Depuis ce matin, la Genève culturelle a retrouvé une forme de dignité : le célèbre cinéma « Le Plaza » vient d’être sauvé d’une démolition que d’aucuns voyaient comme une issue inévitable.
C’était sans compter sur une formidable mobilisation de milieux aussi divers qu’engagés. Depuis plus de quinze pénibles années, on n’a pu qu’enregistrer un manque d’engagement des instances publiques comme résignées face une approche juridique du dossier. De manière plus générale, on constate qu’une décennie s’est écoulée dans un silence sur une situation qui aurait mérité des ponts entre l’administration, le public et le privé. Il a fallu attendre que sorte dans la Feuille des avis officiels, en février 2015, l’annonce de l’autorisation pour la destruction du « Plaza », pour que l’on réalise au grand jour tout le chemin parcouru secrètement par les acteurs d’un projet immobilier de mauvaise tenue et que sonne la mobilisation.
Ce qui aurait dû se traiter comme une « raison d’Etat » s’est fort heureusement achevée par la sauvegarde de ce joyau de l’architecture de l’après-guerre grâce à l’intervention financière d’une fondation privée. Ce qui aurait pu se terminer comme une tragédie grecque avec ses félons, ses héros et son chœur d’indifférents, voit aujourd’hui se dessiner un avenir radieux pour cette salle magnifique qui accueillera à nouveau un public cinéphile dans un futur que l’on espère proche.
Depuis ce matin, la Genève sociale a retrouvé une forme de dignité : le célèbre cinéma « Le Plaza » va revenir à la population. Ce bien commun d’une valeur nationale que Marc-Joseph Saugey avait conçu dans un esprit de convivial et d’échange et dont les spectateurs investissaient. Gageons que l’on pourra bientôt réinvestir ce lieu dans une approche certes contemporaine mais peut-être encore emprunte de cette belle époque insouciante.
La Fondation Hans Wilsdorf a mis au centre de son projet le classement de cet espace iconique au patrimoine bâti du canton, ce qu’une décision de justice orientée sur la seule notion de la rentabilité avait réussi à faire échouer en 2011. Il s’agit d’une action citoyenne du monde privé qui fait un bel écho à l’effort de tous les genevois qui ont, par leurs 11’500 signatures, validé un intérêt qui dépasse le cadre de celui défendu par les milieux du patrimoine.
Depuis ce matin, j’ai retrouvé une forme de dignité : un incommensurable remerciement à tous ceux, géant de la création horlogère ou modeste citoyen, qui ont oeuvré à ce joyeux dénouement.
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Bravo, on les critique toujours, mais ils sont pas mal du tout, ces jeunes Geneuuuvois!
Si un jour, je reviens en Suisse (quien sabe), je vais aller habiter aux Paquis 🙂
(Ce Kino est à la porte, avant le pont, je l’ai reconnu, j’y ai même acheté une montre en attendant une amie au toubib)
Je suis surpris par la lecture de cet article, qui parle de “ce joyau de l’architecture d’après-guerre”… et d’autres termes aussi éligieux.
Si les mots ont un sens, “joyau” voudrait dire bijou, merveille, exceptionnel, etc. Or cet ensemble d’immeubles le long de la rue du Cendrier sont tout sauf exceptionnels. Ils ne s’intègrent ni dans le paysage, ni dans l’histoire du quartier. Se voulant sans doute comme un phare à l’entrée de la rue Chantepoulet, ces immeubles de bureaux décatis, ne présentent aucun intérêt, ni dans leur forme, ni dans leur matière, ni dans leurs couleurs.
Je sais que les yeux ne voient pas tous les mêmes réalités, mais j’ai eu beau passer et repasser pendant des années devant le Plaza, et à chaque fois ou presque, je me suis demandé ce que faisait cet immeuble (que l’on remarque forcément) à cet endroit.
S’extasier, comme le fait l’auteur, devant cet ensemble d’une grande banalité, me semble déplacé.
Si on décide de mettre les standards de l’architecture aussi bas, au point de parler de “joyau” pour un groupe d’immeubles aussi pauvres, alors il ne faut pas s’étonner que la rue du Rhône soit la rue la plus chère de la ville.
Si le “Plaza” est un “joyau de l’architecture”, mais comment alors doit-on qualifier la place Neuve ou la vieille ville ?
Mais d’ici un siècle, cher Bourdier et si le monde n’a pas coulé d’ici-là, les habitants le verront comme vous voyez les joyaux du Moyen-Age 🙂
Et pour le surplus, amis genevois, vous avez assez de gens bien, sans tomber dans le bolsonaro-trumpo-stauffer, faites-vous confiance, thats it ?
“la Genève culturelle a retrouvé une forme de dignité”. Ce constat est un peu fort et très mal placé. Genève fait beaucoup pour le monde, pour la Suisse et pour les genevois, et ne mérite absolument pas cette marque d’ingratitude. Si les budgets ne suivent plus à cause de la misère sociale qui frappe singulièrement notre Canton, ne blâmez pas les pouvoirs publics. Ecrivez plutôt pour dénoncer “les portes ouvertes” de Genève et l’invasion de la main-d’œuvre étrangère, et la perte d’emploi des contribuables genevois, etc.
Je ne sais pas évaluer l’architecture de cet endroit mais il serait exagérer de lui attribuer un charme fou.