Pour en finir avec le dry january (épisode 1)

« Alors, ce dry january ? ». En cette fin janvier, l’heure du bilan a sonné. Surtout quand, en dehors des éternels débats autour des vaccins ou du feuilleton de la campagne présidentielle française, le fameux mois d’abstinence alcoolique importé des pays anglo-saxons est l’un des gros sujets de conversation du moment. Du moins dans les rares diners en ville que nous nous autorisons encore entre deux tests négatifs.

Personnellement, le dry january n’est pas ma tasse de thé  – ou plutôt mon ballon de rouge ! -, et lorsque j’ose assumer en public cette scandaleuse position, je suis prié d’avancer de solides arguments si je ne veux pas passer pour un indécrottable pochard. Comme l’antivax ou le climatosceptique (n’ayant pas toutes les tares, je ne suis ni l’un ni l’autre !), le « dryjanuarysceptique » est suspect. Forcément suspect. Avant que ce fameux mois de janvier abstinent ne se termine, voici donc ce que j’ai à dire pour ma défense.


Binge drinking et dry january, même combat ?

Mon premier argument est d’ordre quasi-philosophique. Se bourrer la gueule de pré-Noëls en Noël puis post-Noëls tout au long du mois de décembre pour expier ensuite son crime en janvier (avant de recommencer comme si de rien n’était le 1er février) ne me semble pas très sérieux. Et surtout pas la meilleure manière de bien gérer son rapport à une consommation excessive d’alcool. La privation n’est jamais bonne conseillère, car on finit toujours, à un moment ou à un autre, par craquer.

Binge drinking.

Cela me fait même furieusement penser au fameux « binge drinking » (damned, encore un terme anglais !), en vogue chez certains jeunes qui restent sobres la semaine puis, le samedi soir, peuvent frôler le coma éthylique à force d’excès. Je sais bien que la mode est au jeûne et autres cures détox qui, une fois de temps en temps, sont excellents pour la santé. Mais la logique de “dents de scie” du binge drinking, qui est au fond la même que celle du dry january, ne vaudra jamais une consommation plaisir, saine, contrôlée et non compulsive de boissons alcoolisées de qualité… tout au long de l’année.

 

Cynisme et opportunisme

Mon second argument est d’ordre médical. Tous les chiffres montrent que le très lucratif marché des vins, bières et spiritueux sans alcool est en train d’exploser sous le coup de la mode du dry january. Preuve que les personnes qui désirent limiter leur consommation d’alcool ont toutes les peines du monde à se contenter d’amour et d’eau pure, et présentent une dépendance au minimum psychologique aux boissons alcoolisées.

Dans ce cas, mieux vaut regarder le problème en face et chercher une solution pérenne, plutôt qu’un mois sur douze. Ceux qui, comme moi, ont tenté d’arrêter la cigarette un mois et repris de plus belle ensuite savent de quoi je parle. Les industriels du faux vin ou de la fausse bière ne travaillent pas comme ils l’affirment pour défendre notre santé, mais leurs intérêts financiers. Ce ne sont d’ailleurs pas par hasard souvent les mêmes multinationales qui produisent à la fois des boissons alcoolisées et leurs ersatz sans alcool, histoire d’occuper l’ensemble du créneau commercial. Toutes ces entreprises ont en commun le même cynisme et le même opportunisme.

 

Le mirage des vins sans alcool

Mon dernier argument est d’ordre gustatif. Consommer des boissons imitant le vin relève de la double peine, puisqu’aucun des petits chimistes de l’œnologie industrielle n’a vraiment trouvé, même à coups d’arômes artificiels, la recette magique du bon vin (ou de la bonne bière) sans alcool. Et à mon avis ce n’est pas demain la veille qu’on y arrivera puisque, n’en déplaise à ces apprentis sorciers, le vin de qualité est un produit naturel ultra-complexe dont le processus d’élaboration remonte à 8 000 ans. Cela fait également 8 000 ans que par le miracle de la fermentation, le sucre du jus de raisin est transformé en alcool. Un vin sans alcool est donc une incongruité qui reflète bien la tendance de notre époque capricieuse, où l’on veut tout et son contraire. Si vous ne souhaitez pas boire de vin en janvier, alors un conseil, essayez le jus de raisin bio. C’est encore ce que vous pourrez trouver de plus satisfaisant pour réussir votre dry january, si vous n’arrivez pas à vous contenter d’eau.

Tout cela est bien gentil, me direz-vous, mais comment m’y prendre si je souhaite contrôler ma consommation d’alcool sans me priver du plaisir de boire des bons vins ? Il n’existe évidemment pas de solution miracle, mais quelques conseils de bons sens que j’ai personnellement expérimentés vous montreront sans doute la voie. Ou plutôt pourront vous aider à trouver la vôtre. Je vous les dévoilerai dès la fin officielle du dry january.

Alors vivement le 1er février !

Olivier Le Naire

Olivier Le Naire, journaliste et écrivain, ancien rédacteur en chef adjoint du magazine français L’Express, est passionné par l’univers du vin et des spiritueux. Auteur de nombreux livres, dont "Découvrir lez vins bio et nature" publié chez Actes Sud, il est diplômé du fameux Wine & Spirit Education Trust (WSET). Juré de concours vinicoles, il anime aussi les formations de L’Atelier des Dégustateurs.

2 réponses à “Pour en finir avec le dry january (épisode 1)

Les commentaires sont clos.