«Seul sur Mars» de Ridley Scott mérite-t-il vraiment tous les éloges?

Mercredi 7 octobre sort Seul sur Mars, un film de Ridley Scott d’après le roman d’Andy Weir, avec Matt Damon en acteur principal.

C’est une belle histoire dans l’espace… de laquelle la vraie Mars est largement absente.

Le film a des qualités et aussi des défauts. Je vais d’abord parler des défauts, pour me soulager des sentiments négatifs qu’ils m’ont inspirés et qui ont quelque peu gâché mon plaisir. Le manque de documentation et beaucoup d’incohérences, en fait beaucoup de négligence et de manque de sérieux, nuisent à cette histoire. Il semble, comme c’est hélas souvent le cas, que l’auteur ait recherché le spectaculaire sur fond martien mais qu’il ne se soit vraiment intéressé qu’à l’astronautique (magnifique vaisseau spatial) et à une certaine ingénierie, très peu à Mars. On a en fin de compte un film d’aventure dans l’espace alors qu’on aurait pu avoir, aussi, la découverte d’un monde nouveau dans toute sa vérité, sa complexité et sa richesse. C’est bien, parce que l’histoire a du «souffle», mais ce n’est pas assez et c’est dommage!

Lire aussi la critique du Temps (LT du 26 septembre 2015)

D’abord il est invraisemblable que la base martienne soit détruite par un ouragan. Il y a des vents très rapides sur Mars mais ils ne sont pas forts. Ils peuvent atteindre aisément 200 km/h mais, l’atmosphère étant très ténue, un tel vent ne serait ressenti que comme une douce brise de quelques 20 km/h. L’auteur aurait pu se renseigner sur ce «détail» qui prend une importance énorme dans l’histoire.

Ensuite on ne peut pas dire que la région d’Acidalia Planitia où est implantée la base d’Arès 3 (dont les coordonnées sont de plus, très précises) soit une vaste étendue plate (ce qu’elle est) et nous montrer un paysage très accidenté, genre Monument Valley. Il n’était quand même pas difficile de se référer aux images du relief martien que nous avons maintenant très nombreuses (notamment les photos de la caméra HiRISE sur l’orbiteur MRO dont la résolution est de 30 cm par pixel). A ce propos, la photo ci-dessous se situe sur les bords d’un cratère de Meridiani Planum (les aiguilles de roche au deuxième plan ne font que 2 à 3 mètres de hauteur).

IDL TIFF file
Cratère Spirit of Saint-Louis, photographié par le rover Opportunity (Nasa/JPL-CalTech)

Le fait que le différentiel de pression  soit très important entre les locaux viabilisés et l’extérieur (quelques 700 millibars / 0.7 millibar) est à la fois vu et ignoré ; vu lorsqu’il s’agit d’évoquer des accidents de dépressurisations mais ignoré dans le dessin des volumes des véhicules ou de l’habitat. Ceux-ci devraient être sphériques ou très arrondis. Les angles sont des points faibles qui facilitent les ruptures. Il y en a beaucoup trop dans le film. On n’isolera pas non plus de l’extérieur un volume habitable par un film de plastique tenu par du scotch!

Autre point faible, les cultures. On savait, lorsque le livre a été écrit et le film tourné, que le sol de Mars était couvert de sels de perchlorates. On en a trouvé sur le site de Viking, puis sur celui de Pathfinder et sur celui de Curiosity ; les fameuses coulées saisonnières dont la NASA a beaucoup parlé le 28 septembre, sont aussi des saumures de ce sel. On ne pourra donc faire des cultures dans le sol martien qu’après l’avoir soigneusement nettoyé de cet élément chloré très agressif à l’encontre des molécules organiques.

L’importance des masses

Un des problèmes bien connus des séjours sur Mars est la faible protection de la surface contre les radiations en raison de la faible quantité d’atmosphère et de l’absence de magnétosphère. Certes les radiations ne sont pas plus dangereuses sur Mars qu’à bord de l’ISS (à la différence de l’espace profond) mais on cherchera à s’en protéger et on établira des écrans de protection au-dessus et autour des habitats. Ce problème est totalement ignoré et l’habitat est même doté d’un toit en verrière tout à fait improbable.

