Leçon de flatterie

Flatter l’ego d’une tierce personne est une action appropriée, nécessaire, polie, altruiste, amicale, un brin moqueuse, ironique ou parfois dénuée d’honnêteté, en fonction des situations. Elle est d’usage courant sur les réseaux sociaux avec nos “like” ou autres “tu es trop belle!”, “trop la classe!” sous les photos de nos amis.

Si d’aventure vous êtes en manque de superlatifs ou que vous cherchez l’inspiration, je vous conseille d’aller lire les poètes et poétesses indiens, qui ont érigé la flatterie au rang d’art. Poètes attitrés des cours royales, ils se devaient d’honorer leurs mécènes en des termes élogieux. De très beaux exemples d’éloges et diverses louanges (praśasti) se trouvent dans les compositions des auteurs de langue braj. Ces strophes sont généralement situées au début d’une œuvre, mais peuvent dans certains cas envahir une grande partie de celle-ci.

Durant la période pré-moderne, étaient dignes des plus grands éloges les régnants de l’Empire moghol. En tête, l’empereur Akbar (1542-1605):

Portrait d’Akbar. Source: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Akbar1.jpg

 

Le corps d’Akbar n’est pas comme celui du dieu de l’amour, il est plus comme celui de Shiva ;
Akbar a la force du lion qui encercle la taille de l’éléphant.

Nul besoin de froncer les sourcils, un regard fixe suffit à effrayer ses ennemis ;
Il est si imperturbable que les oiseaux viennent picorer auprès de lui.

Ses cheveux ne sont pas blancs comme [le corps] d’un sadhu,
c’est le [reflet de] la lune qui se lève sur eux.

[…]
Celui qui n’engage pas sa colère se place dans le cœur de l’empereur Akbar.

 

 

Ce poème est attribué à une courtisane, envoyée comme émissaire auprès de l’empereur pour défendre la cause de la cour à laquelle elle appartenait. Il reprend les standards du genre: comparer la beauté de l’empereur à celle du dieu Shiva, sa force à celle du lion, le décrire comme imperturbable et effrayant pour ses ennemis.

Un tel traitement n’était pas réservé uniquement aux empereurs ou aux rois. Tout mécène pouvait se voir considérer avec les mêmes honneurs. C’est le cas dans des poèmes de louanges attribués à un poète du nom de Dev (fin 17ème s.-1767?), dans un ouvrage intitulé Rasavilāsa (“Le Ravissement procuré par l’essence de la poésie”). Cet ouvrage consacré à l’évocation du sentiment érotico-amoureux (śṛṅgāra rasa) a été composé pour un habitant de Delhi du nom de Bhogilal. Son statut social n’a pu être établi avec précision, mais il était vraisemblablement l’un de ces amateurs d’art littéraire, dont la cosmopolite Delhi pullulait. Il n’avait cependant aucun titre de noblesse, même si dans le poème il est qualifié de roi (nṛpa). Ce qui n’empêche pas le poète Dev de le décrire comme le personnage le plus important de Delhi, en usant de son écriture la plus raffinée:

 

Tout comme l’oiseau cātaka abandonne le nuage de la saison des pluies pour la goutte d’eau de svāti ;[1]
de la même manière, l’excellent poète Dev abandonne rois, princes et sultans [pour Bhogilal].
Tout comme le lotus blanc ne se trouve heureux dans l’étang qu’une fois que la lune s’est levée,
de la même manière, l’expérimenté Bhogilal n’est satisfait qu’une fois le Rasavilāsa composé.

 

Sa grandeur vient de ses actes méritoires précédents,
il est un homme saint sur terre, il est le pollen pour les abeilles.
Il est donneur de plaisir aux adeptes du plaisir, le roi Bhogi[lal] agit selon le bien,
il est le bulbe qui fait naître le lotus.
A Delhi, il est un lac de pur nectar dans lequel resplendit le bonheur terrestre.
Il est deux fois plus célèbre que la nuit de la pleine lune de kārttika[2]
et deux fois plus majestueux que la lune lorsqu’elle est pleine.

 

Tu es comme la lune au crépuscule, comme le lotus juste avant l’aube,
comme le nuage portant la goutte d’eau de svātī ; tu es le trésor de cette terre.

