Plus que quelques jours pour vous inscrire à EMC18, la 18ème Conférence sur Mars en Europe

La 18ème European Mars Conference se déroulera du 26 au 28 octobre à la Chaux-de-Fonds*. Vous avez encore quelques jours pour vous y inscrire. A défaut il vous faudra attendre plusieurs années pour avoir l’occasion, en Suisse, de vous « nourrir » aussi intensément de connaissances martiennes (l’EMC suisse précédente a eu lieu en 2011 à l’Université de Neuchâtel et la date de la prochaine n’est pas fixée).

*au Musée International d’Horlogerie (MIH). Nos sponsors sont le MIH, Space-X (Neuchâtel), Spectratime, la BCN, Banque Cantonale Neuchâteloise, Trax-L (Sites Internet, Photographie, Graphisme) .

Ceux qui me suivent régulièrement savent bien que la planète Mars n’est pas un astre comme les autres. Vue « de chez nous » elle brille à peu près comme eux (même si lorsque nous nous trouvons en opposition on peut distinguer son disque à l’œil nu, ce qui n’est guère possible que pour le Soleil, la Lune et Vénus) mais ce qui fait son intérêt c’est une série d’« avantages » qui, tous ensemble, la rendent incomparablement plus attractive aujourd’hui que n’importe laquelle de ces lumières qui nous intriguent et nous appellent depuis la nuit des temps. On peut en faire la liste : sa localisation à la limite de la zone d’habitabilité de notre système solaire, la nature rocheuse de sa surface, l’intensité de la force de gravité générée à cette surface par sa masse, la présence d’une atmosphère, la présence d’eau, une histoire géologique à l’origine très semblable à celle de la Terre, des cycles circadien et saisonnier proche du nôtre, la possibilité d’une longue évolution vers la vie de ses molécules organiques et enfin sa proximité relative. Détaillons les :

Sa localisation à la limite de la zone d’habitabilité signifie qu’en fonction de la température et de la pression atmosphérique, l’eau peut y être liquide et l’on sait que dans le passé lointain puis au cours d’épisodes volcaniques encore relativement récents, de changements périodiques d’obliquité ou de variations dans l’excentricité de l’orbite, elle l’a bien été. Les traces évidentes d’écoulements fluviaux, surtout en zone intertropicale, en sont la preuve indiscutable.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il y a donc eu de l’eau sur Mars comme sur la Terre et, malgré la perte d’une forte proportion d’éléments volatiles dans l’espace, il en reste encore beaucoup, sous forme de glace, un tout petit peu dans l’atmosphère et surtout en grandes quantités en surface du sol (aux pôles) et dans le sous-sol immédiat (un peu partout ailleurs).

La planète tourne sur elle-même en 24h39. Comparez à la Lune qui tourne sur elle-même en 28 jours, vous réaliserez tout de suite les conséquences ! Sur Mars les écarts de températures sont quelque peu lissés par l’alternance rapide des jours et des nuits. Il est possible d’envisager la croissance des plantes sous serre en lumière naturelle (même s’il faudra probablement un peu l’aider). Imaginez la culture des fraises en lumière naturelle avec des nuits de 14 jours (et la différence en consommation d’énergie) !

L’atmosphère n’est pas épaisse (6 millibar en moyenne) et à 95% constituée de COmais elle a « le mérite d’exister », c’est-à-dire qu’elle procure un certain écran contre les radiations solaires et galactiques et qu’elle peut être exploitée relativement facilement pour son carbone et son oxygène (presque tout brûle dans le comburant oxygène, notamment le méthane, carburant que l’on peut obtenir à partir du carbone de l’air et de l’hydrogène de l’eau !). Elle peut également être utilisée pour freiner les véhicules venus de la Terre (d’où des économies d’énergie et de masse, importantes) et, dans les régions basses, pour la portance de drones ultralégers, transportant quelques petits équipements ou de ballons d’exploration. Rien de comparable ailleurs dans notre univers proche, sauf autour de Vénus mais évoluer dans la zone habitable de la haute atmosphère de cette planète serait extrêmement périlleux compte tenu du risque d’atterrissage catastrophique sur une surface ou règnent des conditions environnementales infernales.

Toute vie sur Terre est le fruit de matière, d’eau et d’énergie du Soleil. On a constaté dans les météorites des molécules organiques simples mais variées. Nul doute qu’un environnement planétaire relativement comparable au nôtre (minéraux, eau liquide, énergie) a conduit beaucoup plus loin l’évolution de ces molécules et Mars est la planète accessible dont l’évolution planétologique a été la plus semblable à la nôtre. Jusqu’où la complexification organique a-t-elle été poussée reste la grande question posée à notre génération et elle mérite d’être étudiée !