Je trouve bizarre qu’à une époque où l’on fait très attention aux dépenses, les premières missions martiennes habitées décrites dans le film soient si généreuses avec les masses utilisées. Pour mener à bien ces missions l’économie de masses sera clef et dans ce roman et ce film, il semble que ce ne soit pas un problème. Et bien si, c’en est un, très important! On apportera un minimum de masse et on utilisera largement l’impression 3D qui permettra de fabriquer sur place, à partir du sol martien, la plupart des structures et objets volumineux. Rien de tel n’est suggéré ici.

Les astronautes après avoir installé la base “Arès 3” dans Acidalia Planitia décident d’aller implanter la même infrastructure, “Arès 4”, dans le cratère Schiaparelli, distant de 3200 km. Ce n’est pas raisonnable ! Lorsqu’on aura, avec de grandes difficultés, créé un environnement habitable, on cherchera à le réutiliser. Pour explorer Mars, ce qui compte c’est d’être sur Mars et de pouvoir commander des robots en temps réel partout sur la planète à partir de la surface de Mars, pas de s’installer ici et là.

Et la pollution?

Après être arrivé sur Mars, on aura le choix entre repartir dans le délai d’un mois ou de rester dix-huit mois au sol compte tenu de la position respective des planètes. Il est étonnant que cette histoire qui se passe dans un contexte ou il y a suffisamment de vivres pour un très long séjour hors de la Terre et où l’on peut cultiver le sol martien, n’envisage pas une mission de dix-huit mois sur place. La rentabilisation d’un voyage aussi coûteux l’imposera.

D’ailleurs pourquoi n’envisager le retour du «cycler» (navette) Hermès qu’après quatre années alors qu’il doit rentrer sur Terre suffisamment tôt pour permettre un nouveau départ lors de la fenêtre de tir suivante (26 mois) ?

…et je ne parle pas de la pollution induite par toute cette histoire. Le héros s’en moque totalement!

Ceci dit.

Les couleurs martiennes (ocre rouge) sont belles, les impressions de solitude et d’éloignement sont bien rendues, le vaisseau spatial Hermès est magnifique, digne de la roue de 2001 Odyssée de l’Espace. L’image de la jolie commandante Melissa Lewis volant dans l’axe centrale du vaisseau, restera comme un des plus beaux moments des films du genre. La nécessité d’équiper le vaisseau avec une centrifugeuse pour créer une gravité artificielle pendant le vol n’est pas oubliée. Et surtout, pour la première fois, il n’est pas question de petits hommes verts ni d’intervention surnaturelle. C’est un très gros progrès pour l’imaginaire des Terriens.

Enfin l’histoire est forte. Elle nous dit que l’Homme doit aller sur Mars s’il choisit l’expansion, l’ouverture, l’aventure, l’avenir au lieu de céder à sa frilosité, à ses peurs et accepter sa mort. Seul sur Mars est l’histoire  d’hommes qui ont choisi la première voie, d’hommes qui refusent de renoncer, pour oser et pour faire. C’est l’histoire d’individus qui se «prennent en main» et qui dans des situations difficiles, ne subissent pas mais décident. C’est pour cela que le film est beau, lumineux et porteur d’espoirs. C’est pour cela qu’il faut aller le voir nous-mêmes et encourager nos jeunes à le faire, pour leur montrer que la vie qui mérite d’être vécue est avant tout une affaire de liberté, d’initiatives et de prises de responsabilités.

A écouter aussi: «Seul sur Mars passé au crible de la science», émission CQFD du 7 octobre, RTS la Première

 

Photo de une tirée de Seul sur Mars © 2015 Twentieth Century Fox.

Pierre Brisson

Pierre Brisson, président de la Mars Society Switzerland, membre du comité directeur de l'Association Planète Mars (France), économiste de formation (Uni.of Virginia), ancien banquier d'entreprises de profession, planétologue depuis toujours.

20 réponses à “«Seul sur Mars» de Ridley Scott mérite-t-il vraiment tous les éloges?