Tu es comme l’arbre à miel, comme un lac en automne ;
défenseur des pauvres, tu es plein d’amour et de qualités.

Ô joie de Yogidas ! Tu traverses les âges, méritant les honneurs du monde ;
ta célébrité, [brillante] comme la lune et [parfumée] comme le bois de santal, se répand plaisamment.

Dev [dit] : « Ô grand Bhogilal ! Chaque jour, tu es l’image de la compassion ;
tu es le gardien de la terre, tu as la splendeur d’un empereur. »[3]

 

[1] Svāti correspond à une période du mois kārttika durant laquelle la lune est en svāti. Il est dit que l’oiseau cātaka ne survit qu’en buvant des gouttes de pluie, spécialement celles qui tombent durant svāti. C’est aussi à cette période qu’il est dit que les gouttes de pluie qui tombent dans un coquillage deviennent des perles.
[2] Kārttika correspond au huitième mois du calendrier lunaire hindou, soit octobre-novembre. C’est la période durant laquelle on fête dīpāvalī, dont il est question dans ce vers.
[3] Traduction tirée de: Cattoni, Nadia, Dev, l’artisan-poète du 18ème siècle et la nāyikā dans le Rasavilāsa. Circulation et échanges, intertextualité et transformations, Berlin : DeGruyter, 2019 (à paraître).

Image du bandeau: Peacock raṅgolī, Hampi, déc. 2018 (NC).

Le Ramayana du photographe Vasantha Yogananthan

Le Musée de l’Elysée de Lausanne accueille un jeune photographe français, Vasantha Yogananthan, pour son exposition A Myth of Two Souls, dans laquelle il propose son interprétation du Ramayana.

Le récit de la vie de Rama a traversé les millénaires, il fascine. Quoi de plus normal pour un ouvrage considéré comme l’un des textes fondamentaux de la mythologie hindoue et dont l’auteur, Valmiki, est présenté par la tradition comme le premier poète (ādi kavi) de langue sanskrite! Au fil de son histoire, le texte a été repris en plusieurs langues, réinterprété, adapté à de nouveaux contextes et de nouvelles audiences. Il a été véhiculé au travers de multiples supports: textes, chants, bas-reliefs des temples, peinture, théâtre, danse. Il a également traversé la modernité avec aisance et a été repris en bande dessinée, à la télévision, au cinéma, dans les jeux vidéos ou dans l’art populaire. Il s’est exporté et installé au-delà des frontières du sous-continent indien, comme le démontre, parmi d’autres, le travail de Vasantha Yogananthan.

Vasantha Yogananthan, Rama Combing His Hair, Ayodhya, Uttar Pradesh, India, 2015 © Vasantha Yogananthan / courtesy Espace JB (Genève) & The Photographers Gallery Print Sales (Londres)

Les valeurs véhiculées par le Ramayana: amour, courage, loyauté, fraternité, sens du devoir et les thématiques abordées: mariage, exil, perte, rivalité, guerre, sont universelles et dépourvues de limites temporelles. Le récit de la vie de Rama fait partie de ces textes si riches, que chacun peut y lire un bout de sa propre histoire, imbriquée dans celle de l’humanité toute entière.

Comme pour les séries télévisées à succès d’aujourd’hui, le Ramayana a connu plusieurs spin-off, des productions dérivées. Ce qui lui a également permis de traverser les âges et de se renouveler. Ces réinterprétations de l’épopée racontent l’histoire au travers d’autres personnages que Rama, que ce soit au travers de sa femme Sita, du dieu-singe Hanuman ou du méchant Ravana.

Personnellement, je n’avais encore pas croisé de lecture photographique du Ramayana et la proposition de Vasantha Yogananthan est audacieuse, riche et réussie. Elle témoigne de la contemporanéité de ce mythe ancestral, de son universalisme et de la profondeur du récit.

Vasantha Yogananthan, Longing For Love, Danushkodi, Tamil Nadu, India, 2018 © Vasantha Yogananthan / courtesy Espace JB (Genève) & The Photographers Gallery Print Sales (Londres)

Il faut dire que le photographe s’est donné les moyens de ses ambitions! Pour s’attaquer à une telle œuvre, il a décidé de mener son projet sur plusieurs années et de varier les approches artistiques. Ainsi, A Myth of Two Souls va au-delà de la photographie, puisqu’il intègre la peinture, l’écriture, la vidéo et la publication de sept ouvrages, miroirs des sept chapitres de l’exposition, eux-mêmes reflets des sept livres dont est composé le Ramayana. Sa proposition est parcourue d’échanges et de collaborations (avec des écrivaines contemporaines, un peintre, les sujets qu’il photographie), et tente de prendre en considération certaines des strates de la réception du Ramayana à travers l’histoire (par exemple une bande dessinée publiée dans les années 70).

