Les ayatollahs du climat s’opposent aux vols habités dans l’Espace ; ne leur cédons pas !

Les extrémistes climatiques mènent actuellement une campagne contre le tourisme spatial. Ils sont parvenus à mettre dans leur camp Philippe Droneau, le « Directeur des publics » de la Cité de l’Espace de Toulouse. Cette campagne est une menace pour la Liberté et le Progrès. Le raisonnement qui la sous-tend est biaisé et donc infondé. C’est grave, d’autant que Philippe Droneau suggère également d’interdire l’accès de l’espace profond au « vulgum pecus ».

Dans son interview par le magazine en ligne Usbek et Rica publié le 23 juin, il fait essentiellement les objections suivantes : (1) Il y a urgence climatique ; développer massivement des vols suborbitaux de loisir n’est pas pertinent en raison de leur coût écologique (libération de dizaines de tonnes de carbone dans la haute atmosphère) et de leur coût éthique ; (2) Il est faux de prétendre que le tourisme pourrait financer les projets privés d’exploration ou autre ; (3) Mars ne pourra être une « planète B ». Même s’il y a un jour une colonie sur Mars, dans 200 ans, ça concernera une centaine d’individus au plus. La priorité, c’est de s’occuper des bientôt 9 milliards de Terriens et de gérer le vaisseau spatial Terre.

Ma première réponse à ces objections est qu’elles sont sans nuance et donc excessives, comme le sont souvent les déclarations des écologistes politiques. Si « beaucoup » de « quoi-que-ce-soit » (la production d’acier par exemple) peut poser un problème environnemental, « un peu » est souvent non seulement acceptable mais souhaitable. Ce sont les quantités ou les doses qui posent problème et non la nature même des activités humaines. En ce qui concerne les vols de fusées affectées au tourisme spatial ou au transport planétaire terrestre il faut bien voir que la population concernée sera peu nombreuse. On parle de prix qui seront ceux d’une super première-classe s’il s’agit d’aller de New-York ou de Londres à Sydney ou de passer un week-end dans l’espace. On peut envisager l’équivalent de 20.000 CHF d’aujourd’hui par personne. Cela veut dire que très peu de monde répondra à l’offre (pour donner une idée, les passagers de première classe sur long courrier représente 0,3% seulement du nombre de passagers d’Air France). Cela veut dire qu’il y aura relativement peu de vols (peut-être un millier par an). Mais cependant ce nombre de vols sera suffisant pour créer une très sérieuse économie d’échelle permettant d’abaisser considérablement le coût unitaire des éléments réutilisables des lanceurs (dont le premier étage) pouvant être affectées aux Starships interplanétaires qui ne partiront sur la Lune que peut être tous les mois en moyenne et pour Mars que tous les 26 mois (compte tenu de la configuration planétaire). Les vols à objectif scientifique vers la Lune et vers Mars (ou autres) en profiteront forcément ; « it’s the economy, stupid ! ».

En ce qui concerne l’impact écologique il faut bien voir qu’un excellent cocktail d’ergols est constitué par de l’hydrogène liquide (LH) brûlant dans de l’oxygène liquide (LOX). C’est ce qui était utilisé pour Ariane V et ce n’est pas polluant (production d’eau !). Toutes les combustions ne sont pas polluantes ! On peut certes supposer que pour les voyages martiens on utilisera plutôt le méthane (CH4) brûlant dans le LOX (puisque la production de méthane pour le vol de retour sera relativement facile sur Mars). Cela produira du CO2 ce qui est aujourd’hui considéré comme inacceptable mais il faut bien voir que les vols vers Mars ne seront pas nombreux et que ces vols ne seront pas la seule source de CO2 dans le monde (cf. les centrales à charbon allemandes). Cette limitation résulte d’abord de ce que les possibilités en sont réduites par les fenêtres de lancement (un mois tous les 26 mois) et aussi de ce que pendant très longtemps les infrastructures martiennes seront trop peu développées pour accueillir des dizaines de vaisseaux partis pendant que ces fenêtres sont ouvertes. Quand les infrastructures seront suffisamment développées les technologies de transport auront évolué. Pour les voyages planétaires (point à point du globe terrestre) on pourra continuer à utiliser la propulsion HL/LOX.

Un autre point à noter est qu’une fusée consomme l’essentiel de ses ergols en altitude relativement basse (contrairement à ce que laisse croire Philippe Droneau). En effet ce qui représente la masse la plus importante d’un vaisseau spatial avant décollage c’est la part des ergols qui va permettre le décollage de la totalité de la masse*, incluant la totalité de ces mêmes ergols, avec une force suffisante pour lui donner une vitesse initiale qui permettra ensuite une accélération toujours plus rapide, tant qu’il y aura du carburant. Plus le vaisseau monte, plus il prend de la vitesse et plus sa masse se réduit. L’essentiel est donc consommé dans les premières dizaines de km d’altitude (grâce à la plus grande partie de la masse du premier étage) et non pas dans la « haute atmosphère » (comparez juste visuellement le volume d’un premier étage avec celui d’un second étage, sans y inclure l’habitat ou la charge utile).

*Pour le “Super-Heavy”+”Starship” de SpaceX (le tout étant appelé précédemment le “BFR”), 4400 tonnes dont 3065 pour le premier étage (Super Heavy) et 1335 pour le second étage (Starship) dont 185 tonnes à vide (ou plutôt “à sec”) avec sa charge utile (100 tonnes). Pour comparaison l’Airbus a380 a une masse de 575 tonnes au décollage et une masse de 277 tonnes à vide.

Ma deuxième réponse est qu’en niant l’intérêt des vols touristiques, Philippe Droneau ne voit pas que non seulement ils vont permettre de réduire le prix unitaire des vols scientifiques effectués avec les mêmes fusées (comme développé plus haut) mais aussi que sur Mars le « vol + séjour » touristique peut aussi permettre de faire tourner une économie locale qui coûterait encore plus cher si elle n’était prévue que pour le séjour de scientifiques. Pourquoi donc refuser l’argent du privé s’il peut aider à développer la base martienne et à faire fonctionner la recherche ?! Cette remarque me semble d’autant plus pertinente que les « touristes » qui, au-delà de l’orbite basse terrestre, viendront passer un séjour nécessairement long sur Mars, 18 mois (imposé par les contraintes synodiques), devraient très souvent y « faire quelque chose » ou y « tenter quelque chose », qui pourrait s’avérer utile et profitable à tous (ils y seront d’autant plus incités qu’ils auront payé très cher ces « vacances »). Le « touriste » pourrait être un cinéaste mais il pourrait être aussi un futur entrepreneur venu tester une idée, un concept, dans un environnement extrême ou il pourrait être un « étudiant-chercheur » de haut niveau voulant bénéficier de l’environnement intellectuel exceptionnel de la communauté martienne (concentration extrêmement forte de personnes à la pointe de chacune des nombreuses technologies nécessaires à la vie sur Mars…et sur Terre). Je trouve que la proposition de Monsieur Droneau de vouloir restreindre l’accès à l’espace à des « spécialistes » est extrêmement élitiste, arrogante et contraire aux intérêts même de la Science. Tout le monde ayant une motivation suffisante et capable de réunir les moyens financiers nécessaires (les siens propres ou ceux de ses sponsors), ce qui va d’ailleurs ensemble, doit pouvoir avoir accès à l’Espace pourvu que son projet ne soit pas nuisible de façon évidente à l’intérêt commun (il devra quand même y avoir un comité ou conseil pour accepter les candidatures, ne serait-ce que pour des raisons de sécurité ou de nombre de « places » limitées).