La proximité relative des deux planètes est très importante puisque nos lanceurs modernes nous permettent d’accéder à Mars dans un délai raisonnable. Ce délai est cependant à la limite de nos possibilités et on ne peut pas envisager de vols habités sensiblement plus longs. Six mois c’est déjà beaucoup pour rester enfermé dans quelque lieu confiné que ce soit mais, surtout, les doses de radiations de GCR (Galactic Cosmic Rays) deviendraient problématiques au-delà. Non pas que l’on ne pourrait faire le voyage Terre-planète « x » (distante au mieux de trois ans comme Jupiter, par exemple) aller et retour, mais parce que notre « capital d’irradiation » serait quand même sérieusement entamé et que les possibilités de plusieurs de ces voyage seraient trop limitées (on peut envisager deux ou trois voyages vers Mars au cours d’une vie sans risques majeurs pourvu qu’on évite ou se protège d’une éventuelle tempête solaire).

A côté de Mars, la Lune, astre mort-né, fait très pâle figure. Il n’y a pas d’atmosphère, très peu d’eau, (si peu qu’il vaut mieux la garder pour étudier l’histoire de notre environnement spatial proche qui s’est inscrite dans sa glace) ; la gravité est si faible (moitié moins que celle de Mars) que les problèmes de santé pouvant en résulter pour l’homme qui y séjournerait longtemps, seraient presqu’aussi graves que ceux qui sont la conséquence de long séjours en apesanteur dans l’espace. Vénus comme mentionné plus haut, présente trop de danger, Mercure difficilement accessible est trop près du Soleil, les lunes de Jupiter ou de Saturne sont très inhospitalières (radiations de Jupiter) et/ou trop lointaines, les exoplanètes « proches » sont, pour encore longtemps, inaccessibles à nos fusées (Proxima Centauri est à 4,3 années-lumière !).

Donc nous pouvons aller physiquement sur Mars et, dans un avenir prévisible, nous ne pourrons nous établir que sur Mars ; nous pourrons y approfondir nos recherches sur l’origine, la préhistoire de la vie, peut-être ses premiers balbutiements. Nous avons commencé à le faire avec des robots, remarquables produits de l’intelligence humaine, et nous continuerons. Mais il faut faire mieux : nous pouvons aussi y envoyer des astronautes puis des colons ; nous pouvons tenter d’y donner une « seconde chance » à notre espèce, à la vie terrestre et à notre civilisation. S’intéresser à Mars, c’est s’intéresser à ces recherches fondamentales, c’est s’intéresser à des projets dont la réalisation est possible même si elle est difficile ; c’est s’intéresser à demain, se projeter dans un avenir proche, et c’est aussi repousser infiniment plus loin qu’aujourd’hui notre horizon et celui de l’humanité.

Puisque le défi « relevable » de notre époque est donc d’y aller. Ne tergiversons pas d’avantage, allons-y !

En attendant, pour connaître mieux cette planète, les possibilités de voyage et d’établissement temporaire ou permanent, faire le point sur les recherches biologiques, venez nous rejoindre le 26 octobre au Musée International d’horlogerie de la Chaux-de-Fonds! Inscrivez vous.

Image à la Une : affiche d’annonce de la 18ème Conférence sur la Planète Mars en Europe (crédit Mars Society Switzerland, graphisme Trax-L)

Pierre Brisson

Pierre Brisson, président de la Mars Society Switzerland, membre du comité directeur de l'Association Planète Mars (France), économiste de formation (Uni.of Virginia), ancien banquier d'entreprises de profession, planétologue depuis toujours.

5 réponses à “Plus que quelques jours pour vous inscrire à EMC18, la 18ème Conférence sur Mars en Europe

  1. Je suis un peu surpris par cette affirmation péremptoire: “la gravité (note: sur la Lune) est SI FAIBLE (moitié moins que celle de Mars) que les problèmes de santé pouvant en résulter pour l’homme qui y séjournerait longtemps, seraient PRESQU’AUSSI GRAVES que ceux qui sont la conséquence de long séjours en apesanteur dans l’espace”. A ma connaissance, l’effet prolongé de l’exposition à une gravité relativement faible n’a pas encore vraiment été étudié (et pour cause!). A priori, il me semble que l’important, en particulier pour la circulation des fluides corporels, du coeur, de l’oreille interne, etc., est de rester soumis à une gravité “raisonnable”, même si celle-ci est inférieure à la gravité terrestre. Si vraiment la gravité d’1/6 de la gravité terrestre devait poser un tel problème de santé, alors j’ai bien peur qu’une gravité d’1/3 environ en poserait aussi, même si c’est de façon un peu plus réduite!

