La nouvelle politique spatiale américaine : déception et poudre aux yeux

Nous allons retourner sur la Lune et pour Mars on verra plus tard. Le Président Trump vient de définir sa politique spatiale et ma déception est à la hauteur de ce que je redoutais car elle exprime un manque total d’ambition et jette un maximum de poudre aux yeux du public. Il n’y a rien d’extraordinaire à répéter ce qui a déjà été fait il y a cinquante ans.

“NASA looks forward to supporting the president’s directive strategically aligning our work to return humans to the moon, travel to Mars and opening the deeper solar system beyond. This work represents a national effort on many fronts, with America leading the way. We will engage the best and brightest across government and private industry and our partners across the world to reach new milestones in human achievement. Our workforce is committed to this effort, and even now, we are developing a flexible deep-space infrastructure to support a steady cadence of increasingly complex missions that strengthens American leadership in the boundless frontier of space. The next generation will dream even bigger and reach higher as we launch challenging new missions, and make new discoveries and technological breakthroughs on this dynamic path.”

C’est la déclaration de l’Administrateur de la NASA par intérim, Robert Lightfoot, après l’annonce par le président Trump de sa politique spatiale incorporée dans un document nommé « Space Policy Directive 1 » ou « SPD1 », signé par le même ce lundi 11 décembre. Mon opinion, en utilisant une expression bien américaine, est que « this is pure bullshit ». Tout est là pour justifier cette expression un peu rude, la langue de bois d’abord, le nationalisme étroit et la grandiloquence ensuite, enfin l’art de « noyer le poisson ».

Il faut bien voir que le choix qui vient d’être fait est de reporter les missions habitées sur Mars « aux calendes grecques ». Commencer par la Lune c’est en effet bien choisir la Lune alors que rien n’impose cette priorité (on peut utiliser les mêmes lanceurs avec la même énergie), c’est mettre fin au projet de visite d’un astéroïde et c’est renoncer à Mars ainsi qu’à ouvrir « the deeper solar system beyond » en dépit de ce qui est dit. On ne peut poursuivre plusieurs objectifs à la fois et c’est le mauvais choix qui a été fait. Pour paraphraser John Kennedy, le président Trump a décidé de retourner sur la Lune et non d’aller plus loin, non parce que c’est dur mais parce que c’est facile, parce que ce but servira à maintenir l’emploi sans risque au sein d’une administration engraissée par des décennies de travaux inutiles (la construction puis l’exploitation d’une Station Spatiale qui tourne sans presqu’aucun objet autour de la Terre), à utiliser une très grosse fusée (le SLS) que cette même administration construit sans savoir quoi en faire, et parce que c’est un défi qu’il sera facile de relever même s’il ne présente aucun intérêt*.

*citation de John Kennedy dans son discours ouvrant la course à la Lune le 12 septembre 1962 :

“We choose to go to the moon in this decade and do the other things, not because they are easy, but because they are hard, because that goal will serve to organize and measure the best of our energies and skills, because that challenge is one that we are willing to accept…and which we intend to win.”

L’intention des Américains semble être de « marquer leur territoire » parce qu’il serait sans doute assez humiliant pour eux que les Chinois aillent sur la Lune avant qu’ils y retournent, et surtout de faire de la « comm » à peu de frais. En fait ils assurent le « service minimum » pour réaffirmer leur leadership ce qui n’est pas difficile vu leur passé et leur force technologique acquise, mais ils n’innovent en rien et ne repoussent pas d’un pouce notre « nouvelle frontière ». L’homme restera dans son environnement proche pour une durée indéterminée et peut-être pour toujours si le créneau technologique et financier ouvert aujourd’hui se referme pour une raison ou pour une autre.

Ce qui est grave dans cette histoire, c’est que l’exploration spatiale semble avoir perdu son âme. Le Président Trump a choisi mais il ne doit avoir qu’une très vague idée de la différence entre la Lune et Mars outre qu’ils apparaissent comme deux disques dans le ciel, l’un étant plus éloigné que l’autre. Ce qui est lamentable c’est le spectacle de tous les « groopies » qui l’entourent et s’émerveillent de la pertinence du choix de leur chef  (voir ci-dessous) ; c’est encore la satisfaction des industriels comme ceux de Lockeed Martin qui se moquent pas mal de l’objectif pourvu qu’ils aient des contrats et qu’ils soient bien payés.

