Dialoguer avec son ange

Il y a une trentaine d’années, je faisais la connaissance de Gitta Mallasz dont le célèbre livre « Dialogues avec l’Ange » avait déjà fait le tour de la planète, traduit dans une multitude de langues. « Voilà une expérience unique, me disais-je. Comment imaginer une telle relation, aussi intense, avec des êtres de lumière? » Pourtant, Gitta Mallasz insistait sur ce point : « Quoi de plus naturel que de parler ensemble ? ». Dialoguer avec un ange, c’était pour elle merveilleux mais nullement exceptionnel. Au fond de moi-même, je demeurais fort sceptique. Les contacts sérieux avec l’au-delà, c’était l’affaire de quelques rares initiés, de Lourdes à Fatima, des histoires fantastiques d’apparition qui ne me concernaient guère. Sans parler de l’extrême prudence que j’avais développée au fil des ans en regard de l’occultisme, cet univers tissé d’ombres.

Jusqu’au jour où je rencontrai Martine Bergamin. Recommandée par une amie commune, elle avait elle aussi un contact avec le monde des anges. Une aubaine! A plusieurs reprises, je vins lui rendre visite pour y voir plus clair dans le fatras de mes problèmes personnels. Le plus naturellement du monde, Martine se mettait à l’écoute de mon ange, lui posait les questions que j’avais préparées. J’étais à chaque fois stupéfait par l’intelligence et la pertinence de ses réponses écrites. Assurément, malgré la finesse d’esprit de mon interlocutrice, celle-ci ne pouvait pas « inventer » des éclairages d’une telle sagesse. Martine Bergamin était bel et bien la main agissante d’une, voire de plusieurs entités lumineuses communiquant avec elle. Donc avec moi. Je vivais à mon tour une expérience unique.

Aujourd’hui thérapeute et conseillère en développement personnel dans le canton de Fribourg (www.anges.ch), Martin Bergamin raconte comment elle s’est progressivement familiarisée avec le monde des anges, après avoir traversé mille épreuves toujours plus enrichissantes. Un parcours initiatique ressemble à l’escalade d’un sommet. Tout en s’en rapprochant, on le perd bien souvent de vue, caché par les nuages ou momentanément inaccessible au regard du grimpeur.


ENTRETIEN

 

Ainsi, Martine Bergamin, vous pratiquez l’écriture automatique ?

– En ce qui me concerne, je préfère parler d’écriture guidée plutôt que d’écriture automatique.

Quelle différence ?

– Je confie ma main à une autre volonté que la mienne, non pas à mon subconscient mais bel et bien à un être extérieur à moi. Lequel, mêlant ses énergies aux miennes, me permet de suivre les mouvements de sa pensée par la main. Celle-ci monte, descend, va à droite ou à gauche et je la laisse aller. Dans ce sens, il n’y a pas d’automatisme à proprement parler. Après 20 ans d’expérience, je ne pratique plus l’écriture guidée telle que je l’ai expérimentée au tout début. J’ai appris à écrire sous dictée, c’est-à-dire en formant les lettres de ma propre volonté après avoir écouté ce que disait ou pensait cette entité que j’appelle volontiers « ange ».

Votre mental n’intervient donc pas ?

– En effet. Mon mental doit s’endormir, il doit se taire. Il n’y a plus de place pour toute pensée analytique ou critique. Tout mon corps, tout mon être se rend disponible à la guidance d’un autre être. L’écriture guidée n’est d’ailleurs pas la seule discipline à répondre à cet état intérieur. La recherche des points énergétiques de la terre – les nœuds Hartmann, par exemple – le repérage des chakras ou « centres spirituels » d’une personne, la détection de certains troubles dans le fonctionnement du corps humain ne sont pas des exercices liés à un quelconque automatisme. Il s’agit en fait d’une mise en relation avec une autre perception, une autre volonté que la mienne.

Votre main tient un stylo qui écrit des phrases.

Comment les découvrez-vous ?

– Je réalise la portée de ce que j’ai écrit dès que j’ai repris mes esprits, si j’ose dire, une fois l’état de transe terminé.

Vous vivez un état de transe ?

– Oui. Je me trouve à la frontière du sommeil. L’hémisphère gauche du cerveau est au repos tandis que l’hémisphère droit s’active. C’est, autrement dit, une mise en état « sophroliminal » ou en état de conscience modifiée (le cerveau émet alors des ondes alpha) que les sophrologues et les psychologues connaissent bien. Tant que l’hémisphère gauche est en activité, il n’est pas possible de se rendre pleinement disponible et ouvert à l’écriture guidée.

