Les dernières illustrations de la présentation faite le 27 septembre par Elon Musk à l’IAC* d’Adelaïde me dérangent. On y voit un petit établissement martien qui se transforme très vite en mégalopole comme il y en a malheureusement tant sur Terre. Je veux le dire franchement, je n’aime pas cet horrible objectif.
*l’IAC est l’International Astronautical Congress. Il a lieu tous les ans à la même époque dans un pays différent.
Pour moi la Planète-rouge est un sanctuaire que l’on doit approcher avec respect et précautions. Il n’est pas question de la saccager comme ont été saccagés tant de territoires à la surface de notre Terre. Nous devons tirer la leçon de nos erreurs et ne pas considérer les terres vierges où nous pouvons nous installer comme de simples supports à la prolifération de notre espèce et aux souillures d’une activité débridée et désordre. Mars comme la Terre est un être vivant que l’on peut approcher et auquel on pourra s’intégrer mais le but ne doit pas être de le détruire pour ensuite aller ailleurs. Où donc, d’ailleurs ? les autres planètes du système solaire sont beaucoup trop inhospitalières et Alpha Centauri n’est pas « la porte à côté »*.
*Je n’ai pas oublié la possibilité d’îles de l’espace comme Gerard O’Neill en rêvait mais la faisabilité n’en est pas évidente, du moins encore aujourd’hui!
Je comprends bien entendu que le respect de Mars n’aille pas jusqu’au refus de l’explorer et de s’y installer (au contraire!) mais je pense qu’on ne peut pas s’y installer en négligeant l’intérêt scientifique de Mars et qu’on ne peut pas le faire sans attention à l’environnement. L’intérêt scientifique de Mars est évidement celui d’une planète assez semblable à la Terre sur laquelle l’évolution des molécules organiques a pu aller très loin, peut-être même jusqu’à la vie, une autre vie. Il faut pouvoir l’étudier et en tirer tout le profit possible pour l’avancement de notre compréhension de l’Univers ; ce sera passionnant et long ! L’attention à l’environnement est nécessitée par l’obligation de ne pas transformer ce nouveau monde en véritable enfer écologique ce qui serait beaucoup plus facile que sur Terre compte tenu de sa pauvreté et de sa fragilité relative.
Elon Musk a beaucoup de qualités et ces qualités nous permettront, je l’espère ardemment, d’aller sur Mars tout bientôt. Mais Mars n’est pas un jouet et la conquête de Mars n’est pas un jeu vidéo. Ce n’est pas parce qu’on est un ingénieur et un homme d’affaires génial qu’il est permis de n’avoir aucune sensibilité écologique / planétologique ou plutôt qu’il soit permis que ce manque de sensibilité s’exprime sans retenue aucune.
Je terminais mon article précédent en remarquant qu’Elon Musk ne tenait aucun compte des recommandations sécuritaires trop strictes du COSPAR* (il ne les considère même pas). Je voudrais cependant qu’à un moment donné, assez vite après l’arrivée sur Mars des premiers vaisseaux d’Elon Musk, un lobby écologiste mondial se manifeste pour contrôler ses projets d’installations afin éventuellement de les infléchir en les humanisant. Il faut trouver, dans notre intérêt à tous, une voie moyenne entre les exigences du COSPAR et l’indifférence d’Elon Musk.
*Le COSPAR est le “Committee on Space Research”. C’est un organisme international dont le but est d’organiser les travaux scientifiques en relation avec l’exploration spatiale. Il a publié en 1964 les premières recommandations relatives à la protection des “corps célestes”. Sa politique de protection planétaire (COSPAR Planetary Protection Policy) doit être appliquée par ses membres (les institutions scientifiques des grands pays capables d’accéder à l’espace) depuis 1984. Voir mes articles à ce sujet: 1 et 2.
Dans son fameux triptyque des années 1990 (« Mars la rouge », « Mars la verte », « Mars la Bleue »), l’auteur de science-fiction américain Kim Stanley Robinson, imagine que, très vite après les débuts de la colonisation, le problème abordé aujourd’hui se pose, avant d’être résolu de manière violente. Dans cette perspective qui est peut-être inéluctable, je prends déjà parti. Je suis contre l’effacement de ce qui fait la particularité de Mars par rapport à la Terre, contre la terraformation. Je suis pour que Mars reste une terre largement vierge, peu peuplée et propre, un modèle et un espoir pour ceux qui seront restés sur Terre. Je veux aller sur Mars et y aller avec d’autres pour y ancrer une nouvelle branche de l’humanité mais je suis et je resterai toujours un « Rouge »*. Mars est notre seconde chance, ne la gâchons pas !
*terme désignant les opposants à la terraformation dans le roman de Kim Stanley Robinson.
l’Illustration de titre : l’aboutissement du rêve d’Elon Musk (image crédit SpaceX) .
Image ci-dessous (crédit SpaceX): seconde phase du visuel de la colonie imaginée par Elon Musk (précédant « l’Illustration de titre » dans sa présentation). Vous voyez la différence entre « trop » et « assez ».
N.B. Ces illustrations sont évidemment symboliques et ne doivent pas être « prises au pied de la lettre ». Cependant la dernière (celle de la mégalopole) traduit une intention inquiétante.
comme Elon Musk n’a pas l’ombre d’une fusée pour envoyer des hommes sur Mars, on peut respirer quant à sa colonisation mégalomaniaque . Il n’a d’ailleurs encore jamais envoyé des hommes dans l’espace , ce qui constitue la première étape de toute conquête spatiale. Et je ne parle pas de la “croisière s’amuse” de 80 jours à regarder des videos pour tuer le temps ! Jamais des touristes enthousiastes ne tiendront si longtemps ! 2 ans d’attente minimum sans retour possible en cas d’urgence !
