Mars, de la glace d’eau facilement accessible dans une région vivable

On sait depuis longtemps qu’il y a de la glace d’eau sur Mars. Ce que l’on apprend avec une nouvelle étude, dirigée par Sylvain Piqueux (CalTech) et publiée dans les « Geophysical Research Letters » en décembre 2019, c’est qu’il existe une vaste région de l’hémisphère Nord au climat acceptable, où cette eau est abondante et serait très facilement accessible.

L’eau sur Mars n’existe pratiquement pas à l’état liquide en raison de la pression atmosphérique très basse, 6 millibars en moyenne, sur la journée et l’année, à l’altitude moyenne (« Datum ») qui correspond par ailleurs à la ligne de la dichotomie crustale qui sépare de façon très contrastée les hautes terres du Sud (jusqu’à 3 ou 4 km au-dessus du Datum), des basses  terres du Nord (4 à 5 km en dessous du Datum en moyenne). Cette pression est aussi celle du point triple de l’eau (611 Pa) c’est-à-dire le point du diagramme de phase de l’eau pure où peuvent coexister ses phases liquides, solides et gazeuses. A cette pression la glace d’eau pure a tendance à se sublimer c’est-à-dire à passer directement de la phase solide à la phase gazeuse lorsque la température monte au-dessus de 0°C. Ceci dit la pression en dessous de cette altitude moyenne monte au-dessus de 6 millibars et dans ces conditions, compte tenu des très fortes dénivellations à la surface de Mars, on peut trouver un peu d’eau liquide dans les basses terres du Nord ou dans le Bassin d’Hellas au Sud (région la plus basse de Mars à – 8 km du Datum en moyenne, pression de 11 millibars maximum) mais les possibilités sont très limitées. Au mieux, dans ces régions privilégiées, elle bout à quelques tout petits degrés au-dessus de 0°C (2° ou 3°C ?) et elle gèle un peu en dessous de 0°C (-10 à -15°C ?) grâce à une très forte salinité (perchlorates). Le résultat de la sublimation quasi générale de l’eau de surface qui tendrait à évoluer en phase liquide à un moment ou un autre de la journée et /ou de l’année, est que Mars est partout aride, les endroits les plus humides étant comparables aux endroits les plus secs du Désert d’Atacama.

Cependant on a pu observer la présence de glace d’eau un peu partout en surface de Mars. D’abord, même depuis la Terre, les deux calottes polaires (glace d’eau au Pôle Nord et au Pôle Sud, glace d’eau et glace carbonique en surface) offrent leurs surfaces réfléchissantes à tout observateur disposant d’un télescope de puissance moyenne. Dans les latitudes élevées, la sonde PHOENIX nous a aussi montré que là où elle s’était posée (68° Nord) la glace était immédiatement accessible (elle a été découverte sous quelques cm de régolithe sous la sonde, dégagée par la force de la rétropropulsion lors de l’atterrissage et la pelle de l’engin l’a mise à jour un peu plus loin, sans effort). Ensuite, avec les radars embarqués sur plusieurs orbiteurs (notamment MARSIS de Mars Express, de l’ESA, puis SHARAD – Shalow Radar – à bord de MRO – Mars Reconnaissance Orbiter, de la NASA, qui fonctionne à plus hautes fréquences) on a découvert plusieurs banquises enterrées, même en zone intertropicale (Medusa Fossae), et, en latitudes moyennes de l’hémisphère Nord, entre 40 et 50°, dans l’Ouest d’Utopia Planitia (près d’Isidis Planitia), une vaste région (quelques 375.000 km2) de buttes (« mesas ») à forte teneur en eau. En janvier 2018, une étude a mis en évidence l’existence de véritables falaises de glace a des latitudes assez élevées (55°) dans l’hémisphère Sud. Par ailleurs, de petits cratères d’impact créés aux altitudes moyennes dans les basses terres du Nord montrent, à l’occasion, de petites surfaces blanches qui disparaissent dans un temps relativement court ; il s’agit incontestablement de glace d’eau proche de la surface et qui se sublime une fois découverte, plus ou moins vite en fonction de l’importance du volume. Enfin l’analyse radar de SHARAD a révélé une diélectricité très faible se renforçant en profondeur, dans toute la région des basses terres du Nord (zone de basse altitude occupant environ 40% de l’hémisphère Nord et réceptacle probable d’un ancien Océan), ce qui indique la présence d’eau actuelle ou ancienne (porosité du sol après sublimation).