Ma troisième réponse est que oui Mars pourrait être pour les Terriens une planète-B. Il est évident que seule une infime partie des Terriens pourront s’établir sur Mars. Non pas 100 dans 200 ans mais plutôt 1000 dans 20 ans, contrairement à ce que pense Philippe Droneau, mais de toute façon un nombre très, très inférieur à la croissance annuelle actuelle de la population mondiale. Mais ces quelques personnes pourraient emporter avec elles, conserver et faire fructifier la quintessence de notre civilisation ; ce n’est pas rien ! Cela vaut un effort et même de diffuser quelques tonnes de CO2 supplémentaires dans l’atmosphère terrestre. Dans le cas d’un cataclysme survenant sur la Terre ce serait pour nous tous, ceux qui seraient partis et ceux qui n’auraient pas pu ou voulu partir, une seconde chance (intellectuellement pour les seconds). Dans le cas d’une continuation heureuse de notre civilisation sur Terre, ce serait un enrichissement potentiel, le nouveau milieu accueillant la vie suscitant forcément des innovations profitables également à la vie sur Terre…Tout ceci pourvu évidemment que l’on laisse suffisamment de temps aux nouveaux Martiens pour s’installer et, dans le cas de l’hypothèse catastrophiste, qu’ils aient eu suffisamment de temps pour acquérir une autonomie leur permettant de survivre si la civilisation terrestre est détruite. Ce ne sera pas demain! En attendant, du fait de la stimulation du milieu, la présence d’une colonie humaine sur Mars nous apportera des innovations intéressantes pour tous, Martiens et Terriens, dans le domaine du transport, de la durabilité, du recyclage, de la productivité agricole, du traitement économe de l’environnement, de son contrôle microbien, etc…

Alors dans ce contexte, je ne vois vraiment pas quel est le « coût éthique » auquel fait allusion Philippe Droneau. Je trouve que sa vision de notre futur, de nos besoins et de nos devoirs, est extraordinairement étriquée et conventionnelle. Un vrai scientifique devrait faire confiance à nos capacités d’innovations et d’adaptation ; ce ne semble pas être son cas. C’est fort regrettable pour quelqu’un chargé de la diffusion de la Science auprès du Public.

Image de titre: le premier étage Super-Heavy et son Starship au décollage dans l’atmosphère terrestre; le premier étage va jusqu’aux ailerons (à la base du Starship). crédit SpaceX.

Pour (re)trouver dans ce blog un autre article sur un sujet qui vous intéresse, cliquez sur:

Index L’appel de Mars 19 07 20

Pierre Brisson

Pierre Brisson, président de la Mars Society Switzerland, membre du comité directeur de l'Association Planète Mars (France), économiste de formation (Uni.of Virginia), ancien banquier d'entreprises de profession, planétologue depuis toujours.

34 réponses à “Les ayatollahs du climat s’opposent aux vols habités dans l’Espace ; ne leur cédons pas !

  1. Et si au lieu de se focaliser sur une source de pollution qui est, et restera, marginale, ces “ayatollahs du climat” s’intéressaient plutôt et en priorité aux dégâts combien plus considérables provoqués partout dans le monde, y compris dans les zones écologiquement les plus sensibles, par les activités des forces armées, en particulier US? Surtout qu’en matière de retombées positives … !

    1. Oui, ça c’est effectivement un point jamais mentionné, le gaspillage armé, autant pour leur construction que pour leur pollution.
      Et si l’on regarde les chiffres, ce doit être plus d’un trillion par année d’investissement!!!!

      Je préfère la paix sur Mars, perso 🙂

  2. Merci pour cette mise au point technologique. Effectivement, l’alerte du scientifique que vous mentionnez dans votre article est surprenante. Personnellement, en raison de ma formation médico-scientifique de base, je reste attentif à notre environnement (air, eau, terre, biodiversité) qui est un bien commun et suis persuadé que chaque scientifique et/ou ingénieur/chimiste, avec son éthique, le prend en considération. J’ose espérer que les commerciaux font de même.

  3. Mettre des Majuscules à tous les Mots relevant de votre Concept tend à démontrer l’aspect quasi Religieux (et donc un rien Dogmatique) de votre Pensée. L’ouverture d’Esprit et la capacité de Réflexion ne sont probablement pas uniquement du côté des Martiens et il est est sain de poser des Questions sur l’utilité de générer du Tourisme Spatial.

    Par ailleurs pour créer une colonie de 1’000 personnes dans 20 ans (plus les chambres à coucher de vos futurs vacanciers) j’ai l’impression qu’il va falloir que vous retroussiez un peu les manches à raison d’un départ tous les 26 mois. J’ai l’impression que la vision de M Droneau apparaît bien plus Réaliste, arithmétiquement parlant.

    1. Il est sans-doute normal (plutôt que « sain » que vous utilisez car je ne vois pas où vous allez cherché l’élément « santé ») « de se poser des questions sur l’utilité de générer du tourisme spatial ». Effectivement il semble que des personnes qui ne peuvent y répondre par elles-mêmes se les posent (ou, comme vous-mêmes, rejettent l’idée a priori) et c’est précisément pour les aider à comprendre cette utilité (prenant l’occasion de l’interview d’une personne qui visiblement ne la comprend pas ou refuse de la considérer) que j’ai écrit cet article.
      Quant à l’esprit religieux, c’est-à-dire la croyance qui ne souffre aucune critique puisqu’elle est du domaine de la foi, je le trouve aujourd’hui plutôt chez les écologistes que chez les partisans de l’exploration spatiale. La critique est ce qui fait avancer le monde.
      Quant à l’usage des majuscules, je reproduis simplement la pratique. Le Starship, par exemple, est unique et quand il est mentionné dans la documentation en général, même en Français, on utilise naturellement une majuscule. Vous voulez me ridiculiser en faisant comme si j’utilisais des majuscules pour tous les mots mais je crois que votre tentative se retournera contre vous.
      Pour ce qui est de la population martienne possible après une vingtaine d’années de séries de vols vers Mars, je n’ai pas mentionné le nombre de 1000 habitants à la légère mais après une étude très sérieuse des possibilités d’emport de masses et de personnes de la Terre vers Mars (ce n’est pas moi qui l’ai effectuée mais un ingénieur aux capacités reconnues dans ce domaine), en prenant bien sûr en compte le fait que les fenêtres de tirs ne s’ouvrent que tous les 26 mois et le rythme de production des habitats sur Mars en fonction des équipements dont on pourra disposer pour utiliser les matières premières martiennes et ce qu’on devra importer de la Terre (on ne va évidemment pas envoyer des hommes sur Mars sans leur avoir préparé un abri viabilisé et un support vie capable de fonctionner pendant les 18 mois du séjour!). La seule condition, et elle n’est évidemment pas négligeable, c’est que nous disposions d’un lanceur comme le Super-Heavy et d’un vaisseau comme le Starship d’Elon Musk (sur lesquels il travaille actuellement). ce vaisseau spatial (vous noterez que j’écris sans majuscule!) doit pouvoir transporter 100 tonnes d’équipements ou 100 personnes plus 50 tonnes d’équipements et de consommables. Si cela vous intéresse vous pouvez lire la dizaine d’articles que j’ai écrits sur le sujet sur ce blog, entre le 9 février et le 6 avril de cette année. On en reparlera ensuite.

  4. l’actualité rend compte de l’immobilité de la société quant au réchauffement climatique; votre article n’évoque pas le fait que les générations à venir auront à faire face à des situations impliquant des choix drastiques, que nous nous refusons à faire aujourd’hui;
    à priori il faut donc cesser d’utiliser les énergies fossiles, donc freiner le tourisme, à terre comme en l’air, et à fortiori dans l’espace; il y a déjà, parait-il un fléchissement en terme de transport aérien;
    sans compter que la fin de la manne pétrolière permettra aux pays producteurs d’accéder à la démocratie;
    bel été à vous.