Encore beaucoup d’obstacles le sépare donc de son rêve de concrétiser les images de cité martienne .
Et qui voudrait donc vivre sur ce désert , plus mort que le Sahara ? après avoir récolté quelques échantillons stériles , la conclusion s’imposera vite que la vie n’est plus possible depuis des milliards d’années et donc qu’une colonie ne pourra pas survivre sans un “cordon ombilical” terrestre. On est à des années lumière des images paradisiaques promises par les agences de voyages ! enfin, les goûts et les couleurs ne se commandent pas … rouge, bleu, vert …
Bonjour Monsieur Giot,
Toujours aussi pessimiste et « rabat-joie » à ce que je vois !
Si on avait attendu que tout soit au point avant d’imaginer un projet, on n’aurait jamais été bien loin. Je ne me moquerai pas comme vous des capacités d’Elon Musk car il a déjà prouvé ses capacités à mener à bien des projets réputés impossibles (je pense notamment à la récupération puis à la réutilisabilité des lanceurs).
S’il réussit à mettre au point son lanceur lourd BFR et son vaisseau spatial, je ne doute pas que l’établissement de l’homme sur Mars tarde longtemps.
Je comprends bien que vous n’ayez aucune envie de vivre sur Mars et rien ne vous oblige à changer d’avis mais je ne doute pas non plus que beaucoup d’êtres humains soient tentés par l’aventure (on l’a constaté à maintes occasions). Certes la planète Mars est un astres peu hospitalier aujourd’hui mais il est le moins inhospitalier de l’espace aujourd’hui accessible, alors pourquoi ne pas tenter de l’habiter. Il a été prouvé que les ressources nécessaires y sont présentes et les technologies d’aujourd’hui permettent de les utiliser. Certes, encore, le cordon ombilical avec la Terre sera longtemps indispensable mais précisément il faut commencer aujourd’hui à créer les moyens de vivre à partir des ressources locales, si l’on veut pouvoir un jour le couper (ou être obligé de le faire en cas de catastrophe survenant sur Terre)..
Je pense qu’il y a confusion, le COSPAR n’a rien avoir avec Musk. SpaceX ne fait pas partie de la NASA et il ne poursuit pas les mêmes objectifs. Ne pas oublier que le but de SpaceX est de coloniser Mars Je ne sais pas si ces inquietudes écologiques sont vraiment fondées. Mais il faut discuter de tout et j’espère que ce lobby du vert sortira du monde imaginaire de Pierre Brisson afin de stopper le méchant Elon et garder cet planète rouge et beau… Comme ca nous aurons la chance de l’étudier et l’observer de loin 😉
Il n’y a pas confusion. Je sais que le COSPAR est un organisme qui regroupe des associations scientifiques. Mais je vois bien que le COSPAR mettra tout en oeuvre pour imposer ses vues aux Etats afin qu’ils respectent et fasse respecter ses exigences. Et les États peuvent mettre de gros bâtons dans les roues des entreprises privées, via la Nasa par exemple qui est un partenaire incontournable d’Elon.
Ceci dit, je n’ai pas les mêmes espérances que vous et je souhaite que le lobby du vert n’empêche pas le “méchant Elon” d’accéder à Mars (au contraire!). Par contre je souhaite que le développement de Mars se fasse dans le respect de l’environnement de Mars. Ce qui n’exclut pas de nombreux vols entre la Terre et Mars (et retour!) qui donneront à Elon Musk toutes les possibilités de profits qu’il aura bien mérités par son audace, son inventivité et sa prise de risque.
Une petite question “juridique” à propos de COSPAR (mes connaissances en droit sont très limitées) : sauf si Elon Musk construit une base de lancement en eaux internationales, donc hors de toute juridiction d’états (mais cela sera-t-il possible pour un lanceur de la taille du BFR ?), dans quelle mesure pourrait-il passer outre à une interdiction de lancement prononcée par le gouvernement US par exemple, même en supposant qu’il ne dépende absolument en rien de la NASA ? Si ce n’est pas le cas, j’ai quelques doutes qu’un organisme étatique de certification conscient de ses responsabilités donne le feu vert à un transporteur spatial (à 31 moteurs au premier étage !) supposé emmener une centaine de passagers sur Mars !
Les grandes agences (NASA, ESA, JAXA) se sont engagés à respecter les règles de protection planétaire édictées par le COSPAR (Roskosmos, je ne sais pas). Les règles concernent la protection planétaire, non la sûreté de la vie des passagers d’une mission habitée (mais plutôt l’impact ecologique que pourrait avoir le débarquement de tels passagers sur Mars).
On peut bien sûr se poser la question de l’attitude du gouvernement américain lorsqu’Elon Musk exprimera l’intention d’envoyer une fusée avec passagers sur Mars. La réponse n’est pas juridique mais politique. A mon avis la décision dépendra du gouvernement des États-Unis à ce moment et de la popularité du projet d’Elon Musk.
La possibilité d’imposer ou non une décision (je n’ai mentionné COSPAR que parce que c’est ce qui m’a fait m’interroger) est bien une question juridique et non politique, sinon ce serait le règne de l’arbitraire. Quand on sait que même des petites fusées “artisanales” ne peuvent être lancées qu’à des (rares) dates fixées et dans des zones détermines et surveillées, on peut douter qu’il soit juridiquement possible, même à un entrepreneur de l’envergure d’Elon Musk, de lancer un BFR sans autorisation du gouvernement du pays sur lequel serait implanté la base de lancement! Et il me paraîtrait très étonnant qu’un transport interplanétaire de passagers n’aient pas à passer par des règles de certification au moins aussi strictes que celles qui s’appliquent au transport aérien par exemple.
