus en plus fleurir ce genre de personnages, dignes successeurs de Savonarole qui veulent que leur idéal de “pureté” (écologique et sociale, bien sûr) triomphe partout. Je préfère définitivement l’exubérance et la créativité de Laurent le Magnifique, malgré ses défauts, à leur désir d’attrition, de mortification et de cendre.
          J’apprécie HG Wells mais je n’irais pas jusqu’à le choisir comme parrain de la Mars Society. Il a quand même une conception de la vie martienne tellement dépassée par les connaissances acquises qu’elle n’est plus du tout crédible (à mon sens). A tout prendre je préférerais d’ailleurs les Martiens des Chroniques de Ray Bradbury, eux aussi complètement fantaisistes mais plus poétiques.

          1. S’il fallait désigner un romancier pour parrainer la Mars Society, je verrais plutôt Ben Bova. Même s’il s’écarte aussi du totalement vraisemblable avec sa civilisation troglodyte type Navajo, il est à mon avis l’auteur de S.F. qui reste le plus près du possible et des vues de la Mars Society en matière d’exploration de la planète rouge.

          2. Merci pour votre réponse, cher Monsieur Brisson. Bien sûr, les Martiens d’H. G. Wells ne sont plus guère bons que pour figurer au Musée Grevin de la science-fiction. Je pensais d’abord à l’impact médiatique qu’a su obtenir du texte de Wells son (presque) homonyme Orson Welles, avec les moyens techniques disponibles à son époque. Ne reste-t-il pas un modèle de communication encore aujourd’hui?

            Quant aux Savonarole de la blanchisserie verte, aux néo-Tartufe, bigots et calotins qui psalmodient leur catéchisme du retour à la “pure nature” avec la régularité d’un plan quinquennal, se rendent-ils compte qu’en vouant aux gémonies les “seniors”, accusés en vrac de tous les maux de la planète, ce sont les pionniers mêmes de l’écologie et de l’éducation qu’ils enterrent, mais un peu vite, avec eux – les Ivan Illich, Denis de Rougemont, père de l’écologie suisse, René Dumont, André Gorz, Brice Lalonde, Corine Lepage, Noël Mamère, Dominique Voynet, Nicolas Hulot et encore Yann Artus-Bertrand, autant de boomers dont l’engagement précoce n’a pas attendu la génération climat et ses égéries nordiques à couettes et sourire angélique de bébé cadmium, dont la presse nous rebat les oreilles?

    2. Au courageux anonyme ELECTRE: Je m’abstiens en général de développer des calculs dans le cadre de ce blog, je ne l’ai fait cette fois que parce qu’un autre intervenant m’y a invité par ses commentaires. Et veuillez débattre ici en restant poli svp, comme la plupart des intervenants le font!
      Maintenant, s’il est vrai que nous n’avons qu’une seule vie, pourquoi par contre n’aurions-nous forcément qu’une seule planète (même sil faut évidemment tout faire pour préserver celle qui est notre berceau, ce qui n’est pas du tout incompatible avec l’exploration d’autres corps célestes)?! En s’élevant, dans tous les sens du terme ( 🙂 ), l’Homme a toutes les chances d’ouvrir plus son esprit et d’améliorer ses comportements que ce soit sur Terre ou ailleurs. La possibilité de prendre un peu de recul permet toujours de mieux voir et apprécier les choses; y compris la beauté et la fragilité de notre Terre, dont on ne se rend jamais autant compte que lorsqu’on l’observe de l’espace. Je m’étonne par ailleurs toujours de voir certains prendre l’exploration spatiale comme bouc émissaire des problèmes qui ne seraient soi-disant pas résolus sur Terre parce qu’on s’y intéresse. Absolument rien à voir, peut-être même au contraire! Les défis à relever dans ce domaine pourraient bien avoir des retombées très utiles pour résoudre ces problèmes plus terre-à-terre aussi; rien de tel qu’une bonne stimulation pour progresser. Et je l’ai déjà mentionné x fois, si on estime vraiment qu’une meilleure allocation des ressources est nécessaire, alors commençons par nous intéresser aux programmes d’armement, dont je me permets de douter de la réelle utilité, qui, eux, en consomment des ordres de grandeur plus que l’exploration spatiale!

