La forêt amazonienne brûle et le président Bolsonaro s’en moque. Il faut l’arrêter, par tous les moyens !

Comme mes lecteurs le savent je suis opposé à l’extrémisme écologique et à ses excès mais quand il y a véritable urgence je le dis et je veux ici le crier aux Brésiliens : arrêter d’incendier la forêt tropicale ! Quelles que soient vos motivations, arrêtez-vous, arrêtez-vous tout de suite ! Nous n’avons pas à vous supplier, nous l’exigeons. Et si vous n’arrêtez pas, plus un seul des consommateurs de l’Europe et de l’Amérique du Nord n’achètera de vos produits car non seulement nous vous boycotterons mais nous boycotterons aussi les entreprises qui voudraient continuer à les acheter.

Ce que commet ou laisse commettre (ce qui revient au même) ce gouvernement Bolsonaro que vous avez élu c’est, au-delà d’être un crime contre l’humanité, un crime contre la vie même puisque non seulement l’homme est menacé mais aussi des milliers d’espèces vivantes avec lui. C’est notre planète, notre bien commun, auquel vous portez atteinte et cela est totalement inacceptable.

La forêt amazonienne, pas plus que l’Océan ou les glaces de l’Antarctique, n’appartient à quiconque. Ce n’est pas parce qu’un pape ignorant a décrété en juin 1494 que ce qui est aujourd’hui la terre brésilienne, appartiendrait au Portugal que ce pays ou son successeur le Brésil ont un droit de mort sur la forêt. Alexandre VI Borgia n’avait évidemment aucune notion d’écologie, ni d’ailleurs aucune moralité. Il « ne savait pas ce qu’il faisait » sur le plan de l’environnement mais néanmoins coupable de crime colonialiste (et d’autres), il est aujourd’hui très certainement en enfer (si l’enfer existe). Le président Bolsonaro, lui, sait qu’il laisse commettre un crime écologique d’une ampleur inégalée et il devrait réaliser qu’il prépare un enfer bien réel sur Terre pour tous ses contemporains. Nous refusons d’être les victimes de sa bêtise et de son arrogance.

L’état de fait, reconnu aujourd’hui par la communauté internationale, c’est que le Brésil a juridiction sur la plus grande partie de la forêt amazonienne mais ce n’est qu’un état de fait. L’emprise que le gouvernement brésilien a sur ce territoire, n’est justifiée par rien d’autre que cet état de fait et il n’y a aucune raison qu’elle se perpétue dès lors qu’il n’en a plus la légitimité. Le droit d’abusus n’existe plus depuis très longtemps sur ce type de biens communs. Etant donné le traitement infligé à cette forêt par cette administration, il est du devoir des dirigeants des pays « civilisés » d’intervenir et de remettre ce qu’il en reste entre des mains respectueuses de sa richesse biologique. Ce pourrait être simplement une fédération des tribus indiennes qui l’habitent, sous protection d’une institution internationale dotée des moyens de défense appropriés contre les voisins prédateurs. Cette institution internationale devrait naturellement dépendre des Nations Unies.

Alors, sommes-nous loin de l’exploration spatiale ?

Non, car ce que nous enseigne la connaissance de l’Univers c’est combien notre petit point bleu perdu dans l’immensité est riche de ses particularités probablement extrêmement rares, qu’il est peut-être unique et qu’il est à ce titre infiniment précieux. Nous les êtres humains, infimes produits de cette Terre et du Soleil, portés par l’évolution de la vie pendant des milliards d’années, à partir de rien jusqu’à émerger à la conscience aux termes d’une histoire de complexifications inouïes, impossibles à reproduire, nous avons un devoir, celui d’être dignes de cette histoire unique et de la transmettre à nos descendants pour qu’elle dure sur cette Terre et sur d’autres, aussi longtemps que dureront les étoiles dans le ciel. Nous sommes tous ensemble sur le même bateau et si le capitaine devient fou il n’a plus le droit d’exercer le pouvoir qui lui a été confié. C’est bien sûr aux Brésiliens de se révolter mais à défaut, c’est aux autres peuples du monde, par nécessité vitale, de saisir et mettre à fond de cale de notre vaisseau spatial le criminel qui les dirige.

