Le Château de Kafka version Confédération helvétique, normes covid et manifestations

Mais que nous mijote la Confédération ? Si les règles envisagées pour les grandes manifestations, bien qu’encore très floues, ont été communiquées, toujours pas la moindre information à l’horizon quant aux événements de moins de 1000 personnes. Actuellement, un épais brouillard entoure les règles qui régissent l’organisation dès juillet d’un événement de 300, 500 ou 900 personnes. Le médecin cantonal renvoie à la Confédération, les présidents de communes et les politiques disent qu’il est urgent d’attendre.

Personne ne semble donc actuellement en mesure de nous donner les règles établies pour organiser, par exemple, une petite fête dans son village. On en déduit donc que c’est interdit, mais pour cela il nous aura bien fallu douze mails, quatorze appels téléphoniques et deux mois d’attente. On parle bien ici d’une petite fête pour les habitants du cru, de celle que tout le monde organise actuellement sous le manteau, mais que l’on nous interdit de proposer légalement avec des critères définis.

Les règles concernant les manifestations de moins de 1000 personnes ont-elles été volontairement égarées dans les méandres de l’administration fédérale ?

Dans ces circonstances, tous les événements prévus en juin sont annulés, faute de pouvoir obtenir des réponses claires, chaque annonce amenant plus de questions que de précisions. Quel manque de considération et de respect pour les organisateurs ! Les autorités politiques fédérales ne tenteraient-elles pas de noyer le poisson faute d’oser décider, créant ainsi un magma d’incertitudes visant à obliger les derniers téméraires qui essaient d’offrir un semblant d’été culturel à abandonner ?

L’année 2020 fut compliquée, mais faisable, 2021 devient faisable mais avec un nombre incalculable d’embûches administratives, où aucun responsable ne peut vous répondre. Un sacerdoce à porter seul dans un enfer d’incertitudes.

A deux jours d’une grande manifestation sportive qui devrait faire bouger les lignes au niveau du respect – probablement très relatif – des mesures, nous, organisateurs, croulons sous les questions de notre public : À quel moment sera rouverte la billetterie ? Qu’attendez-vous donc ? Pourquoi ne communiquez-vous rien ? On sera bien debout et sans masque cet été ? Devrons-nous consommer assis ? Le passeport covid est-il obligatoire à l’entrée ?

Et là, tout penaud, nous devons expliquer à des milliers de personnes, que non, nous n’avons pas les directives nécessaires pour nous permettre d’avancer.

Et les gens nous prennent pour des fous incapables.

Et nous, on attend…

« Le domestique devait alors, pour y chercher des preuves nouvelles, retourner au chariot qui avait roulé tout seul, car le couloir était en pente, ou bien aller trouver le monsieur qui prétendait avoir des droits sur les dossiers pour échanger les objections du détenteur contre les contre-objections du monsieur. Ces négociations étaient longues; on finissait parfois par se mettre d’accord: le détenteur rendait, par exemple, s’il n’y avait eu qu’une confusion, une partie des dossiers détenus en échange d’autres dossiers; mais il arrivait également qu’il dût renoncer à tout le paquet sans aucune compensation (…) » Franz Kafka, Le Château, Éditions Gallimard, 1938, p 393.

 

Sébastien Olesen, Directeur du PALP Festival

PALP Festival

Le PALP est la promesse d’événements atypiques qui renverse les traditions et rassemblent les arts, dans des cadres bucoliques. Il est devenu, au fil du temps, un véritable laboratoire de culture et de tourisme, un centre de recherche sur l’avenir de la culture et de la vie sociale en montagne, axé également sur une économie circulaire au cœur du village dans lequel il est implanté, Bruson.