On verra bien!
voila qui n’est pas très cohérent avec vos visions financières déjà exprimées sur la Colonie. Soit on subventionne, soit on cherche à développer l’entrepreneurship (quel beau mot) et dans ce cas Musk a parfaitement raison de vouloir se développer et rentabiliser ses investissements. Et c’est plutôt bien parti pour cette approche. Au final on y gagnera peut être du sable pour refaire nos plages qui auront disparu à cause du réchauffement climatique.
Je m’attendais à ce type de reaction. Dans une conception libérale de la société le lobbying est tout à fait licite et les monopoles illicites. Elle est par essence démocratique. Le monde martien appartiendra à ceux qui le feront vivre, y compris bien sûr Elon Musk. Ce que j’espère c’est que cette population martienne ne s’oriente pas vers une société irrespectueuse de son environnement. Je pense qu’elle sera aidée en cela par le souvenir de la Terre et la fragilité de l’environnement martien.
On ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre, en particulier vouloir qu’Elon Musk soit un “entrepreneur” pour aller sur Mars , mais ensuite soit très sensible à des considérations environnementales (il a été très clair sur ce point dans ses deux présentations à l’IAC); il n’y a guère d’exemples où une telle dichotomie aurait été observée sur Terre. Soit la société martienne se construira et se structurera sur des bases plus altruistes et moins individualistes que ce qui a été le cas sur Terre dans le cas de toutes les “colonisations” en particulier, soit on reproduira sur Mars peu ou prou les mêmes schémas que sur notre planète, y compris en ce qui concerne un respect très relatif pour l’environnement. Personnellement, je crois en la possibilité d’un fonctionnement différent et plus “évolué” de la société martienne du fait que ses membres auront été soigneusement sélectionnés parmi “ce qui se fait de mieux sur Terre en la matière”. La dernière chose dont on aurait besoin sur une planète aussi fragile (comme souligné dans le blog de cette semaine) est d’individus motivés principalement par la recherche d’une forme de profit individuel, quel qu’il soit. Si je devais faire partie d’un comité de sélection de futurs “martionautes”, j’éliminerais immédiatement de tels candidats!
Mars représente une chance unique de développer un autre type de structuration et fonctionnement de société humaine (qu’il soit ou non ensuite applicable à la Terre reste une question ouverte). Pour cela, il ne faut pas rester enfermer dans de vieux schémas terrestres dont le moins que l’on puisse dire est qu’ils n’ont pas donné toute satisfaction à ce jour, et ont même conduit à bien des catastrophes!
Je pense que certaines personnes qui auront “à faire” sur Mars, ne seront motivés que par la recherche du profit. Ce sont eux qui permettront d’obtenir un maximum d’efficacité dans le fonctionnement des transports, des services et des industries locales et c’est tant mieux (je dirais même indispensable pour la pérennité de l’aventure). Maintenant il faut espérer qu’il y aura à leurs côtés, sinon en face d’eux, des personnes qui auront d’autres motivations. C’est l’ensemble de cette société qui rendra la Colonie martienne viable, à tous points de vue.
Pour revenir à Elon Musk, je ne pense pas qu’il soit motivé uniquement par la recherche du profit. Je le vois plutôt comme un amoureux des systèmes mécaniques, chimiques et informatiques, un ingénieur qui veut aller sur Mars, pour démontrer que ses systèmes pour y parvenir sont les meilleurs possibles et qui trouve sa satisfaction dans le bon fonctionnement de ces technologies. Il doit en outre avoir le soucis de la perpétuation de la civilisation terrestre car il a déclarer à plusieurs reprises qu’il voulait contribuer à faire de l’espèce humaine, une espèce multiplanétaire. Je ne pense pas qu’en dehors de cet objectif, ce ce qu’on fera sur Mars le préoccupe particulièrement.
Le “mélange” dont vous parlez est celui qui existe sur Terre, tout le monde n’y cherchant pas prioritairement un profit personnel heureusement. Dans une importante (numériquement) société et un environnement considéré comme quasi-infini, même si c’est à tort, cela marche plus ou moins (pas toujours “plus” que “moins” néanmoins, malheureusement). Dans une société nettement plus réduite, évoluant dans un milieu très hostile et aux ressources restreintes, c’est une autre histoire. C’est une situation que certaines communautés humaines ont connu (ou connaissent encore) et on sait qu’elles développent dans ces conditions une approche beaucoup plus altruiste dans laquelle chacun fait (doit faire) passer le bien de la communauté avant ses intérêts personnels. D’ailleurs les principes d’une stricte économie de marché pourraient difficilement s’appliquer sur Mars. Si l’on prend l’équilibre de l’offre et de la demande par exemple, comment le réaliser quand, en raison du manque de ressources disponibles, l’offre ne pourra jamais, et de loin, répondre à une demande non étroitement “encadrée”? A quoi servira d’accumuler des ressources financières qu’il ne sera pas possible de dépenser à sa guise? J’ai participé il y a quelques années à une importante étude internationale (incluant les deux EPFs suisses et le MIT ainsi qu’une grosse société active au plan international) qui a montré que dans le cas de ressources limitées précisément et de contraintes de type environnemental, la considération de seuls critères “monétaires” ne permettait de loin pas d’arriver à des solutions optimales. Je fais confiance aux futurs “Martiens” pour se doter d’une structure et organisation de société innovante et appropriée aux conditions locales, qui ne seront pas la stricte réplique de celles qui prévalent sur Terre. De toute façon, on peut faire ici sur ce point des hypothèses à l’infini, puisqu’aucun de nous ne sera là pout vérifier si elles seront ou pas vérifiées!