    1. Merci de votre commentaire. Mais je crois que vous m’avez mal lu.
      Je vous fais remarquer que toute combustion (donc propulsion) n’implique pas forcément l’utilisation d’énergie fossile. On peut propulser une fusée en “brûlant” de l’hydrogène dans l’oxygène. En tout cas, dans le cas de l’astronautique, il n’est absolument pas question d’utiliser “la manne pétrolière”.
      Par ailleurs s’il faut sans doute être plus économe en énergie, c’est bien ce qu’on fait en allégeant les avions, en utilisant mieux le carburant et en récupérant de plus en plus d’éléments réutilisables, comme le fait et veut continuer à le faire Elon Musk pour ses fusées. Notre devise ne devrait pas être “arrêtons tout!” (dans ce cas la catastrophe économique serait terrible!) mais “avec moins, faisons plus!”.
      Enfin on peut faire des choix dans l’affectation de nos ressources rares et je préfère faire celui de l’astronautique plutôt que beaucoup d’autres. Je crois qu’il est plus utile pour la planète de se préoccuper des centrales à charbon allemandes (pour les fermer “vite fait”), de l’explosion démographique en Afrique (pour convaincre les gouvernements qu’une population plus nombreuse n’est pas forcément “mieux” mais plus certainement “moins bien”), de la destruction des forêts tropicales (c’est détruire notre principal puits de carbone et un crime contre la biodiversité) et de la course aux armements (certains pays n’ont peut-être pas besoin de porte-avions, de sous-marins ou même d’aviation militaire).

      1. “certain pays (n’ont peut-être pas besoin de porte-avions, de sous-marins ou même d’aviation militaire)”? Mon opinion est qu’AUCUN pays, n’a réellement BESOIN de tels “joujoux”, qui par ailleurs sont une perpétuelle tentation pour les militaires de s’en servir. C’est en effet frustrant pour des généraux d’avoir des armes à disposition qui restent dans les arsenaux, comme on l’a vu à la fin de la deuxième guerre mondiale avec cette monstruosité qu’a été l’utilisation des deux types de bombes atomiques disponibles alors sur des civils! Si un dixième du budget militaire US annuel avait été consacré sur une décennie à un programme spatial visant Mars après le programme Apollo, des hommes/femmes seraient déjà en train d’explorer la planète rouge!

    2. Ce qui reste indéniable, c’est que dans tous les champs de la recherche actuelle, il y a infiniment plus urgent que de rendre Mars habitable. Je ne vois pas dans quelle conception du monde on peut trouver souhaitable de travailler sur une planète B quand on connaît la difficulté de rendre ladite planète vivable et qu’on n’arrive même pas à sauvegarder la richesse et l’extraordinnaire foisonnement qui rend la vie possible et aisée sur la planète terre.

      Il est injuste de qualifier d’étriquée la vision de M. Droneau. Il s’agit plus de se montrer responsable à l’égars des gens moins informés que lui, et d’essayer d’offrir les meilleures chances au plus grand nombre. Sans compter que si l’on veut être honnête, il faudrait prendre en compte le peu de plaisir que doit lui apporter sa position par rapport à un monde ouvert aux possibilités sans limites pour la recherche et à plus large titre pour l’espèce humaine et la vie en général. Combien il préférerait pouvoir investir son énergie dans des merveilleux projets d’innovation spatiale – qui ne ne le souhaiterait pas ? Mais ce n’est peut-être pas le moment et c’est très courageux de l’affirmer dans un contexte public de climatoscepticisme d’une extraordinaire inertie où les mesures à prendre sont drastiques et difficiles à accepter pour la plupart.

      Enfin, il faut bien se dire que même si ces vols touristiques polluaient moins que ce qui est avancé, il n’en resterait pas moins un problème de fond : dans quels domaines souhaite-t-on amener de l’innovation et des investissements, aujourd’hui. Quelle direction globale a-t-on envie de prendre. Dans des projets de voyage spatial et de terraformation de planètes inhabitables par un nombre important d’êtres humains ou dans notre planète où la biodiversité est en chute libre et où le climat s’annonce infernal pour les décennies à venir si rien n’est entrepris rapidement… ? A méditer.

      1. Je ne vois pas que Monsieur Serot ou moi-même envisagions de « rendre Mars habitable » ! Créer des habitats (évidemment viables) sur Mars, ce n’est pas la même chose que terraformer la planète et c’est ce qui m’intéresse. Je ne pense pas non plus que nous ayons la possibilité d’envoyer « un nombre important d’êtres humains sur Mars ». Le voyage coûte et coûtera « toujours » cher, tant en termes de capacités d’emport de nos vaisseaux spatiaux, qu’en termes de disponibilités de structures d’accueil, de ressources, qu’en termes purement financiers. Il suffit d’en envoyer seulement « suffisamment », sans doute quelques milliers (10000 à l’horizon d’un siècle?).
        Pour ce qui est de vos jugements quant aux priorités de l’humanité, vous avez votre opinion et j’ai la mienne. Je pense, comme je l’ai écrit que dans la perspective catastrophiste où vous vous situez, il serait prudent d’envisager la planète Mars comme un sanctuaire possible où pourrait être préservé la quintessence de notre civilisation. Je pense par ailleurs que nous ne devons pas cesser d’explorer et de nous intéresser à l’univers sous prétexte du réchauffement climatique et de la détérioration de notre environnement. Personnellement d’une part je ne veux pas « mourir idiot » et d’autre part je ne désespère pas que l’homme s’adapte aux changements, comme il a toujours su le faire depuis qu’il existe. Je pense aussi que ce n’est pas en se focalisant sur un seul problème qu’on arrivera à mieux le résoudre et je trouve que l’hystérisation de la question climatique qui semble saisir nos sociétés est extrêmement dangereuse et dommageable pour notre avenir. Je trouve en particulier dommage que Monsieur Droneau cède à ce courant plutôt que de faire preuve de plus de pondération. NB : le contexte actuel n’est pas climatosceptique mais climato-angoissé.

        1. Pour le contexte, je ne peux pas vous donner raison.
          Médiatiquement, l’alarmisme est très lourdement majoritaire. Le nier serait absurde. Au niveau de l’opinion publique et de la politique cependant, la préoccupation climatique est encore a des années lumières d’une place centrale. Il faut voir le succès des verts aux Européennes ou le mode de vie en Suisse pour s’en convaincre (regime alomentaire, surconsommation, transports). Nous sommes très loin d’un comportement vertueux, et ni la loi ni l’économie ne semblent envisager un monde où le climat est une préoccupation primordiale.
          Evidemment que l’alarmisme fait plus de bruit que l’indifférence ou une molle préoccupation. Cela n’en fait pas pour autant une posture majoritaire dans l’opinion publique ou la classe politique. Je vous invite ainsi à constater le nombre de personnes extérieures aux gymnasiens qui se sont rendues dans les rues lors des manifestations récentes pour le climat. S’il y avait un climat d’angoisse généralisées, ils auraient afflué par dizaines de milliers dans les grandes
          villes. Il n’en était rien.

          Du reste, seules les prochaines élections pourront donner raison à l’un ou l’autre d’entre nous sur ce point.

          Ensuite, je crois que je suis d’accord sur le fait qu’il ne faut probablement pas mettre tous les oeufs dans le même panier et ne se concentrer que sur un objet de recherche scientifique pour faire face à un problème. Cela dit, je crois aussi qu’il est peu probable que ce cas de figure se produise à moins que ledit problème devienne trop urgent pour que des scientifiques se préoccupent d’autre chose.