Vous arrive-t-il souvent d’être surprise par ce que vous écrivez ?

– En effet. Il y a parfois de bonnes mais aussi mauvaises surprises. J’ai dû apprendre à les discerner. Quand je parviens à cet état de réceptivité, je deviens perméable à toute volonté extérieure, à tout discours. Mais la surprise vient surtout du fait que je découvre des choses dont j’ignorais l’existence.

Par exemple ?

– Un jour, mon ange me fait écrire à mon sujet : « Tu es Jesod ». Je ne comprenais pas du tout ce que cela pouvait bien signifier. Après des mois de vaine recherche, j’interpelle l’ange alors que je me trouve devant une librairie en Suisse alémanique. Je lui demande pourquoi il m’a envoyé ce message. «Je vais entrer dans cette librairie, lui dis-je. Si un livre contient la réponse que tu ne m’as pas donnée, conduis-moi vers ce livre!». Je me laisse guider. Je demande que mon corps soit poussé vers l’endroit précis où peut se trouver l’ouvrage en question. Je ressens aussitôt une légère poussée dans mon dos, comme si une main invisible m’invitait à avancer. Un peu à droite, un peu à gauche. Je me retrouve finalement devant des étagères. Ma main droite s’élève tranquillement jusqu’à ce qu’elle s’arrête net devant un livre. Prenant celui-ci, je demande: « A quelle page? ». Je l’ouvre, sans réfléchir. Et je tombe sur ces mots: « Les Jesod sont ceux qui font l’intermédiaire entre le Ciel et la Terre ». Transportée par la joie, je referme le livre et quitte le magasin sans même penser à l’acheter.

Comment vous est venue cette écriture inspirée ?

– J’avais 35 ans. Ma sœur m’avait confié que son amie, Magali D., écrivait de fort belles choses sous la conduite d’un ange. Comme je n’avais jamais entendu parler de ce mode de communication entre le Ciel et la Terre, j’ai d’abord pensé qu’elle était malade. Je suis allée la voir pour l’aider, pour la sortir de sa solitude. Je pensais alors qu’il était bien pratique de s’inventer un interlocuteur imaginaire qui n’allait jamais la contrarier, la contredire. Je suis donc arrivée gonflée de mon besoin de la soutenir. Nous avons parlé quasiment toute la nuit. Au petit jour, elle m’a donné une séance. A la fin de cette dernière, j’étais bouleversée car Magali avait écrit des choses que personne d’autre que moi ne pouvait savoir. Après des semaines de tergiversation, je suis retournée chez elle, pour lui demander des preuves de ce qu’elle m’avançait.

Elle vous en a données ?

– Non. « Je ne peux pas t’en donner, m’a-t-elle dit. Mais je peux t’apprendre à pratiquer l’écriture guidée. Et tu iras chercher tes preuves toi-même ».

C’est de cette manière que votre initiation a commencé ?

– En effet. Je voulais savoir si ce qu’on me disait était vrai. Y a-t- il un au-delà, les anges existent-ils vraiment, vont-ils jusqu’à nous parler, à nous pauvres humains, au XXème siècle ?

Il vous aura fallu de longs exercices avant d’avoir la maîtrise de l’écriture guidée ?

– Le premier jour déjà, quand j’ai posé mon crayon sur une feuille après avoir invoqué le nom d’un ange que Magali m’avait donné, j’ai senti une vague d’amour m’envelopper. J’étais dans un incroyable bien-être intérieur. J’observais avec étonnement ma main qui bougeait tout doucement. J’ai tout de suite perçu que ce n’était pas moi quoi agissais.

Pour quelle raison ?

– A cette époque je n’allais pas très bien. J’étais triste de ma vie. Or après seulement une demi-heure d’écriture guidée, je fus durant toute la journée portée par une onde de paix inimaginable. Je n’avais fait aucune prière pour cela, n’étant alors guère encline à toute pratique religieuse. Bien qu’étant ouverte à tout, le monde spirituel ne m’attirait pas. Après deux mois de dessins, de plus en plus réguliers, des lettres puis des mots se sont formés. Encore une fois, je ne les attendais pas.

Vous ne les compreniez pas toujours ?