Quant aux motivations précises d’Elon Musk, qui peut les connaître à part lui-même? Je n’ai d’ailleurs pas prétendu qu’il ne serait pas du tout préoccupé par des questions environnementales, mais seulement pas très (ou prioritairement) préoccupé par celles-ci. Je pense que ce qui lui plaît dans la “conquête martienne” est avant tout l’aspect pionnier et, soyons franc, de “marquer l’histoire”. Et, en effet, ce qu’on fera sur Mars, et ce qu’il adviendra ensuite de la colonisation de cette planète, n’est pas du tout sa préoccupation première, on est bien d’accord sur ce point.
Tout le monde ne cherche pas la réalisation d’un profit personnel, certes, mais il faut dans une société suffisamment de personnes qui ont cet objectif pour qu’elle « tourne » efficacement sur le plan économique et les autres personnes qui vivent avec les entrepreneurs capitalistes ne doivent pas les décourager de le faire (dans leur intérêt propre).
Il ne faut pas désespérer de l’économie de Marché. Dans tous les cas, les prix permettent l’ajustement de l’offre à la demande (jusqu’à dissuader des demandes qui n’ont aucun sens dans un certain contexte). Ce sont les prix (formés par la rencontre de l’offre et de la demande) qui vont motiver l’investissement.
D’ailleurs, pour répondre à votre remarque « A quoi servira d’accumuler des ressources financières qu’il ne sera pas possible de dépenser à sa guise? » je répondrai : La dépense n’est pas que la consommation c’est aussi l’investissement. Les personnes qui voudront disposer de certains biens non disponibles (mais évidemment possibles à produire) investiront dans les équipements nécessaires (en les importants de la Terre s’ils ne peuvent les produire sur place). C’est ce mélange de désir de consommer et de besoins d’investir (en vue d’un profit) qui provoquera le développement économique de Mars.
Ce n’est pas parce que des institutions réputées considèrent qu’en cas de ressources (physiques) limitées la considération de seuls critères monétaires ne permet pas d’arriver à des solutions optimales, que je vais adhérer à ce point de vue. Il faudrait d’abord savoir ce qu’on entend par “optimales” et comme je le dis ci-dessus, la possession de ressources financières permet l’investissement aussi bien que la consommation. S’il est plus avantageux d’importer de la Terre plutôt que de produire sur Mars, on importera de la Terre et si la technologie permet, après investissement, de produire sur Mars dans de meilleures conditions (pour le consommateur et avec profit pour le détenteur de capitaux) que l’importation de la Terre, on investira sur Mars pour remplacer les importations terrestres. Le coût élevé des transports depuis la Terre, facilitera l’investissement sur Mars puisqu’il permettra de supporter un coût de production bien supérieur à ce qu’il sera sur Terre.
Libre à vous de penser que vos analyses sont plus pertinentes que celles, complexes, “d’institutions réputées” basées sur des approches théoriques solides et éprouvées (je ne vais pas présenter ici pour essayer de vous convaincre les théories de l’analyse multicritère – la “vraie”, basée entres autres sur les travaux du Prof. Bernard Roy et son équipe, pas la simple somme pondérée – et de la recherche d’optimum, qui a un sens bien précis, dans des espaces de décision multidimensionnels!).
Comme vous voulez! Encore faudrait-il que le raisonnement s’applique bien à Mars, c’est à dire à une société très particulière: certes très isolée mais disposant de matières premières illimitées, de toutes les technologies possibles et sans doute d’un large accès au capital.
Bien entendu, rien ne sera facile mais je ne vois pas pourquoi une solution monétaire conduirait dans ce contexte à une solution moins “optimum” qu’une solution non monétaire (dont on ne voit pas d’ailleurs en quoi elle consisterait).
C’est justement dans un cas comme celui de Mars que les analyses évoquées plus haut s’appliqueraient particulièrement bien. D’autant plus que les ressources physiques ne seront justement pas “illimitées” (bien moins encore que sur Terre en tout cas) et que le “large accès au capital” est à ce stade une pure spéculation, … ou peut-être même qu’un voeu pieux.
Je ne suis pas du tout d’accord.
De toute façon le développement de l’implantation humaine sur Mars se fera progressivement, chaque fenêtre de lancement permettant d’importer davantage d’équipements. Compte tenu de la situation / des contraintes (on connaît les ressources martiennes, les capacités d’emport des fusées, les capacités de traitement ou d’utisation des populations qui seront sur Mars), on pourra définir un plan de développement et les investisseurs privés s’adapteront à ces contraintes pour tirer profit des opportunités.
Ce qui ne change rien au problème des ressources physiques (locales ou importées) limitées et au fait que rien à ce stade ne garantit que les importants capitaux nécessaires pourront effectivement être “mobilisés”; si c’était si facile, on serait déjà sur Mars.
On est très loin du problème initial soulevé qui était la sensibilité écologique d’Elon Musk!
Pour repondre quand même à votre commentaire: on ne peut pas dire que les ressources physiques sur Mars sont limitées. Ce qui manque plutôt c’est l’énergie pour transformer la matière première (les minéraux, l’eau, les gaz atmosphériques), les machines pour utiliser ces matières premières grâce à cette énergie et les hommes pour faire fonctionner le tout. Tout cela viendra avec le temps, progressivement. Et s’il y a rentabilité possible, même partielle (dans certains domaines plus rapidement que dans d’autres), il y aura investissements.