    3. Quand on choisit pour pseudo le nom de la fille d’Agamemnon, on se dispense de traiter de “vains et prétentieux” les écrits d’autrui. Ne serait-ce que par politesse.

      Comme monsieur Brisson vous l’a rappelé, l’homme est à la fois la meilleure et la pire des créatures. “Homo homini lupus est”, écrit Plaute dans sa “Comédie des Ânes” (~195 av. J.-C.). De même la Bible, qui ne dit pas que des bêtises (pas plus que ce gros benêt de Queneau, en tout cas), rappelle que le pire ennemi de l’homme, ce sont ses proches. Pour ma part, sans être pour autant un adepte inconditionnel des voyages spatiaux, je reconnais pourtant qu’ils pourraient contribuer à apprendre enfin à nos semblables, une fois coupés de leur milieu naturel, à vivre et à se comporter entre eux avec plus de respect et de dignité, ne serait-ce que pour des raisons de survie. Toutes choses égales par ailleurs, la crise sanitaire en cours ne nous en donne-t-elle pas un avant-goût?

      Ne souffririez-vous pas de ce que les psychanalystes appellent le “complexe d’Electre”, équivalent pour eux à celui d’Oedipe depuis que Carl Gustav Yung l’a élaboré et baptisé ainsi?

  6. Depuis les années 30s nos envoyons par nos ondes radios et de télévision des signaux à la vitesse de la lumière. Une civilisation extra-solaire l’a-telle captée ? Pour l’instant, aucunes preuves. Cependant, comme nous sommes jeunes et que des civilisations extra-solaires ont potentiellement eu des milliards d’années d’avance sur nous, si je paraphrase Galilée : “et pourtant,” les autres civilisations (extra-solaires) “tournent…”

    1. Pour qu’une civilisation extrasolaire ait capté nos émissions radios, il faudrait, en suivant votre référence (1930), que cette civilisation existe à une distance inférieure à 90 années-lumière et pour qu’elle ait réagi et que nous soyons sur le point de recevoir une réaction à leur découverte, il faudrait qu’elle se trouve à moins de 45 AL (et probablement moins car il faut du temps pour analyser un message, préparer une réponse et l’envoyer).
      Quant à affirmer que de telles civilisations “tournent” c’est de votre part un acte de foi et non pas une parole fondée scientifiquement comme l’était la parole de Galilée. Je suis en train précisément de tenter de démontrer que la probabilité qu’une telle civilisation existe, est extrêmement faible.

    2. Non seulement nous n’avons jusqu’ici pas détecté le moindre signal qui pourrait provenir d’une civilisation extra-terrestre malgré de gros efforts investis pour cela, mais nous n’avons même pas encore trouvé le plus petit indice qui prouverait que la vie aussi élémentaire soit-elle puisse exister ailleurs que sur Terre. Au contraire, tout ce que nous avons appris sur Mars en particulier tendrait à montrer que malgré des conditions un temps en principe favorable à l’apparition de la vie, rien ne s’est passé. Evidemment, nous n’avons aucune preuve absolue non plus que cela n’a pas été le cas. C’est d’ailleurs l’avantage pour ceux qui croient (car à ce stade ce n’est qu’une question de foi) que la vie est un phénomène assez répandu dans l’univers par rapport à ceux, comme moi, qui aimeraient bien y croire aussi mais en doutent fortement au vu de ce que nous avons observé jusqu’ici, les premiers ne pourront jamais être démentis (ils pourront toujours prétendre que l’on n’a pas encore suffisamment cherché), alors que les derniers pourraient être immédiatement contredits si on trouve à l’occasion la moindre preuve que la vie existe, ou a existé, ailleurs. La position des premiers est donc clairement plus “confortable” 🙂 !