Il y a donc beaucoup de glace d’eau sur Mars mais ce qui intéresse ceux qui y préparent l’installation de l’homme (en particulier certaines équipes de la NASA), ce sont les latitudes basses et moyennes de l’hémisphère Nord car ce n’est qu’à ces latitudes que l’on peut envisager d’utiliser le rayonnement solaire pour obtenir de l’énergie (ne serait-ce que complémentaire à l’énergie nucléaire) et éviter des hivers trop rudes et longs (sur une année de 630 jours, ils le sont aux latitudes élevées, surtout dans l’hémisphère Sud compte tenu de l’excentricité de l’orbite de la planète !). C’est dans l’hémisphère Nord également que l’on trouve les conditions les plus favorables pour l’atterrissage (vastes plaines lisses et plates d’altitudes basses à proximité de l’équateur et en latitude moyenne, qui impliquent plus de temps disponible pour le freinage, moins de risques de déstabilisation lors du contact au sol, moins de consommation d’énergie car moindre déviation de la trajectoire « naturelle » du vaisseau, qui se place au-dessus de l’équateur par attraction « naturelle » de la planète).

L’étude de Sylvain Piqueux porte précisément sur ce type de « gisements » des latitudes moyennes de l’hémisphère Nord, qui sont cachés ou qui n’apparaissent qu’en cas d’impacts. Le chercheur a eu l’idée d’utiliser les données de température du sol, collectées par deux instruments embarqués à bord de l’orbiteur 2001 Mars Odyssey, le radiomètre infrarouge MCS (Mars Climate Sounder) et l’imageur THEMIS (Thermal Emission Imaging System) fonctionnant dans le visible et également dans l’infrarouge. Les données ont été accumulées sur une très longue période (plus de 13 ans) et donnent une bonne définition (précision de 3 ppd pour MCS et de 100 mètres par pixel pour THEMIS). La glace d’eau ayant une inertie thermique notablement haute comparée à celle du régolithe martien, l’intérêt est que ces données de température du sol indiquent clairement sa présence. Comme écrit dans l’étude, « la glace présente dans le sol influe de façon mesurable sur les tendances saisonnières de la température de surface et la profondeur de la couche d’eau s’exprime dans l’ampleur de l’effet ». En été la glace d’eau absorbe l’énergie du soleil et les températures du sol qui en contient sont donc plus basses que celles du sol qui n’en contient pas. En automne/hiver c’est le contraire, la chaleur est restituée et le sol qui contient de la glace d’eau est moins froid que celui qui n’en contient pas. La réactivité ou plutôt la différence de réactivité du sol est d’autant plus nette que la glace est proche du sol et qu’elle est abondante. Bien entendu le système ne peut fonctionner qu’à une latitude suffisante pour que les différences de température entre les saisons puissent être sensibles (au moins 35°).

Selon ce principe le chercheur a pu dresser avec les données recueillies à deux saisons opposées sur la durée des treize années, une carte de l’hémisphère Nord montrant les zones où ce phénomène se manifestait le mieux. Il en est ressorti une région particulièrement « riche » qui descend jusqu’à 35° de latitude Nord dans le Sud d’Arcadia Planitia, entre les volcans Alba Patera et Elysium Mons. La glace d’eau y est abondante très près de la surface (à partir de seulement 3 cm). Comme le dit l’auteur (et comme la NASA l’a remarqué) cette région est particulièrement intéressante car dans ces conditions la glace pourrait être facilement extraite pour tous les besoins d’une implantation humaine et cela se combine avec un sol lisse et plat à basse altitude permettant un atterrissage moins difficile qu’ailleurs. Notez bien que cela ne veut pas dire que l’on ne pourrait pas extraire de la glace d’eau ailleurs à la surface de Mars. Cela veut simplement dire que dans cette région, cela serait particulièrement facile.

Les esprits chagrins doivent s’inquiéter car je n’ai pas encore évoqué la protection planétaire ! Je le fais maintenant pour dire que j’espère que l’objection que les tenants de cette protection pourraient formuler ne sera pas retenue et que je pense qu’elle ne le sera pas. Je considère que la réglementation qui veut tenir l’homme éloigné de l’eau martienne est en contradiction totale avec nos intérêts qui sont d’une part de rechercher sur une autre planète une évolution vers la vie (et on ne trouvera d’éventuelles traces ou manifestations pré-biotiques récentes donc plus facilement observables, que dans les régions les plus humides) et d’autre part de pouvoir subvenir à nos besoins vitaux en eau sans avoir à l’importer de la Terre. Cette réglementation ne résistera pas aux nécessités qui s’imposeront dès que nos vaisseaux spatiaux seront en mesure d’atterrir sur Mars.

Illustration de titre :

Arcadia Planitia, entre les volcans Elysium Mons à gauche et Alba Patera à droite (au Nord de Tharsis). La ligne de latitude 35°N passe au Nord du premier et au Sud du second. Notez, un peu plus au Sud, Olympus Mons et le bloc de Tharsis avec ses trois volcans alignés. L’endroit serait un excellent site d’atterrissage en raison de cet environnement volcanique et aussi des tunnels, parfois effondrés, résultant d’anciens cheminements d’eau souterrains plus au Sud. Crédit : Google Mars.