Parce que l’énergie n’est pas une ressource?! C’est même probablement la plus importante, car d’elle dépend l’accès à toutes les autres; ayant consacré l’essentiel de mon activité professionnelle à ces questions, je suis bien placé pour le savoir. Qu’elle ne soit pas, et ne sera très vraisemblablement jamais, disponible en abondance sur Mars est d’ailleurs sans doute plutôt une bonne chose, sinon on peut être certain qu’avec l’établissement de colonies humaines l’environnement de cette planète n’en sortirait rapidement pas indemne, … qu’Elon Musk y soit sensible ou pas !
Tout dépend du sens que l’on donne au terme “ressource”! Si vous voulez dire qu’on ne fera rien sans énergie sur Mars, j’en convient bien évidemment! Vous enfoncez une porte ouverte! Il est certain qu’on ne vas pas faire pousser le capital sur Mars en l’arrosant!
Ce que je dis c’est que si Elon Musk parvient comme il semble pouvoir le faire, à débarquer 100 personnes ou 100 tonnes sur Mars dans un futur proche avec sa fusée BFR, il est fort probable que le développement de Mars devienne possible et qu’il devienne durable s’il parvient à susciter l’intérêt des détenteurs de capitaux. Et cet interet deviendra durable si ces detenteurs voient une perspective de rentabilité dans leurs investissements (même si cette perspective est beaucoup plus lointaine dans certains secteurs que dans d’autres).
Cette discussion à réussi à perdre son sens. Vous faites référence à une “importante étude” que personne ne connait sans préciser la définition des termes utilisés et vous reprochez à votre interlocuteur de ne pas les connaître! Si vous utilisez le terme “ressources” pour parler d’autres choses que des matières premières, je peux l’utiliser aussi pour parler du capital…et le discours s’arrête là.
la vraie question , c’est ” mais aller sur Mars pour quoi ? ” si c’est parce que la Terre est condamnée (eruption solaire ou autre ) les 99.99 % des gens obligés d’y rester ,n’ en auront rien à f… !
La Terre est 100, 1000 fois plus belle et interessante que Mars , sauf qu’on y est trop nombreux . Réglons donc d’abord nos problèmes ici ,au lieu de fantasmer sur un monde meilleur ! que d’argent dépensé , au lieu d’améliorer la vie sur Terre …
Ce n’est pas la vraie question, c’est une question “à côté de la plaque”. Si vous lisez ce blog vous verrez que le sujet que vous soulevez a été abordé maintes fois et que j’y apporte toujours les mêmes réponses…mais il ne faut pas se lasser de répéter.
Donc les réponses c’est 1) rien n’empêche de faire les deux (essayer de sauver la Terre et essayer de s’implanter sur Mars). On n’a jamais vu une société réussir en se fixant un seul but et en y consacrant toutes ses ressources. 2) la recherche menée pour aller sur Mars peut être utile pour vivre mieux sur Terre (progrès dans les transports transcontinentaux comme le propose Elon Musk, progrès dans le recyclage, progrès dans l’efficacité des cultures, progrès dans le contrôle des microbiotes, etc…3) vous êtes bien égoïste si vous vous moquez de pouvoir éventuellement sauver de la destruction (en cas de catastrophe planétaire) une poignée de gens qui pourront prépétuer l’espèce humaine et notre civilisation.
N.B. la totalité du budget de la NASA (environ 20 milliards de dollars) ne représente que 0,5% du total des dépenses publiques fédérales des États-Unis.
Puisque vous le demandez, le nom du programme d’études auquel j’ai fait référence (et que “personne ne connaît”!) est “Alliance for Global Sustainability”; il est facile de trouver de nombreuses références le concernant sur Internet. Je n’ai par ailleurs rien reproché du tout à un quelconque interlocuteur (je ne fait pas de remarques personnelles), mais juste voulu préciser qu’il n’était, évidemment, pas possible de développer des théories, relativement complexes, dans le cadre de ce blog. Enfin, oui, le capital est bien aussi une ressource (traitée comme telle dans les analyses muticritères), … et elle n’est également pas illimitée. Ces précisions/réponses données, j’en resterai là pour ma part sur ces questions.
C’est quand même plus simple et plus efficace de donner ses références quand on les connaît ! Ceci dit cela ne change rien à ce que j’ai écrit précédemment et affirmer que le capital est une ressource qui n’est pas illimitée est un truisme dont la réflexion collective pourrait se passer.
Bon, j’ai raté le début du débat mais ce n’est pas une raison pour ne pas m’exprimer.
Tout d’abord, je ne souhaite pas rediscuter du futur système économique de Mars. Nous avons définitivement des avis différent ou opposés et de toutes façons, le problème ne se posera probablement pas dans les premières décennies de la colonisation.
A propos du respect des normes édictées par la COSPAR, je pense que dans le cas de transfert de grande quantité de matériel, elles ne pourront être respecté à la lettre. Le coût deviendrait simplement prohibitif.
Je pense que nous devrons nous résigner à “polluer” biologiquement Mars dans et aux alentours de la colonie. Les missions d’exploration à partir de la colonie devront, par contre, respecter un certain nombre de précautions pour ne pas contaminer les échantillons lors de leur prélèvement.
De toute façon, il est peu probable que les micro-organismes terriens puissent survivre longtemps à la surface de la planète.
