Café Borrone, Menlo Park, 08:30: il est difficile de trouver une table de libre mais à peine trois personnes s’en vont que je m’y précipite. Quelques minutes d’avance avant que mon interlocuteur arrive pour jeter un regarde aux alentours: les rendez-vous formels et informels battent leur plein en cette matinée ensoleillée.
Venture Café, Cambridge, 18:00: comme chaque jeudi, une foule d’entrepreneurs, de chercheurs, d’employés de la tech et de visiteurs curieux de comprendre ce qui fait la particularité de cet événement se presse à l’étage où les discussions vont bon train et les présentations se succèdent. Impressionné par un membre du jury lors d’une séries de pitchs de startups, je me présente, nous échangeons nos cartes de visite. Le soir même, le rendez-vous est pris pour trois jours plus tard. Rencontre, café, échange, entraide.
Appel téléphonique, Lausanne, 16:00: sorti quelque peu de nulle part, je reçois un SMS me demandant si je connais des protagonistes dans le monde du FoodTech en prévision d’un prochain déplacement sur la côte Est des Etats-Unis. Trois mises en relation plus tard via LinkedIn, deux rendez-vous sont confirmés dans la foulée, la disponibilité des contacts est étonnante, au même titre que leur rapidité à répondre et à faire le suivi.
Visite d’entreprise, Silicon Valley, 10:00: un ami me raconte le pitch de moins d’une minute qu’il a pu faire au CEO d’une entreprise bien implantée dans la Vallée lors d’une tournée en groupe sur la côte Ouest. Intrigué, celui-ci lui propose un rendez-vous deux jours plus tard avec son équipe. Un non-disclosure agreement plus tard, c’est une nouvelle opportunité qui se profile, des synergies qui s’annoncent.
Tous ces souvenirs en lien avec le pays de l’Oncle Sam me reviennent en mémoire en cette période de rentrée des classes où, par un certain hasard, j’ai eu vent, des années plus tard, de bonnes nouvelles (investissements dans des jeunes pousses, partenariats pour une conférence, offres d’emplois, etc.) liées à des rencontres (in-)formelles qui sont le lubrifiant de toute interaction dans les écosystèmes d’innovation (où chaque acteur est un rouage de la machinerie au sens large).
Dans ce domaine, la Suisse accuse un retard certain, conséquence peut-être directe d’une culture moins digitalisée, d’un penchant moins important à la rencontre ou à la mise en relation si les enjeux ne sont pas clairement définis, d’une disposition moins marquée à l’organisation ou à la participation d’événements “juste” pour échanger, se rencontrer, discuter de tout et de rien sans oublier que cela est à la base d’un réseautage porté aux nues par tant mais si peu pratiqué dans l’ensemble.
Mon point est simple: alors qu’un-e Américain-e vous dira “(let me know) how can I help you?” et sera généralement disponible pour vous échanger sans but affiché – sans même souligner l’incroyable réactivité et le court délais de réponse de vos contacts, il est nettement plus difficile d’accéder à cette fluidité d’échanges parmi les acteurs de l’innovation en Suisse.
Alors si vous doutez du retour sur investissement d’une prochaine rencontre, ne cherchez pas à le quantifier et donnez une chance afin de poser les bases d’une relation à plus long terme dont les retombées vous parviendront peut-être un jour où vous les attendrez pas. Et avec un peu de chance, celles-ci auront un impact très positif sur votre entreprise, organisation et avant tout personne (ou celle de votre interlocuteur). A vos agendas!