Image ci-dessous:

Exemple d’épaisseur relative de couche de glace d’eau à gauche et d’inertie thermique du régolithe de surface (TI*, à droite). Carte établie à partir de données recueillies par THEMIS, à l’Ouest d’Arcadia Planitia où plusieurs cratères exposant de la glace occasionnelle on été observés. « deep » signifie environ 1 mètre (mais pas plus); « shallow », quelques dizaines de cm. Crédit: Sylvain Piqueux, THEMIS, MCT et Geophysical Research Letter.

Références :

“Widespread shallow water ice on Mars at high latitudes and mid latitudes” par Sylvain Piqueux et al. in Geophysical Research Letters, doi.org/2019GL083947.

Liens: https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/pdf/10.1029/2019GL083947

Autres liens :

https://www.space.com/mars-water-ice-map.html?utm_source=notification

https://www.space.com/42786-where-is-water-on-mars.html

https://www.nasa.gov/feature/jpl/nasas-treasure-map-for-water-ice-on-mars

Pour (re)trouver dans ce blog un autre article sur un sujet qui vous intéresse, cliquez sur:

Index L’appel de Mars 20 01 09

Pierre Brisson

Pierre Brisson, président de la Mars Society Switzerland, membre du comité directeur de l'Association Planète Mars (France), économiste de formation (Uni.of Virginia), ancien banquier d'entreprises de profession, planétologue depuis toujours.

27 réponses à “Mars, de la glace d’eau facilement accessible dans une région vivable

  1. Plus nous apprenons à connaître Mars, plus il devient évident que les ressources nécessaires pour que des êtres humains puissent y vivre un certain temps et se réapprovisionner en partie (ergols en particulier) pour le retour y sont relativement abondantes et accessibles. Cela permet d’envisager de “voyager léger” et de “vivre sur les ressources locales” une fois sur place. Les difficultés à résoudre pour se rendre sur la planète rouge s’en trouvent considérablement réduites. Dans les années 50, von Braun envisageait (pour le milieu de la décennie suivante!) une expédition nécessitant l’envoi de 10 vaisseaux emportant 70 astronautes, dont la masse totale à assembler en orbite terrestre basse atteignait les 37’000 tonnes! Aujourd’hui, on parle plutôt de l’ordre de deux fois une centaine de tonnes (projet “Mars Direct” par exemple). Pourquoi cette énorme différence? Eh bien, en partie précisément parce que nous savons aujourd’hui “où nous allons” et “ce qui nous y attend”, alors que dans les années 50 notre connaissance de la planète rouge se limitait essentiellement aux images fournies par les télescopes; il fallait donc tout prévoir, et emporter avec soi tout le nécessaire pour le voyage-aller, le séjour et le voyage-retour. D’où “l’armada spatiale” prévue par von Braun. Mars est devenue aujourd’hui beaucoup plus accessible; nous avons les moyens techniques de nous y rendre, … manque plus que la volonté politique, comme cela a été le cas dans les années 60 avec le défi lunaire lancé par le Président Kennedy! Sommes-nous devenus plus “frileux” et moins aventureux?!

  2. Quel article fascinant. Je suis fort étonné de vous savoir encore sur terre. Peut-être y trouvez-vous la vie plus facile et agréable ? Mystère. Un peu de gratitude et de meilleurs soins pour notre mère nourricière seraient la moindre, mais comme sont ingrates ces arrogantes créatures à 2 pattes.
    Bon trêve de plaisanterie, on se réjouit de vous lire sur carte postale virtuelle depuis votre planète rouge. Bon voyage Monsieur Brisson.

    1. Je suis très heureux de me trouver sur Terre. Merci! Et l’ingratitude vis à vis de la Terre ne serait-elle pas de rester dans ses jupes alors que nous sommes devenus adultes? Comme je l’ai souvent écrit, en essayant de le démontrer, aller affronter un environnement hostile mais maîtrisable, comme celui de Mars, nous permettra de mieux vivre sur Terre car nous y apprendrons l’économie de moyens pour une meilleure efficacité technologique.