          Quant à l’espoir placé dans la seule innovation, il me semble trop risqué pour parier dessus. Je ne suis pas prêt à mettre en jeu autant de vies sur des trouvailles miraculeuses de l’homme. Et je n’ai nullement envie de voir quel sera le prix à payer pour que l’homme s’adapte aux changements qui le guettent. Des idées géniales générées dans un contexte de souffrance collective, ça ne me fait pas particulièrement rêver. Quant à sauvegarder la “quintessence de notre civilisation”, je m’en temponne bien si c’est pour qu’une poignée d’être humains en héritent sur une planète sans perspective au lieu de préserver des espèces que toute la civilisation imaginable ne sera pas capable de ressusciter.

          J’adore les arts comme la science, je trouve admirable tout ce que l’homme a créé, mais je crois aussi que l’homme ne la pas créé pour son seul salut, pour sa seule survie. Imaginer une planète Mars comme un sanctuaire de notre civilisation n’a aucun sens pour moi si notre civilisation est synonyme de destruction et d’extinction de masse.

          S’il est évident que la peur peut être à l’origine des pires excès, elle peut, en de rares occasions, éviter de commettre d’autres excès terriblement dommageables. Il s’agit donc d’accepter cette émotion comme une autre et d’en faire quelque chose d’intelligent et profitable pour le plus grand nombre d’êtres vivants.

          1. Mes réponses:
            Le grand danger aujourd’hui c’est que les Etats « écologiquement conscients » ou simplement démagogues, coupent les financements à tout ce qui n’est pas strictement à but écologique. On en voit la tendance apparaître et personnellement ça m’inquiète.

            L’innovation est une « ressource » sur laquelle on doit compter. Je suis également inquiet de constater que dans le doute ou par peur de l’avenir, des écologistes prônent la décroissance. Etant économiste je redoute qu’une telle orientation qui implique le refus de consommer et d’investir (ou la sélection des investissements sur critère idéologique, ce qui revient pratiquement au même), conduise à une récession c’est-à-dire à une situation dans laquelle les « gens » produiraient moins et échangeraient moins, c’est-à-dire qu’ils s’appauvriraient de façon cumulative. Or nos sociétés sont devenues trop complexes (spécialisation, grandes métropoles, dépendances sur les échanges nationaux et internationaux) et les populations trop nombreuses pour qu’on puisse collectivement se replier sur ses petits lopins de terre en se contentant d’autosuffisance (surtout si globalement on produit moins!). Nous avons un besoin vital d’industrie, de commerce et bien sûr d’innovations donc de financements pour attendre leurs réalisations et profiter de leurs fruits.
            Je pense que sauvegarder la quintessence de notre civilisation n’est pas une vaine motivation. Il vaut mieux quelques hommes dans une chaloupe voguant vers une terre nouvelle que plus personne du tout. Et qui vous dit qu’une « planète-B » serait sans perspective ? Et qui vous dit que nous ne pourrions pas importer des embryons des différentes formes de vie terrestres sur Mars ? Pensez à l’Arche de Noé !

            Vous dites : « Je trouve admirable tout ce que l’homme a créé, mais je crois aussi que l’homme ne l’a pas créé pour son seul salut, pour sa seule survie ». Là je ne comprends pas ! Pour qui donc? Je pense que la survie de notre civilisation c’est-à-dire la préservation de nos œuvres autant que possible et la survie d’êtres humains pour les contempler et s’en enrichir ainsi que leur descendance, est un objectif auquel tout être humain devrait consacrer ses forces, sur Mars ou ailleurs (et aussi sur Terre!).

            La peur utile? Non la peur est mauvaise conseillère. Elle atrophie le raisonnement et par les limitations qu’elle impose, elle dégénère souvent en panique et à la dictature. On en sent aujourd’hui malheureusement les prémisses (cf les prêches de la petite Greta Thunberg devant lesquels les foules et leurs dirigeants se pâment, les seconds par pure démagogie).

          2. Si nos systèmes complexes ont en effet d’industrie et de commerce, les populations ont aussi besoin d’écosystèmes stables et d’autres formes de vie, ne serait-ce que pour nous nourrir. Nous avons besoin d’air pur, nous avons besoin d’eau sans pollution plastique, nous avons besoin de saisons suffisamment réglées pour que les plantes que nous cultivons aient des cycles que nous pouvons exploiter. De même, pour que des relations commerciales internationales puissent avoir lieu, l’économie a besoin d’une paix durable entre les états, et non de guerres et de fermeture des frontières. Peut-être que trouver des solutions pour encaisser les vagues à venir des réfugiés climatiques est plus urgent que d’investir dans le tourisme spatial… qui sait ?
            En ce qui concerne l’Arche de Noé, je refuse de me livrer à un fantasme biblique. Ce qui me dit que Mars est une planète sans perspective est qu’elle est simplement inhabitable en l’état, dans toute l’immensité de sa surface. Qui vous dit, à vous, que dans un bref délais, nous pourrons recréer des écosystèmes et des conditions viables sur Mars (et je ne parle pas de faire survivre quelques êtres humains et les quelques animaux qui les accompagnent. Quand bien même nous aurions la capacité d’emporter des embryons des formes de vie Terrestre, combien arriverions-nous à préserver, sur les milliards d’espèces qui habitent notre planète ?) N’accordez-vous donc aucune valeur à la sauvegarde de ce qui existe ? Ne vous êtes-vous jamais arrêté quelques minutes devant un animal, une plante, en vous disant qu’il était une merveille d’adaptation, dépassant de loin notre entendement et quantité d’inventions humaines ? Pour ma part, ce qui existe sur Terre me fascine au moins autant que la fameuse civilisation humaine. Est-il plus important que notre civilisation subsiste, ou que la vie puisse continuer de se développer sur Terre ? Et au risque de me répéter : si la civilisation, « à sa quintessence », ne parvient pas à utiliser intelligemment les ressources mises à sa disposition et se contente de tout piller et tout saccager pour faire tourner la machine, à quoi bon ?

            Si vous considérez que l’homme ne crée que pour et en vue de lui-même, je ne peux que constater l’anthropocentrisme crasse qui sous-tend votre pensée. A croire que toute invention a toujours été faite uniquement pour le bon plaisir de l’homme sans jamais penser au bien-être des autres êtres vivants ! La Nature ne doit pas nécessairement être à notre service et si nous avons une intelligence capable de nous hisser en-haut de la chaîne alimentaire, peut-être cette intelligence peut-elle également servir à éviter de détruire inutilement ce qui est précieux à toute forme de vie.

            La peur est une émotion utile en bien des occasions, même si elle est à l’origine d’une pléthore d’atrocités. Elle a une fonction élémentaire: faire réagir les êtres vivants quand ils sont en danger. Reste à savoir quand le danger est réel ou fantasmé. Or, quand des milliers de scientifiques qui ont probablement mieux à faire que de gaspiller leur salive, leur énergie et leur temps de recherche s’unissent pour nous dire que notre mode de fonctionnement n’est pas viable et que nous allons droit à une catastrophe sans précédent (notamment au-travers de la poursuite d’une économie de croissance aveugle), le danger me semble palpable. Par conséquent, je pense qu’il ne faut pas disqualifier la peur en toute circonstance. C’est peut-être la manière d’y réagir, qui est décisive, et que l’on peut taxer de bonne ou de mauvaise.

            Pour « la petite Greta », si un quart de la population avait son courage et sa volonté, peut-être ne saurions-nous pas à brasser du vent sur cet article et pourrait-on laisser les scientifiques faire leur travail sans craindre pour la qualité de vie et la vie de nos/leurs proches et de nos/leurs enfants dans les années à venir.