– C’était un langage très poétique, d’un style un peu ancien que j’étais bien incapable de formuler de ma propre volonté. Le contenu, très constructif, m’apportait précisément ce qu’il me manquait dans l’instant. Je n’ai jamais ressenti de déstabilisation ou de remise en question de ma personne et de mes valeurs.

Comment discerner le bon grain de l’ivraie ?

– L’apprentissage du discernement, l’ange me l’a bien suggéré une centaine de fois ! J’ai en effet observé dans l’écriture des intrusions qui n’étaient pas celles de l’ange.

A quoi les reconnaissiez-vous ?

– La fatigue voire l’angoisse m’envahissaient sans que je n’en comprisse la cause. Il m’a bien fallu deux mois pour admettre que d’autres visiteurs tentaient de s’infiltrer et de prendre une place dans ma vie, par le biais de cette écriture guidée.

La question du discernement demeure en effet essentielle. Comment être certaine que tel message provient bien d’un être lumineux et non pas d’une entité ténébreuse ?

– Je devais tout d’abord apprendre à me présenter dans un état de sérénité intérieure, pour être si possible sur la même longueur d’onde que l’ange. Un tel exercice ne peut s’accomplir après avoir médit de son voisin ! Comme je vous l’ai dit, l’état dans lequel je me trouvais après certaines communications ne laissait aucun doute sur les auteurs des messages. Je me sentais littéralement épuisée et angoissée. Je sais aujourd’hui que je captais l’angoisse de ceux qui s’approchaient de moi. Par ailleurs, le style d’écriture était négligé, hâtif. Quant au contenu, il était tissé d’insultes ou exprimé sur un ton mielleux et manipulateur.

Qu’est-ce qu’un ange, à vos yeux ?

– C’est un être de pure conscience doté d’au moins trois qualités : l’amour, il ne peut exister sans aimer; la lucidité, il ne peut exister sans tout comprendre, sans tout percevoir; le désintéressement, il répond à une demande d’aide.

La vôtre, également ?

– En effet. Elle a été longue. Mais je n’imaginais pas que l’aide viendrait de cette manière.

Pourquoi ?

– Je ne priais pas. Mais je m’efforçais de donner de l’amour à mon entourage. Dès lors, j’ai sans doute créé un vide à l’intérieur de moi-même qui ne demandait qu’à être rempli par ce même amour.

Si nous ne faisons pas appel à notre ange, il ne se manifeste pas ?

– Je pense qu’il est toujours là…En ce qui me concerne, il s’est clairement présenté. Quand je me suis rendu compte que cet être de lumière était disposé à s’adresser à moi – ce que j’étais à cent lieues d’imaginer – je me suis trouvée dans la nécessité de l’appeler fréquemment. Son contact m’offrait une telle énergie ! Je découvrais une autre conscience de moi-même, une nouvelle raison de vivre et d’avancer.

Les anges joueraient-ils un rôle d’intermédiaire indispensable à notre évolution ?

– Ils nous accompagnent toute notre vie. Mais si nous perdons espoir, cessons d’aimer et de nous aimer, nous leur fermons la porte. La kabbale nous enseigne qu’il y en a 72. Chacun d’entre eux donnerait aux hommes leur énergie durant cinq jours. Quand j’ai interrogé les anges à ce sujet, ils m’ont répondu qu’ils étaient sur terre plus nombreux que les êtres humains. Nous avons donc le choix d’en consulter un ou plusieurs !

Avez-vous un ange de prédilection ?

– Lors de ma première séance avec Magali, j’ai demandé le nom de l’ange. Le mot Modahim m’a été donné. Comme je suis férue de linguistique, je me suis interrogée sur sa signification. «C’est le nom que je porte pour toi ici», a précisé l’ange. Dans un premier temps, je me suis inclinée avec respect sans vraiment chercher à en savoir plus. Et puis voici trois ans, une personne me voyant écrire ce nom et connaissant l’hébreu m’apprend que Modahim signifie le maître, l’enseignant. Cela dit, chaque personne qui vient me consulter reçoit des noms d’ange particuliers. Je les qualifie volontiers de «vibratoires». Certains sont tirés du sanskrit, du persan ou de l’hébreu. Ils correspondent à une vibration en relation directe avec la personne concernée pour lui permettre un développement dans une direction précise. Nous venons sur terre principalement pour guérir des blessures. Par son nom, l’ange nous indique dans quel domaine il convient de travailler.

