Comment lutter contre l’indiscipline des passagers ?

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Vols déroutés, passagers débarqués, harcèlement, violence en tout genre, comportement intimidant, ivresse et conduite désordonnée, entrave à la sécurité de l’aéronef, refus d’obéir aux directives de l’équipage. L’indiscipline d’une minorité de passagers pose de gros problèmes aux compagnies aériennes en matière de sécurité, mais aussi en matière de coûts. Selon les statistiques disponibles au niveau mondial, on recense près de 5’000 incidents graves par an.

Trois catégories

Les récentes études sur le sujet démontrent trois types de passagers à problèmes :

  • Le passager indiscipliné et réfractaire aux procédures et aux consignes de sécurité qui refuse d’attacher sa ceinture, de présenter sa carte d’embarquement.  Avec lui, ordre est donné au personnel navigant de privilégier la patience et le dialogue.
  • Le passager qui perturbe ses voisins et l’équipage : il parle haut et fort, harcèle le personnel, exige des prestations qui ne sont pas prévues, veut boire plus d’alcool que ce qui est autorisé. On avertit celui-ci dans sa langue maternelle de manière écrite sur les poursuites judiciaires auxquelles il s’expose.
  • Le passager dangereux. Il fait preuve de violence à l’égard des autres, s’en prend physiquement à l’équipage. Détectée, sa présence déclenche d’ailleurs immédiatement le verrouillage du cockpit. La seule solution est sa neutralisation rapide avec des menottes du ruban adhésif, ou des sangles.

Drogue et alcool  

Les phénomènes d’indisciplines sont souvent liés à la consommation abusive d’alcool, mais également de drogues. Il faut tenir compte qu’en altitude la diminution d’oxygène a des conséquences fâcheuses sur l’organisme : à plus de 10’000 pieds, un verre d’alcool compte… pour deux. Le mélange alcool-médicament forme un cocktail encore plus explosif.

Des lois renforcées

L’Association du transport aérien international (IATA) a émis des modifications importantes à la Convention de Tokyo de 1963 qui ont été convenues lors d’une conférence diplomatique à Montréal. Cette convention fournit le cadre juridique pour le traitement des passagers dont le comportement indiscipliné ou perturbateur conduit à une agression physique ou constitue une menace pour la sécurité d’un vol.

Cet accord est une bonne nouvelle pour tout le monde, passagers et équipages. Les modifications et les mesures déjà prises par les compagnies aériennes commencent à fournir un moyen de dissuasion efficace contre les comportements inacceptables à bord des avions. A ce jour, plusieurs Etats ont déjà ratifiés l’accord.

Il faut comprendre que cet accord permet notamment d’étendre la compétence du pays d’immatriculation de l’aéronef dans le pays de destination. Ce protocole comble un vide qui a permis à de nombreuses infractions graves d’échapper à une action en justice.

De plus, les modifications apportées offrent une plus grande clarté de la définition de comportement indiscipliné.

En marges de ces décisions, les compagnies aériennes adoptent progressivement des formations adaptées pour le personnel, allant de la capacité à calmer une situation par le dialogue en passant par des cours de self défense. Les Etats signataires doivent agir avec les transporteurs et les autorités aéroportuaires pour mener des campagnes de sensibilisation sur les conséquences des comportements indisciplinés et assurer la mise en place de procédures visant à prévenir les comportements indisciplinés durant les vols.

Les premiers résultats 

 La mise en application du protocole de Montréal durant l’année 2015 a permis à des compagnies aériennes d’obtenir gain de cause face à des passagers très violents avec le paiement des dégâts occasionnés durant le vol.

Une liste noir des passagers 

 La dernière étape en matière de protection contre les passagers violents, consiste dans la création d’un fichier « liste noire » international. Cette liste, selon la demande de plusieurs transporteurs, pourra à l’avenir ’interdire l’accès à bord de certains passagers reconnus comme particulièrement violents. Cependant, pour des raisons de flou juridique et de protection des données, cette liste n’est pas encore d’actualité, ce que regrette nombre de compagnies aériennes. Le sujet sera rediscuté encore cette année.

 

 

 

 

Pascal Kümmerling

Né à Genève en 1970, Pascal Kümmerling a, depuis l'adolescence , pour passion le monde de l'aviation. Après une licence de pilote privé au Canada, licence pro et finalement instructeur. Avec plus de 3'000 heures de vols et une quarantaine d'élèves formés, Pascal se lance dans l'écriture à travers diverses publications aéronautiques, conférencier à ses heures.