Pour l’expansion anarchique de la colonie, nous ne devons pas prendre à la lettre les images publiées lors du congrès. L’infographiste s’est probablement contenté de multiplier les éléments graphiques à sa disposition, sans trop de soucis de réalisme. Si on regarde un peu attentivement, la colonie représentée n’est que l’assemblage d’une dizaines de briques de base, même quand sa taille devient conséquente.
Selon moi, dès qu’une taille suffisante sera atteinte, les colons fabriquerons eux même les élément de leur habitations. Ces éléments locaux seront très différent de ceux importés.
Des espaces collectifs plus vastes seront aménagés, restaurants, salle de conférence, espaces de loisirs, …
Une bonne partie des habitations sera enterrée pour se protéger des radiations. Des serres plus grandes seront installées. Les ateliers (usines), les labos et les centres de production d’énergie seront déportés et probablement redondés pour des questions de sécurité.
Bref, cela ne ressemblera certainement pas à la première image de l’article. Les constructions seront avant tout fonctionnelles et comme s’est toujours le cas, certains trouveront ça laid, d’autres pas.
Pour finir sur la vitesse d’expansion de la population martienne. Je pense qu’au bout de quelques décennies, si les conditions de vies sont bonnes, elle croitra assez vite de façon interne. Les arrivages de colons restant, je l’espère assez peu nombreux et strictement règlementés.
Je me permet aussi une référence à “Mars la rouge”. Il ne faut pas que les colons arrivent plus vite que les infrastructures martiennes ne puissent le supporter et que les sociétés (importatrices) ne soit pas contraintes de subvenir aux besoins de leur personnels en dehors de leur rémunération.
Globalement rien à redire.
Ma réaction à la présentation d’Elon Musk était motivée par la désinvolture affichée dans la représentation de sa Mars City. Je comprends très bien que ce qui intéresse Elon Musk c’est le voyage (et sans voyage il n’y a évidemment pas de”Mars City” possible) mais j’aurais aimé qu’il presente pour la ville future autre chose que ce jeu de lego complètement nul qui couvre une surface de plus en plus grande. C’est inquiétant et il faudra être attentifs.
Elon Musk est un chef d’entreprise remarquable, mais je me demande s’il a quand même la moindre idée sérieuse en matière d’astronomie. Aller sur Mars est extraordinairement difficile. Les Etats-Unis ont dépensé environ 200 milliards d’euros (d’aujourd’hui) pour envoyer quelques heures 12 hommes sur la Lune qui demande un trajet mille fois plus court, et on voudrait qu’une entreprise privée face quelque chose d’infiniment plus difficile alors même que les moyens de propulsion n’ont absolument pas évolué depuis 50 ans (Saturne 5 reste la fusée la plus puissante, la plus sûre et la plus efficace au regard du rapport masse satellisée/masse de départ) L’électronique ne fait pas tout, une fusée c’est d’abord de la mécanique et ça ça bouge très peu.
Le problème n’est pas la distance. On sait calculer les trajectoires et la NASA aussi bien que l’ESA ont su envoyer des sondes dans l’environnement martien. Une fois deux impulsions données, la première pour arracher le vaisseau à la gravité terrestre et le mettre sur orbite de parking (c’est le plus gros effort, celui qui coûte le plus en énergie donc en masse), la seconde pour injecter le vaisseau sur une orbite allant vers Mars (elle consomme beaucoup moins d’énergie que la première et pas beaucoup plus que pour aller sur la Lune), il n’y a plus que de petites impulsions à donner pour ajustements de trajectoire. De ce point de vue il y a très peu de différence avec une mission lunaire et les fusées peuvent être les mêmes.
Ce qui est beaucoup plus difficile c’est la descente sur la planète Mars car il faut freiner puissamment. Jusqu’à présent on imaginait toutes sortes de moyens cumulés (à commencer par les parachutes, l’effet de traîne et la retropropulsion) mais l’innovation d’Elon Musk avec son BFR, c’est qu’il envisage un ravitaillement en carburant après la mise en orbite terrestre. Cela est possible sur le plan economique grâce à la réutilisabilité de son lanceur et sur le plan technologique grâce aux réflexions et études menées pour remplir les reservoirs dans un environnement sans pesanteur. Une fois le plein de carburant effectué, l’injection transmartienne pourra se faire sans porter atteinte aux besoins en carburant nécessaire pour une descente entièrement retropropulsée.
On ne peut donc dire qu’il n’y a eu aucun progrès et on ne peut dire que le voyage habitée n’est pas théoriquement possible. Il reste d’autres problèmes notamment celui du contrôle microbien, celui du support vie et celui des radiations mais pour une mission de 30 mois (dont deux fois 6 mois de voyage dans l’espace), c’est jouable.
Bonsoir Mr Barthès,
Pour abonder dans le sens de Pierre Brisson, je dirais que non seulement aller sur Mars n’est pas extraordinairement difficile mais que nous en avons largement les moyens techniques. Il nous manque juste la volonté.
Les conditions à satisfaire pour envoyer des hommes sur Mars et les ramener dans des conditions de sécurité raisonnables sont connues et déjà à notre portée. Le problème de la fiabilité des équipements sur une durée de plus de deux ans , n’en est plus un si on en prévoit la maintenance régulière et le changement de quelques pièces d’usure. Selon moi, il sera moins stressant pour les membres d’équipage de maintenir régulièrement les systèmes de support vie que de faire des réparations d’urgences sur des équipements sensés ne pas tomber en panne.
Le plus gros problème de notre société actuelle, c’est son incapacité à évaluer et à prendre des risques. La plupart des décideurs, comme les citoyens lambda, ne comprennent rien aux probabilités, pêchent par excès de prudence ou versent carrément dans l’irrationalité.
