Agir contre les incivilités à bord des avions

L’Association du transport aérien international (IATA) a publié des statistiques qui démontrent que le nombre de rapports d’incidents impliquant des passagers turbulents à bord des aéronefs a augmenté ces dernières années. Quelque 10’854 incidents impliquant des passagers turbulents ont été signalés à l’IATA l’an dernier par des compagnies aériennes de toutes les parties du monde. Cela correspond à un incident pour 1205 vols, soit une augmentation par rapport aux 9’316 incidents signalés en 2014 (un incident par 1’282 vols).

Campagne contre les incivilités à bord des avions !

 Des vols perturbés, retardés et parfois déroutés. Les incivilités commises à bord des avions provoquent des situations qui peuvent vite devenir dangereuses, allant jusqu’à menacer la sécurité des vols. C’est pour lutter contre ce type de comportement que l’agence européenne de la sécurité aérienne (EASA) vient de réaliser une vidéo de sensibilisation avec son partenaire l’IATA.

Les faits en Europe : 

Toutes les 3 heures, la sécurité d’un vol au sein de l’UE est menacée par des passagers se comportant de manière indisciplinée ou perturbatrice. Au moins 70% de ces incidents impliquent une forme d’agression. Une fois par mois, un vol est obligé d’effectuer un atterrissage d’urgence lorsque de telles situations dégénèrent. Le nombre d’incidents signalés en 2018 a augmenté de 34% par rapport à 2017.

Ces chiffres sont inquiétants car ils montrent une tendance à la hausse. Ce qui est particulièrement inquiétant, c’est que ces incidents ont un impact direct sur la sécurité de l’équipage et des passagers.

Même si le nombre de passagers indisciplinés est faible compte tenu du nombre total de personnes voyageant en avion, l’impact de leurs actions peut avoir un effet disproportionné sur le bon déroulement du vol et, plus important encore, sur sa sécurité.

Les passagers en état d’ébriété peuvent ne pas être en mesure de suivre les consignes de sécurité au besoin et un comportement agressif distrait l’équipage de ses tâches. La violence physique peut être une expérience traumatisante pour les personnes impliquées et réduit également la capacité de l’équipage à réagir en cas d’urgence.

Tout type de comportement indiscipliné ou perturbateur, qu’il soit lié à une intoxication, à une agression ou à d’autres facteurs, introduit un risque inutile pour le bon déroulement d’un vol. C’est pourquoi l’EASA veut travailler avec l’ensemble des acteurs du monde aérien pour réduire ces incidents.

Pour réagir, l’EASA a créer une vidéo afin de sensibiliser les passagers sur ce fléau.

Le protocole de Montréal

«Les comportements indisciplinés et turbulents sont tout simplement inacceptables. Le comportement antisocial d’une toute petite minorité de clients peut avoir des conséquences fâcheuses sur la sécurité et le confort de toutes les personnes à bord. L’augmentation du nombre d’incidents rapportés nous indique qu’il faut davantage de mesures dissuasives. Les compagnies aériennes et les aéroports sont guidés par les principes de base élaborés en 2014 pour aider à prévenir et à gérer ces incidents. Mais nous ne pouvons agir seuls. C’est pourquoi nous encourageons les gouvernements à ratifier le Protocole de Montréal de 2014 », a déclaré Alexandre de Juniac, directeur général et chef de la direction de l’IATA.

La Convention de Tokyo a été modernisée par le Protocole de Montréal de 2014, comblant les vides qui subsistaient dans le cadre juridique international concernant les passagers turbulents. À ce jour, 16 États ont ratifié le protocole, mais il en faudrait 22.

En 2014 également, l’industrie aérienne a élaboré des principes de base en vue d’une stratégie équilibrée et multi-intervenants pour contrer les comportements indisciplinés. Cette stratégie repose sur l’augmentation des mesures dissuasives internationales et l’amélioration de la prévention et de la gestion des incidents.

Dans certains pays, on s’est concentré sur le rôle de l’alcool comme déclencheur des comportements turbulents. Les compagnies aériennes ont déjà des lignes directrices fermes et des programmes de formation des équipages concernant le service responsable de boissons alcooliques. L’IATA soutient des initiatives comme le code de conduite lancé au Royaume-Uni, qui met l’accent sur la prévention des intoxications et de la consommation excessive d’alcool avant l’embarquement. Le personnel des bars et des boutiques hors-taxes dans les aéroports doit être formé pour servir de l’alcool de façon responsable et il faut éviter les offres qui encouragent ce qu’on appelle la « beuverie express ». Une expérience menée par Monarch Airlines à l’aéroport Gatwick de Londres a démontré que les cas de comportements turbulents peuvent être réduits de moitié avec cette approche proactive intervenant avant l’embarquement des passagers. L’industrie est persuadée que cette approche coopérative volontaire est préférable à des mesures très sévères de réglementation et d’attribution de permis.

 

Pascal Kümmerling

Né à Genève en 1970, Pascal Kümmerling a, depuis l'adolescence , pour passion le monde de l'aviation. Après une licence de pilote privé au Canada, licence pro et finalement instructeur. Avec plus de 3'000 heures de vols et une quarantaine d'élèves formés, Pascal se lance dans l'écriture à travers diverses publications aéronautiques, conférencier à ses heures.

4 réponses à “Agir contre les incivilités à bord des avions

  1. Moyen simple: introduire une taxe écologique et mettre donc fin aux sorties beuveries à Barcelone, etc.

    Vous n’êtes pas sidéré que Ryanair p. ex. a fait son entrée dans le top 10 des plus gros pollueurs en Europe ?

    1. Tristan,
      Une taxe n’est en rien la panacée, elle ne produira aucun effet en ce qui concerne l’incivilité, il s’agit d’un problème plus profond de société : l’éducation.

      1. Les incivilités sont le fait de personnes attirées par des billets bons marchés, sauf rares exceptions. Avec une taxe, elles resteraient à s’enivrer dans le bar du coin.

        Après si vous voulez sauver le monde des incivilités, je vous souhaite bon courage. Pour les avions, une taxe les éloignera … mais ne réglera effectivement pas le problème ailleurs.

  2. L’incivilité commence déjà chez les passagers (la majorité) qui ignorent superbement la première consigne de sécurité annoncée, à savoir éteindre tous les appareils électroniques avant le décollage !
    Soit cette pratique implique un réel risque sécuritaire, et dans ce cas les compagnies devraient être intransigeantes. Soit il n’y a pas de risques à utiliser un appareil électronique, et alors il faut arrêter avec cette consigne…

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