Vous dites guérir des blessures…de quoi s’agit-il plus précisément ?

– Certains êtres humains particulièrement évolués ne viennent pas sur Terre pour guérir des blessures mais plutôt pour venir en aide à tous ceux qui en ont besoin. Ces grands initiés sont à l’origine de nouvelles philosophies, sont d’authentiques guérisseurs, etc. Mais la plupart d’entre nous devons faire l’expérience de ce qui nous dérange. Nous le constatons d’abord chez les autres. Puis nous prenons conscience que ces noeuds à dénouer sont bel et bien à l’intérieur de nous-mêmes. Si nous nous en occupons, nous atteignons peu à peu un état de sérénité. Nous sommes débarrassés de peurs, de rancoeur, de phobies, de complexes, etc. Dans cet état de sérénité nous pouvons ouvrir une voie d’entraide pour les autres.

A l’image de l’aide que nous offre les anges ?

– C’est cela. Les anges ont pour mission d’aider l’humanité à évoluer. Si les âmes sont le résultat d’une explosion de joie du créateur, une étincelle continue à briller en chacun de nous. Jusque dans la matière la plus dense, nous devons apprendre à la reconnaître et à l’amplifier. L’ange est là pour nous rappeler notre origine divine. J’ai par ailleurs observé que certaines personnes progressaient dans leur chemin de vie de manière exemplaire tout en étant apparemment coupée de toute spiritualité! J’ai connu une dame extraordinaire qui pratiquait la musicothérapie. Elle se moquait de mes anges. Mais cela ne l’empêchait pas de faire par la musique un travail fantastique de reconstruction d’enfants traumatisés. Elle était comme habitée par une grâce. Je crois que l’âme projette son chemin de vie bien avant de s’incarner et qu’elle va le suivre, même si elle finit par oublier qu’elle a en elle une étincelle divine. La force de l’âme est assez grande pour la piloter de manière juste.

Vous semblez laisser une large place à vos rêves. Est-ce dans votre sommeil que s’éveille votre conscience?

– Certains soirs, j’ai besoin d’une réponse ou d’un traitement énergétique pour moi ou quelqu’un d’autre. Je demande à mon ange d’aller vers lui durant mon sommeil. A mon réveil, je me sens vraiment bien et éclairée dans ma demande de la veille.

Comment faites-vous pour vous souvenir de vos rêves avec une telle précision ?

– Avec l’entraînement, nous pouvons tous nous souvenir de nos rêves. Durant la nuit, je vis plusieurs états de demi sommeil qui correspondent à des rêves à venir dans l’instant. Je me donne alors un mot clé du style « voiture qui patine sur la neige». Puis je repars dans le sommeil. Le lendemain matin, je ne me souviens que des mots clés. En les écrivant, mes rêves se déroulent progressivement et se reconstruisent très clairement dans ma mémoire. Le fait de décider de rédiger mes rêves a également favorisé une plus grande concentration. Je ne me dis pas: «Je dois absolument me souvenir de mes rêve». Cette manière de faire fonctionner l’hémisphère gauche de mon mental ne donnerait aucun résultat.

Comment ont évolué vos rêves au cours des années ?

– Durant plusieurs années, j’ai fait des rêves thérapeutiques, en quelque sorte. Je voulais mieux me comprendre. Au bout d’un an d’exercice avec mon premier ange, un second est venu me donner un autre éclairage, encore plus profond. A l’aide d’un dictionnaire des symboles, je me suis alors lancée dans l’explication de mes rêves tout en demandant à cet ange de compléter ce qui avait pu m’échapper. Je dois reconnaître que les lacunes étaient fort nombreuses.

Avez-vous eu lors d’un rêve un contact direct avec un ange ?

– Oui. Alors que dans mon rêve je marchais le long d’une falaise, je suis tombée. Je vivais une terrible chute dans le vide. Je me suis alors sentie attaquée par des ombres obscures qui tentaient de s’emparer de moi et de m’étouffer. J’ai alors appelé le nom de l’ange. Puis je me suis vue immédiatement portée dans un filet doré qui me soutenait, qui me sécurisait pleinement. J’ai compris que ces fils dorés entrelacés étaient l’essence même de l’ange.

Le Christ lui-même a maintes fois été tenté par des forces particulièrement obscures et redoutables. Apparemment, plus un individu évolue plus il doit faire face à des tentations qui augmentent en puissance et en subtilité. Aujourd’hui encore, avez-vous l’impression d’être soumise à de sournoises attaques ?