D’autres gouvernements de pays équatoriaux autour du globe devraient aussi se sentir visés !

Image de titre: Fumées des feux de forêt d’Amazonie vues de l’espace, crédit NASA Worldview, Earth Observing System Data and Information System (EOSDIS).

Image ci-dessous: même phénomène au sol. L’image même de l’injustifiable, de l’horreur et de l’inacceptable!

Pierre Brisson

Pierre Brisson, président de la Mars Society Switzerland, membre du comité directeur de l'Association Planète Mars (France), économiste de formation (Uni.of Virginia), ancien banquier d'entreprises de profession, planétologue depuis toujours.

21 réponses à “La forêt amazonienne brûle et le président Bolsonaro s’en moque. Il faut l’arrêter, par tous les moyens !

  1. Belle réaction de la part d’un planétologue distingué.
    Effectivement notre planète bleu jouit d’une position originale dans cette zone habitable, jusqu’a preuve du contraire unique.
    Il est pénible de devoir à nouveau supporter, même temporairement, des individus à ce point là obtus, se comporter et tenir des propos ahurissants, révélateurs de leur incompétence crasse. Les partis et la démocratie qui leur a permis d’être élus, devrait pouvoir rapidement corriger ses erreurs. Sinon, une fois de plus, des problèmes sérieux pourront survenir.
    Espérons que ce G7, habituellement insignifiant, puisse amorcer un changement.

  2. Vous avez raison, mais il semble que les gens souffrent d’amnésie collective, la forêt amazonienne souffre depuis fort longtemps et les présidences de Lula et Rousseff n’ont rien fait ! Accuser uniquement Bolsorano est très hypocrite, l’amazonie aurait pu être déclarée réserve mondiale depuis longtemps.

    1. Certes mais c’est Bolsonaro qui est en place aujourd’hui et les incendies de cette année sont la goutte qui fait déborder le vase (si je puis me permettre l’expression en cette circonstance). Comme on dit aussi: “trop c’est trop”.

    2. Vous avez tort, chère Florence, Lula et Rouseff ont précisément créé des lois de protection que l’ami Bolsonaro s’est empressé d’abroger, en mettant même à la porte son ministre de l’environnement qui avait le culot de parler du déboisement.
      Mais il faut entendre le niveau de corruption régnant autant au Brésil que dans toute amlat!
      Ce n’est pas l’Europe (elle-même de moins en moins apte à donner des leçons) et même si l’origine des puissants d’amlat l’est!

  3. Bravo, toutes les voix comptent pour clamer ce “scandale” de “corruption officielle”, Petrobras n’est même pas liquidé, il en vient un autre, pauvre amlat!

    Tout le monde aura vu que les chinois, qui sont pourtant en embuscade, bientôt propriétaires de amlat, ne pipent pas un mot!!!!

  4. La France par la Guyane contrôle une petite partie de l’Amazonie. L’hexagone pourrait diviser le pays pour garder sa base spatiale et confier le reste à l’ONU mais pas sur une base ethnique car par exemple il y a des réussites externe notamment les Hmong. Ensuite l’humanité pourrait influencer le Brésil par l’exemple car il n’est pas concevable d’agir là par la contrainte.

    1. Pour le moment on parle du Brésil, pas de la France à travers la Guyane. C’est au Brésil que se posent les problèmes de déforestation.

      1. En attendant la France on peut mesurer la décharge du fleuve en éléments nutritif qui favorisent la croissance des algues notamment dans les Caraïbes et envoyer la facture au propriétaire-gérant.

