Ménopause…. Est-ce que cela vous gêne d’en parler ?  

J’ai toujours eu de la peine à comprendre pourquoi certains sujets étaient tabou dans le monde du travail et de manière générale. Pourquoi ne pourrait-on pas aborder tous les sujets qui nous touchent de près ou de loin ? Aujourd’hui oserait-on lever le voile sur le sujet délicat qu’est la ménopause… Cela vous concerne ou vous concernera, directement si vous êtes une femme, mais indirectement aussi, si vous avez une épouse, une sœur, une mère, une employée…une collègue… Donc nous tous !

Idées reçues …

Pour être honnête, la ménopause, je ne m’y suis jamais vraiment intéressée. On n’en parlait tout simplement pas à la maison et je n’ai jamais vraiment discuté de cela avec mes amies ou collègues plus âgées.

J’avais, comme beaucoup de personnes je pense, des images très stéréotypées de la femme ménopausée.  Rien de sexy, vraiment. J’avais évidemment entendu que certaines femmes souffraient de bouffées de chaleur, prenaient du poids, avaient le moral dans les chaussettes, ressentaient une perte de libido…. Pour moi cela arrivait tard dans la vie d’une femme. Plus loin je pouvais mettre cette transition dans mon planning de vie, mieux je m’en porterais.

Il y a quelques années, une de mes collaboratrices a été très transparente avec moi et mes collaborateurs. Plus jeune que moi de quelques années elle m’expliquait qu’elle était en péri-ménopause – période qui précède la ménopause et qu’elle souffrait de plusieurs symptômes désagréables. Le fait qu’elle soit à l’aise d’en parler nous a tous mis à l’aise. Nous pouvions rire avec elle des bouffées de chaleur, comprendre lorsqu’elle était fatiguée parce qu’elle n’avait pas dormi de la nuit. Nous avons pu mettre des mots sur des émotions et avons réussi à aménager du temps pour elle lorsqu’elle en avait besoin.  Cela m’a fait prendre conscience que 1) cela n’arrivait pas uniquement à partir de 50 ans et 2) que ça allait m’arriver avant que je puisse y être prête. J’ai commencé à lire tout ce que je pouvais sur le sujet plus ou moins encourageant, inquiétant ou drôle : https://www.letemps.ch/societe/premenopause-on-un-plat

Soutien de l’employeur ?

Lorsque j’ai lu dans The Guardian que près d’un million de femmes pourraient quitter leur emploi en raison des symptômes de la ménopause, j’ai été choquée. (https://www.theguardian.com/society/2022/jan/17/more-than-1m-uk-women-could-quit-their-jobs-through-lack-of-menopause-support) Une enquête menée auprès de 2 000 femmes âgées de 45 à 67 ans au Royaume-Uni et présentant des symptômes de la ménopause a révélé que ce manque de soutien a un impact direct sur leur décision. Selon elle, c’était le deuxième facteur le plus dévastateur sur leur carrière à ce jour, juste après le fait d’avoir des enfants. Les problèmes les plus courants qui surviennent pendant cette période de vie comprennent une capacité de concentration réduite, un sentiment de stress accru et moins de patience avec les clients et les collègues. De plus, cela fragilise les femmes dans une période de leur carrière où la vie professionnelle devient plus risquée et où il faut se montrer performante quoiqu’il arrive.

Le plus tôt tu l’auras, le plus tabou ça sera…

Lorsque j’ai commencé à en parler avec des femmes autour de moi, je me suis rendu compte, à quel point cela touchait non seulement mes amies de la fin de la quarantaine, mais également quelques femmes plus jeunes. Et c’est encore plus tabou ! Une ménopause qui survient avant l’âge de 40 ans est considérée comme précoce et concerne environ une femme sur 10’000 avant 20 ans, une femme sur 1000 avant 30 ans et une femme sur 100 avant 40 ans.

Il faut que les choses changent radicalement !