          3. Mais bien sûr que nous avons besoin de préserver notre planète Terre et d’y vivre aussi bien que possible sans la saccager ! Je n’ai jamais prétendu autre chose (lisez cet autre article sur mon blog: “message d’un habitant de la planète rouge à ses contemporains de la planète bleue“). Mais là où je ne suis pas d’accord avec vous c’est lorsque vous voulez nous enfermer dans une lutte exclusive. Le monde est vaste et chacun peut (encore) poursuivre ses passions. Comme je vous l’ai écrit de plus, le mono-objectif de l’ensemble de la société me semble extrêmement nuisible car en forçant le monde entier à le poursuivre je suis persuadé que vous allez nous priver des retombées que la poursuite de nos autres « passions » peuvent fournir à l’atteinte de votre propre objectif. Ceci dit, en restant dans votre ligne de pensée et d’angoisse, vous devriez plutôt tenter de faire pression sur la Chine (dont certains ressortissants importent encore des cornes de rhinocéros pour renforcer leur virilité!), l’Inde ou le Nigeria qui ne me semblent pas avoir beaucoup de considérations pour leur environnement, en tout cas beaucoup moins que la Suisse, plutôt que sur nos “pauvres” pays occidentaux dont les sociétés sont très conscientes de la valeur de leur environnement.
            Concernant Mars je dirais qu’évidemment elle est inhabitable en l’état. Personne d’informé et de sensé ne va prétendre le contraire. Ce que je dis c’est que le niveau actuel de notre technologie nous permet d’envisager de créer des bulles de viabilité à sa surface. Si on peut le faire, pourquoi ne pas le faire ?! Ce n’est pas pour autant qu’on va détruire la Terre. Si je parle d’Arche de Noé c’est parce que je trouve l’image très bonne et très belle, n’en déplaise à vos préventions un peu sectaires me semble-t-il envers nos mythes (phobie anti-religieuse?). Ce n’est pas pour autant que je vais adhérer à ce mythe en envisageant une malédiction divine qui nous contraindrait à recommencer cette belle aventure ! Si jamais nous étions contraints de quitter la Terre devenue inhabitable (et nous pouvons toujours recevoir un gros astéroïde qui en apporterait la cause, entre autres possibilités) il vaudrait mieux avoir une base de repli avec le maximum de notre environnement actuel car oui, nous sommes les fruits de la Terre et nous aurons toujours besoin d’une partie de cet environnement dont nous sommes le produit. Et probablement nous pourrons le simplifier (voir les travaux MELiSSA, pour « Micro Ecological Life Support System Altenative ») car la Nature est généreuse et redondante. De ce point de vue, Mars est la seule solution pour accepter une bouture de notre vie terrestre (pas seulement l’homme) et le souvenir (ou mieux « les données ») de ce que nous avons créé.
            Cela m’amène à dire un mot de l’anthropocentrisme. Je ne considère pas que l’homme puisse vivre sans la Nature terrestre, ou plus précisément la quintessence de celle-ci. Je pense que par notre nature nous sommes des animaux comme les autres. Mais l’évolution a fait de nous des animaux très particuliers, conscients de nous et des autres et capables de raisonner, de ressentir, de communiquer, de créer et de construire comme nulle autre espèce. En ce sens nous sommes le sommet de la vie sur Terre (ne vous en déplaise), ce que l’évolution de la vie sur notre planète et sans doute dans notre coin de l’univers, a produit de plus extraordinaire et de plus merveilleux.
            Pour terminer sur la petite Greta oui, je confirme que l’exploitation des enfants pour servir les desseins des adultes devrait être interdite. Elle est proprement lamentable. Greta Thurnberg me fait penser à ces concours de « miss » qui heureusement sont maintenant interdits dans beaucoup de pays. Je lui recommande de retourner à l’école jusqu’à ce qu’elle ait passé ses examens et qu’entre temps, elle lise, beaucoup, et discute, en acceptant la contradiction.

          4. Je ne suis pas forcément opposé à votre argument principal qui redoute une monomanie pour le monde de la recherche. On a probablement beaucoup à perdre en coupant dans certains budgets. On peut néanmoins penser qu’on a aussi énormément à gagner en favorisant la recherche autour du développement durable pour les années à venir.

            Pour vos incitations politiques à faire pression sur la Chine, l’Inde ou le Nigéria, je reste pantois. Est-ce qu’on sortira un jour de ce folklore colonial qui consiste à fustiger les pays étrangers pour leurs pratiques barbares au lieu de commencer par balayer un peu devant sa porte ? Je regarderai en Inde et en Chine lorsque dans mon pays et les pays voisins, nous aurons arrêté l’élevage intensif (dont la cruauté et les impacts environnementaux ne sont plus à prouver), les monocultures intensives à grand renfort d’engrais chimiques et pesticides, l’utilisation massive de combustibles fossiles, l’extension urbaine déraisonnée, la publicité agressive pour des produits qui créent des problèmes de santé publique et écologiques évidents, etc.

            Sur la conscience écologique des pays occidentaux, je suis touché par tant de candeur. Allez jeter un œil aux discours climato-sceptiques aux États-Unis (autant chez la classe politique que dans la population) et revenez me parler de conscience écologique occidentale. Pour ce qui est de l’Europe, les intentions sont aussi belles que les résultats sont maigres pour le moment. Chaque année, on dégage des quantités extraordinaires de GES (quand on devrait les faire baisser rapidement), chaque année, plus de terrains agricoles passent en terrains constructibles. Nos industriels utilisent des ressources dont la production est absolument destructrice, exploitant souvent au passage les gens qui travaillent pour des salaires misérables dans des conditions tout aussi misérables. Dans ce contexte, tout le monde pourrait être affublé des gentilles intentions des Européens (je vous fais cadeau pour l’Occident), que le futur ne serait pas beaucoup plus reluisant.

            Dernière chose pour cette amusante chasse au sorcière qui relève plus du fait divers choquant que d’une réalité globale (le fameux cas des cornes de rhinocéros) : avez-vous déjà regardé combien d’énergie (pétrole, par exemple), de nourriture, d’eau consommait en moyenne un Occidental, combien un Chinois, ou un Indien ? Allez jeter un œil de ce côté. Vous serez surpris de constater que malgré notre héritage de donneurs de leçons, nous sommes bien loin d’être les blanches colombes du tableau que vous essayez de dresser. Si vous blâmez le nombre de leur population, libre à vous. Cela dit, il faut aussi se dire que ces pays rêvent d’un niveau de vie global comparable à celui des pays Occidentaux en tête de course. Dans cette perspective, nous avons intérêt à ce que l’innovation scientifique permette à ces pays de continuer leur ascension en limitant massivement les dégâts, et à plus forte raison, de montrer l’exemple en adoptant des comportements d’une sobriété irréprochable si on veut espérer que les suivants fassent preuve de modération.

            Pour revenir à l’Arche de Noé, je ne suis pas anti-religieux, je vous remercie. Je refuse simplement de faire reposer ma raison et mon alignement politique sur des mythes aussi rocambolesques que l’Arche de Noé, aussi beaux les trouvé-je.

            Content de lire que vous appréciez la valeur de ce qui nous entoure sur Terre. Ce qui me surprend un peu, c’est l’excitation qui paraît vous animer lorsque vous imaginez l’exploit scientifique que représente la transplantation de la vie terrestre sur Mars. Je salue l’exploit scientifique, mais quand je pense à ce possible, je suis vite rattrapé par la tristesse que représente la vie des quelques rescapés dans ce monde de fortune. Je ne parierais pas sur la santé mentale et la joie de vivre d’une communauté installée à vie dans une oasis technologique au milieu d’une planète hostile.

            Concernant la « quintessence » de la civilisation, puisque vous semblez vraiment tenir à ce terme, je trouve que vous allez vite en besogne. Quintessence technologique, peut-être. La technologie mise à part, je trouve votre vision téléologique et naïve. Je suis allé jeté un œil sur le CNRTL pour voir si un usage du mot « quintessence » m’était inconnu et j’en suis sorti bredouille. Une définition nous dit « ce qu’il y a d’essentiel, de plus important dans un ouvrage », une autre, « ce qu’il y a de meilleur, de plus précieux, de plus raffiné ». Il y a eu des horreurs en tout temps, et des merveilles en tout temps. Je ne vois pas au nom de quoi notre civilisation serait à son sommet actuellement. Et puis, qu’est-ce que ça veut dire, au juste, « notre civilisation » ? « Notre » qui ? Qu’est-ce que vous entendez par civilisation ?