      1. Comme Aristote, je crois que l’aspect le plus noble de la science est la science théorique (je récuse le terme de fantaisie par les non-Aristotéliciens), qui fait de la prospective le plus loin possible. Comme notre galaxie a des centaines de milliards d’étoiles et l’univers a des centaines de milliards de galaxies, il est donc improbable que les êtres humains soient les seuls animaux avec tous les niveaux de conscience (arts et sciences) de l’univers…

        1. Le grand nombre n’est pas une raison. En le prenant comme argument, n’importe quelle hypothèse deviendrait possible. Pensez à l’exemple du kangourou donné par Martin. Pour le moment nous n’avons aucun indice sur l’existence passé ou présente de civilisation ou même de simple vie extraterrestre. Ce n’est pas un raison pour ne pas chercher, mais c’est une raison suffisante pour ne rien affirmer.

  7. Cette question de l’existence d’extraterrestres lointains ou grands voyageurs est vraiment une énigme. Peut-on considérer que c’est 50/50?. . Vu les milliards de planètes dans l’univers (Fermi), malgré le grand nombre de circonstances évènementielles nécessaires à la vie, il existe peut-être des êtres intelligents (Un hasard peut se reproduire) ayant bénéficié de millions d’années pour faire de la science et venir nous voir avec, dans leur charte, l’interdiction d’entrer en contact ou n’ayant pas réussi à parcourir de longues distances (comme nous). D’où l’intérêt de nombreux petits vaisseaux terriens sacrifiés ou chanceux pour tenter désespérément d’échapper à la disparition qui nous frappera avant un million d’années. Des rochers voyagent hors de ce système et ne dépassent pas la vitesse de la lumière (combustible à trouver en route sur ces rochers???). Donc si la chance faisait approcher d’un monde habitable, après de très très longs laps de temps. Un jour nos océans vont s’évaporer, tout vaut mieux que la mort totale. L’interdit de dépasser c ne semble pas absolu, Cerenkov ne fait pas encore sortir de l’ornière mais…! Pour l’autre aspect de la question, les autres 50%: si j’étais un kangourou en Australie je me dirais puisque j’existe il existe des kangourous partout sur la terre. Or ce n’est pas le cas! Pour ce qui est de se choisir un saint patron, je vote toujours Jules Verne. Certains veulent propulser un vaisseau en tirant dessus avec un laser depuis la terre. D’autres rêvent d’étudier Vénus à partir d’un module habité restant perpétuellement en altitude. Jules Verne a été approximatif mais les autres ont été plus rêveurs. Mais là, j’entre dans une polémique puérile, je m’en excuse! Pour ce qui est des armes, les interdire aux Russes et aux Chinois, je doute!

    1. Merci Martin de votre commentaire.
      L’argument « un hasard peut se reproduire » est, me semble-t-il à la base du raisonnement de Fermi. Ce n’est pas ce qui le valide comme le prouve votre très bonne image du kangourou.
      Vous avez raison sur Jules Verne, son imagination est toujours restée enfermée dans la sphère des possibles de son temps. Il a poussé très loin la logique de diverses technologies mais n’a pas pu inventer ce qui ne l’avait pas été. Le problème si on s’aventure en dehors de cette sphère, c’est qu’on peut dire n’importe quoi et qu’on n’est plus crédible sur rien.
      Je pense qu’il faut être modeste, exploiter ce que l’on peut dans son propre temps mais sans renoncer à l’espoir qu’un jour on puisse faire mieux.
      NB : Cerenkov a prévu que certains rayonnements pourraient être plus rapides que la lumière dans certains milieux mais attention, pas dans le vide. Cette « aberration » est donc liée d’abord à la différence de milieu et dans aucun les cas la vitesse d’un rayonnement ne dépasse la vitesse de la lumière dans le vide.