  3. que des discours théoriques et technologiques et toujours rien sur la santé des pauvres astronautes qui devront d’abord se remettre après un voyage de plusieurs mois dans une boite à sardines bombardée de rayons cosmiques .
    Même en admettant que les futurs explorateurs de la planète rouge puissent trouver des ressources localement, qui va prendre le risque d’envoyer des êtres humains en spéculant sur les ressources locales, du moins pour les premières missions avec un équipage restreint ?
    Il faudra bien envoyer une flottille de fusées ( toujours en développement ) bourrées de ravitaillement avant les futures missions habitées et ainsi assurer leur survie avant d’espérer exploiter les ressources martiennes non mesurées concrètement , et sans les moyens d’extraction et de transformation !
    Et pour l’instant, on ne peut qu’envoyer des rover de moins d’une tonne , très largement insuffisant pour préparer les missions habitées qui se mesurent en dizaines de tonnes !
    Le premier défi réside donc dans un atterrissage et un déploiement automatique des équipements nécessaires pour accueillir les premiers visiteurs .
    Aucun scénario sérieux n’existe pour l’instant qui suive un ordre logique , celui d’Elon Musk repose sur l’atterrissage controlé de son “starship” alors que celui des boosters vides de ses fusées Falcon ne présente pas une fiabilité à toute épreuve et sur Mars, il n’y a pas de terrain balisé !
    La prochaine décennie, au moins, devra se concentrer sur les tests de nouveaux lanceurs et autres équipements autour de la Lune beaucoup plus proche avant d’envisager d’aller beaucoup plus loin !
    Et même dans ce cas, les projets sont flous et pas du tout financés et toutes les agences y vont de leur petits scénarios …
    Maintenant que l’on a démontré que l’homme pouvait marcher sur un autre astre que la Terre, qu’est-ce ça change de fouler le sol martien en 2040, 2069 ou l’an 2100 , seulement pour y ramasser quelques cailloux, la vie y demeurant impossible pour toujours !?
    Le défi majeur du XXI ème siècle reste la préservation de la biodiversité de la Terre, le ciel peut attendre …

    1. Décidément, cher Monsieur Giot, nous ne sommes d’accord sur rien!
      Oui je suis impatient que l’homme foule le sol martien car je crains que des gens comme vous ou comme les écologistes extrémistes, ne posent des barrières infranchissables au départ et que nous laissions passer notre chance. Nous avons aujourd’hui un créneau technologique ouvert et nous devons l’utiliser. Je ne suis pas du tout d’accord avec vous sur l’incapacité d’Elon Musk à mettre au point un Starship qui puisse se poser sur Mars. Il a déjà montré beaucoup d’aptitude à relever des défis de l’ordre de ceux qui restent posés. La récupération des lanceurs et leur réutilisabilité n’avaient rien d’évident il y a seulement quatre ans.
      Oui, on pourra, grâce à lui, déposer sur Mars des masses de cent tonnes et oui on pourra dans ces cent tonnes embarquer tout ce qui sera nécessaire pour commencer une implantation humaine (y compris l’utilisation maximum des ressources martiennes que constituent son sol et son atmosphère). D’autres vols suivront avec toujours plus de vaisseaux et Mars deviendra une nouvelle planète habitée par l’humanité.Toutes les prétendues faiblesses du projet, que vous mentionnez, je les ai réfutées à maintes reprises dans ce blog mais il n’y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.

    2. Avec un tel état d’esprit “défaitiste”, nous en serions encore à grelotter au fond de cavernes (pensez donc, on ne va pas courir le risque d’en sortir pour s’aventurer en milieu hostile, et moins encore d’y faire du feu en raison des dangers que cela représente 🙂 !). Quant aux “discours théoriques”, outre Elon Musk et Space X, la NASA développe son SLS explicitement dans l’optique de futures missions martiennes (après être au préalable retourné sur la Lune) ; la Chine a aussi des visées martiennes, et elle progresse très vite dans le domaine spatial. Pour ce qui est des ressources martiennes locales, on ne va précisément plus vers l’inconnu comme je l’ai souligné dans mon précédent commentaire; les sondes en orbite autour de la planète rouge et les rovers sur place nous permettent d’avoir un idée très précise de ce que l’on peut trouver, où et dans quelles conditions. Et tous les schémas de missions prévoient précisément l’envoi préalable de cargos inhabités pour préparer le terrain, et le ravitaillement, pour les astronautes qui suivront environ deux ans après (délai imposé par la mécanique céleste). ces derniers ne partiront de ce fait qu’assurés qu’aucune mauvaise surprise ne les attend à leur arrivée. Enfin, l’épouvantail des rayonnements cosmiques, souvent évoqué par les détracteurs de l’exploration spatiale habitée, est à relativiser; il a été calculé qu’un astronaute ayant accompli une mission martienne de 2 1/2 ans au total verrait sa probabilité de développer un cancer induit dans les 30 ans suivant son retour augmenter d’un peu plus de 1% seulement; c’est beaucoup moins que le risque que prend un gros fumeur sur la même période!
      Mais on sait bien que de tout temps, certains “experts” ont affirmé haut et fort que telle ou telle entreprise humaine était impossible, … avant qu’elle ne soit bel et bien réalisée (“ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait”, selon la célèbre formule attribuée à Mark Twain!).

  4. Ainsi donc, se préoccuper de la Terre, c’est avoir un “esprit chagrin”, soit.

    Pour le moment, tous ceux qui rêvent de coloniser Mars ne disent pas pourquoi. En quoi est-ce que ce but qui semble le summum du spleen nous fera progresser en tant qu’humanité? En quoi est-ce qu’on laisse passer notre chance si on ne le fait pas maintenant? Pourquoi pas dans 100 ou 1’000 ans? C’est quoi l’urgence en fait?