    1. En fait on a constaté en apesanteur que les organes non soumis à la gravité étaient déformés par l’absence de poids et gonflés par une circulation sanguine qui ne répartissait pas le sang de la même façon dans le corps. La conséquence, par exemple, a été une pression dommageable sur le nerf optique à l’entrée de l’œil.
      Donc on sait qu’un séjour de longue durée dans l’espace est, indépendamment des muscles (que l’on peut entretenir), néfaste pour le corps humain. On ne sait évidemment pas quelles seront les conséquences pour un séjour de longue durée dans un environnement soumis à une faible gravité mais on peut penser sans avoir fait d’études sur le sujet, qu’elles seront d’autant plus graves que la gravité sera faible. Espérons simplement que la gravité martienne se situe au-dessus du seuil d’acceptabilité.

  2. je me réjouis de voir marcher un premier être humain sur Mars (il faudrait choisir une femme cette fois-ci) de manière à pouvoir confirmer ou infirmer toutes les hypothèses plus ou farfelues qui circulent à ce sujet.
    Il faudra d’abord assurer qu’il ait survécu au voyage de 6 mois dans son habitat restreint soumis aux rayons cosmiques potentiellement cancérigènes pour ses organes et particulièrement ses intestins , selon une dernière étude , s’il ne souffre pas de claustrophobie avant !
    Et il aura fallu précédemment envoyer et installer toute l’infrastructure nécessaire à sa survie durant son séjour , SpaceX a prévu 6 fusées BFR (pas encore sorties d’usine) pour ce projet , sans pour autant préciser comment il vont faire atterrir les 85 tonnes du second étage (BFS) en douceur sur un sol rocailleux comme on peut le voir très nettement sur les clichés envoyés par les petits rovers , comme “opportunity ” toujours pas remis de la tempête de sable !
    Et avoir résolu les innombrables problèmes de tous ordres avant de s’aventurer sur la planète rouge (…)
    On saura bien assez tôt l’évolution de ces missions sans devoir participer aux conférences de “Mars Society ” qui n’en est que spectateur …

    1. Et bien merci Monsieur Giot, vous êtes très aimable. Si l’avancée des études faites pour la préparation du débarquement de l’homme sur Mars ne vous intéresse pas, vous n’êtes évidemment pas obligé de venir participer à notre conférence.
      Quant à critiquer notre rôle en le jugeant purement passif, vous seriez surpris de l’influence qu’on peut avoir dans l’évolution du processus vers l’établissement de l’homme sur Mars. En effet la Mars Society est un des lieux de réflexion sur le sujet et nous avons des contacts fréquents avec les acteurs qui sont impliqués dans la préparation de ces vols. Nous leur apportons des connaissances pluridisciplinaires auxquelles ils n’ont pas forcément accès du fait que nous sommes extrêmement proactifs.
      Par ailleurs nous menons des simulations dans des conditions aussi réalistes et rigoureuses que possible, qui permettent d’anticiper les problèmes de vie et d’actions qui se poseront sur place.
      Je ne relève pas ce que vous dites sur le risque de radiations. J’ai déjà traité le sujet. Le risque est réel. mais il peut être supporté. Il est en tout cas beaucoup plus complexe et nuancé que ce que vous affirmez.

    2. @ H.G.: La Mars Society uniquement “spectatrice” ? Quand on sait qu’elle a été fondée, et est présidée, par un ingénieur expert en systèmes de propulsion, Robert Zubrin, à l’origine du concept “Mars Direct” qui a révolutionné l’approche des missions habitées martiennes et dont les idées de base ont été maintenant reprises par la NASA, Elon Musk et autres ! Et cela sans compter de nombreux autres membres également qualifiés dans ce domaine.
      Mais vous qui semblez disposer de connaissances que tous ces gens n’ont pas sur l’impossibilité (au moins dans un futur prévisible) des missions habitées vers Mars, vous devriez justement participer à cette prochaine réunion “martienne” pour les informer qu’ils font fausse route (Robert Zubrin en particulier sera présent)!!

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