  5. Blablablabla…..
    Toute cette énergie dépensée en papier et autres moyens de communication.
    L’humain est destructeur par sa nature, il n’y a qu’à voir son parcours… La forêt brûle, et rien n’y changera. Hélas… On ira au bout…Mais dame nature reviendra comme elle sait faire depuis des millions d’années…

    1. Vous êtes bien pessimiste. Je le suis assez moi-même mais ça ne doit pas nous empêcher de nous indigner et de diffuser cette indignation pour susciter la réaction de ceux qui peuvent réagir, à commencer par les consommateurs. Ces derniers et l’opinion publique n’ont pas un poids négligeable dans nos sociétés heureusement libérales. Si on laisse faire on a beaucoup trop à perdre.

  6. Bonjour,
    Le régimes libéro-extrémistes ne tiennent pas compte de la responsabilité sociale ni environnementale, c’est l’individualisme extrême qui les guide. La dérégulation au niveau international va dans ce sens, cela avantage les multinationales et affaiblit les gouvernements des pays en développement et les organismes non-gouvernementaux qui luttent pour la protection de l’environnement ou la terre des peuples autochtones, comme au Brésil.
    Je suis aussi opposé aux méthodes extrêmes. Malheureusement, les critiques aux organismes écologiques qui emploient des méthodes trop musclés ne sont pas toujours appropriées et, au lieu d’aider, ces critiques peuvent créer de la confusion. Les régimes susmentionnés en tirent profit.
    Quand la maison brûle on ne critique pas le pompier qui a marché sur les fleures du voisin.
    Chacun dans sa position nous nous devons d’apporter de l’eau pour éteindre le feu.
    Cordiales salutations

    1. Le libéralisme n’est pas l’anarchie. Il ne peut prospérer que dans le cadre de certaines règles et si certains prétendent détruire le cadre dans lequel s’exerce notre liberté, nous avons le droit de constituer une police pour faire respecter ce cadre. Les règles doivent être dictées par le principe que la liberté de chacun s’arrête où commence celle d’autrui. Cela ne veut pas dire que l’Etat doive intervenir à tous les niveaux de la vie privée et spolier systématiquement les personnes qui réussissent matériellement mieux que d’autres. En l’occurrence les libéraux ne peuvent consentir à ce qu’un groupe d’hommes s’approprie le bien commun (la forêt amazonienne) pour le détruire.

  7. Les incendies qui ravagent l’Amazonie sont d’une gravité extrême, je n’en disconviens pas. Mais il ne s’agit pas, loin s’en faut, d’un cas isolé. Même si elle ne représente que quinze millions de km², parlons un peu de la Taïga.

    Du temps des Soviétiques, notre propagande riait de ces socialistes qui plaçaient çà et là dans la Taïga des gens qui ne faisaient rien d’autre que de surveiller la forêt. Ils n’étaient pas des chômeurs, ils étaient des parasites puisqu’ils étaient socialistes.

    Toujours est-il que, du temps des Soviétiques, la Taïga russe était parcourue de coupe-feu et que les très fréquents incendies inévitables dans cette région de volcans et soumises à de fréquents orages n’y entraînaient que des dégâts limités.

    Aujourd’hui, en ces temps bénis de néolibéralisme, la Taïga brûle autant que l’Amazonie pour la simple raison qu’elle n’est plus entretenue et se retrouve pillée par des entreprises privées même si quelques une d’entre elles (Ikéa entre autres) prétendent replanter autant d’arbres qu’ils en abattent.

    Quant à la Californie, grâce à Donald Trump, ce génie méconnu, elle est bien sûr à l’abri des incendies. Comme la Chine, l’Inde, la Grèce, la Corse et bien d’autres.

    1. Ce n’est pas parce que le gouvernement du Brésil fait des “bêtises” (le mot est évidemment très en dessous de celui qu’il faudrait employer!) qu’il faudrait excuser les autres gouvernements tout aussi coupables. Mais si vous voulez dire que le gouvernement soviétique était un modèle écologique, allez le dire aux riverains de la Mer Blanche ou à ceux de la Mer d’Aral (entre autres). Le “néolibéralisme” n’est pas responsable de l’anarchie et de la prédation fleurissant dans la Russie d’aujourd’hui. C’est trop facile de le prétendre. Le libéralisme n’est pas contre les règles, il est contre l’Etat-nounou et contre les abus de toutes sortes. S’il y a des problèmes écologiques dans la Russie d’aujourd’hui, ne serait-ce pas parce que des proches du pouvoir (ou de l’Etat si vous préférez) se croient tout permis parce que précisément ils sont protégés par l’Etat? Le gouvernement russe n’est pas un régime libéral.

