Il y a quelques mois, les journaux hexagonaux avaient fait grand cas de la supposée intervention de Vincent Bolloré pour censurer l’un ou l’autre sujet programmé par Canal+ qui lui aurait été déplaisant en raison de ses liens d’amitié et d’influence. Si cela devait avoir un fondement, une telle démarche subreptice ne serait évidemment pas à saluer, tant on sait que la censure, à tout le moins sous toutes les formes que le droit ne consacre pas, est un poison à diffusion lente qui érode la démocratie et, par effet de rebond, nourrit les plus ineptes théories du complot.
Reste que Vincent Bolloré était, avec sa réussite flamboyante et son incarnation absolue du grand patronat, une cible facile. L’influence de l’argent, du pouvoir, du réseau. Quelle plus belle cible pour la censure du citoyen lambda par le milliardaire ?
Récemment, on a vu apparaître, une forme de censure plus inusuelle, moins ancrée dans les stéréotypes. Comme l’explique le patron de l’Opinion, « la CGT a décidé de bloquer l’impression de tous les journaux qui avaient refusé de publier sous la contrainte un tract appelant le gouvernement à retirer la loi travail ».
Hormis l’Humanité, tous les journaux ont refusé de publier cette tribune.
Comme justification, Didier Lourdez, secrétaire général du syndicat du livre CGT, répond ce qui suit, drapé de certitudes : «La liberté de la presse et la démocratie doivent se faire dans les deux sens», (…) C’est nous qui sommes pris en otages par le gouvernement qui veut appliquer une loi».
Drôle de conception de la liberté de la presse.