Emmanuel Macron-Nicolas Hulot: l’impossible rupture.

Les rumeurs (fondées ou non) d’une démission de Nicolas Hulot du gouvernement d’Edouard Philippe ont pu sérieusement troubler l’Elysée. Et les trois heures et demie de diner entre le président et son ministre d’Etat n’ont sans doute pas été inutiles. Le départ de Nicolas Hulot, ardemment souhaité et pronostiqué par Jean-Luc Mélenchon, serait en effet une catastrophe politique non seulement pour Emmanuel Macron et ses partisans mais aussi pour la France.

Ce serait la preuve que la nomination comme ministre d’Etat de Nicolas Hulot n’était pas vraiment sérieuse et ne répondait qu’à des considérations opportunistes. Ce serait aussi la preuve que la transition écologique et solidaire serait illusoire sans “casser la baraque”, sans monter les uns contre les autres dans un climat de peur et de défiance généralisée.

Une bien difficile mission.

Emmanuel Macron qui n’est pas tombé dans la marmite de l’écologie quand il était petit s’est aujourd’hui convaincu que celle-ci était une condition de survie de notre civilisation. Ni plus, ni moins. Le retrait de Donald Trump de l’Accord de Paris sur le climat n’a sans doute fait qu’amplifier cette prise de conscience.

Mais la mission de Nicolas Hulot est on ne peut plus difficile. Ce n’est pas pour rien que Robert Poujade, premier ministre français délégué à la protection de la nature et à l’environnement de 1970 à 1974, a qualifié son poste de “ministère de l’impossible”. Sa vocation transversale ne pouvait que déranger tous les autres ministères dont il était l’empêcheur de tourner en rond et le poil à gratter.

Du ministère de l’impossible au ministère de l’essentiel.

Plus de quarante ans plus tard, le “ministère de l’impossible” est bel et bien devenu le “ministère de l’essentiel”. Lequel doit pouvoir orienter l’ensemble des décisions politiques concernant notamment l’énergie, l’agriculture, l’industrie et l’aménagement du territoire (écoquartiers, villes en transition, mobilité douce, etc.).

La tâche de Nicolas Hulot est d’autant plus ardue qu’il doit aussi, pour ne pas dire surtout, côtoyer des grands groupes industriels sont les préoccupations écologiques ne sont pas toujours la priorité des priorités, c’est le moins que l’on puisse dire.

Pour conclure, Emmanuel Macron ne peut plus se passer de Nicolas Hulot, à tout le moins dans cette législature. L’entente et la confiance totale entre ces deux hommes sont une nécessité absolue.

Philippe Le Bé

Désormais auteur, Philippe Le Bé a précédemment été journaliste à l’ATS, Radio Suisse internationale, la Tribune de Genève, Bilan, la RTS, L'Hebdo, et Le Temps. Il a publié trois romans: «Du vin d’ici à l’au-delà » (L’Aire),« 2025: La situation est certes désespérée mais ce n’est pas grave » (Edilivre) et "Jésus revient...en Suisse" (Cabédita)