    1. P.S. En tout cas, l’Amazonie (Brésil, Pérou, Colombie, etc.) brûlent, mais espérons que ce soit une prise de conscience (j’en doute).

      Car Bolsonaro, comme latino, met la faute sur les autres, mais c’est bien de parler d’ingérence.
      L’Amazonie appartient à ses indigènes, point-trait, comme le Tibet ou le Congo.

      Macro-Napo veut sauver la planète, mais tire sur les gilets jaunes.
      Pendant ce temps, d’autres forêts brûlent en Afrique, en Asie, en Russie, en Europe et bla….
      et le G7 coûte des millions pour définir ce qu’il décidera lors de sa prochaine réunion.

      Il est pas beau, notre monde si bleu? oh oui, j’en reveux
      🙂

      1. Oui, nous vivons dans “le meilleur des mondes possibles” comme disait Pangloss à Candide!
        Ceci dit le Brésil n’est pas le seul pays coupable de ce crime écologique qu’est la déforestation à grande échelle. La Bolivie également, comme le montre la photo ci-dessous communiquée par la NASA (prise de la Station spatiale ces jours-ci). Comme certains l’on dit, Bolsonaro n’est pas non plus le seul coupable. Les présidents Lula et Rousseff devraient tout autant avoir du mal “à se regarder dans la glace” (mais ils s’en moquent probablement aussi).
        Quoi qu’il en soit le résultat catastrophique est là et le Brésil sous ses divers gouvernements a donné la preuve de son incapacité à maintenir la grande forêt comprise à l’intérieur de ses frontières. C’est pour cela je pense, après réflexion suivant l’émoi provoqué par l’information et les photos, que le problème est trop grave pour le laisser “sur les bras” d’un seul pays. Je réitère que la forêt, pas plus que l’Océan et les glaces de l’Antarctique, ne peut appartenir à personne sinon à tous et que ces zones internationales par nature (ou destination) doivent être sauvegardées (et la sauvegarde contrôlée) par l’ensemble de la communauté internationale. Le Brésil ne renferme pas la totalité de la forêt mais la plus grande partie et si on sauvait cette partie, ce serait déjà bien. Refuser la prise de contrôle internationale, comme évidemment le fait le président Bolsonaro en évoquant le colonialisme, est pour moi une erreur et un contresens. C’est le Brésil qui effectivement est en train de coloniser la grande forêt. Les indigènes structurellement minoritaires dans le pays et même chacun de ses différents états fédérés, ont des intérêts divergents des colons et seront toujours sous la dictature de leur majorité.

          1. Merci Olivier,
            Excellent article du World Economic Forum. A lire absolument, surtout par les sceptiques. Lorsque nous aurons atteint le tipping point de la déforestation, la planète va beaucoup souffrir (et c’est un euphémisme)!

  8. Lue dans Le Temps daté du 11 septembre une dépêche de l’AFP en tout petit entrefilet en bas de la page 17, informant les lecteurs que la forêt brûle à Bornéo et Sumatra au point que l’air est devenu irrespirable à Kuala Lumpur, Malaisie.
    Je trouve que l’exaspération et l’indignation mondiale et suisses sur la déforestation de la forêt tropicale sont retombées bien vite! Les feux en Indonésie sont tout aussi criminels et scandaleux que ceux du Brésil et la communauté internationale ne devrait pas “lâcher” le sujet. Jair Bolsonaro n’est pas le seul “méchant” parce qu’il est “de droite” et il ne faudrait pas céder à une indignation biaisée car purement politique.

Les commentaires sont clos.