Comme seuls les grands comédiens sont capables de jouer des rôles très différents, le trait des grands écrivains est sans doute de ne pas réécrire constamment le même livre, mais de savoir en rédiger des différents. Cette qualité appartient sans aucun doute à Jean-Michel Olivier, auteur suisse de renommée, qui fut le récipiendaire du prix Interallié en 2010 pour L’Amour nègre. Après avoir publié en 2019 l’Éloge des fantômes dans lequel il brossait le portrait d’un certain nombre de personnes dont il fut proche, il nous gratifie aujourd’hui de Lucie d’enfer, roman d’une grande cuvée.
Dans un style et des thématiques parfois chessexiens, Jean-Michel Olivier nous emmène dans le dédale de la dépendance de son cœur et de son corps pour Lucie. Durant toute la lecture de ce livre, on ne cesse de se demander, comme en regardant le film Stranger Than Paradise de Jim Jarmusch, si les protagonistes se ratent de peu, comme semblent le laisser penser les circonstances, ou non pas, en réalité, complètement. Sans dévoiler la chute, de la première à la dernière page, l’auteur ne cesse peut-être de creuser sa propre tombe en faisant le contraire de ce qu’il aurait pourtant envie de faire aimanté qu’il est à un amour de jeunesse non consommé.
A lire absolument !
Merci pour l’info. C’est précieux !