  8. L’exemple du Kangourou (qui n’a pas encore atteint le troisième niveau de conscience selon Aristote) est parfait dans un débat scientifique :
    1) Il existe 53 espèces de Kangourous dont certaines en NOUVELLE-GUINÉE. Le Kangourou qui se croit seul en Australie a donc TORT.
    2) Il existe d’autres mammifères dans le monde avec la même capacité consciente que les Kangourous. Il est fou de croire que l’être humain serait la seule espèce consciente de troisième niveau de tout l’univers. Relire Darwin et l’adaptation de la vie.
    3) Relire le “Hasard et la nécessité” de Monod. Oui , en statistiques, la théorie des probabilités s’appliquent. Comme le décrit très bien Hubert Reeves dans “La fureur de vivre” les briques chimiques qui constituent le vivant et les étoiles/planètes sont similaires. Avec des centaines de milliards d’étoiles dans une seule Galaxie multipliées par les centaines de milliards de galaxies, je parie sur la Vie plutôt que la Mort.

    1. Vous pouvez effectivement parier n’importe quoi. Tirer une généralité à partir d’un seul exemple, le nôtre, n’a aucun sens.

      1. Je le tire de la diversité des espèces déjà sur Terre et de la résilience de la vie sur notre planète extrapolée à des milliards de planètes habitables possibles. Le Pari de Donneur est similaire au Pari de Pascal. Je suis en bonne compagnie. 😉

    1. Le problème voyez vous, c’est que plus on s’éloigne du Soleil, plus le volume à prospecter est vaste et plus la lumière qui nous parvient des astres est faible (pour une luminosité intrinsèque égale). Et là, selon l’hypothèse des auteurs de l’article, on est très loin, au plus près 300 UA soit 300 fois la distance Terre-Soleil, beaucoup plus loin que la plus éloignée des planètes de notre système solaire, Neptune, qui se trouve à environ 30 UA.
      Le problème se complique avec les planètes (par rapport aux étoiles) puisqu’elles n’émettent pas de lumière mais réfléchissent celle du Soleil. Leur rayonnement propre n’est qu’infrarouge (leur chaleur) et ce rayonnement est moins facile à percevoir que celui de la lumière. par ailleurs plus on est loin du Soleil, plus la vitesse de déplacement de la planète sur son orbite est lente. Pas facile de repérer un objet sans lumière, d’apparence très petite, qui bouge presque imperceptiblement!
      Donc on ne peut pas dire qu'”on a envoyé plein de trucs dans cette direction”. C’est inexact puisqu’on ne sait pas précisément (et de loin!) où cette planète se trouve.
      Pratiquement, On ne peut détecter l’existence d’un tel astre que par les perturbations (très faibles) qu’elle cause dans son environnement. La photographie, vous oubliez!

  9. Il faut faire le pari PascALIEN d’une vie extra-terreste et s’y préparer comme mon entreprise en 2008 s’est préparé à une pandémie mondiale de manière générique, plan de 2008 qui a été fort utile en 2020. Même chose pour les changements climatiques connus officiellement depuis 1965, rapport scientifique de 23 pages avalisé par le Président américain Johnson.

    La recherche SETI est sous-financée par rapport aux autres domaines de l’exploration spatiale et si l’on compare l’univers à tous les océans de la Terre, nous n’avons exploré qu’un verre d’eau et nous croyons TOUT SAVOIR à partir de ce verre d’eau ce qui est plus folie scientifique. Il n’y a de pire myope que celui qui ne veut pas s’acheter des lunettes (je parle en connaissance de cause…).
    https://www.philomag.com/articles/croire-aux-extraterrestres-un-pari-pascalien

