Noël…oh, le vilain Mot!

 « Joyeux Noël à tous ! »

Oups ! Pardon ! Je vous demande pardon. Dans la culture woke, ce variant qui désormais domine la pensée occidentale, le mea culpa est un passage obligé. Mille fois pardon, donc. J’aurais dû écrire :

 « Joyeux Noël à tou·te·s.x.y.ω ! »

Pour les non-initiés, y et ω sont des mutations non encore élucidées. Il n’est jamais trop tôt pour anticiper.

Mais je sens que certain.e.s.x.y.ω  d’entre vous sont encore choqué.e.s.x.y.ω

Ah je vois! C’est le mot « Noël » qui pose problème.  Encore pardon. J’aurais dû écrire :

« Joyeuses fêtes à tou·te·s.x.y.ω  ! »

D’ailleurs, la Commission européenne a cru bon de rédiger un document interne qui contenait une série de recommandations destinées à communiquer de manière « inclusive ». Ce document, adressé aux fonctionnaires de l’institution, préconisait notamment de ne pas souhaiter « Joyeux Noël », préférant la formule « joyeuses fêtes » considérée comme « plus ouverte et plus inclusive pour les personnes qui ne célèbrent pas Noël ».

Eu égard à la vive polémique suscitée par ce texte, notamment au sein du Vatican, la Commission européenne l’a semble-t-il finalement retiré. Elle a peut-être réalisé qu’exclure – toutes les personnes pour qui Noël a un sens – sous prétexte d’inclure celles qui ne le fêtent pas, c’était peut-être digne d’un langage de Shadoks, ces créatures anthropomorphes à l’apparence d’oiseaux rondouillards et au vocabulaire très limité fondé sur quatre syllabes : Ga, Bu, Zo, Meu.

Mais revenons à nos moutons. Que dire, comment s’exprimer à quelques jours de Noël ?

Il y a quelques années, une enseignante dans un collège d’Yverdon-les-Bains décidait de mettre fin à un calendrier de l’Avent. Traditionnellement, tous les jours s’ouvrait une petite fenêtre avec un présent destiné aux élèves. L’une d’entre elles, de confession musulmane, s’était vu interdire par sa mère de recevoir quoi que ce soit en relation avec l’Avent. En conséquence, l’enseignante avait tout simplement décidé de renoncer à préparer Noël, au grand regret de tous les autres élèves.

Fêter Noël dans sa dimension chrétienne semble donc poser un sérieux problème à certaines personnes qui ont oublié les racines mêmes de notre civilisation, profondément inspirée et modelée par l’héritage chrétien dont elle tire ses principales valeurs.

Il y a plus de trente ans, en décembre 1990, j’interviewais pour le magazine Bilan le Sheikh Ahmed Zaki Yamani, alors propriétaire de la marque horlogère Vacheron Constantin. La deuxième guerre du Golfe était en préparation. Après cet entretien, tous les ans, l’ancien ministre saoudien du pétrole avait la délicatesse de me souhaiter un joyeux Noël par courrier postal, en tirant du Coran des passages où il était notamment question de Jésus et de Marie. Cet authentique musulman, aujourd’hui décédé, n’avait visiblement pas la retenue de notre enseignante yverdonnoise à propos de Noël…

Pour conclure, je n’ai aucune peine à vous souhaiter, à toutes et à tous, un

                                                                                   

                                                                                      « Joyeux Noël » !

 

 

Philippe Le Bé

Désormais auteur, Philippe Le Bé a précédemment été journaliste à l’ATS, Radio Suisse internationale, la Tribune de Genève, Bilan, la RTS, L'Hebdo, et Le Temps. Il a publié trois romans: «Du vin d’ici à l’au-delà » (L’Aire),« 2025: La situation est certes désespérée mais ce n’est pas grave » (Edilivre) et "Jésus revient...en Suisse" (Cabédita)