Les Emirats Arabes Unis ont réussi leur pari “fou” de mettre en orbite une sonde autour de Mars. La nouvelle est tombée ce 9 février à 17h15. Il y avait, dit-on, 50%* de chances de succès et le monde entier de l’astronautique et de la science planétologique se réjouit avec les Emirati qui en même temps célèbrent le 50ème anniversaire de leur fédération.
*en fait ce pourcentage prend en compte la totalité des vols effectués vers Mars, même les premiers, qui ont presque tous échoué, ce qui est bien normal. Il est plus exact de dire que les Américains sont les seuls à maitriser la dépose de masse en surface de Mars et que ceux-ci, avec les Européens, les Indiens (depuis le cycle synodiques précédent) et maintenant les Emirati sont les seuls à maitriser l’insertion en orbite martienne.
La sonde partie le 20 juillet de l’astroport de Tageshima, au Japon, est donc arrivée dans l’environnement de Mars ce jour après 7 mois de voyage. Sa vitesse de 120.000 km/h a été réduite en 27 minutes à 18.000 km/h. C’était avec le décollage puis l’injection interplanétaire la manoeuvre la plus difficile sur le plan astronautique (il y a eu, en plus, trois ajustements de trajectoires, ce qui est normal pour une telle mission).
Il est vrai que la sonde et le lanceur ne sont pas 100% production locale. Le lanceur a été japonais (Mitsubishi Heavy Industry H-IIA), la partie scientifique a été portée par l’Université du Colorado* aussi bien que par des spécialistes du monde entier dont le Français François Forget pour la météorologie. Le suivi du satellite a été effectué par le DSN, Deep Space Network de la NASA. Mais ce sont les Emirati qui sont au centre, comme organisateurs, fédérateurs et financiers. Le projet a été voulu par le “Leadership” de l’Etat (Sheikh Khalifa bin Zayed Al Nahyan, souverain d’Abu Dhabi. Il est le Président de la fédération des Emirats Arabes Unis, fils du fondateur Sheikh Zayed bin Sultan al Nahyan).
*University of Colorado Boulder’s Laboratory for Atmospheric and Space Physics
C’est une déclaration politique, progressiste et pacifique, à l’attention du monde arabe aussi bien que du monde entier et ce message est d’autant plus remarquable que l’équipe des quelques 200 ingénieurs et scientifiques du Centre spatial Mohammed Bin Rashid (MBRSC) est jeune (28 ans d’âge moyen) et composée à 80% de femmes.
Sur le plan scientifique, la sonde qui va évoluer sur une orbite très elliptique, va étudier le temps (qu’il fait) et le climat sur Mars avec la possibilité d’avoir une vue globale aussi bien que détaillée de l’évolution, jour et nuit, heure par heure, et ce sur la durée d’une année martienne (deux années terrestres). Nous aurons donc une connaissance plus précise, des vents, des températures et de leurs évolution planétaire au fil des jours et des saisons.
Toutes nos félicitations au Leadership qui a rendu cette performance possible et à l’équipe de l’agence spatiale des Emirats qui a permis de la réaliser. Nous les retrouverons un jour sur Mars car leur ferme intention est de contribuer à ce que l’homme y parvienne physiquement et ils participeront à l’aventure. Pour commencer, nous souhaitons plein succès à la mission EMM (Emirati Mars Mission).
Illustration de titre: vue d’artiste de la sonde Amal (espoir) approchant Mars, crédit agence spatiale des Emirats Arabes Unis.
Cher Monsieur Brisson,
Vous avez mis 9 mai au lieu de 9 février….
Bien à vous
Merci beaucoup ! Erreur corrigée.
Bonjour Monsieur Brisson,
Je partage entièrement votre enthousiasme pour ce succès. Nous ne pouvons que nous réjouir de l’élargissement de l’encore trop petite communauté des nations à vocation interplanétaire à ce nouveau membre et l’en féliciter chaleureusement. D’autant que rien n’indique qu’il ait quelque arrière pensée militaire dans sa démarche, contrairement à ce qui l’en était à l’époque des premiers lancements spatiaux il y a 60 ans. Du reste, la décision de sous-traiter le vecteur, et d’autres parties de la mission, à des pays étrangers, loin de diminuer l’exploit, est un élément supplémentaire à mettre au crédit de la lucidité et de la sagesse du maître d’oeuvre.
Bravo UAE, en Suisse on se bat encore contre quelques dizaines de voiles et sans doute aussi à vapeur 🙂
On ne refait pas l’histoire…!
Désolé Olivier, pas d’accord!
Il y a « voile » et « voile », les voiles solaires, les voiles qui voilaient le sourire, un regard brûlant, une mèche de cheveux, qui laissaient espérer une chevelure à laquelle le regard aurait peut-être un jour accès. Il y a voile et voile, celui que certaines portaient comme une muleta devant un taureau, il était généralement de couleur, avec motifs ou transparent. C’était « dans le temps », à l’époque où les européennes portaient encore un foulard, une voilette ou même une mantille.
Aujourd’hui il y a l’autre voile, noir opaque et mat.
Je n’aime pas ce voile noir comme la mort, d’une certaine idéologie qui veut nous forcer à oublier le corps des femmes. C’est à la fois une dissimulation et une hypocrisie et c’est terriblement triste car c’est aussi une prison à vie comme le démontre tous les jours ces histoires que l’on nous rapporte de femmes dans certains pays qui se font jeter en prison ou lapider pour l’avoir quitté.
Tout compte fait je préfère les femmes sans voile, et la lumière sur leur sourire.