    1. Je ne dis pas qu’il faille s’abstenir de chercher si la vie existe ailleurs que sur Terre et si cette autre vie à abouti à une forme intelligente et communicante.
      Je dis simplement qu’il ne faut pas préjuger du résultat de notre recherche et que cette vie si elle existe doit être extrêmement rare car elle est extrêmement improbable.
      Depuis quelques semaines je m’efforce de démontrer pourquoi, en donnant des arguments d’ordre astrophysique mais apparemment ces arguments vous laissent totalement indifférent. Peut-être ne les lisez-vous même pas.
      Vous avez la foi. C’est très bien pour vous mais vos arguments d’ordre religieux ne me convainquent pas du tout car je ne suis pas du genre à accepter le pari pascalien. Je n’ai pas “intérêt” ( pour me référer au pari de Pascal) à choisir de penser que les extraterrestres existent, tout simplement parce que ce choix ne parviendrait pas à me convaincre. Je n’ai aucune preuve qu’ils existent et tout ce que j’ai lu et appris me conduit à penser que les conditions qu’il faudrait remplir pour qu’un processus de vie aboutisse “ailleurs ” sont extrêmement difficiles à réunir.

  10. Pour assembler les briques de la vie dans le bon ordre, il faut une information.
    D’où vient l’information ?
    Les milliards d’années et les milliards de planètes possiblement favorables à la vie ne remplacent pas l’information.
    Et le hasard n’écrit pas de message !

  11. Mettons les choses au clair M. Brisson de manière rationnelle :
    – Je lis avec intérêt toutes vos publications sur ce blog.
    – L’être humain est le troisième stade de conscience de la vie terrestre et nous avons évolués en étant des virus à la base.
    – Vous n’écartez pas vous même une présence extra-terrestre sur un satellite d’une planète géante entre l’étoile double d’Alpha Centauri, vers Alpha A, et même la possibilité de vie sur la planète autour de Proxima Centauri n’est pas totalement à proscrire. Donc, même sur notre plus proche système à 3 soleils à moins de 4.4 années lumière, on ne peut actuellement RIEN EXCLURE selon l’état de nos connaissances en 2021.
    – Vous dialoguez avec un professionnel de l’Environnement, Santé et Sécurité (spécialisé dans la Continuité et Durabilité des affaires) qui a TOUJOURS eu une vision de l’impact à long terme de ses projets : Plan de Pandémie en 2008, Réduction de l’empreinte climatique d’une multinationale depuis 1999, etc. A 55 ans, je commence un Doctorat pour établir des indicateurs universels de gestion des impacts et risques climatiques pour les entreprises et les pays, indicateurs que les gouvernements, les chefs d’entreprise, l’ONU et les ONG n’ont pas concrétisé (en 2021 !!!) à part l’approche TCFD de l’ex-maire de NY et homme d’affaires Bloomberg qui est mon point de départ et celle du Conseil Fédéral suisse (communiqué du 18 août 2021).
    – Nous avons zéro preuves de l’existence d’extra-terrestres mais s’ils débarquent en 2021, ce sera la panique générale liée à ce grand impact (qui j’espère sera salutaire pour forcer l’humanité du Bien à s’unir plus fortement qu’elle s’est unie contre Trump) car l’humanité y est encore moins préparée politiquement et psychologiquement que pour les sophistiqués changements climatiques ou une simple pandémie.
    A bon entendeur et merci.

    1. Cher Monsieur Donneur, je suis heureux de savoir que je dialogue avec “un professionnel de l’Environnement, Santé et Sécurité…” mais je ne vois pas bien la pertinence de cette information dans le contexte de nos échanges sur cet article traitant de la recherche de “nouvelles-Terres”.
      Par ailleurs, je ne vois pas comment nous pourrions nous préparer à un événement, le débarquement d’extra-terrestre, dont nous n’avons pas le début de l’indication qu’il pourrait survenir. Disons, pour nuancer, que depuis l’affaire des ovni, les Terriens ont la vague impression qu’ils pourraient ne pas être seuls dans l’Univers. Mais personne ne va financer de nouvelles structures dont on ne sait pas si elles pourraient jamais servir un jour. Nous avons déjà CSETI ou GEIPAN en France ou d’autres organisations telles que IUFO aux Etats-Unis, et c’est très bien, il faut chercher et observer, mais que faire au-delà?
      Si SETI ou une organisation d’observation des phénomènes aérospatiaux non-identifiés trouve “quelque chose”, il sera temps de s’organiser.