Ce qui est pire c’est que l’exploration de Mars par missions habitées doive attendre et que même, l’étape lunaire risque de nous y faire renoncer alors qu’elle serait indispensable sur le plan scientifique, sans même considérer la création d’une colonie. Contrairement à la Lune sur laquelle on peut commander en direct toutes sortes d’engins robotiques, l’exploration scientifique de Mars nécessiterait une présence humaine car ce serait le seul moyen d’éviter le « time-lag » de 3 à 22 minutes dans chaque sens imposé par la limitation de la vitesse de la lumière à 300.000 km/s combinée à la distance qui nous sépare. Contrairement à la Lune, Mars a connu une vie géologique active pendant plusieurs centaines de millions d’années alors que la Lune est un astre quasiment mort-né. Mars peut nous apporter des informations capitales sur l’amorce du processus de vie, la Lune n’a pratiquement aucun mystère à nous révéler et ne peut même pas sur la formation du système solaire, nous apporter les informations que peuvent nous procurer les astéroïdes (elle n’est intéressante que pour l’effet que sa masse a sur la Terre). Ce que l’on peut craindre c’est que, par suite de la reprise d’une exploration décevante de la Lune et de la très grande difficulté à y implanter une base permanente (manque d’eau, manque d’atmosphère, gravité très faible, nuits de 14 jours, pauvreté minéralogique du sol, radiations trop fortes), le public, ne faisant pas la différence entre les deux astres, soit à nouveau déçu et que cette déception mette un terme aux projets d’exploration de Mars par vols habités.

Certains diront que ce pessimisme n’est pas de mise et que les missions habitées sur la Lune seront un entrainement, une préparation pour les missions habitées sur Mars mais ce n’est pas vrai, les deux astres sont très différents et la préparation pour l’exploration ne peut être la même. Mars est beaucoup plus loin que la Lune et autant il est facile d’approvisionner les hommes sur cette dernière, autant ce sera difficile sur Mars vers laquelle on ne peut s’élancer que tous les 26 mois ; la problématique du « support-vie » est donc totalement différente. La poussière lunaire, absolument non érodée, très fine et aux formes non émoussées par une érosion quelconque, pose des problèmes de santé sans comparaison avec la poussière martienne. Il n’y a aucune précaution biologique à prendre vis-à-vis d’une éventuelle vie lunaire alors qu’il y en a une, minimum, sur Mars. Lutter contre la gravité lunaire sera beaucoup plus difficile que de travailler et de vivre en gravité martienne (le double, 0,38 g contre 0,16 g). Sur la Lune il n’y aura pratiquement rien à faire sinon à se balader et à prendre des photos de la Terre alors que sur Mars il y a toute une recherche géologique et biochimique à mener dont nous avons besoin pour comprendre nos origines. Compte tenu de sa pauvreté en ressources locales et aussi de sa proximité, il est totalement exclu qu’une colonie sur la Lune devienne jamais autonome par rapport à la Terre et en cas de catastrophe notre satellite trop proche ne pourrait jamais constituer un conservatoire ou une base pour permettre à notre civilisation de subsister puis de refleurir.

La décision de Donald Trump est donc bel et bien une vraie catastrophe pour les personnes qui comme moi, voudraient qu’enfin l’humanité devienne un jour une espèce multiplanétaire. Comme l’Europe n’est pas intéressée et n’a pas les moyens d’une exploration de Mars par vols habités, le seul espoir qui nous reste est qu’Elon Musk gagne suffisamment d’argent pour mener à bien indépendamment son propre projet.

 

Image à la Une: signature du SPD1 par le Président Trump le 11 décembre 2017 

Exemples des flagorneries de l’« establishment » américain :

Brian Babin, président du “House Space Subcommittee”:

“By signing this space policy directive and refocusing America’s space program on human spaceflight exploration, the president has ensured America’s leadership in space and prioritized our return to the moon and future manned missions to Mars. Under the president’s leadership, we are now on the verge of a new generation of American greatness and leadership in space — leading us to once again launch American astronauts on American rockets from American soil.”

Lamar Smith, president du “U.S. House Science, Space and Technology Committee”:

“By signing this directive, President Trump has again shown that, under his administration, America will be a leader in space exploration. Going back to the moon as the precursor to further exploration will enable NASA to test new systems and equipment critical for future missions, like the human exploration of Mars. Going back to the moon achieves more than just the practical benefits; it will teach our children and grandchildren to dream big and strive to achieve what others think impossible. The innovations, inventions and ideas that they come up with, inspired by exploring the moon and Mars, will fuel future aspirations to explore worlds beyond Mars. This administration’s dedication to space is a refreshing change from the past eight years.”

Mary Lynne Dittmar, CEO de la “Coalition for Deep Space Exploration”:

“After 45 years, it is time to return humans to the region of the moon even as we look toward Mars. The Coalition is proud to support NASA and to help bring about this exciting future. We congratulate the Trump administration on its bold vision and commitment to American leadership in space. … NASA’s flagship programs for human space exploration — the Orion crew vehicle and the Space Launch System (SLS) rocket — supported by ongoing research on human health and performance conducted on the International Space Station — will take a major step to fulfilling this vision beginning with Exploration Mission 1 targeted for late 2019.”