            Pour terminer, j’aurai probablement besoin de votre aide pour démêler un petit contre-sens dans votre prise de position au sujet de la place de l’homme dans le règne du vivant. Vous commencez par dire que « nous sommes des animaux comme les autres », puis, tour de force admirable, vous nous catapultez au « sommet de la vie sur Terre » ? Il faudra m’expliquer comment ces deux énoncés sont conciliables. Pour ce qui est d’un paroxysme évolutif, allez en parler à des biologistes, ils vous riront probablement au nez. La conscience, les sentiments, la communication, ce sont des facultés très largement partagées. Je vous concède volontiers que nous avons notre chic pour créer et communiquer. Mais nous avons aussi notre chic pour le faire avec violence, au point que nous avons été une des seules espèces à provoquer systématiquement des extinctions de masse partout où nous avons été sur Terre, et en un temps record.

            Si je devais résumer mon point de vue en quelques mots (parce que je compte bien finir par vous laisser tranquille), je dirais le suivant:

            -Nous devons réagir rapidement pour que dans les décennies à venir, nous puissions continuer à soutenir de sublimes projets de recherche au lieu de lutter contre des catastrophes naturelles ou de nous taper dessus pour savoir qui accueillera les centaines de milliers de réfugiés climatiques.

            – Ensuite, nous gagnerions parfois à déconstruire un peu notre anthropocentrisme et notre ethnocentrisme qui nous aveuglent souvent au point de perpétrer les pires atrocités en toute bonne foi et conscience (en pensant par exemple que, parce que nous ne sommes pas les pires, nous n’avons rien à nous reprocher). Ce n’est pas parce qu’une chose est faite d’une certaine manière par des centaines de milliers de compatriotes que c’est une bonne chose.

            -Enfin, nous allons devoir faire preuve de beaucoup d’intelligence et de capacité de collaboration/adaptation et j’espère que nous saurons fournir adapter nos styles de vies avec quelques limitations volontaires à notre liberté individuelle plutôt que de la voir sapée par un monde peu accueillant pour la vie humaine.

  5. “It’s economy, stupid!” et c’est bien là le problème!
    Tant que “l’économie” ne prendra pas en compte toutes les “externalités négatives” dans ses calculs, l’économie de grand-papa – la vôtre sans doute – nous conduit droit dans le mur. L'”économie” doit faire sa grande mutation pour tenir compte que nous vivons dans un monde dont les limites sont connues (il n’y a plus de terra incognita sur Terre) et que ses ressources sont limitées et que par conséquent la croissance à tout prix est une illusion, un leurre, un piège fatal. Quand les économistes auront compris que seule l’économie circulaire – qui ne produit aucun déchet et où tout se réutilise – a un futur, alors oui, on pourra traiter les autres de stupides. En attendant, un peu de clairvoyance et d’humilité sont de mise avant de traiter les autres de stupides.
    Ces minuscules économies d’échelle dont vous parlez ne profitera qu’à une minorité (fortunée et/ou scientifique), or le grand problème auquel font face de plus en plus d’Etats-nations, voire de continents entiers, c’est l’inégalité croissante de distribution des richesses. On peut toujours, comme vous, rêver d’un monde meilleur sur Mars, mais ne croyez-vous pas que le plus grand des défis est de faire en sorte de pouvoir survivre sur notre planète avec une population qui croît (ou bien on compte sur un méchant virus tueur ou quelques guerres exterminatrices?) et des ressources qui se raréfient (eau douce, sols fertiles, air non pollué…). On pourrait utiliser les moyens hallucinants de la “conquête spatiale” (déjà le terme…!) pour cela, même si c’est moins glamour…

    1. Le « stupid » dans « it’s the economy, stupid ! » fait partie de la citation de James Carvill, conseiller de Bill Clinton ! Je ne veux insulter personne.
      Je suis tout à fait d’avis contraire au vôtre concernant la répartition des richesses. Je pense qu’il vaut mieux qu’elle soit concentrée en mains privées plutôt que dans les caisses de l’Etat. En effet l’Etat a une fâcheuse tendance à préférer la distribution à l’investissement et quand il fait des investissements, il le fait souvent à mauvais escient car il n’est pas motivé par la création de richesses mais par la satisfaction de ses électeurs. En d’autres termes les personnes privées qui sont motivées par la crainte de perdre et l’espoir de gagner ou de réaliser un rêve (pas forcément « plus d’argent »), gaspillent beaucoup moins que l’Etat car c’est “leur” argent et ils paient de « justes » rémunérations aux personnes qui travaillent pour eux (“justes” dans la mesure où elles sont l’objet d’un contrat librement discuté). L’accumulation des richesses dans les mains de l’Etat conduit à la régression (le cas extrême ayant été amplement démontré par l’URSS, et le « second best » l’étant aujourd’hui par la France) car souvent l’Etat donne de l’argent non en fonction d’une production mais d’un simple besoin ou “pour plaire” et l’argent ne devrait être que la contrepartie d’une production (présente ou anticipée); s’il ne l’est pas, il perd sa valeur.
      Pour ce qui est de l’affectation de nos ressources rares, je refusent absolument d’accepter que « tout » soit consacré au même objet. Ce serait en fait le meilleur moyen d’échouer dans notre évolution car la recherche nourrie par l’investissement des personnes « qui en ont les moyens » est le meilleur moyen de faire avancer (d’améliorer) l’ensemble des facilités dont dispose l’humanité pour vivre mieux. Pensez au laser par exemple et à ses multiples applications aujourd’hui qui n’étaient pas du tout envisagées à l’origine. Il est le fruit de la recherche mais pas de l’argent de l’Etat et ses applications ont été développées essentiellement par l’industrie. Pensez aussi à Facebook ou à Google. L’astronautique nous apprend la réutilisabilité et l’économie des moyens (on doit faire toujours plus avec moins, sous la pression de la concurrence). Sur Mars toute matière organique sera précieuse et devra être réutilisée de multiples fois. Nous apprendrons certainement beaucoup des établissements martiens contraints à une gestion extrêmement économe de leurs ressources.
      Contrairement à ce que vous dites, les moyens de la conquête spatiale ne sont pas « hallucinants ». Le budget de la NASA n’est que de 20 milliards de dollars soit 0,5% des dépenses publiques fédérales américaines. On pourrait mener un programme d’exploration de Mars sur une vingtaine d’années en augmentant peut-être ce budget à 25 milliards. On dit que le budget militaire des Etats Unis est de 686 milliards de dollars !
      Dernière remarque, les ressources terrestres sont limitées mais on apprend de mieux en mieux à les utiliser. Je pense notamment à l’énergie nucléaire que l’on maîtrise de mieux en mieux (réacteur Megapower du Département de l’Energie US) et que je sache, le nucléaire ne rejette pas de gaz carbonique dans l’atmosphère.
      Donc nous ne sommes pas d’accord et c’est bien votre droit (et le mien). Mais ce que je n’aime pas chez les « écologistes » c’est leur refus de l’autre, leur intransigeance vis-à-vis de ce qu’ils considèrent le « vieux monde ». On peut très bien, contrairement à ce que vous pensez, sortir par le haut de nos problèmes de pollution. Casser le système comme apparemment vous le souhaitez peut nous exposer à des inconvénients beaucoup plus grave (une très longue récession) qu’une évolution guidée par les avancées technologiques. Le “système” est constamment « en mutation ». Il faut l’accompagner dans son évolution mais non le contrer. Ayez confiance dans le Progrès !