  1. Je n’ai pas encore vu le film,malgré ces oublis et ces erreurs, ce sujet passionne de plus en plus de monde,
    la majorité des gents se sentent consernés et très attirés par cet inconnu qu’est l’espace.
    Grand merci à tous c’eux qui apportent leur pierre à l’èdifice pour faireun pas dans
    L’EMERVEILLEMENT DE L’INFINIMENT GRAND

    R.Oliva

  2. La NASA a récemment admis n`avoir pas stérilisé son robot avant de l`envoyer sur Mars, ceci a la fois pour cause de difficulté technique (voir plus bas) et de limitation budgétaire. D`autre part, la présence d`eau sur la planete étant désormais avérée, on ne peut plus exclure d`emblée l`existence d`une vie au-moins bactériologique; si cela devait etre le cas et si vraiment -comme l`a dit admis récemment la NASA- une stérilisation fiable n`est possible que par le moyen de hautes températures qui sont incompatibles avec une électronique de pointe, comment diable va-t-on faire pour envoyer des humains, compte tenu de l`électronique nécessaire a leur survie et aussi du fait qu`il parait difficile des lors de résoudre le probleme de la décontamination des scaphandres (remplies d`électronique) avant et apres chaque sortie?

    1. La vie martienne que l’on peut envisager est, à mon avis, au mieux, une vie de niveau bactériologique. Les conditions martiennes sont trop dures depuis trop longtemps pour que l’évolution ait pu être rapide et considérable. Elle a pu commencer en surface à l’époque où elle a commencé sur Terre (vers -3.5 milliards d’années) et se poursuivre en sous-sol, là où l’eau liquide a subsisté.
      Il ne faut certes pas risquer de détruire cette vie, si elle existe. Mais je pense que les précautions de la NASA sont exagérée. Les radiations solaires et galactiques et la présence de perchlorates ne laissent pas beaucoup de “chances” à la vie en surface. D’autre part un organisme vivant martien aurait une histoire propre conservée dans ses gènes et ne saurait être confondu avec un organisme terrien.
      Reste le risque de contamination d’un organisme terrien par un organisme martien en sous sol proche ou remonté exceptionnellement en surface. A priori la confrontation serait un peu comme celle d’une poule rencontrant un couteau. Ceci dit on n’est sûr de rien. Les organismes martiens peuvent avoir une agressivité aiguisée par des conditions environnementales extrêmes qui pourraient faciliter leur capacité de prélever (presque) n’importe où des éléments chimiques qui leur seraient utiles (des molécules de carbone par exemple). Il serait donc utile de faire des examens bactériologiques du sol martien et des tests avant d’envoyer des hommes sur la planète rouge.

  3. Merci pour cette réponse pleine de bon sens monsieur Brisson mais qui me conserve intact l`impression qu`il est irresponsable de continuer a envoyer ne serait-ce que des machines sur d`autres planetes tant que la connaissance des mécanismes d`apparition et de maintien de la vie n`aura pas plus évolué, ceci dans l`intéret de la protection de notre espece et de celle de formes de vie extra-terrestre éventuelle.

    1. Je pense quant à moi que l’intérêt de la connaissance nous impose d’envoyer des machines sur Mars pour étudier et pour comprendre. On peut très bien mener des examens bactériologiques poussés avec des machines que l’on enverra sur Mars. Il est aussi possible que l’évolution sur Mars n’ait pas conduit jusqu’à la vie et il serait passionnant de savoir jusqu’où et pourquoi le processus n’a pas abouti. Je dis cela car plus on avance dans la connaissance de la vie terrestre plus on peut s’émerveiller de ce qu’elle résulte d’un concours de circonstances qui semble difficilement reproductible.

      1. Pour ce qui est de la compréhension de la vie, on est encore dans le domaine des hypotheses car les recherches en la matiere sont bien moins financées que celles immédiatement utiles économiquement ou militairement. Cela dit, l`homme est un etre au moins aussi curieux que le chat et c`est probablement votre point de vue qui l`emportera, avec les risques inhérents… a moins peut-etre qu`une espece intelligente technologiquement supérieure et plus sage n`y mette son grain de sel avant.

  4. Bonjour,
    Au sujet de la vraisemblance, vous l’avez dit, il s’agit d’un film sur des êtres humains, pas un film sur Mars. Mars c’est le décors comme Monument Valley était le décors des films de John Ford. Cela dit les grosses invraisemblances crasses (la tempête par exemple) devraient tout de même être évitées… mais l’histoire, comme toute bonne histoire, avait besoin d’un élément déclencheur et dans un monde aussi figé que Mars, il fallait ma foi l’inventer…
    Vu autrement, l’envoi d’humains sur Mars est déjà une invraisemblance en soi, scientifiquement parlant cela ne ferait aucun sens surtout au des avancées de la robotique. On en revient donc à un objectif réel soit géopolitique et/ou de politique intérieure, donc du spectacle, et du coup tant qu’à faire autant y aller à fond dans le spectacle.