Eric Stallmer, président de la “Commercial Spaceflight Federation” (“CSF”):

“We applaud President Trump for signing Space Policy Directive 1, which directs NASA to partner with the U.S. commercial space industry to return Americans to the moon. The U.S. commercial space industry has invested hundreds of millions of dollars in private capital to develop innovative capabilities for lunar transport, operations and resource utilization. CSF recommends that the administration challenge NASA to leverage these commercial capabilities to generate greater efficiency, and to partner with industry through flexible, innovative contracting approaches to achieve the goals set out in Space Policy Directive 1 as quickly as possible.”

Représentant de Lockeed Martin:

“We support the president and vice president’s vision and commitment to return America to the moon. The aerospace engineering company is a contractor for NASA and is currently working on the Orion Multipurpose Crew Vehicle that will carry astronauts beyond Earth orbit. A lunar mission with today’s technology would further our understanding of the moon’s history and resources. And it will build a strong foundation that will not only accelerate the U.S. to Mars and beyond. It will foster a thriving new space economy that will create jobs and drive innovation here on Earth. With the Orion deep-space vehicle and our prototype orbital lunar habitat making outstanding progress, we are ready to help the nation achieve this bold new vision.”

Pierre Brisson

Pierre Brisson, président de la Mars Society Switzerland, membre du comité directeur de l'Association Planète Mars (France), économiste de formation (Uni.of Virginia), ancien banquier d'entreprises de profession, planétologue depuis toujours.

7 réponses à “La nouvelle politique spatiale américaine : déception et poudre aux yeux

  1. nul doute que l’homme marchera un jour sur Mars, mais vous ou moi ne le verrons peut-être pas (le ciel peut attendre) .
    Le seul budget du F35 eut été suffisant pour un projet martien, comme d’ailleurs les centaines de milliards pour les guerres du proche Orient contreproductives , ainsi que les autres centaines de milliards pour sauver le système bancaire, … n’en jetez plus . Ce sont des milliers de milliards gaspillés en moins de 20 ans qui auraient pu servir à la transition énergétique, infiniment plus prioritaire que quelques empreintes de bottes sur la planète rouge.
    Sans planète bleue, saine et fertile, nous ne sommes rien et nous n’aurons pas d’avenir. Même si personne ne le conteste, nous avons toutes les peines du monde à trouver les bonnes méthodes pour sortir de l’impasse où nous nous sommes emprisonnés.
    Il faut comprendre l’ordre des priorités avant de foncer tête baissée dans un mur.
    En ce qui concerne le projet lui-même, les contradictions incessantes de la NASA depuis la fin des navettes mettent en évidence ses hésitations sur les choix technologiques judicieux.
    Miser sur la forme désuète d’une réplique de la Saturne V et sa capsule Apollo démontre indéniablement à la fois le manque d’ambition et de vision des engins spatiaux futuristes.
    Il aurait été beaucoup plus logique d’exploiter la plate-forme de l’ISS pour amener des éléments de afin de construire une nouvelle génération de navettes uniquement destinées aux missions hors de l’atmosphère et de la gravité terrestre.
    Le moteur ionique ne prête pas au décollage pour effacer la forte gravité terrestre, mais dans l’espace il peut fonctionner longtemps pour obtenir une vitesse largement supérieure à celle des fusées classiques.
    Hors atmosphère , on peut imaginer des formes d’engins sans les contraintes dues au frottement de l’air, ce qui laisse une grande marge de possibilités , des intérieurs plus confortables pour les voyages de longue durée, …
    Inutile d’aller sur Lune pour préparer des missions lointaines, puisqu’on y perd une partie de l’énergie gagnée en sortant de sa gravitation.
    En restant scotché au modèle du passé, la NASA ou toute autre organisation n’a aucune chance de conquérir l’espace lointain.

    1. Je ne suis pas d’accord avec vous sur la priorisation de la transition énergétique. L’humanité peut mener plusieurs projets en même temps et il est illusoire de penser qu’on réglerait mieux un seul problème en s’en occupant exclusivement. Par ailleurs les sommes impliquées par une exploration de Mars par vols habités sont généralement très exagérées. Actuellement le budget de la NASA (environ 20 milliards de dollars) ne représente que 0,5% des dépenses publiques fédérales des Etats Unis et il ne serait même pas nécessaire de les doubler pour mener à bien un programme d’exploration de Mars, sur une dizaine d’années (une série de cinq fois deux lancements).
      La Planète Bleue est certes le plus bel environnement dont nous puissions rêver et c’est celui dont nous sommes issus (nous sommes les fruits de la Terre), donc celui qui nous convient le mieux. Cependant l’histoire et nos connaissances de l’Univers nous ont bien montré que nous sommes vulnérables, il serait donc judicieux de préparer une éventuelle alternative à la Terre comme foyer de notre vie humaine. Comme la possibilité qu’une colonie terrienne sur Mars acquière son autonomie économique et technologique est très incertaine et en tout cas très éloignée, il serait préférable d’en entreprendre le démarrage aussitôt que possible.
      Nos lanceurs à propulsion chimique ne sont sans doute pas ce qu’on pourrait faire théoriquement de mieux mais c’est ce que nous savons faire, donc commençons par les utiliser; on verra après si l’on peut lancer des vaisseaux spatiaux à propulsion ionique.