  6. les progrès techniques ne sont pas cloisonnés dans des spécialités : le projet Apollo a apporté de multiples avancées dans bien des secteurs (informatique, matériaux, … ) et on peut également mettre en évidence l’utilisation des panneaux solaires photovoltaïques dans l’espace avant d’être utilisés pour la transition énergétique .
    Le CERN a créé le langage HTML à l’origine d’internet , qui n’a pourtant rien à voir avec les particules élémentaires .
    (…)
    On ne peut pas exclure des projets sous prétexte de certaines priorités , parce qu’on ne sait pas à priori ce qui sortira de la créativité de humaine …

  7. Je me réjouis d’un nouvel engouement pour la « conquête de l’espace » qui nous faisait beaucoup rêver il y a plus de cinquante ans. De multiples soucis vécus depuis sur le sol terrien semblent avoir freiné ces rêves, mais je pense qu’ils ne restent pas moins forts même mis en veilleuse.

    « Le Laser et ses multiples applications actuelles qui n’étaient pas du tout envisagées à l’origine… » : Je me souviens de mon exposé au collège secondaire, que j’avais donné en classe à l’âge de 14 ans, en 1967, sur le Laser ! À la fin de l’exposé, les questions de mes camarades abondaient : « Est-ce que l’on pourrait fabriquer avec beaucoup de Lasers mis ensemble un canon géant, pour détruire un avion comme quand on vise avec une lampe de poche ?.. Avec un Laser que l’on ferait clignoter rapidement, on n’aurait plus besoin de bistouri pour opérer une appendicite, et on pourrait couper sans devoir mettre les mains à l’intérieur… » La réalité a bien rejoint l’imagination propulsée pas cette heureuse curiosité propre à l’enfance. Puis notre professeur qui m’avait donné la note 10 nous avait tous emmenés à Chippis sur le trajet de la course d’école, où une petite entreprise synthétisait les premiers rubis synthétiques par cristallisation le long d’un axe, afin d’obtenir un petit cylindre meulé et poli à ses extrémités pour lui donner les deux faces réfléchissantes, puis l’introduire dans un tube spiralé à Xénon… Et enfin nous avions assisté à la brève détonation éblouissante du Laser dirigé sur une lame de rasoir ! Pour sûr nous aurions tous voulu posséder ce petit stylo à rayon vert qui peut enflammer une allumette à l’autre bout de la chambre !

    Je ne doute pas que pour certains mon récit n’a pas sa place ici. Je pense néanmoins que oui, parmi les gens qui rêvent beaucoup il y a ceux qui recherchent, inventent, et apportent beaucoup à tous. En 1969 nous entendions : « Mieux vaut avoir du pain que d’aller chercher des cailloux de Lune… » Et aujourd’hui ce genre de déclaration terre à terre s’accroche plus encore à notre planète. Rêver dans la bonne direction est le premier bon pas pour construire notre avenir.

    1. Je partage votre émerveillement de la découverte et ses nombreuses applications utiles et souvent bénéfiques (Connaissance, Compréhension, Terre, Espace, Environnement, Biodiversité, recul des croyances). Le seul bémol reste selon moi encore le côté « commercial, financier » de ces retombées, avec son manque d’éthique. Mais je reste optimiste, car l’enseignement de l’économie a intégré depuis quelques années l’éthique, donc elle va s’adapter et les nouveaux managers avec. Il était temps.

      1. Je ne pense pas que « commercial » et « financier » soient des gros mots. Il faut échanger pour gagner de l’argent, pour pouvoir ensuite investir et aussi consommer ; il faut aussi que quelqu’un ou plus précisément des spécialistes, des banques ou plus largement des “financiers” interviennent pour faciliter l’usage de cet argent, le collecter, anticiper les rentrées par des crédits, spéculer sur une réussite en participant aux mises de fonds. Et il vaut mieux que ces intermédiaires soient des personnes privées qui ont quelque chose à gagner (ou à perdre!), plutôt qu’un Etat irresponsable et qui va souvent céder à la démagogie donc au gaspillage sinon à la paresse et au conformisme.
        Cela n’empêche pas la notion d’équité d’évoluer dans la société et aux partenaires économiques quels qu’ils soient (privés ou publics) d’être obligés de prendre en compte cette évolution, s’ils veulent continuer à prospérer.

  8. Ah, la Liberté et le Progrès, c’est deux Valeurs dont nous manquons si cruellement et urgemment. Et ça, à cause des méchants écolos tyranniques qui aimeraient qu’on casse moins de choses quand ce n’est pas nécessaire. Tout fout le camp.

  9. Ultimement l’écologisme est, au fond du fond, un antihumanisme : l’Homme est finalement tout à fait de trop et est même considéré comme un vrai cancer à éradiquer pour l’Hypothèse Gaïa, avec ses “théories Gaïa”, pour laquelle la Terre est envisagée comme un être vivant avec ses “lois gaïennes” et se porterait comme un charme s’il n’y avait l’Homme pour l’exploiter, l’épuiser, l’asservir et la gangréner de façon invasive. Il y a là une confusion grave qui est une vraie menace pour l’Humanité. Je préfère la vision teilhardienne de “noosphère” en devenir de convergence, qui englobe et intègre la pensée humaine, au-delà de la biosphère et de la géosphère, et qui s’oppose frontalement à l’hypothèse Gaïa. Encore faut-il accepter que l’Homme est un être à trois “dimensions” : somatique, psychique et pneumatique. Si l’on nie l’esprit, alors l’hypothèse Gaïa s’engouffre dans la brèche.
    .
    Concernant, finalement, les aspects environnementaux des vols spatiaux et leur bilan CO2 soi-disant désastreux si l’on continue, outre les moteurs LH/LOX à hydrogène et oxygène liquides purs, il y a aussi d’autres moteurs à ergols hypergoliques liquides, comme l’hydrazine (N2H4, H2N=NH2) et le peroxyde d’azote (N2O4 ou NTO pour diNitrogen TetrOxyde, O2N-NO2), substances à la fois carburant et comburant, qui autocatalysent leur oxydoréduction réciproque et dont les produits ultimes sont simplement l’eau (H2O) et le diazote (N2). Puis, après-demain, ce seront les moteurs nucléaires et à plasma ; et l’ère des moteurs à ergols fossiles sera bien oubliée. Allons de l’avant, provisoirement encore avec ces derniers !

    1. Exactement Monsieur de Reyff, vous avez bien raison! L’écologisme est bel et bien un anti-humanisme en ce qu’il nie les capacités de l’homme à s’adapter et à progresser et à ce qu’il le considère en fin de compte comme quantité négligeable.
      Continuons à aller de l’avant!

  10. Je vais juste corriger/préciser une approximation technique de votre article :

    “En ce qui concerne l’impact écologique il faut bien voir qu’un excellent cocktail d’ergols est constitué par de l’hydrogène liquide (LH) brûlant dans de l’oxygène liquide (LOX). C’est ce qui était utilisé pour Ariane V et ce n’est pas polluant (production d’eau !). Toutes les combustions ne sont pas polluantes !”

    La combustion du dihydrogène et du dioxygène n’est pas en elle-même polluante, effectivement. Par contre, avec les technologies actuelles leur production l’est .

    Le dihydrogène est aujourd’hui essentiellement produit par réformage du méthane https://energies.airliquide.com/fr/mediatheque-planete-hydrogene/comment-produire-lhydrogene
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Production_d%27hydrog%C3%A8ne
    méthode de synthèse qui produit du dioxyde de carbone (CO2) comme sous-produit, donc contribue à l’effet de serre.

    La production d’hydrogène par électrolyse de l’eau n’est pas possible à grande échelle industrielle, à l’heure actuelle, du fait de la nécessité d’utiliser des électrodes en platine : problème de coût et rareté du platine.