    Sur Mars, il n’y pas de quoi vivre “normalement”. Une mission ou une base permanente dépendrait peu ou prou à 100% des ressources de la Terre pour survivre… et par survivre, je pèse mes mots… à aucun moment une vie sur Mars pourrait être enviable à l’exception du caractère exceptionnel de se balader sur une planète stérile. Bien sûr, les chevronnés du vol habité argueront que dans le monde, des êtres humains occupent des espaces très hostiles et que eux aussi dépendent de ressources qui doivent être acheminées par avion ou bateau… mais c’est sans commune mesure avec un astre qui se trouve à des millions de km de nous et qui, encore une fois, n’offre rien à l’exception d’une pesanteur 62% moindre par rapport à la Terre.

    Et avant de me faire traiter d’écologiste enragé et de penseur rétrograde, je confirme que je ne fais pas partie de ces gens qui ont un ego tellement démesuré de reconnaissance ou d’exploit absurde (salut Mike Horn) au nom de l’humanité. D’ailleurs, si nos excursions lunaires se sont interrompues, c’est bien parce que les moyens dépensés étaient délirants vis-à-vis des gains (scientifiques, humains, etc.).

    Enfin, un vol automatique ou purement robotisé coûte 30 à 100 fois moins cher qu’un vol habité et plus le temps passe, plus le fossé se creuse entre les coûts, les risques et les bénéfices scientifiques de ce type de mission. Je préfère donc qu’on envoie 30 sondes/robots sur les planètes/satellites de notre système solaire qu’un seul homo sapiens sur Mars…

    1. Il est complètement faux de dire que “ceux qui rêvent de coloniser Mars ne disent pas pourquoi”. Rien qu’en ce qui me concerne cela fait plus de quatre ans que je l’expose dans ce blog, semaine après semaine, et je ne vais certainement pas reprendre tous mes arguments pour vous répondre. Lisez mon blog!
      Ceci dit, ce qui compte c’est qu’il y ait suffisamment de personnes qui soient intéressées par cette aventure (car c’est une aventure) avec les moyens technologiques et financiers pour la mener à bien. In fine c’est bien l’autonomie de vie sur cette autre planète qui est envisagée et compte tenu des ressources martiennes (oui, il y en a), c’est possible sur le long terme…autant commencer maintenant.
      Je précise tout de même que l’envoi de sondes sur, et d’orbiteurs autour de Mars sont une chose et que je soutiens évidemment cette exploration robotique, mais que l’envoi d’hommes sur Mars a une toute autre dimension. Il s’agit pour l’humanité de s’établir sur une autre planète. Ça ne vous fait peut-être rien et c’est tant pis pour vous.

      1. Il n’y a rien qu’un humain pourrait faire là-bas qu’un robot ne saurait pas faire. Quant à l’argument que Mars est bourré de ressources, ça semble évident tant l’écosystème semble luxuriant et la vie abondante avec ses 95% de CO2… dès que l’être humain y aura débarqué, les forêts, les champs de blé (bio) et les habitations à l’architecture troglodyte 100% recyclées de brique martienne pousseront comme des champignons… il y a même des architectes qui planchent sur le sujet:

        https://www.ted.com/talks/xavier_de_kestelier_adventures_of_an_interplanetary_architect?language=en

        Pour justifier ça, beaucoup font l’analogie avec les premiers humains qui sont sortis d’Afrique ou quand on a commencé à peupler d’autres continents. La différence, c’est qu’au gré de nos pérégrinations, nous avons cherché et trouvé des sites accueillants et propices à la vie… nous y sommes restés, nous nous y sommes développés. A l’exception de Mike Horn et d’autres grands aventuriers du néant, l’humanité ne s’est jamais épanouie dans un désert.

        Bien sûr, un jour nos télescopes ou nos satellites trouverons un astre attractif qui offrira un environnement bien plus propice à la vie, notre vie. Si techniquement on peut déjà se rendre sur Mars pour admirer des cailloux dans un scaphandre, se rendre dans un autre système solaire sera une autre perd de manche et demandera plus que des gros pétards rempli à ras bord d’ergol.

        Entre temps, comme Georges Méliès, on rêve d’espace avec un canon et quelques bipèdes placés dans un obus…

        1. L’Homme s’est progressivement établi sur toute la Terre, y compris, contrairement à vos affirmations, en des lieux très peu hospitaliers, comme les déserts et les régions polaires par exemple. Et sur ce point, rassurez-vous, les “colons” martiens vivront dans des conditions bien plus agréables et moins “spartiates”!

          1. Ah oui, combien d’habitants dans le désert d’Atacama? Combien d’habitants au pole nord?

            Ma remarque n’est pas à prendre au premier degré car ces zones n’accueillent pas une large portion de la population… l’humanité ne s’y développent pas, au mieux elle survit dans des conditions qui restent, malgré tout, nettement meilleures vis-à-vis de ce qu’on trouvera là-bas. L’équipement de ces tribus ou nomades est, pour information, très lowtech… tout l’inverse de ce qu’il faudra pour survivre sur Mars.