    1. Sur la vraisemblance, je suis d’accord avec vous, sauf que l’événement déclencheur aurait pu être quelque chose d’acceptable, comme par exemple un accident de dépressurisation ou un incendie.
      En ce qui concerne le besoin d’envoyer des hommes sur Mars, je ne suis pas d’accord avec vous. Je pense d’abord que la commande en temps réel des robots d’exploration aurait un grand intérêt du point de vue de leur efficacité. Par ailleurs, je pense que nous devrions nous installer sur Mars pour la satisfaction que l’on tirerait de survivre puis plus tard de prospérer dans un environnement nouveau, difficile et stimulant. En d’autres termes, je ne pense pas que l’espace soit simplement un domaine de recherche scientifique (planétologique, géologique, exobiologique) et j’espère qu’un jour des établissements humains pourront acquérir leur autonomie en dehors de la Terre. Pour moi la motivation d’essaimer en dehors de la Terre est aussi importante que la motivation « recherche ».

      1. Bonjour,
        Tout d’abord je vous remercie d’avoir pris la peine de répondre à mon post. Depuis mon premier post j’ai vu le film et, pour revenir brièvement sur la vraisemblance, je comprends maintenant les choix des scénaristes : Le film a beaucoup trop à raconter pour les 140 minutes qu’il dure, les scènes sont malheureusement souvent expédiées à la va-vite. La tempête réglait d’un coup les causes de l’accident et l’impossibilité pour l’équipage de savoir ce qu’il est advenu du héros.

        J’aimerais revenir sur l’intérêt de l’exploration humaine de Mars – voire de sa colonisation comme vous le suggérez. Premièrement quelle est la vraie nature de cet intérêt ? De votre part je ne m’attends pas à un argument tel que “nous sommes en train de ravager notre Terre, il nous faut une terre d’exil”. Même sérieusement ravagée, notre Terre restera infiniment plus hospitalière et facile à (re-) coloniser que Mars. Un intérêt relevant du “rêve colonisateur humain” ? Voyezc e qu’il reste à faire sur Terre pour que chaque humain ait un niveau de vie acceptable. Compte tenu des coûts gigantesques qu’aurait une permanence humaine sur Mars, cela me semble irresponsable d’allouer un tel budget à cette cause non indispensable plutôt qu’aux urgences terrestres. Quant à l’intérêt scientifique je ne peux que le mettre en doute : la robotique et l’IA font de grands progrès et un “coaching” ponctuel et en différé depuis la Terre doit permettre de superviser le travail des robots. Si challenge scientifique passionnant il y a, je le vois là, dans la conception puis l’exploitation desdits robots.

        1. D’accord avec vous pour dire que la Terre même très dégradée restera relativement hospitalière par rapport à Mars.
          Les urgences terrestres sont un argument souvent invoqué pour ne pas gaspiller nos ressources dans le but de « simplement » créer une implantation humaine sur Mars. Je pense que l’un n’exclut pas les autres. Il y a très longtemps que l’on s’efforce de résoudre nos problèmes sociaux et politiques et, sans être pessimiste, on peut dire que la concrétisation du rêve de l’harmonie et du bonheur sur Terre n’est pas encore pour demain. Je ne pense donc pas que l’on doive pour autant abandonner tout autre projet. D’ailleurs, tout au long de l’histoire de l’humanité, même dans les périodes les plus noires, tout le monde n’a pas poursuivi les mêmes buts. Il y a eu des richesses artistiques et des découvertes scientifiques bénéfiques à l’humanité générées même pendant les guerres.
          Quant au coût, on voit circuler les chiffres les plus variés et les plus fantaisistes. Il est difficile évidemment de chiffrer une colonisation de Mars et celle-ci ne sera possible sur le long terme que si les habitants gagnent progressivement en autonomie en utilisant les ressources locales (il y en a). Mais, en ce qui concerne l’exploration par vols habités, nous pensons que les coûts ne devraient pas dépasser 100 à 150 milliards de dollars sur une quinzaine d’années (le budget actuel de la NASA est de 17,6 milliards par an). Il y a d’autres projets moins utiles que celui-ci, me semble-t-il, dans lesquels des sommes comparables sont investies, d’autant que les recherches faites pour mener celui-ci à bien, pourraient être porteuses d’innovations utiles pour ceux qui resteront sur Terre (recyclage des déchets par exemple).
          Pour conclure on peut faire certes de grande chose avec les robots (quoique l’absence de contrôle en temps réel pose quand même problème) mais installer des hommes sur Mars serait une déclaration d’intention signifiant que l’espèce humaine n’est pas confinée à son lieu de naissance. Pour moi, ce n’est pas rien.

