Présidentielle française: le summum de l’hypocrisie

Petit rappel : Nommé premier ministre du président Nicolas Sarkozy le 17 mai 2007, François Fillon a conduit trois gouvernements successifs. Après Georges Pompidou, il a été le deuxième Premier ministre dans l’ordre de durée de présidence en continu à Matignon. Par ailleurs, son deuxième gouvernement a été en durée le plus long de la Vème République après celui de Lionel Jospin.

Il convient d’avoir ces faits en mémoire quand on constate aujourd’hui la guerre sans merci que se livrent Fillon et Sarkozy pour les primaires de la présidentielle de 2017.

"Il ne sert à rien de parler d'autorité quand on n'est pas soi-même irréprochable", a lancé l'ex-Premier ministre dimanche, dans son fief de Sablé-sur-Sarthe (Sarthe). Et d'ajouter : "Qui imagine un seul instant le général de Gaulle mis en examen ?", faisant référence aux différentes affaires dans lesquelles apparaît le nom de Nicolas Sarkozy.

Voilà donc deux hommes qui, aux yeux des Français, auraient « solidairement » gouverné le pays et qui se comportent aujourd’hui comme des ennemis de toujours. Après cela, comment espérer encore susciter le respect et la confiance des électeurs ? Comment intéresser la jeunesse qui, à juste titre, se détourne toujours plus de la politique ?

Le jeu sournois des primaires

Espérons par ailleurs que de l’autre côté du miroir, de Gaulle, plus que jamais devenu la référence des uns et des autres, n’a pas les oreilles trop sensibles. Lui qui a toujours exécré le jeu nauséabond des partis politiques à que les primaires font assurément la part belle.

A gauche comme à droite, les candidats aux primaires se tirent dessus avant de se retrouver dans une fausse convivialité au sein d’un même gouvernement. C’est ce qui est arrivé avec François Hollande et ses ministres. C’est ce qui arrivera probablement avec « l’heureux élu » de la droite en 2017. On s’engueule, on se fait des sourires, et on se tire dessus à nouveau. Le summum de l’hypocrisie.

« Lorsque tout va mal et que vous cherchez votre décision, regardez vers les sommets, il n’y a pas d’encombrement », disait Charles de Gaulle cité par André Malraux.

Vers les sommets. Non pas vers les caniveaux…

 

Philippe Le Bé

Désormais auteur, Philippe Le Bé a précédemment été journaliste à l’ATS, Radio Suisse internationale, la Tribune de Genève, Bilan, la RTS, L'Hebdo, et Le Temps. Il a publié trois romans: «Du vin d’ici à l’au-delà » (L’Aire),« 2025: La situation est certes désespérée mais ce n’est pas grave » (Edilivre) et "Jésus revient...en Suisse" (Cabédita)