Petite chimie du quotidien

Changement climatique…et pollution

Ce n’est pas un article très gai pour ce début octobre, si tant est que les autres aient pu l’être.

Aujourd’hui, personne ne peut prétendre ignorer que notre civilisation va au devant de grands changements, même si des mesures sont prises rapidement.

Le rapport du GIEC du 25 septembre sur les océans et la cryosphère est sans appel: “Approuvé le 24 septembre 2019 par les 195 Gouvernements membres du GIEC, le Rapport spécial du GIEC sur l’océan et la cryosphère dans le contexte du changement climatique…présente de nouvelles preuves soulignant les avantages qu’il y a à faire en sorte que le réchauffement planétaire soit aussi faible que possible, conformément à l’objectif que les gouvernements se sont fixés dans l’Accord de Paris en 2015. En réduisant de toute urgence les émissions de gaz à effet de serre, il est possible de limiter l’ampleur des changements auxquels sont confrontés l’océan et la cryosphère. Les écosystèmes et les moyens d’existence qui en dépendent peuvent être préservés.”

Même les banques commencent à réaliser les risques que représentent ces changements à l’instar du rapport publié par Golman Sachs cette semaine.

Cependant, si les changements climatiques ont un impact important et mesurable sur les écosystèmes, ce ne sont pas les seuls pressions anthropiques que ces derniers subissent. Les substances chimiques, dont je vous parle depuis 2 ans, ont également un impact non-négligeable sur l’environnement.

Or il y a très peu d’études scientifiques qui se penchent sur les effets conjoints des modifications du climat et de la pollution chimique.

En cherchant pour mes étudiants, j’ai trouvé un article de 2009 qui fait le point sur la question. Il s’intitule: la toxicologie du changement climatique: les contaminants de l’environnement dans un monde plus chaud.

Et autant vous le dire tout de suite, le constat est alarmant. Donc si vous ne voulez pas entendre de mauvaises nouvelles, arrêtez votre lecture ici.

D’abord les changements climatiques auront un effet sur le transport et le devenir des substances chimiques dans l’environnement.

Une bonne nouvelle cependant, il est possible que des températures plus élevées augmentent la dégradation des substances chimiques dans l’environnement. Ceci peut en partie s’expliquer par de plus longues périodes “chaudes” pendant lesquelles les microorganismes qui dégradent les substances fonctionnent bien.

En revanche, des températures plus chaudes vont augmenter la pollution de l’air (par “évaporation” de substances depuis les eaux et les sols ), avec des risques pour la santé humaine et les écosystèmes.

Le manque de pluie va également contribuer à cette pollution de l’air, car l’atmosphère sera plus rarement “lavée” par l’eau. L’air sera pollué plus durablement.

A l’opposé, les évènements de pluie extrêmes prévus par les différents scénarios vont entraînés les substances chimiques vers les eaux avec un risque d’augmenter significativement les concentrations dans le milieu aquatique. Et donc le risque pour les espèces aquatiques.

Au niveau de la toxicité, l’étude relève que les changements climatiques vont augmenter les effets des substances chimiques. Pour résumer les organismes vont être soumis à un double stress. Ils devront s’adapter à des changements de leur milieu (en terme de température, humidité, nourriture disponible) et en même temps faire face aux polluants toxiques.

Prenons le cas d’un poisson dans une rivière. Les été chauds et secs contribuent à réduire l’eau présente dans sa rivière en été. Cette eau est également plus chaude. Notre poisson doit donc faire face à un milieu de vie moins confortable.

A côté de cela, les pesticides et autres médicaments se déversent toujours dans la rivière. Mais comme il y a moins d’eau, ils sont moins dilués et leur concentrations sont plus élevées. Donc ils sont plus toxiques

Je pense que vous êtes arrivés à la même conclusion que moi: la “sur”vie de ce poisson va être compliquée.

Je vous avais prévenu, ce post n’est pas très gai.

Ces conclusions montrent qu’il y a urgence, urgence d’agir sur les gaz à effets de serre comme le souligne le GIEC, mais également sur l’utilisation et les rejets des substances chimiques.

Malheureusement, actuellement ces problématiques sont encore traitées séparément. Il est donc facile aux industriels de faire recours contre l’interdiction d’une substance comme c’est le cas pour le chlorpyriphos et ses cousins en Suisse. On peut discuter pendant des années du risque que présente une molécule, voir un groupe de substances. On connaît la controverse autour du glyphosate.

On n’en est malheureusement plus là. Les espèces vivantes ne sommes pas exposées à une substance, mais à des centaines de milliers. Dans un environnement qui va beaucoup changer.

Je me répète certainement, mais nous pouvons diminuer les substances chimiques que nous utilisons, au quotidien. Ensemble, elles ont un impact sur notre santé et sur notre environnement. Au niveau de l’alimentation, des cosmétiques, des détergents. Il y a des choses à faire.

Et au delà de nos actions de consommateurs, nous avons également le droit de vote. Et pour éviter tout malentendu, je ne préconise pas ici de voter pour un parti donné. J’ai eu l’occasion de collaborer avec des personnes de différents partis et ce fût souvent enrichissant.

Mais il s’agit bien ici de donner son avis, en fonction de ses convictions, au moment où on nous le demande, que ce soit pour les votations communales, cantonales ou fédérales, ou sur des initiatives.

 

Référence:

Noyes et al. 2009. The toxicology of climate change: Environmental contaminants in a warming world. Environment International 35: 971-986.

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