Les jours du Trompeur sont comptés

Ricardo Salles, ministre brésilien de l’environnement du président Jair Bolsonaro estime que son travail consiste plus «à défaire qu’à faire». Dans un récent entretien à la radio Jovem Pan, il fustige les «gouvernements de gauche de ces vingt dernières années» qui ont, selon lui, développé un «appareillage idéologique et bureaucratique (…) freinant le développement économique du pays». Le ministre démantèle une à une les agences étatiques environnementales. «Un arbre, nous le savons désormais, est de gauche», raille l’écrivain Antonio Prata dans une tribune au quotidien Folha de São Paulo.

Autant dire que la destruction de la forêt amazonienne pourrait s’amplifier avec les terribles souffrances des peuples qui y vivent et les conséquences incalculables pour notre planète. Dans le palmarès des crimes d’écocide, Donald Trump est désormais talonné par Jair Bolsonaro et bien d’autres marionnettes à la botte des industries les plus néfastes à l’écologie.

Qui donc, dans l’invisible, tire les ficelles de ces destructeurs de l’humanité? Notre société contemporaine occidentale, gonflée de vaines certitudes, a vite fait d’évacuer le Trompeur, celui qui divise, qui désunit. Pourtant, comme l’écrit malicieusement Charles Baudelaire, «la plus grande des malices du diable est de faire croire qu’il n’existe pas». Au vu du nombre croissant de cinglés ou de cyniques qui dirigent le monde, je suis tenté par le désespoir. Alors, je me plonge à nouveau dans la lecture de mon livre de chevet, Dialogues avec l’ange (Aubier), un récit authentique retranscrit par Gitta Mallasz que j’ai eu le bonheur de rencontrer. Et j’y trouve cette parole des anges: «Le temps du Menteur est fini. Ce qu’il a voulu – la puissance qui lui avait été donnée – lui sera reprise (…) Le mensonge se meurt, ses jours sont comptés.

“Le mal n’existe pas, mais seulement la force non transformée”

C’est Lui qui dit: Assez ! La fin est le commencement. Les démons deviennent de nouveau des Anges. Ecoutez bien! Tout cela, tout ce qui a été annoncé, se passe en vous-même…en vous-même!». Plus loin, une autre parole: «Tu accueilles en toi le mal et tu le transformes en bien. Car le mal n’existe pas, mais seulement la force non transformée».

Voilà peut-être la clé. Les pantins que les peuples élisent ne seraient que les miroirs de leurs démons intérieurs. A quoi bon, dès lors, vouloir les déboulonner si ces peuples ne réalisent pas leur propre transition intérieure? Indispensable expérience, individuelle et collective, sans laquelle serait vaine toute transition écologique et solidaire.

(Trait libre publié dans le dernier numéro d’Echo Magazine du 16 mai 2019)

 

Philippe Le Bé

Désormais auteur, Philippe Le Bé a précédemment été journaliste à l’ATS, Radio Suisse internationale, la Tribune de Genève, Bilan, la RTS, L'Hebdo, et Le Temps. Il a publié trois romans: «Du vin d’ici à l’au-delà » (L’Aire),« 2025: La situation est certes désespérée mais ce n’est pas grave » (Edilivre) et "Jésus revient...en Suisse" (Cabédita)