          2. Il n’est pas question de recréer New-York sur Mars! Nous avons tout à fait conscience que Mars est une planète aux ressources plus limitées que la Terre. Pour le moment ce qu’on peut envisager c’est des colonies de plusieurs milliers de personnes. Pour davantage on entre dans le domaine de la science-fiction et donc on verra plus tard.
            Par ailleurs, je ne sais pas si vous avez remarqué mais la population du désert d’Atacama a considérablement augmenté avec la construction et l’exploitation des grands télescopes et dans une moindre mesure avec le développement du tourisme. Maintenant les personnes qui travaillent sur ces télescopes vivent aussi à Antofagasta ou à Santiago ou partout dans le monde en fonction de la nécessité qu’ils ont d’être sur place.
            C’est une des raisons pour lesquelles les implantations sur Mars devraient se développer plus que sur la Lune. Il n’est pas nécessaire d’être sur la Lune pour y commander nos robots en direct mais il l’est sur Mars (vitesse de la lumière oblige).

        2. Encore une fois vous ne comprenez pas que si certains hommes veulent aller sur Mars ce n’est pas pour faire ce que des robots pourraient faire (quoi que compte tenu de l’éloignement des deux planètes et du décalage de temps incompressible, un robot serait beaucoup plus efficace avec l’homme que sans l’homme). Certains, dont je suis, veulent aller sur Mars (avec des robots!) parce que c’est possible, parce que c’est un défi qui nous est lancé et parce que sur Mars non seulement nous accroîtront considérablement nos connaissances mais parce que l’humanité peut commencer à y écrire une page toute nouvelle de son histoire.
          Je sais que les pessimistes et les grincheux répugnent à changer leurs petites habitudes et leurs paradigmes. Ce qui compte pour moi c’est qu’il ne soient pas trop nombreux et que de plus en plus de mes contemporains soient sensibles à l’appel de l’Espace.

          1. Ah voilà, pessimisme, grincheux, (petite) habitude et paradigme… ça sonne vieux.

            Malgré cela, je continuerai de vous lire parce qu’à l’exception de ces élucubrations sur la vie martienne, vos interventions sont intéressantes.

    2. “… un astre qui se trouve à des millions de km de nous et qui, encore une fois, n’offre rien”, cette simple affirmation disqualifie votre commentaire. Il a été amplement démontré, en particulier sur ce blog, que Mars (atmosphère et sol ou sous-sol) offre au contraire toutes les ressources nécessaires pour l’établissement d’une base humaine permanente AUTONOME (à terme évidemment, pas immédiatement). Quant aux motivations, si l’Homme en est arrivé au stade de développement qui est le sien aujourd’hui c’est bien en raison de cette soif de découverte, de dépassement de son horizon immédiat, qui est profondément ancré dans nos gênes. Et puis, sur un plan plus philosophique, la vie n’a pas cessé de s’étendre depuis ses premiers balbutiements au sein des océans. C’est peut-être le destin de l’Humanité de lui faire maintenant franchir un pas supplémentaire, hors de son berceau d’origine. Nous avons déjà commencé à le faire en atteignant un autre corps céleste que notre “planète-mère”, pourquoi n’irions-nuls pas au-delä? De toute manière, en quoi cela vous gêne-t-il? Les ressources nécessaires restent modestes en comparaison d’autres dépenses beaucoup plus discutables, celles d’armements en particulier (plusieurs ordres de grandeur supérieurs). Et qui sait si nous ne découvrirons pas ainsi, aiguillonnés par les difficultés de vie sur une planète moins hospitalière que la nôtre, comment gérer de manière plus durable et efficace les ressources de notre bonne vieille Terre.

      1. Pourquoi ça me gêne? Parce que le discours est tronqué, biaisé et aveuglé par des objectifs qui ne tiennent pas la route. Après, rêver c’est gratuit à tous les âges… ça ne me gêne pas.

        1. Toujours des affirmations sans aucune démonstration. Avec de telles pratiques vos critiques ne vont pas loin.

          1. Vous pensez que de traiter les gens qui prennent le temps de vous écrire de tantôt écologiste extrémiste, pessimiste, grincheux et j’en passe permet à la discussion de décoller?

            Je vais caricaturer mais l’argumentaire que j’oppose à votre enthousiasme, c’est qu’à vous lire, il y a quelques problèmes mineurs à régler et qu’avec un peu de bonne volonté, la vie sur Mars sera une partie de plaisir. Or, le raisonnement et la conclusion est purement tautologique.

            La réalité, c’est qu’il faudra consentir à des investissements énergétiques, financiers et humains délirants pour pour qu’une minorité puisse s’enorgueillir d’un exploit XXL à l’échelle humaine. Je ne parle même pas des contraintes sur place qui ne pourront jamais être équivalentes à celles de la Terre et qui donc rende l’exercice vain et purement idéologique, même à mille ans (c’est ce que certains “spécialistes” affirment pour la terraformation de Mars).