C’est comme de vouloir réduire la mortalité routière en diminuant uniquement la vitesse des véhicules. Un rapide calcul montre que si la vitesse tend vers zéro le risque d’accident aussi. Mais où met-on la limite ?
Si techniquement envoyer des hommes sur Mars sera possible tôt ou tard, sans doute grâce à Elon Musk, une question reste entière : est-ce souhaitable ?
Et la réponse est vraisemblablement non! J’irai encore plus loin que vous Pierre.
Et ce pour plusieurs raisons :
1 . Cela accroîtrait démesurément les risques de contaminer la surface de Mars avec nos microbes, ce qui ruinerait nos chances de l’étudier proprement, ce qui peut être fait tout aussi bien et pour moins cher par des robots
2. Toutes les raisons invoquées pour y aller soit sont infondées, soit peuvent être satisfaites autrement
Le raisonnement est très simple :
– Si les Hommes vont sur Mars, ils emporteront nécessairement avec eux leurs microbes (il y a plus de microbes dans le corps humain que de cellules humaines!)
– Inévitablement ces microbes finiront par entrer en contact avec la surface martienne, à la faveur d’un crash (près des deux tiers de la quarantaine de missions envoyées vers Mars à ce jour se sont soldées par des échecs), de fuites d’air des habitats ou des combinaisons qui sont conçues de telle façon qu’elles laissent fuiter de l’air aux jointures.
– Certains microbes, dits extrêmophiles, pourront résister longtemps aux conditions martiennes, au moins à l’état de spore. Le microbe Chroococcidiopsis par exemple est capable de résister à une grande amplitude thermique ainsi qu’à une certaine dose de rayons ionisants.
– On ne peut pas exclure à ce jour l’existence d’habitats à la surface de Mars, je dis bien surface : de nombreuses idées d’habitats en surface sont envisagées par les scientifiques. (voir http://robertinventor.com/booklets/presentdaymarshabitats.html)
– Mars est un système connecté avec son atmosphère et ses tempêtes de poussière. Nos microbes finiraient nécessairement par se retrouver dans les éventuels habitats à la surface de Mars, où ils pourraient rétablir leur métabolisme ! Il a été démontré que certaines cyanobactéries, placées dans une chambre recréant les conditions à la surface de Mars (même composition et pression atmosphérique, température, radiations, etc.) et en partie à l’ombre avaient pu non seulement survivre mais aussi rester actif et photo-synthétiser, en absorbant l’eau de l’atmosphère (il y a 100% d’humidité relative la nuit sur Mars) ! (voir http://www.dlr.de/dlr/en/desktopdefault.aspx/tabid-10081/151_read-3409/year-all/#/gallery/5671)
– Nos microbes pourraient aussi alors se mêler et/ou détruire la vie martienne présente, les restes de vie passée, ou des traces de chimie prébiotique (vie en devenir)
Or on ne peut exclure que la vie martienne passée ou présente ressemble à la vie terrestre et même en descende (via panspermie). Dans un tel cas, le plus probable est que la vie martienne soit cousine de nos archéobactéries. Et le problème est que déjà sur Terre on n’a pu identifier et séquencer le génome que d’une infime partie du monde microbien. Certains microbiologistes estiment qu’il existe des milliers de milliards de types différents de microbes, dont 99,999% n’ont pas à ce jour été identifiés ! Seules 10 millions d’espèces de microbes ont été cataloguées sur au moins un millier de milliards, dont 100,000 ont pu être séquencées génétiquement, soit 0,00001% du grand total ! Et encore moins, 10,000, ont pu être cultivées en laboratoire. Donc en cas de mélange, il y a un grand risque qu’on ne puisse pas faire le tri, pourquoi le prendre ?
– Et on ne peut exclure non plus que nos microbes s’en prennent à la vie martienne présente ou passée, directement ou indirectement (elle n’a pas besoin d’avoir co-évolué avec elle pour cela comme beaucoup pensent à tort), la détruisant, compliquant notre chance unique d’étudier une planète si proche qui a connu des océans liquides pendant plus d’un milliard d’années !
D’autres objections existent (1. on a déjà contaminé Mars avec les microbes apportés par nos robots & 2. Mars reçoit de toutes façons des météorites en provenance de la terre. Donc des transferts de mircrobes ont déjà eu lieu, donc on ne prend pas de risque supplémentaire en y envoyant des hommes). Ces objections ne résistent pas à l’analyse, je les traite en détail sur ce site : Pourquoi Elon Musk ne doit pas envoyer l’Homme sur Mars : http://www.pourquoi-elon-musk-ne-doit-pas-envoyer-l-homme-sur-mars.com/
Certains reconnaissent ces risques, mais expliquent qu’ils valent la peine d’être pris compte tenu de ce qu’on a à gagner à aller sur Mars. Cinq raisons sont le plus souvent citées :
– Pour accélérer la recherche scientifique, les Hommes seraient plus efficaces que les robots, ça ferait plus que compenser les risques encourus
– Pour se donner un défi technologique vraiment inspirant qui produira son lot de nouveaux scientifiques, ingénieurs et inventions dont le monde entier profitera
– Pour jeter les fondations d’une nouvelle civilisation qui, du fait de l’éloignement de la Terre, saura rapidement s’affranchir des pesanteurs terrestres (au sens propre et figuré) et des vieilles idéologies pour mieux construire un monde neuf, un nouveau front pionnier que pourront rejoindre les plus audacieux. Un nouveau monde façonné par le pragmatisme et l’ingéniosité qui ne tardera pas à revitaliser l’ancien.
