Le Brexit menace-t-il la coopération aéronautique européenne ?

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Le résultat du vote sur le Brexit laisse planer plusieurs inconnues sur l’avenir de l’Europe, telle que nous la connaissons aujourd’hui. Mais qu’en est-il de la coopération aéronautique au sein même de cette Europe qui n’est plus tout à fait la même depuis quelques heures ?

Pressions avant le vote 

Il est intéressant de noter que les principales sociétés travaillant dans le domaine de l’aéronautique civile et militaire comme Airbus, BAe Systems, Rolls-Royce, MBDA et GKN ont tous contacté leurs employés britanniques avant le vote, afin de leur demander de voter en faveur du maintien au sein de l’EU. Bien qu’aucune menace n’ait été proférée pour réduire les 65.000 emplois du secteur au Royaume-Uni, une certaine pression a été menée en ce qui concerne les liens des entreprises britanniques et l’accès direct aux clients et fournisseurs de l’UE. Rester dans L’EU devait permettre au Royaume-Uni de maintenir son influence sur les normes et les règlements de l’industrie aéronautique.

Quant est-il réellement ?

 Du côté de la compagnie aérienne British Airways, qui détient notamment Iberia et Vueling, on déclare que la décision de quitter l’EU n’aura pas d’impact significatif à long terme sur l’activité du groupe.

A court terme, il faudra probablement faire face à une baisse du nombre de passagers au Royaume-Uni. Un possible ralentissement de l’activité économique et la baisse du taux de change de la livre sterling en sont les moteurs. Les Anglais pourraient donc un peu moins voyager, alors qu’à terme les étrangers pourraient venir plus nombreux en Angleterre, rétablissant ainsi la croissance du trafic aérien sur la région.

Le Royaume-Uni va devoir engager très rapidement des négociations avec l’EU pour son adhésion à l’Agence européenne de la sécurité aérienne et à l’agence ATC Eurocontrol. La démarche se fera de la même manière que pour les Etats non membres de l’EU, comme notre pays et la Norvège. Certes, la différence réside dans le fait que la Suisse et la Norvège n’ont jamais fait partie de l’EU et qu’un pays qui quitte celle-ci, soulève des questions quant à la base de sa participation continue dans les aspects réglementaires et de fournitures de services.

L’Angleterre est un des piliers de l’industrie de l’aérospatiale civile et militaire en Europe. De fait, l’Union Européenne et le gouvernement britannique vont rapidement se mettre au travail, afin de réduire au minimum les aspects négatifs de la décision de quitter l’EU. Il devient nécessaire aujourd’hui de créer un nouvel environnement dans lequel ces secteurs stratégiquement importants pourront continuer à prospérer.

Maintien de la collaboration

La sortie du Royaume-Uni ne signifie pas une fin de collaboration avec l’EU. La Grande-Bretagne va probablement souffrir des incertitudes suite au vote et le pays devra rapidement se concentrer encore plus sur la compétitivité de son économie par rapport à l’UE et au reste du monde.

Airbus dispose au Pays de Galles d’une importante usine qui produit les ailes des avions de ligne et notamment celles particulièrement démesurées de l’A380. Nul doute que l’avionneur européen va continuer d’exploiter cette production unique au monde.

Les autres domaines, comme la coopération franco-britannique en matière de défense, la collaboration entre Dassault Aviation et BAe Systems sur le programme d’études du futur avion de combat de 6ème génération, tournent à plein régime. La collaboration entre les motoristes Safran et Rolls-Royce dans les domaines civils et militaires, le missilier MBDA, le groupe anglo-italien Leonardo Finmeccanica (qui produit les hélicoptères AgustaWestland et sa division radars qui équipe l’Eurofighter (Airbus DS) et le Gripen (Saab) et bien d’autres), est le vecteur qui va faire perdurer les relations entre l’Angleterre et l’EU bien au-delà de la décision du vote de ce 24 juin.

Pascal Kümmerling

Né à Genève en 1970, Pascal Kümmerling a, depuis l'adolescence , pour passion le monde de l'aviation. Après une licence de pilote privé au Canada, licence pro et finalement instructeur. Avec plus de 3'000 heures de vols et une quarantaine d'élèves formés, Pascal se lance dans l'écriture à travers diverses publications aéronautiques, conférencier à ses heures.

2 réponses à “Le Brexit menace-t-il la coopération aéronautique européenne ?

  1. A priori l’industrie aéronautique des pays restés dans l’Union Européenne a autant besoin de l’industrie aéronautique britannique que cette dernière de la première. Airbus est une entreprise multinationale et je vois très mal Airbus supprimer son entité britannique ou en réduire l’importance car il y a une réalité industrielle derrière le simple nom. Airbus ne va-t-il pas continuer à se procurer ses moteurs Rolls Royce en Angleterre? C’est pour cela que je ne crois pas que l’industrie britannique aéronautique souffre du Brexit. Du côté des normes, il y aura peut-être des exigences de l’UE mais il y aura avant tout des exigences techniques propres à chaque type d’avion et cela se réglera entre ingénieurs en dehors du cadre Bruxellois.

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