Aéronautique, ce que nous réserve 2017

Entre un marché de l’aviation d’affaires en difficulté, la relance des achats d’avions militaires, une aviation commerciale dont le marché se porte bien malgré les incertitudes des marchés chinois et du Moyen-Orient, la nouvelle année nous réserve néanmoins de nouvelles surprises à l’image d’une situation internationale complexe, sinon chaotique.

Une bonne année pour les compagnies aériennes

Selon les dernières prévisions, l’industrie aérienne mondiale devrait réaliser en 2017 des bénéfices nets de 29,8 milliards de dollars. Avec des revenus anticipés de 736 milliards de dollars, cela représente une marge bénéficiaire nette de 4,1 %. Cette année sera la troisième consécutive (et la troisième dans l’histoire de l’industrie) où les compagnies aériennes obtiendront un rendement du capital investi (7,9 %) supérieur au coût moyen pondéré du capital (6,9 %). Mais attention, les prix plus élevés du pétrole auront un impact plus important sur les prévisions pour 2017. En 2016, le prix moyen s’est établi à 44,6 dollars par baril (Brent) et on s’attend à un prix moyen de 55,0 % en 2017. Cela fera passer le prix du carburant d’aviation de 52,1 dollars par baril (2016) à 64,9 dollars par baril (2017). Une tendance qui pourrait à terme se reporter sur le prix du billet d’avion et avoir comme conséquence une diminution de la demande des passagers.

Arrivée de nouveaux avions :

Cette année l’avionneur Boeing va livrer son nouvel avion, le B737-800MAX, tandis que le B787-10 soit le plus grand des appareils de la famille « Dreamliner » va débuter ses essais en vol. L’avionneur européen Airbus va augmenter la cadence de production de son A320neo (A320 remotorisé) ainsi que de son gros bimoteur l’A350-900. Le canadien Bombardier va monter en puissance dans les livraisons de son CSeries (CS100 & CS300) tandis que le brésilien Embraer devrait obtenir la certification de son nouvel avion commercial l’E190-E2 de 97 à 114 passagers.

En ce qui concerne les nouveautés, Airbus devrait présenter les détails de son futur A350-2000 et Boeing de son B777-10X.

La situation ne semble par contre pas s’améliorer en ce qui concerne les commandes des très gros porteurs. Airbus a lancé un programme de réduction de la production de son A380 et Boeing ne semble pas mieux engagé avec son B747-800 Intercontinental.

L’aviation d’affaires espère une reprise

Le marché de l’aviation d’affaires a été durement touché par la récente récession économique. La demande a considérablement diminué pour les jets d’affaires. Les avionneurs ont en profité pour investir dans le développement de nouveaux jets et la mise à niveau des modèles existants. Ces dernières années, les difficultés économiques ont obligés les fabricants de jets d’affaires à se montrer prudent dans le lancement de nouveaux avions pour répondre à la nouvelle demande.

Dans l’attente de jours meilleurs, les avionneurs proposent progressivement de nouveaux modèles de jets d’affaires. Ceux-ci offrent généralement une vitesse de croisière plus élevée que les anciens modèles, des cabines plus grandes et une compatibilité technologique améliorée avec un environnement de travail confortable et connecté afin qu’ils puissent maximiser la productivité en route vers leur destination. Une autre fonctionnalité clé est la capacité d’exploitation de pistes courtes, permettant aux emplacements de départ de se rapprocher de la base d’accueil des futurs utilisateurs et du point final de destination permettant même des temps de trajets plus courts.

A noter que, si les grands jets d’affaires se vendent mal, la gamme des petits jets se porte nettement mieux. Le tout nouveau HondaJet de Honda Aircraft de 4 places est entré en service bien accueilli, avec des commandes pour plus de 100 avions. Le suisse Pilatus Aircraft avec son PC-24 a déjà acquis plus de 80 commandes, de quoi disposer d’une production de trois ans. Le premier Jet d’affaires suisse a séduit de nombreux clients et ceci grâce à sa polyvalence et à une capacité à se poser sur n’importe qu’elle type de piste.

Les motoristes sous pressions 

2017 sera une année décisive pour les motoristes. CFM International et Pratt & Whitney doivent venir fournir les nouveaux Airbus, Boeing, Bombardier et Embraer. La question subsiste en ce qui concerne les capacités réelles de production ? Pratt & Whitney ayant subi des retards avec son moteur P&W 1000« Pure Power «, l’avionneur Bombardier a été contraint de ralentir les livraisons du CSseries. Il en va de même pour Airbus et Embraer. De son côté, le groupe CFM International n’est pas encore totalement en mesure de garantir une montée en puissance suffisante pour assurer les nombreuses livraisons.

Relance des achats d’avions de combat

 Du côté du secteur de la défense, une relance des acquisitions militaires accentue les programmes d’achats d’avions de combat sur plusieurs continents. En Europe, plusieurs compétitions vont démarrer pour la modernisation des Forces aériennes : la Belgique, la Finlande et la Suisse pour les principales. Avec l’augmentation récente des dépenses militaires à travers le monde et l’instabilité actuelle, on estime les besoins en matière d’avions de combat à près de 3’000 aéronefs d’ici 2030. De quoi aiguiser les appétits des avionneurs occidentaux, mais également russes et chinois.

Trump l’inconnue

Et le dernier point important, l’arrivée à la Maisons Blanche de D. Trump. Le virulent homme d’affaires qui « twitte » plus vite que son ombre, semble vouloir mettre la pression sur les coûts de nombreux programmes, comme le futur avion présidentiel Air Force One et surtout les nombreux dépassements de budget de l’avion de combat F-35. Pour ce dernier, une décision de bloquer le programme aurait alors un impact direct sur les pays déjà clients et pourrait même favoriser les aéronefs européens. Mais Trump pourra-t-il véritablement réduire la facture du F-35 sans toucher à l’emploi, l’une de ses priorités de campagne ? Rien n’est moins sûr pour l’instant, sans favoriser le concurrent Boeing et son « Super Hornet » en contrepartie. La perplexité demeure en ce qui concerne les futures actions du nouveau président.

 

 

 

Pascal Kümmerling

Né à Genève en 1970, Pascal Kümmerling a, depuis l'adolescence , pour passion le monde de l'aviation. Après une licence de pilote privé au Canada, licence pro et finalement instructeur. Avec plus de 3'000 heures de vols et une quarantaine d'élèves formés, Pascal se lance dans l'écriture à travers diverses publications aéronautiques, conférencier à ses heures.

Une réponse à “Aéronautique, ce que nous réserve 2017

  1. Vous avez vu juste en ce qui concerne les risques d’abandon partiel du F-35 il semble bien que nombreux sont ceux qui ont déjà réduit leurs commandes, et des discussions en coulisses auraient commencé avec les constructeurs du Rafale (Dassault), de l’Eurofighter (consortium) ou encore du Gripen (Saab), les trois avions « souverains » européens auxquels le programme F-35 a fait énormément de mal.

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