Le grand risque d’un nouveau président “par défaut”

 

Cela a commencé en 2002, quand Jacques Chirac l’a emporté par 82,21% des suffrages exprimés contre Jean-Marie Le Pen, a la grande surprise générale. Brillamment élu par un « front républicain » rassemblant la droite et la gauche, bon nombre de ses électeurs l’avaient choisi pour barrer la route à le Pen. Mais Chirac n’était que partiellement un « président par défaut » car il pouvait encore s’appuyer et compter sur un puissant parti, le RPR, mué en UMP.

Dix ans plus tard, François Hollande l’emportait avec 51,64% des suffrages exprimés contre Nicolas Sarkozy. Nombreux étaient ses électeurs qui, pas vraiment séduits par le personnage, cherchaient surtout à déboulonner Sarkozy. Hollande, encore plus que Chirac, était un « président par défaut ».

En 2017, si Emmanuel Macron enraye un effritement croissant de sa popularité, il devrait l’emporter mais avec un score non glorieux, entre 50 et 60%. Marine Le Pen, que les partis traditionnels PS et Les Républicains en lambeaux ont toujours plus de peine à diaboliser, pourrait afficher un résultat jamais obtenu par le FN et ses partisans. Dès lors, Emmanuel Macron risque bien de devenir le premier (et peut-être dernier) « président par défaut » de la Vème République.

 Soulever des montagnes.

Pour devenir celui que les Français auront choisi et non plus celui qui aura, probablement une ultime fois, fait barrage à Marine Le Pen, Emmanuel Macron devra soulever des montagnes. Ses nombreux détracteurs, des partisans de François Fillon à ceux de Marine Le Pen en passant par ceux de Jean-Luc Mélenchon et Benoît,  Hamon ne manqueront pas de lui savonner la planche à la première occasion.

Pour s’en sortir, Emmanuel Macron devra compter sur une forte représentation parlementaire de son mouvement En Marche !, ce qui est bien loin d’être acquis.

Une France ingouvernable?

La France risque donc d’être non gouvernable et de s’enfoncer encore un peu plus dans le marasme économique et social.

Toute cette démonstration serait caduque si bien sûr Marine Le Pen était élue (ce qui n’est plus impossible) et surtout si Emmanuel Macron, à la faveur d’une situation internationale particulièrement tendue, se forgeait pour de bon un profil de vrai président et non pas de président par défaut !

Dans tous les cas, bonne chance la France !

Philippe Le Bé

Désormais auteur, Philippe Le Bé a précédemment été journaliste à l’ATS, Radio Suisse internationale, la Tribune de Genève, Bilan, la RTS, L'Hebdo, et Le Temps. Il a publié trois romans: «Du vin d’ici à l’au-delà » (L’Aire),« 2025: La situation est certes désespérée mais ce n’est pas grave » (Edilivre) et "Jésus revient...en Suisse" (Cabédita)