La vendangeuse de la Combe d’Enfer

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Le vendangeur. Mot qui désigne aussi bien la personne qui procède à la vendange que l’outil qui permet de sectionner les grappes. Les deux se donnent sans compter depuis quelques semaines. La vendange 2015 bat son plein, ça sent fort les raisins frais entre les lignes des vignes suisses. Pronostic ? La cuvée 2016 aurait un gros potentiel. Grâce au soleil de damné qui a fait péter le taux de sucre dans les raisins. Mais gare. Il semblerait aussi que les peaux n’aient pas eu le temps de murir ; délicat.

Délicate, un adjectif qui qualifie parfaitement Marie-Thérèse Chappaz. Je l’ai dans l’œil depuis longtemps ; nos mini-vignes respirent à côté des siennes, dans la Combe d’Enfer, à Fully. Combe d’Enfer, c’est là que se trouvait le vin suisse avant l’arrivée des vignerons et vigneronnes de la trempe de la Chappaz. Cette génération avait envie de rupture. Ils savaient que cette terre n’était pas ingrate, qu’elle pouvait faire mieux sous leur vendangeur. Leurs œuvres ont des noms aux sonorités magiques : ermitage, petite arvine, malvoisie…Tout d’un coup, le vin suisse. Tout d’un coup, au-delà des frontières, l’association de « vin » avec « suisse » ouvre le champ des possibles.

Il y a quelques jours, le jury du Gault&Millau a décerné à Marie-Thérèse Chappaz le titre rare et envié d’icône pour son engagement en faveur de la qualité et de la renommée des vins suisses. La Suisse n’est plus seulement la patrie du chocolat et du fromage. Nos merlots sont courtisés en Italie, nos pinots noirs régatent avec les meilleurs bourgognes, nos chasselas inspirent la Chine.

Une vendangeuse a ouvert une nouvelle voie et vaincu la Combe d’Enfer. Il était temps.