    Votre affirmation devriendra totalement vrai quand la chimie des catalyseurs aura résolu le problème des électrodes pour l’hydrolyse de l’eau.

    1. Merci de votre précision. Ceci dit la diffusion du gaz carbonique dans l’atmosphère à partir d’une production en usine est peut-être beaucoup plus contrôlable que celle qui provient de tuyères de fusées directement dans l’atmosphère. J’imagine qu’on pourrait récupérer le gaz carbonique produit en usine avant qu’il ne soit diffusé dans l’atmosphère. Non?

      1. A l’avenir, c’est l’une des pistes envisagés : la sequestration du carbone. Je ne m’aventure pas plus loin dans l’explication qui en dehors de mon champ d’expertise.

        La production “propre” d’hydrogène à partir des surplus des énergies renouvellables en est une autre. Le vent ayant la bête idée de faire fonctionner les éoliennes même quand nous n’avons pas besoin d’électricité. Le grand objectif actuel est de récupérer l’électricité “perdue” en la stockant dans de l’hydrogène ou dans du méthane. D’où le grand intérêt pour l’électrolyse de l’eau à l’échelle industrielle.

        Le problème actuel est le catalyseur des électrodes, seul le platine résiste à ces conditions chimiques agressives. La résolution de ce problème nous donnera accès à de l’hydrogène produit à partir des surplus d’électicité nucléaire, éolien, solaire, etc …

        Donc, à terme, vous avez effectivement raison, les fusées seront propres. Les fusées du futur fonctionneront avec les surplus de nos centrales électriques au travers de l’hydrogène et de l’oxygène mais ce n’est pas encore le cas actuellement.

        P.S : La production “propre” d’hydrogène le sera pour ceux qui considère le climat comme l’alpha et l’oméga de l’écologie. Pour les autres, les catalyseurs prometeurs actuels étant à la base de terres rares (cf : industrie minière en Chine), ce sera un seulement un progrés écologique.

        1. Et bien travaillons donc à la séquestration du carbone contenu dans le CO2 généré par nos usines lors de la production d’hydrogène par reformage du méthane. Je ne doute pas qu’il soit possible de capter le gaz carbonique à l’issue du processus qui le crée et ce sera plus intelligent que de renoncer à envoyer des fusées dans l’espace! Merci Monsieur.

          1. Il y a évidemment bien d’autres façons de produire le dihydrogène (H2), sans partir d’hydrocarbures, que par électrolyse de l’eau : entre autres par thermolyse ou “cracking” thermique de l’eau. Ce procédé a normalement lieu à très haute température, dès 900 °C et est complet à 2500 °C. Mais il existe un procédé catalytique qui permet la réaction à “seulement” 830 °C, ce qui rend désormais la production industrielle de dihydrogène possible sans hydrocarbures, et avec des matériaux en métal pas trop sophistiqués. La réaction catalytique est dite selon le cycle soufre-iode (“Sulphur-Iodine cycle, S-I cycle” en anglais), car elle passe par l’iode (I2), l’acide iodhydrique (HI), l’anhydride sulfureux (SO2) et l’acide sulfurique (H2SO4). Comme il se doit dans une réactions catalytique, les catalyseurs sont utilisés et reformés au fur et à mesure. Reste à établir cette température de réaction que l’on peut atteindre soit avec un four solaire à concentration, soit avec un réacteur nucléaire à très haute température (VHTR), tel qu’on en développe actuellement dans ce qu’on appelle la 4e Génération à venir.

          2. Voici une belle ouverture pour “sortir par le haut” de nos problèmes d’excès de production de carbone et de dépendance au pétrole. C’est ce genre de solutions que les écologistes devraient considérer plutôt que de refuser a priori le Progrès technologique. Celle-ci parait d’autant plus séduisante qu’elle faciliterait peut-être l’utilisation de l’hydrogène par les automobiles.

  11. Effectivement je ne vous ai pas répondu car j’ai trouvé vos commentaires très agressifs et tellement contraires à ce que je pense à tous les niveaux qu’il aurait fallu beaucoup de temps pour le faire (c’est à dire trop) et je crois sans aucun espoir de vous convaincre tant vous êtes hostile.
    Je pense que nous nous sommes déjà beaucoup dit mais je garde cependant votre message, je vous y répondrai si j’en ai le temps. En tout cas je ne veux pas le publier sans ma réponse.

    1. Bonjour,

      Merci pour votre message. Je comprends que la réponse prenne (trop) de temps à fournir. Je serais néanmoins heureux si elle voyait le jour prochainement, ne serait-ce que pour avoir le droit de répondre: c’est malheureusement un peu asymétrique d’avoir toujours le dernier mot, argumentativement. Sans compter que plus le débat avance, plus les limites de chaque argumentaire se font sentir, et ce n’est pas sans intérêt.

      Je suis hostile à une conception du monde qui est très discutable, je ne le cache pas. Je sais combien elle a amené de choses qui rendent mon quotidien plus facile et confortable, mais je ne suis pas sûr de vouloir payer le prix pour tout ce qu’elle aura détruit et continuera de détruire dans les décennies à venir. Je pense que comme vous, je partage une grande curiosité pour le monde qui m’entoure, la technique, les arts, l’être humain. Je suis juste plus convaincu qu’il va de la responsabilité de chacun de préserver au maximum les ressources que nous ne sommes pas en mesure de faire revenir ou de produire par nos propres moyens.

      Merci encore, j’espère ne pas avoir été déplacé dans mes propos. Ce sont toujours des idées que je combats et non les personnes.

      1. Oui nous sommes en désaccord. Je constate certes, comme vous, la détérioration de notre environnement et je suis d’accord avec vous pour convenir que le responsable de cette détérioration est l’homme. Mais je refuse de condamner l’homme “occidental” comme le responsable de tous ces maux et de le juger définitivement inapte à se réformer. Je pense que le danger aujourd’hui se trouve dans les pays encore sous-développés, du fait de l’accroissement monstrueux de leur population (il est envisagé que la population africaine atteigne 4 milliards d’habitants à la fin du siècle!) et de l’effet retard de la prise de conscience de la fragilité de leur environnement dans les pays encore “pauvres”.
        Je suis plus optimiste que vous concernant la prise de conscience dans les pays développés (elle a eu lieu) et je pense que ce n’est plus là qu’il faut agir (par la force de conviction et non par la contrainte) mais dans les pays sous-développés qui sont malheureusement des pays tropicaux où la forêt et la diversité des espèces, si importantes pour la planète, étaient extraordinairement riches et ne l’est bien évidemment plus.
        Je pense que l’homme est la richesse suprême de notre biosphère mais que trop d’hommes rend la viabilité de notre écosystème plus que problématique. J’espère que notre prise de conscience s’étendra de “chez nous” à la planète entière et je pense que nos technologies peuvent nous permettre de sortir par le haut de cette crise, du moins si la population mondiale cesse d’augmenter.
        Je ne veux pas pour autant que l’homme renonce à développer ses technologies dans tous les domaines qui peuvent apporter des solutions générales pour une vie meilleure (rationalité, efficacité) tout en respectant au mieux l’environnement, y compris dans le nucléaire, les OGM ou l’exploration spatiale (source d’innovations conduisant à des économies de ressources). Je pense que les solutions pour survivre peuvent se trouver dans tous ces domaines aujourd’hui très critiqués et pas du tout dans un “retour en arrière” vers un âge d’or qui n’a jamais existé.
        Je crains que le refus de consommer des écologistes extrémistes (ou de consommer beaucoup moins ce qui revient au même), conduisent à une récession comme le monde n’en a jamais connue. Notre système économique fait aussi partie de notre écologie, lui aussi est un système complexe d’équilibres enchevêtrés et il est fragile.

Les commentaires sont clos.