  12. Merci M.Brisson. Le lien entre le spatial, les potentiels extra-terrestres (non détectés avec des preuves crédibles) et l’environnement, santé et sécurité est l’impréparation de nos dirigeants politiques et économiques pour l’arrivée des “Cygnes Noirs” (Gestion des crises peu fréquentes) et la continuité des affaires au sens large. Cas écoles :
    – Changement climatique connu depuis 1965 et toujours pas d’indicateurs de pilotage. En 2021, sur un sondage de 5000 chefs de grandes entreprises de 100 pays, de 60% n’ont toujours pas intégré les analyses de risques climatiques dans leur stratégie ! Un sondage sur 20000 citoyens du G20 démontré que 75% sont préoccupés des changements climatiques en 2021 !
    – Gestion du Covid19 : chapeau pour les vaccins trouvés par les chercheurs et je réserve tout commentaires pour le reste…
    – Astéroïde tueur qui peut détruire la population humaine en général. Seulement en 2024, la NASA et l’ESA commencent à essayer une approche avec une fusée qui dévie un astéroïde (argument en faveur du spatial contre les eco-fondamentalistes qui naivement ne voient que le climat comme risques pour la survie de l’humanité l.
    – En gestion de crise avec la découverte d’une vie et surtout d’une communication extra-terrestre, L’IMPROVISATION (comme pour les pandémies, changement climatique, chûte d’énormes astéroïdes, vie extra-terrestre detectée) est mortelle. Dans nos cours de philosophie et de science, nous devons préparer les populations à la possibilité de vie extra-terrestre pour éviter les mouvements de panique et de fondamentalistes violents (les Talibans et le 6 janvier 2021 à Washington seront une promenade de santé en compataison).

    Nous devons éduquer les enfants que nous ne sommes pas exceptionnels dans l’univers, issus d’un soleil banal et d’une galaxie banale. Nous devons aussi les éduquer à ce qu’il y a des milliards de virus en nous (heureusement presque tous bénéfiques dont celui qui protège le placenta de la maman), que 8% de notre ADN humain est viral et qu’il a plus de virus sur Terre que d’étoiles dans tout l’univers. Chaque être humain transporte un univers biologique en lui après seulement environ 3 million d’années de vie… strictement presque rien par rapport au 14 milliard d’années de l’univers…

    1. Je pense exactement le contraire de vous, c’est à dire que la probabilité que nous soyons exceptionnels dans l’Univers est extrêmement élevée mais je constate que de votre côté, vous restez sur le fil de votre conviction.
      Je pense que le comportement le plus raisonnable face à la possibilité d’une vie intelligente extraterrestre est de rester ouvert sur le sujet, sans prendre de raccourci vers la solution que l’on souhaite en négligeant les réalités que nous constatons.

    2. Entre nous, je crains plus les sautes d’humeur et les cris de ma voisine que l’impact d’un astéroïde, la pandémie ou le réchauffement climatique. Quant à la rencontre avec d’hypothétiques extra-terrestres… Nul besoin d’être statisticien pour déduire que l’on a un zillion de fois plus de chances de mourir d’un infractus du mésoscaphe dans son fauteuil à cause des premiers que des seconds.

      Mais je m’arrête là, sinon monsieur Brisson va me bannir de son blog ad aeternam pour hérésie.

      1. Je peux “faire avec” des hérétiques comme vous. Je pense aussi que nous avons plus de chance de mourir d’un infarctus…hélas!

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