– En ce qui me concerne, il ne s’agit pas d’attaques d’entités mais d’une légère insistance à se faire entendre, lorsque je suis mal préparée. Je fais ici allusion à des personnes décédées dans un grand état de tristesse et qui ont de la peine à en sortir. Dans l’autre monde, elles se meuvent dans des couches sans lumière et se rapprochent de moi pour me demander conseil. Deux à trois fois par semaine, je passe ainsi du temps à prodiguer un soin d’amour et de lumière à une âme pour lui permettre d’accélérer le rythme de ses vibrations et d’entrer en contacts avec des anges. Car obscurcies par leurs propres émotions, ces âmes sont incapables de les percevoir.

Voilà qui donne un éclairage intéressant à l’idée chrétienne de ciel, d’enfer et de purgatoire !

– Nous restons dans l’état d’être que nous avons expérimenté juste avant la mort. Si nous sommes sereins avant notre décès, si nous avons réglé nos conflits avec les autres, nous n’avons pas de peine à nous en aller. Mais ceux qui regrettent de laisser leurs proches derrière eux vont demeurer près de ces derniers pour les protéger. C’est ce qu’ils s’imaginent à tort. Car en se collant à eux par inquiétude, ils leur prennent leur énergie. Il convient donc d’expliquer à ces âmes la meilleure manière d’agir, de leur faire comprendre qu’elles sont elles-mêmes à l’origine de leur enfer. Et de leur faciliter le passage vers la lumière.

Comment ressentez-vous ce moment où l’âme finit par lâcher prise ?

– Je ressens comme une vibration de joie irradiant jusque dans mon coeur. Je vois la personne s’illuminer et perdre son visage tel qu’elle me le présentait auparavant. Puis, le lendemain, cette âme vient souvent me remercier. Un jour, je me trouvais à la table de ma cuisine en compagnie de ma fille qui avait 14 ans. « Quelque chose me touche le front », me dit-elle. Il n’y avait apparemment personne de visible dans la pièce. Après m’être concentrée, j’entrai en contact avec l’âme errante d’une personne décédée. Il s’agissait d’un homme qui tenait à me faire part de son voyage dans la lumière. Il avait enfin rencontré des proches qu’il avait aimés et qui étaient disposés à l’accueillir si tel était son bon vouloir !


Etes-vous joignable par les âmes à toute heure du jour et de la nuit ?

– Non. Je ne prodigue pas une aide dans n’importe quel état. Si je ne me sens pas bien, si je suis par exemple trop fatiguée après une journée de transe, je donne rendez-vous à une âme un peu plus tard. Comme elle est supposée vivre dans l’éternité, elle peut bien attendre un peu! Avant tout contact, un temps de profonde méditation est indispensable.

Avez-vous eu également des relations avec des âmes non pas seulement après la mort mais juste avant la naissance ?

– J’ai osé le faire quand ma fille était enceinte. J’ai demandé à l’âme à naître ce qu’elle attendait de ses parents. Durant sa première année d’existence terrestre, l’enfant a semble-t-il gardé en mémoire de nombreux souvenirs. Nous pouvons l’aider à vivifier cette mémoire. Certaines âmes, au moment de s’incarner, prennent peur en traversant les couches toujours plus denses de la matière. Elles peuvent ainsi ressentir douloureusement les préoccupations et les émotions de leurs parents, de leurs proches à venir. Elles décident alors de repartir dans le monde invisible et d’interrompre le processus d’incarnation. Cela pourrait expliquer certaines fausses couches ou certaines morts d’enfants juste après la naissance. Accepter la lourdeur de l’incarnation quand on a vogué dans la lumière, ce n’est pas si facile. Très souvent, ces âmes refont un essai et se réincarnent, après avoir maîtrisé ces craintes.

S’incarner, est-ce une nécessité ?

– C’est un appel auquel nous avons bien de la peine à résister! Une fois faite l’expérience de la matière, nous avons envie de goûter à nouveau les meilleurs moments de notre vie sur Terre, oubliant les heures difficiles. Lors d’une régression, je me suis vue tomber d’un rempart et emmenée dans une brouette. Je me demandais, un peu effrayée, comment pouvoir encore vivre sans ce corps inanimé que je voyais avec regret. Comment pourrais-je supporter de ne plus pouvoir toucher la matière ? Le corps physique, c’est un peu comme une drogue. Nous n’imaginons pas pouvoir vivre sans cette enveloppe. Je pense que les âmes errantes se collent aux vivants pour se rassurer, pour ressentir par exemple à travers leurs corps le délicieux parfum du verre de vin qu’ils vont boire! Si nous ne sommes vraiment pas préparés à mourir, un état de panique peut s’emparer de nous.