            Or, à titre totalement personnel, je pense que l’humanité pourra s’enorgueillir de ses actions quand se monde sera encore vivable dans de bonnes conditions pour la majorité de sa population d’ici 100 ou 1’000 ans… mais je vous l’accorde volontiers, c’est mal barré. De là à dire que ça sera mieux sur Mars, alors je préfère encore que l’humanité s’éteigne et que la Terre, d’ici quelques millions d’années, redonne une chance à autre chose.

          2. Je ne suis évidemment pas d’accord avec vous. Mes réponses:
            1) Le premier stade de l’installation de l’homme sur Mars a été chiffré et il représente environ 50 milliards sur 30 ans? Ce n’est pas du tout en dehors des moyens financiers de plusieurs communautés humaines.
            2) pour moi et d’autres “Martiens” sérieux, il n’est pas question de terraformer Mars mais d’y créer des bulles de vie. La terraformation serait beaucoup trop incertaine, beaucoup trop coûteuse et le retour sur investissement totalement irréaliste.
            3) il n’y a aucune incompatibilité entre l’établissement d’une minorité sur Mars et la correction des déséquilibres terrestres.

  5. Ce débat commençant à tourner en rond, je me contenterai de laisser ce qui sera pour ce qui me concerne le mot de la fin au Président J.F. Kennedy (discours à l’Université Rice; 12.09.1962):
    « Nous avons choisi d’aller sur la Lune. Nous avons choisi d’aller sur la Lune au cours de cette décennie et d’accomplir d’autres choses encore, non pas parce que c’est facile, mais justement parce que c’est difficile. Parce que cet objectif servira à organiser et à offrir le meilleur de notre énergie et de notre savoir-faire, parce que c’est le défi que nous sommes prêts à relever, celui que nous refusons de remettre à plus tard, celui que nous avons la ferme intention de remporter, tout comme les autres. »
    Remplacez “Lune” par “Mars” et tout est dit (et je rappelle, que le défi lunaire a été tenu, avec de nombreuses retombées utiles et intéressantes, … malgré les nombreux “experts” qui déclaraient cette
    entreprise vouée à l’échec)!

    1. Merci pour cette citation.
      Ce sont des paroles magnifiques que tout homme devrait garder dans son coeur et dans sa tête, les jeunes en particulier, qui ont l’avenir devant eux.

      1. Paroles magnifiques, en effet, et qui ont gravé ma mémoire quand je les ai entendues prononcées par John F. Kennedy quand j’étais encore adolescent. Au fait, que pensez-vous de celles des astronomes, dont nos deux prix Nobel genevois, en réponse à la “guerre des étoiles” que leur livre Elon Musk – voir le Temps d’aujourd’hui: https://www.letemps.ch/sciences?

        1. Merci de votre commentaire. Je suis moi aussi très inquiet de la saturation qui menace l’espace proche dans le domaine des orbites basses (LEO). Il est absolument nécessaire que la communauté internationale s’élève maintenant contre les projets de “constellations” qui risquent d’empêcher nos astronomes d’observer le ciel. Pour les erreurs et les échecs, nous aurons sans doute des solutions; la société Suisse ClearSpace est bien positionnée pour les apporter. Mais, quoi qu’il en soit, il faut certainement raison garder dans le nombre des satellites lancés pour évoluer entre 500 et 1500 km d’altitude et dans ce domaine je considère qu’Elon Musk, que j’admire par ailleurs, est totalement déraisonnable.
          Lisez à ce sujet ce que j’écrivais dans mon blog en juin 2019:
          https://blogs.letemps.ch/pierre-brisson/2019/06/08/clearspace-une-entreprise-de-salut-public-pour-notre-cognosphere/

    2. Oui oui, commençons à sortir la rhétorique d’un Président poussé par le Congrès et la population à agir contre le progrès soviétique comme objectif spirituel et scientifique. Ajoutons la déclaration de Trump: “we’ll go to Mars” et avec ça, notre destin est tout tracé! Avec son intelligence hors norme qui sert de guide à la destinée humaine, nous sommes dans de bonnes mains.

      Il n’a échappé à personne que nous avons “abandonné” la Lune?

      Si terraformer la Lune est un objectif trop ambitieux (quel pessimisme:-)), il ne fait aucun doute que comme tout projet qui se chiffre en milliard et qui est un prototype, le coût réel sera de 5x à 20x ce montant. Les exemples ne manquent pas pour étayer cette affirmation et en particulier pour les missions spatiales. Bien sûr, c’est toujours “abordable” mais le bénéfice que l’humanité tirera d’un tel engagement financier ne permettra pas d’avoir un retour sur investissement intéressant (pour reprendre votre expression) et ce, même si on trouvait des lingots d’or sur place.

