Qu’est-ce qui n’est pas étrange en Ukraine?

Je ne savais pas comment ouvrir ce blog, quelle phrase pour résumer à la fois mon amour pour ce pays et mon souhait de vous le raconter.

C’est en sortant d’un parking où des gens sont payés pour prendre votre ticket et le mettre dans la machine qui lève la barrière que mon amie, surprise par mon étonnement, s’est écriée: «mais qu’est-ce qui n’est pas étrange en Ukraine?»

Du chauffage dans les cages d’escalier à la manière de commander de la vodka, de la nouvelle police de Kiev aux noms des partis politiques, effectivement, tout est étrange dans ce pays qui n’est pourtant qu’à deux heures et demie d’avion de Genève ou Zurich.

J’ai découvert l’Ukraine en 2009, et n’ai cessé d’y retourner depuis. Au point que j’ai décidé, en février de cette année de m’y installer, à Kiev plus précisément. Ce que j’y fais? J’y finis mon livre sur la ville la plus jeune ville du pays (vous pouvez en apprendre plus par ici), j’y prépare des projets documentaires pour les mois et années à venir, mais surtout, je voulais voir de plus près cette nation qui rêve de l’ouest et qui se transforme et mûrit et dans d’étranges et douloureuses convulsions. Ici, j’ai découvert des choses d’une beauté insoupçonnée pour beaucoup d’entre vous et j’y ai déjà vécu de nombreuses expériences étranges qui m’ont fait réfléchir sur cette culture en même temps que sur mon identité de jeune Suisse.

L’Oeil de Kiev, c’est un projet que j’avais dans les tiroirs depuis février et que je suis heureux de pouvoir partager avec les lecteurs du Temps. L’occasion de confronter deux cultures résolument européennes, et pourtant parfois aux antipodes. Par des articles plus ou moins longs, j’aimerais partager avec vous certains des paradoxes que j’ai pu observer ou vivre. Certains vous feront rire, d’autres vous aideront juste à voir au delà de certains clichés que nous avons sur cette ancienne république soviétique et dans lequel je vois un splendide laboratoire pour l’Europe de demain. Tant que possible, j’agrémenterai cela d’images, et – qui sait – peut-être d’autres médias. Ce blog sera aussi pour moi un laboratoire, l’occasion de tester d’autres formes de narrations, de raconter d’autres sortes d’histoires que celles que vous lisez dans vos journaux.

Vu qu’on ne se connait pas encore, je me permets ici une petite introduction. Je m’appelle Niels Ackermann, j’ai 28 ans et, si mon activité principale est le photojournalisme, j’aime toucher à tout: de la cuisine méditerranéenne à la programmation en passant par les analyses statistiques. Mon parcours reflète cette diversité, beaucoup de photo (d’abord au sein de l’agence Rezo.ch, puis désormais sous les couleurs de lundi13) pour la presse suisse et internationale, et des études universitaires: d’abord en économie, puis en science politique. Je bricole aussi des sites internet depuis l’âge de 12 ans et reste un assoiffé de nouvelles technologies. Rien par contre pour la cuisine méditerranéenne. Désolé.

Je me réjouis de commencer ces échanges avec vous. Pour clore ce billet, une phrase que j’ai retrouvé hier dans un de mes vieux carnets: «L’Ukraine, c’est ce pays étrange où, dans le bus, ta voisine joue sur le dernier iPhone pendant qu’à travers la fenêtre, tu aperçois une carriole en bois tirée par des chevaux.»

Niels Ackermann

Niels Ackermann, photoreporter, co-fondateur de l’agence lundi13, vit entre Kiev et Genève. Il produit depuis 2007 des reportages pour les principaux titres de la presse internationale. Ses travaux actuels visent à donner une image nouvelle et positive à I’Ukraine, trop souvent associée à des clichés exagérément négatifs.

5 réponses à “Qu’est-ce qui n’est pas étrange en Ukraine?

  1. Pas peu fier d’accueillir Niels Ackermann sur cette plate-forme de blog le jour où il reçoit le “PrixPhoto2015” à Zurich.
    Bravo.

  2. voilà un joli commentaire sur ce pays. J’y réside depuis 1996 et les changements sont spectaculaires….dans les grandes villes. Moi aussi j’ai eu beaucoup de mal à comprendre certains comportements sans les juger. Beaucoup reste à faire mais je suis optimiste pour l’avenir malgré la situation actuelle. j’aurai un grand plaisir à vous lire et voir vos photos peut être en Ukraine…

Les commentaires sont clos.