          1. Je pense que bien plus que Mars, notre objectif comme humain est de conquerir de nouveaux territoires car c est dans notre ADN. L homo sapiens s est lancer a la conquete de la terre il y a 150 000 ans. Je pense que tot ou tard la pression demographique d une part et le manque de ressources nous obligeras a regarder vers l espace et developper des projects de conquetes et colonisations. A la difference des annes 60, la NASA n est plus seul car tants les europeens comme les chinois, les japonais sans oublier les Russes auraient leurs mots a dire. Les societes privees egalement. Je pense que sans aller tres loin, nous avons dans notre systeme solaire d autres candidats que Mars , comme Titan qui a la difference de Mars possede une atmosphere qui peut solutionner les problemes de radiations solaires, bien que froide et remplie d eau. Nous avons une relation affective avec Mars, mais coloniser cette planete nous obligerais a une terraformation , longue, tres longue et tres couteuse. Il est bien dommage que l elan des annees 60, s est brise ce qui explique que la motivation etait mue para l afrontement entre les deux blocs de la guerre froide et non pas une reelle volontee d aller dans l espace. Ceçi etant dit que se soit Europe, Titan, ou Mars, le principal est de commencer a plancher sur des projects a long termes en introduisant les nouvelles avances technologiques, dans la nanotehcnologie, les materieaux, la medecine ect…

          2. Je pense que, en matière de missions habitées, il faut procéder par ordre. Mars est accessible et il serait moins difficile d’y vivre que sur n’importe quelle autre planète. Laissons les autres planètes aux missions robotiques. Mettre le pied sur Mars serait déjà beaucoup et suffisant comme première étape.
            En ce qui concerne la terraformation, je ne pense pas qu’elle puisse être sérieusement envisagée (trop longue, trop coûteuse) ni même qu’elle soit souhaitable et nécessaire. Des colonies humaines pourraient vivre sur Mars dans des bulles aménagées pour être habitables.

  5. Pour ce qui est de la fameuse tempete du film (que je n`ai pas encore vu), la pression atmosphérique étant relativemnt tres faible par rapport a celle de la terre, il est vrai que la force per se d`un vent de plus de cent km/h est relativement faible mais… les tempetes sur Mars soulevant beaucoup de sable, n`est-ce pas a cent km/h qu`un vent de cette vitesse va balayer les fines particules de sable?

    1. L’effet du vent sur les particules de poussière sera le même que sur un habitat ou un astronaute, très faible. Le vent pourra certes soulever la poussière mais il manquera de force pour transporter les particules les plus lourdes à grande vitesse. Plus les particules seront fines, meilleure sera la portance et meilleure la vitesse de déplacement. Mais des particules très fines se déplaçant très vite auront un impact très limité du fait de leur finesse.

      1. Cela parait logique mais il parait logique aussi qu`une infinité de particules a faible masse ont un impact continu; la force résultante de cet impact continu est-elle en rapport avec la faible masse des particules ou celles-ci ne se comportent-elles pas plutot comme une “vague” déferlant a haute vitesse? Cela dit, voila encore un probleme technique probablement non-résolu: comment protéger durablement les parties articulées des scaphandres contre l`effet d`abrasion de tres fines particules?

        1. La vague que vous évoquez existe bien mais le vent est si faible que les seules particules qu’il est capable de porter et de pousser sont de masse extrêmement faible. Les autres particules ne bougent pas. Une autre erreur du film de Ridley Scott est d’ailleurs de montrer la base martienne après la tempète ou le rover pathfinder, enterrés sous la poussière. Non, les volumes transportés constitués de particules très nombreuses mais très petites, ne constituent qu’un très faible volume. Pour voir la différence d’effet entre le vent martien et le vent terrestre, il faut comparer le vent terrestre avec la force de l’eau qui se déplace. L’eau “emportera tout sur son passage”, le vent seulement ce qu’il pourra soulever et pousser.