    2. Pour ma part, je ne pense pas non plus que la préservation de l’environnement et la transition énergétique aient besoin d’argent. Elle ont surtout besoin de volonté politique. Le plus grand ennemi de l’environnement, c’est la course au profit et la cupidité humaine institutionnalisée par notre système économique “libéral”.
      Quant à la transition énergétique, bien menée, elle est elle même une source de profit. Tout comme l’agriculture raisonnée ou BIO que vous avez omis de citer.
      Pour revenir à la politique de Trump, elle est juste le reflet du manque d’ambition généralisé de notre classe politique. Heureusement que des hommes comme Elon Musk ont des rêves un peu plus ambitieux et se donnent les moyens de les atteindre. Il ne nous reste qu’a les encourager par notre soutien.

      1. Évidemment d’accord avec vous sur le fond, Xavier, mais pas d’accord sur la responsabilité negative du libéralisme.
        Si nous pouvons avoir un espoir aujourd’hui pour un projet martien demain, c’est sur Elon Musk et peut-être Larry Page ou Jeff Bezos, pas sur la NASA (c’est à dire l’Etat). De même je pense que la sortie par le haut de nos problèmes environnementaux ne peut venir que d’innovations privées qui apporteront des économies d’énergie et de nouveaux process pour recycler. Pour moi l’État est toujours à la traîne et a une forte tendance à mettre des bâtons dans les roues, même quand il veut aider.

        1. OK Pierre, je remplace “libéralisme” par “ultra libéralisme”
          Pour en revenir à l’initiative privée dans le domaine du spatial. Comme cela pourrait-il être transposé à l’Europe ? Comment générer le minimum d’enthousiasme nécessaire ?

          Il y un peu plus d’un ans, l’ESA a réalisé un “débat citoyen sur l’espace européen” en simultané dans tous les pays d’Europe et quelques autres associés dans le domaine spatial. Débat auquel j’ai participé. J’y ai rencontré de nombreuses personnes enthousiastes résolument favorable à plus d’ambition spatiale européenne en général et à l’espace habité en particulier.
          Ce qui m’a le plus cruellement déçu, c’est l’absence de suite visible donnée à cet événement.
          Comme si devant la différence entre les aspirations des participants et les ambitions de l’ESA, ses responsables s’étaient effrayés a l’idée de devoir communiquer et/ou rendre des comptes aux citoyens européens.

          1. Le problème est que jusqu’à l’arrivée de Jon Wörner à sa tête, l’ESA n’était pas intéressée par les vols habitées au-delà de l’orbite basse terrestre et que, en dépit des rêves de “village lunaire”, elle n’a aujourd’hui pas les moyens (ni financiers ni technologiques) de réaliser ce rêve. De toute façon, même aujourd’hui, elle est avant tout intéressée par les vols autour de la Terre et elle ne cherche pas du tout l’aventure, bien au contraire. Le choix de concevoir et de construire Ariane 6 correspond bien à cette philosophie. Ce n’est pas un lanceur lourd à la différence du SLS ou de Falcon Heavy mais c’est un lanceur moyen qui peut placer en orbite terrestre des satellites de petite taille ou de taille moyenne dès qu’ils sont prêts à lancer, sans attendre le chargement complet d’un très gros porteur.
            Par ailleurs, l’immense majorité des scientifiques européens considèrent que les vols habités leurs prennent des possibilités de budget pour l’exploration robotique qu’ils estiment plus pertinente. Donc pour le moment, les vols habitées dans l’environnement lunaire dont parle l’ESA, ce n’est que de la “comm”. Ça permet de faire rêver le public et de continuer à recevoir des financements des Etats membres pour faire autre chose et principalement du business (lancement de satellites terrestres, avec profit). On est dans une situation paradoxale ou un organisme parapublic, l’ESA, est avant tout intéressé par la recherche du profit…comme quoi le libéralisme c’est à dire la liberté des individus d’utiliser leur argent comme ils le veulent, peut avoir du bon si l’Etat lui-même ne veut pas prendre de risque mais simplement “gagner de l’argent” en en prenant le minimum. Malheureusement il n’existe pas d’Elon Musk européen.
            NB: je suis ce que les Français appellent “ultra-libéral” c’est à dire dans le monde entier tout simplement “libéral”…mais ce n’est pas grave (je ne me soigne pas).

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