Mettre des mots sur des maux. Accompagner les employés dans leur transition de vie, n’est-ce pas ce qu’on attend de leader, manager et chef d’entreprise ? Pourquoi ne pas encourager les conversations ouvertes et sensibles avec ses collaborateurs ?

Nous avons encore beaucoup de progrès à faire sur le lieu de travail pour ouvrir le dialogue sur des sujets délicats et personnels qui ont cependant des répercussions sur le business.

Lorsque vous mettez en lumière des conversations inconfortables, elles deviennent plus faciles. Des progrès sont réalisés. Pourquoi ce sujet particulier a-t-il pris tant de temps ?

Luttons contre la stigmatisation, le secret et la honte que nous avons ressentis et contribuons à créer une base plus saine pour les générations futures.

La ménopause, n’est pas une maladie, c’est une étape dans une vie. Pas très agréable parfois, déstabilisante souvent, elle reste une phase. Pour ma part, je vais célébrer ma féminité et ce passage avec beaucoup de bienveillance et de grâce en prenant chaque étape comme une renaissance (enfin j’essaye). Vieillir reste un privilège…

Et qu’en est-il de l’andropause ? Est-ce qu’on peut en parler ?

Nathalie Brodard

Nathalie Brodard a fondé deux sociétés actives dans les ressources humaines et une association à but non-lucratif (Hire Me I’m Fabulous). Serial entrepreneure, elle a la chance de rencontrer depuis plus de 12 ans des personnes qui font la différence. Elle vous invite dans son espace de partage de confidences des dirigeants, des entrepreneurs, de ces hommes et femmes qui font son quotidien.

2 réponses à “Ménopause…. Est-ce que cela vous gêne d’en parler ?  

  1. Je ne comprends pas pourquoi l’employeur devrait connaitre ce genre de détails qui, selon moi, devrait être traité de façon privée par la personne concernée.
    Quand à ces fameuses 1 million de femmes qui seraient prêtes à quitter leur emploi j’ai très envie de voir ça, mais très envie de voir ça.
    Doit on tout aborder avec son employeur ?
    Doit on aménager des moments, des espaces pour telle ou telle autre catégories de personnes qui aurait des problèmes privés de santé ?
    J’ai des règles douloureuses, j’appelle mon employeur et je ne me rends pas au travail.
    Je suis en période de pré ménopause (je savais même pas que ça existait) je suis de mauvaise humeur car j’ai pas bien dormit, j’avertis mon employeur et toute l’entreprise, qui devra me supporter, savoir pourquoi je suis de mauvais poil, qui devra m’aménager des moments de douceur et tendresse, et aussi un espace.
    Je suis ironique et c’est volontaire.
    Je doute que nos mères et grand mères se seraient comportées ainsi sur leur lieu de travail.
    Ah la fameuse génération nutella.

    1. Bonjour Kris,

      Merci pour votre commentaire. Le monde du travail a effectivement bien évolué. Les employeurs ont aujourd’hui de la peine à recruter et encore plus de peine à garder les talents. Il y a différentes manières évidemment de motiver et garder ses talents. Nous constatons aujourd’hui que les employé(e)s ne recherchent pas uniquement un travail pour payer leur loyer, mais un travail qui ait du sens. Ils recherchent un employeur qui corresponde à leur valeurs, auprès duquel ils pourront s’identifier. Je ne dis pas qu’il faut tout dire dans le monde professionnel, je pense qu’il faut être à l’écoute de ses employé(e)s. Certains n’auront pas envie de partager, d’autres en auront besoin. Le fait d’en parler, permet de casser les préjugés, de comprendre et d’avancer. On va clairement vers un monde du travail avec plus de flexibilité et j’espère plus d’humanité. Mais à la fin du compte, qu’est-ce qui compte vraiment, est-ce le fait que la personne ait pris un peu plus de temps le matin pour arriver au travail ou le travail effectué et l’efficacité? Je pense que nos grands-mères auraient été d’accord. Enfin la mienne -))
      Je vous souhaite de très belles fêtes de fin d’année! Nathalie

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