Ces féministes qui prônent la « liberté » de porter le voile, celui qui est “noir, opaque et mat”, me semble totalement illogiques, cruelles pour leurs sœurs contraintes, et terriblement naïves. Croient-elles vraiment que comme dans certaines villes françaises, elles auront toujours le choix en Suisse de ne pas le porter elles-mêmes, « par décence », dira-t-on en le leur “recommandant” ?
“Tout compte fait je préfère les femmes sans voile, et la lumière sur leur sourire.”
Moi aussi et de loin, bien sûr.
Toutefois, vous n’êtes pas sans savoir que les EAU ne sont pas les plus progressistes.
Alors que fait-on, on les félicite de leur succès martien ou les encourage-t-on grâce à ce succès de s’ouvrir?
Ce qui est piquant, c’est qu’on vote contre quelques dizaines de femmes suisses enturbannées et en même temps, pour un accord de libre-échange avec le plus grand pays musulman du monde… et pas non plus le plus progressiste, so strange, no?
J’attends avec impatience vers les années 2050 la nouvelle initiative de l’UDC, toujours aussi en phase avec les réelles préoccupations et contexte du moment, sur l’interdiction de se cacher la tête sous un casque, … quelle que soit la planète concernée 🙂 !
Certes, mais la question, beaucoup plus “moderne”, sera: Peut-on porter un voile sous un casque? En effet, à mon avis, un casque laisse toujours voir les lèvres, le front et le bas du visage. Et, deuxième question importante, le scaphandre à contre-pression que l’on sera forcer d’adopter ne risque-t-il pas de laisser voir des formes différentes selon le genre de la personne qui le porte? Cette tenue ne risque-t-elle pas d’éveiller la concupiscence des astronautes males? Une solution serait évidemment de porter le voile par-dessus le scaphandre et le casque mais ce vêtement ne risque-t-il pas de prendre un peu trop la poussière (que l’on sait abondante et très collante sur Mars)? Vastes sujets, sur lesquels, je n’en doute pas, de doctes personnes pourront passer des heures à disserter!
Je félicite chaleureusement Mitsubishi Heavy Industry, l’Université du Colorado, le Deep Space Network de la NASA et François Forget.
Quand la NASA réussit une mission, nous n’avons pas l’habitude de féliciter son banquier aussi ne vois-je point de raison de congratuler les Emirati.
Je félicite moi aussi tous ces étrangers qui ont participé au projet émirati. Ceci dit, je suis banquier moi-même et je sais que le rôle du banquier n’est pas seulement d’ouvrir son portefeuille. Quand on paye on veut savoir ce qu’on achète et on veut savoir ce qu’on peut obtenir en retour.
En l’occurrence d’ailleurs, le financier n’est pas vraiment un banquier car le banquier s’intéresse toujours à un retour monétaire sur son investissement. Le banquier veut être remboursé, c’est comme cela qu’il gagne sa vie et qu’il peut continuer son activité, c’est à dire financer d’autres projets. Dans le cas de cette opération émirati on a un financier qui n’est pas banquier. Le retour sur investissement existe mais il n’est pas du même ordre que celui que recherche le banquier; il n’est pas monétaire, il est sociétal. Le projet financé “à fond perdus” par l’état émirati a des vertus sociétales car éducatives. Il ouvre l’esprit de la jeunesse en l’intéressant à la science et il sert à la promotion des femmes, ce n’est pas rien. Pour moi c’est mieux que de construire d’autres établissement religieux fastueux comme on fait tant de ces Etats disposant de la manne pétrolière. On retrouvera ces jeunes émirati maintenant formés, dans toutes sortes de projets internationaux et d’autres, plus jeunes, les suivront en s’intéressant à l’espace et à l’ingénierie dans leur cursus scolaire et universitaire. C’est ainsi qu’ils s’ouvriront l’esprit.
“Nous n’avons pas l’habitude de féliciter son banquier aussi ne vois-je point de raison de congratuler les Emirati.”
Je comptais expliquer mon courtois désaccord mais lis que M. Pierre Brisson m’a précédé avec les mêmes arguments. Banquier n’est pas financier. Ni du reste initiateur ou fédérateur comme ici.
Quand bien même les EAU n’auraient eu aucune valeur ajoutée conceptuelle ou technique – ce qui reste à prouver -, ils n’ont pas fait moins que ce que Khrouchtchev et Kennedy (ou Johnson) avaient réalisé en leur temps. Eux aussi avaient délégué les tâches techniques. Mais sans eux, il n’y aurait pas eu Gagarine ou la Lune.
Oui, l’argent achète (presque) tout. Mais quand il s’agit de mécénat, où est le mal ? Si demain un autre bailleur de fonds finance de sa poche un programme spatial, je ne vois pas raison de nous en plaindre et il me paraît naturel de l’associer à son succès.
Avec l’argent , on peut tout s’offrir , y compris la technologie pour aller vers Mars !
Ces n’est pas vraiment l’exploit des E.A.U. mais des connaissances acquises depuis le début de l’ère spatiale .
Ils ont l’intention d’y fonder une colonie ( encore cette obsession ) . Au moins les plaines de Mars ressemblent plus au désert arabique avec ses tempêtes de sable que le plateau suisse ! Mais sans les oasis tellement précieuses …
Les oasis, on les créera et elles seront encore plus belles que les vraies!
L’argent il ne faut pas le mépriser, c’est ce qui permet d’agir, de transformer les rêves en réalité.
L’implication des financiers émirati a permis de développer un enthousiasme et une formation aux sciences de l’ingénierie et du spatial dans un petit pays désertique qui était d’abord tourné vers le commerce; ce n’est pas rien et ce n’est pas négligeable. Car la science c’est l’éducation et forcément l’esprit critique.