Nous devrions donc mieux nous préparer à la mort ?

– Certainement ! Les religions nous enseignent bien qu’il y a une vie après la mort, mais sans nous préciser quelle forme peut revêtir cette vie. En Occident, nous sommes très ignorants et naïfs sur ces questions. C’est moins le cas en Orient.

Omraam Mikhaël Aïvanhov, un sage pédagogue d’origine bulgare qui a vécu en France et en Suisse, disait en substance qu’ici-bas nous avons une vision limitée de la réalité tout en ayant développé une grande possibilité d’action sur la matière alors que de l’autre côté du miroir, c’est l’inverse. Notre perception est infiniment plus vaste mais notre champ d’action nettement plus limité. Qu’en pensez-vous ?

– C’est juste. C’est pourquoi je pense qu’il est important que des êtres initiés s’associent à des êtres de lumière pour faire le pont et permettre à ces derniers d’agir dans la matière de manière plus vaste. Ainsi, les vrais guérisseurs ne prétendent jamais qu’ils sont eux-mêmes à l’origine de la guérison. Ils prêtent leur énergie, leur force, leur amour aux êtres de lumière afin que ces derniers puissent intervenir dans le monde matériel.

Finalement, vous êtes au service des autres ?

– Pas seulement! Quand je fais un soin énergétique, je suis également à mon propre service! A chaque fois, je progresse, je découvre de nouvelles impressions, de nouvelles sensations. Je ne suis nullement en état de sacrifice.

Aime ton prochain comme toi-même, dit le Christ.

C’est cela. Tout simplement.

Vous collaborez avec des êtres que vous qualifiez de scribes. Qui sont-ils ?

– Ce sont des âmes qui servent de médium à l’ange, des intermédiaires entre l’ange et moi-même. Ils font l’apprentissage du don d’amour et en reçoivent également beaucoup en retour. Les scribes ne sont nullement des êtres parfaits. Au tout début de mon expérience, un scribe aidait ma main à bouger. Trouvant l’exercice trop long et fastidieux, il s’est révolté, a fait sortir le crayon de la feuille à maintes reprises, exprimant clairement une grande lassitude. Je n’avais pas pris conscience que je lui demandais un effort terrible. Pour un ange, s’associer à une énergie humaine est un lourd travail. Et la tâche n’est guère aisée non plus pour un scribe.

Pourquoi est-ce si difficile ?

– Nous, les êtres humains, sommes lourds, peu manipulables. Partout, nous mettons des freins. Dès lors, l’ange doit aussi faire preuve d’une grande endurance et d’une grande patience à notre égard. Mais il agit toujours dans la joie. Un jour, j’ai présenté des excuses à mon ange pour l’avoir dérangé de manière que je croyais inopportune. « Cesse de t’agenouiller quand tu nous parles! », m’a-t-il répondu. L’ange ne parle pas de nos défauts, ne se montre jamais critique. Il nous aide à combler l’inachevé.

C’est finalement un grand pédagogue !

– A l’image de Socrate, c’est un accoucheur. Le révélateur de ce qu’il y a de meilleur et de plus lumineux en chacun de nous.

Propos recueillis par Philippe Le Bé.

 

Philippe Le Bé

Désormais auteur, Philippe Le Bé a précédemment été journaliste à l’ATS, Radio Suisse internationale, la Tribune de Genève, Bilan, la RTS, L'Hebdo, et Le Temps. Il a publié trois romans: «Du vin d’ici à l’au-delà » (L’Aire),« 2025: La situation est certes désespérée mais ce n’est pas grave » (Edilivre) et "Jésus revient...en Suisse" (Cabédita)

10 réponses à “Dialoguer avec son ange

  1. C’est sans doute vrai, mais il faut parfois avoir la patience d’attendre que l’ange apparaîsse,
    car si l’on croit en l’Ange, c’est que le diable existe et existera aussi en 2019, 2020, …

    alors bons voeux aux anges et pas aux diables
    :))))

    p.s. sans doute l’humanité réside en celà?