      Mais tout le monde peut se calmer: je suis certain qu’on ira. La mode est aux dirigeants comme Trump qui fixent des objectifs délirants pour que le peuple se transcende derrière des visions idéologiques. De plus, les sommes investies retombent plus ou moins directement dans l’économie américaine donc c’est tout bénéfice pour eux.

      1. Que d’aigreur dans ce discours!
        En passant, je ne pense pas que jamais quelqu’un ait pensé terraformer la Lune. Mars serait déjà assez difficile mais la Lune, là, vraiment je ne vois pas comment!
        En plus, quand de nos jours on “met de son côté” les adversaires de Trump, on considère que psychologiquement et moralement on a tout gagné; c’est facile!
        Pour ce qui est des montants en cause, j’ai abordé le sujet plusieurs fois dans ce blog. Si vous n’êtes pas d’accord sur mon argumentation reprenez la et tentez de démontrer le contraire plutôt que d’écrire “le coût réel sera de 5x à 20x ce montant”. Qu’est ce que vous en savez et qu’est ce qui vous permet de le dire?
        En réalité vous n’avancez que des arguments simplistes et n’acceptez pas la discussion. Restons en là!

        1. Me voilà tourmenté… je dois à la fois justifier mes dires mais en même temps en rester là.

          Trump est un clown mais il faut reconnaitre qu’il a été élu démocratiquement et que les chances qu’il soit encore réélu sont hautes… et il veut que les USA aillent sur Mars… ça me semble du pain béni pour les “martiens”.

          Le discours de Kennedy était beau mais il faut le remettre dans le contexte et Wiki, comme souvent, dépeint avec une grande précision les circonstances et motivations derrière ce discours:

          https://en.wikipedia.org/wiki/We_choose_to_go_to_the_Moon

          Avec moins de talent et un cerveau complètement formaté pour publier en rafale sur Tweeter, Trump fait aujourd’hui exactement la même chose et tous les médias servent de caisse de résonance à ce pauvre type.

          Pour ce qui est des coûts d’une mission, je parle en connaissance de cause pour quelques projets spéciaux que j’ai modestement mené mais surtout, en faisant un bref historique de quelques projets réalisés par la NASA et d’autres. Je ne critique pas, je fais un constat: c’est impossible de chiffrer correctement quelque chose qu’on n’a jamais fait et qui est ambitieux de part ses objectifs et les éléments qui doivent encore être inventés (modules, habitats, etc.).

          Mais si c’est des chiffres que vous voulez, en voici quelques-uns: le télescope Hubble était devisé USD 400M et il a été réalisé pour USD 4.7B (12x). Idem pour le télescope James Webb devisé USD 500M et qui pour le moment vient de passer la barre des USD 10B (20x) à plus d’un an du lancement. Et je ne parle pas du programme SLS de la NASA devisé à USD 18B et qui pour le moment – pour le seul étage principal – a déjà dépensé USD 8.9B ce qui est déjà le double de ce qui était prévu. Bien sûr, ces dépassements de coûts s’expliquent mais les faits sont là, à l’arrivée, les budgets sont largement dépassés.

          Entendons-nous bien, je suis parfaitement conscient qu’il s’agit de “prototype” (exemplaire unique) et qu’il est difficile pour ne pas dire impossible d’évaluer avec précision un tel projet… chaque élément ou appareil est unique et complètement délirant en terme de performance et ça me va! Chacune des missions robotisées nous a apporté des informations incommensurables et inestimables.

          Bien sûr, Musk et Bezos promettent de faire mieux et pour moins cher… c’est fort probable… peut être avec quelques ratés mais ça fait partie du jeu.

          En conclusion, je supporterai toutes les missions robotisées mais pas une seule habitée… en tout cas pas temps que nos technologies seront aussi développées qu’une fusée de feux d’artifice pour aller sur un caillou.

          Bonne soirée,

          1. J’avais bien compris que vous n’étiez pas favorable aux missions habitées. Merci!
            Sur les dépassements de devis, je répondrai que bien sûr il est inhérent à ceux de ces grands projets complexes de ne pas être exacts. Cependant (1) les personnes privées comme Elon Musk font plus souvent attention à ce qu’ils prévoient de dépenser et à ce qu’ils dépensent effectivement car ils n’ont pas de “seconde chance”; (2) l’imprécision inhérente à ces projets n’empêchent pas de les entreprendre. Les devis ont au moins l’intérêt de donner un ordre d’idée et les adversaires des missions habitées vers Mars surestiment lourdement ces coûts. Il faut plutôt envisager une cinquantaine de milliards que plusieurs centaines de milliards (comme je l’ai exposé plusieurs fois dans ce blog). In fine, certains de ces grands projets échouent et d’autres réussissent mais je pense qu’il faut aujourd’hui tenter celui des missions habitées sur Mars puisque nous maîtrisons à peu près les technologies nécessaires. Je dis “à peu près” car bien entendu je suis conscient que certains éléments du projet, théoriquement possibles et déjà en phase de réalisation (comme le Starship et le SuperHeavy) doivent être finalisés et testés.

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