  6. Je suis enthousiasmé par ce beau film. Oui il y a des incohérences (survivre à une dépressurisation du casque et un niveau d’oxygène de 0% est le rêve de tout pompier …) mais il y a beaucoup de positif: le plus important à mon avis étant que les connaissances, la réflexion et l’intellect sont à la base de la survie ! Pas la force. Ce que l’on apprend par un cursus…. scolaire (chimie, informatique, maths, physique, biologie).
    C’est un beau message pour nos enfants.

  7. Bonjour,
    Je viens de voir le film et de lire vos commentaires bien intéressants. Il me semble qu’il y a une invraisemblance dans le scénario. Lorsque l’équipage décolle, ce doit être dans une navette qui va rejoindre le vaisseau en orbite, même principe que LEM/Apollo lunaire. Si c’est bien le cas, depuis le vaisseau en orbite et la tempête apaisée, l’équipage ne pourrait-il pas observer la base un certain temps pour s’assurer qu’il n’y a plus de signe de vie ? Peut-être cela est-il fait dans le roman mais serait coupé dans le film ? Et si oui, dans l’éventualité d’un vraie mission martienne future de cette ampleur, une navette allant du vaisseau Hermès au sol martien n’aurait-elle vraiment la possibilité que d’un seul aller au sol, puis retour au vaisseau ?
    Ultérieurement on voit que la NASA voit la base et les changements qui s’y s’y sont opéré depuis ses satellites en orbite autour de Mars. L’astronaute Robinson chevronné ne peut l’ignorer : aurait-il pu écrire dans le sable H E L P ou S O S pour signaler qu’il est en vie ? Mais il est vrai que cela n’aurait pas servi à grand chose pour le tirer d’affaire, à vrai dire et à la réflexion….
    Quoique… on pourrait concevoir que le vaisseau Hermès n’est pas si pressé de rentrer puisque la mission au sol a été de toute façon écourtée. Son équipage pourrait donc se donner le temps de la réflexion. Il ne peut que connaitre l’existence des satellites d’observation, même s’il n’a pas accès à leurs données. Hermès aurait donc pu demander à la NASA d’observer et de les informer. Ainsi, si Watney avait écrit un SOS dans le sol et si la navette avait été capable de refaire un aller/retour, il aurait pu être facilement sauvé par ses coéquipiers en quelques jours.

    1. Merci de vos réflexions intéressantes et pertinentes.
      Je ne pense pas que le vaisseau de liaison (sol de Mars / vaisseau interplanétaire) puisse être utilisé plusieurs fois. En effet la montée vers l’orbite aussi bien que la descente, consomment énormément d’énergie (chimique). Le problème général du transport spatial est dominé par la gestion la plus économe possible de la masse, du volume (et du temps). C’est pour cela que les seuls projets réalistes de missions habitées prévoient la production sur le sol martien des ergols nécessaires au retour sur Terre, c’est à dire essentiellement à la remontée en orbite martienne.
      Concernant les observations à partir du vaisseau interplanétaire, vous avez raison, les astronautes ayant fui la tempête, auraient pu observer davantage le sol avant de repartir vers la Terre mais y avait-il déjà des traces identifiables comme changement(s) après le bouleversement subi? Ceci dit je suis étonné que le retour soit entrepris immédiatement. En effet on ne peut partir à n’importe quelle date d’une planète vers l’autre. Il faut impérativement respecter les contraintes qu’imposent la position respective des planètes. Il y a des “fenêtres” pendant lesquels un voyage optimal (je dirais raisonnable) existent. Ces fenêtres se répètent tous les 26 mois et ne durent que quelques semaines. Ne pas respecter les fenêtres impliquent tous simplement des impossibilités techniques (quantité d’énergie, masse d’énergie et durée du voyage). L’astronautique c’est comme de l’horlogerie; on peut faire certaines choses et pas d’autres.
      Alors peut-être que le retour supposé vers la Terre intervient juste après l’arrivée en orbite de Mars, ce serait possible même si la trajectoire de retour immédiat implique de grandes difficultés (passage au niveau de l’orbite de Vénus, arrivée près de la Terre à vitesse élevée).

      1. Cher Monsieur Brisson, 1000 mercis de votre réponse et de votre éclairage, c’est une joie d’apprendre.

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