  2. Bonjour,

    Anges ? Diable? A l’ aune de la décrédibilisation à tout va de la science et de la recrudescence des croyances primitives, donner tribune dans le Temps à ce genre de théorie ne peut qu‘ éloigner les crédules du véritable enjeu humaniste: le développement de soi et de la cité à travers la foi en l’homme ( et en lui seul).

  3. Non.
    La pensée unique ne peut se développer dans un esprit humaniste, curieux et avide d’explications. Science et Philosophie , voilà bien au contraire des thèmes pétrits de contradictions!

    Par contre , il est bien une pensée universelle et unique qui enchaine l’homme depuis la nuit des temps: la foi en une force mystique sise au-dessus de la nature des choses.

    1. “Ce n’est pas d’un tête à tête ni d’un corps à corps, c’est d’un coeur à coeur dont nous avons besoin”. Pierre Teilhard de Chardin.

    2. C’est votre vision du monde, Monsieur Jaccottet, et elle est respectable. Mais le sujet abordé dans ce billet de blog est de nature à parler fortement au coeur de beaucoup de personnes, fussent-elle lectrice du Temps et éprises de rationalité et de pragmatisme. Je suis l’une d’elles: passionné d’informatique, consacrant beaucoup d’énergie à la maîtrise des outils mathématiques utilisés par l’intelligence artificielle (réseaux neuronaux, deep learning), je suis dans le même temps ouvert à la spiritualité. Lorsque je parle de ce domaine, je fais appel à des raisonnements logiques, parfaitement conscient toutefois que mes développements sont basés sur des postulats qui ne sont ni démontrables, ni dénonciables.

      L’article de Monsieur Le Bé me touche et reconnecte le féru de technologie que je suis à ce que je considère comme étant, au fond, de l’importance la plus élevée: l’Au-Delà, et tout ce qui s’y rapporte. Lorsque le terme de cette existence approchera, ce ne sont pas mes compétences en mathématiques qui m’apporteront la sérénité, mais bien l’ouverture que j’aurai développée à Ce qui nous transcende. Dans un monde qui s’obstine à considérer que la mort est la pire chose qui puisse arriver à un être humain, ce n’est pas rien !

    3. Monsieur la science, vous ne croyez pas non plus au changement climatique?
      Car l’on peut sans autre postuler que la science seule le provoque, non?

  4. Science (et sa petite sœur Technique ) sans conscience ne sont que mort de l’âme… Le sujet est d’actualité. L‘ humanisme ne rejette pas le spirituel , il le ramène juste à la hauteur des hommes.

    A nous de façonner le nouveau rêve collectif, l’image mentale que nous avons du monde, pour affronter les défis qui arrivent!
    Bien sûr, Il n’est pas facile d’avancer sur terre sans être tenter de regarder vers le haut. Mais je crois que c est par cette discipline que nous trouvons les vrais forces pour nous dépasser et transcender notre nature.

    Quand à la nuit et bien je n y pense pas. Seul le crépuscule comptera. Et ce dernier instant de ma vie, je le veux sans regrets . Serein d avoir honoré au mieux cette hasardeuse faculté de la nature qu’est la conscience et l’intelligence humaine.

    Monsieur Wilhem, un petit conseil : une discussion est un temple.
    Prenez soin de le construire et de ne pas pousser ses portes avec vos pieds.

    Cordialement

    1. Je suis d’accord avec toi en partie, se servir d’une pseudo croyance irrationnel est néfaste, mais d’un autre coté toute cette religion, qui aident les faibles en demande, est trist et consternante à la fois. Pour un athé comme moi tout cela c’est de la connerie à un point , une religion qui croit avoir crée l’homme quand preuve à l’appui est prouvé que l’homme descend du singe. Le déni à ce point à un coté dangereux, comme tout ces prêtes pédophiles ou un ancien pape qui encourageait le sexe sans préservatif, c’est à la fois terrifiant et déconcertant que beaucoup croient encore en dieu malgré tout cela.
      De toute façon une religion qui pardonne tout, même a des assassins, en citant quelque je vous salue marie. wow

  5. Cher Monsieur Jaccottet, il me semble que vous ayiez une définition de l’humanisme assez personnelle et pourquoi pas.
    Alors, je n’ai aucun conseil à vous donner, mais une suggestion, et si vous regardiez moins haut et plus à l’intérieur, oui, à hauteur intérieure humaine?
    Bien à vous

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