– Pour la survie de l’Homme : L’humanité serait à la merci à plus ou moins long terme de différentes menaces comme une guerre nucléaire, ou des cataclysmes venus de l’espace, au premier rang desquels un astéroïde qui viendrait percuter la Terre. Il faudrait donc « sauvegarder » l’espèce humaine dans l’espace et faire de l’Homme une espèce « multi-planétaire » au plus vite. C’est la raison notamment invoquée par Elon Musk ou encore Stephen Hawking.
– Pour l’aventure et le spectacle : une telle expédition aurait vite fait de capturer l’imagination du public, ce serait une belle histoire que beaucoup auraient envie de suivre. Après tout, le premier « moon landing » avait été suivi en direct à la télévision par près de 600 millions de personnes, un record vu le taux d’équipement à l’époque. L’aventure, c’est l’autre raison citée par Elon Musk. C’est aussi celle sur laquelle l’équipe Mars One espère pouvoir compter pour financer son projet. On se souvient de Stratos, ce finalement « modeste » saut dans le vide à 39km d’altitude depuis la stratosphère, sponsorisé par Red Bull, qui avait malgré tout suscité un élan incroyable, et été couvert en direct par de nombreuses chaînes d’information.
Toutes ces raisons sont spécieuses, j’explique pourquoi en détail, point par point sur le site Pourquoi Elon Musk ne doit pas envoyer l’Homme sur Mar : http://www.pourquoi-elon-musk-ne-doit-pas-envoyer-l-homme-sur-mars.com/
Par contre, aucune contre-indication à aller sur la lune ! Elle dispose de caves immenses de plusieurs km de longs, assez large pour y construire des villes immenses, protégées en sous-sol des rayons cosmiques et solaires. De l’eau existe ds certains cratères aux pôles, on peut aussi produire de l’énergie solaire en continu en pôles, les rayons solaires les rasant presqu’en continu…
Merci Thomas de vos commentaires. Ils sont à l’évidence fondés sur une bonne connaissance du sujet, bien détaillés et bien argumentés. Je les comprends mais ne partage pas certaines de vos analyses et certains de vos raisonnements, ni votre conclusion.
Je crois d’abord que l’on doit sortir la Lune des destinations prioritaires. La Lune ne présente pour les Terriens que l’avantage de la proximité mais il serait beaucoup plus difficile d’y vivre que sur Mars, sur le long terme. En effet la gravité est extrêmement faible et si l’on peut, peut-être, s’adapter à la différence entre la gravité terrienne et la gravité martienne, il me semble encore plus difficile de s’accoutumer à une gravité lunaire moitié moins forte. Dans ce champ très faible, comment pourraient se comporter les organes de nos corps humains après plusieurs années ? Les autres difficultés qu’il faudrait affronter sont la durée du jour (14 jours de nuit sur la Lune sont quand même beaucoup plus difficiles à vivre qu’une fraction de 24h39 sur Mars), la quasi absence d’eau (les quantités en surface sur la Lune sont infimes à part dans quelques très rares cratères profonds aux pôles), l’absence d’atmosphère (sur Mars il y en a quand même un peu, pour donner une certaine protection contre les radiations et pour permettre d’accéder assez facilement au carbone et à l’oxygène qu’elle contient). Par ailleurs la minéralogie de la croute lunaire est beaucoup moins riche que celle de Mars.
Pour ce qui est du risque de contamination planétaire (backward ou forward) je crois que vous êtes trop pessimiste. Je suis tout à fait conscient du risque microbiologique mais les microbes apportés par les hommes auront le plus grand mal à prospérer en surface de Mars (rayons ultraviolets, radiations solaires en général, radiations galactiques) même si elles peuvent y subsister à l’état de spores pendant très longtemps.
Pour ce qui est des microbes martiens, je conçois fort bien qu’il puisse y avoir eu de la vie sur Mars mais cette vie est très discrète aujourd’hui. Elle a peut-être disparu compte tenu des conditions environnementales très dures. En tout cas en surface elle doit être très peu active sinon inexistante (absence de rejets métaboliques clairement identifiables). Je ne vois pas bien comment on ne pourrait pas la distinguer de la vie terrestre car elle a eu une histoire très différente avec des mutations sélectionnées en fonction d’une histoire planétologique très différente de la nôtre. Par ailleurs, plutôt que d’imaginer des procaryotes martiens ayant migré sur Terre, s’il y a eu vie, il est plus probable qu’une évolution prébiotique ait conduit localement à quelque chose qui ressemble à nos procaryotes mais construite avec des éléments différents. Pourquoi les acide aminés, les sucres, les bases azotées seraient-ils les mêmes ? Pourquoi les membranes cellulaires seraient-elles constituées des mêmes phospholipides ? A mon avis la différence se verra à la première analyse phylogénétique.
Je ne pense pas comme vous que les astronautes risquent grand-chose en surface de Mars et leur arrivée nous donnera l’opportunité de faire de véritables analyses biologiques d’échantillons. Pour ce qui est du risque de contamination backward (des Terriens par les microbes martiens) je crois que la durée du séjour et du voyage de retour constitueront une période de quarantaine suffisante pour être sûr qu’aucun organisme martien ne se soit introduit dans un organisme humain et lui ait porté préjudice.
Enfin sur les motivations, je pense que l’intérêt de créer un conservatoire des espèces terrestres, de l’espèce humaine et de la civilisation terrestre, est suffisamment puissant pour justifier l’effort de s’installer dans ce monde certes hostiles mais à portée de nos moyens technologiques.