 

L’exposition dure jusqu’au 5 mai 2019, le temps de vous faire votre propre idée en plongeant dans les tons pastels de ce Ramayana en images.

 

 

Image du bandeau issue du film d’animation Sita Sings the Blues de Nina Paley

Hommage à Krishna Sobti, grand auteur de la littérature hindie

En ce 8 mars, il me paraissait opportun de rendre hommage à Krishna Sobti, disparue à l’âge de 93 ans à la fin du mois de janvier dernier.

Krishna Sobti était une femme libre et forte, qui plaçait la littérature au-dessus de tout, y compris des limites de genre. C’est pourquoi elle aurait certainement apprécié la liberté que laisse la langue française (en pleine réforme sur le sujet) d’être appelée “grand auteur” au masculin. En effet, Krishna Sobti n’appréciait guère d’être cataloguée comme une femme écrivain (woman writer) ou comme une auteure féministe. Elle s’est d’ailleurs jouée des frontières de genre en écrivant également sous le pseudonyme masculin d’Hashmat, se plaisant à brouiller les pistes avec ce “double spirituel”, “nouveau et frais”. Son identité d’auteure était ce qui lui paraissait primordial et c’est ce qui lui conférait une plus grande liberté: “You can take liberties with yourself only if you create a large space for yourself, a vast sky.”

Cette liberté, créée pour elle-même, a aussi été mise au service de ses personnages, en particulier de ses personnages féminins. En effet, plusieurs de ses romans ont pour héroïnes des femmes, à qui elle offre autonomie, liberté de ton et de pensée dans une société qui ne favorise pas la diversité des parcours lorsque l’on naît femme. Ainsi, dans son roman Mitro Marjani, sorti en 1967 et traduit en anglais (To Hell with you Mitro, 2007), son héroïne Mitro exprime ses désirs sexuels à haute voix alors qu’elle est une jeune épouse vivant dans la maison de ses beaux-parents, appelée à suivre le rôle qui est le sien. Dans Ai Ladki (1991), traduit en anglais sous le titre de Listen Girl! en 2003, c’est un dialogue entre une fille et sa mère sur le point de mourir qui permet à Krishna Sobti d’évoquer la situation des femmes dans la société indienne et les conflits générationnels.

Krishna Sobti a laissé une œuvre importante, avec des ouvrages majeurs tels Zindaginama (1979; 2016 pour sa traduction anglaise sous le même titre) ou Dilo-Danish (1993; The Heart Has Its Reasons, 2005). Elle a été récompensée par plusieurs prix prestigieux. Ses positionnements sans concession, la qualité de son écriture, les thématiques abordées et son usage extrêmement pointu et riche de la langue hindie et des autres langues qui contribuent à l’atmosphère de ses récits sont unanimement salués.

Elle a été et restera une voix puissante de la littérature hindie contemporaine, dont la force émane aussi de sa subtilité, de sa complexité et de la multitude des points de vue exprimés.

C’est le cas dans cet extrait de Ai Ladki dans lequel on perçoit la polyphonie de chaque voix :

 

– Ammu, est-ce que réellement les querelles étaient si nombreuses?

– Il y en avait, probablement. Maintenant, je ne m’en souviens pas très bien…Pourquoi réveiller tout ceci? Est-ce nécessaire de savoir cela?

– Ammu, quel inconvénient y a-t-il à savoir?

– Ma fille, au cours de sa vie, chacun dissimule certaines choses ou les met en opposition. Le jeu qui se joue au sein d’une maison n’est pas égalitaire. L’un est au-dessus, l’autre au-dessous. Le maître de maison obtient le confort pour la famille par son salaire. Dans le même temps, il installe son propre pouvoir. La mère des enfants reste prostrée, mise en gage devant cette autorité.

– Ammu!

– Oui. Après le mariage, la femme navigue pour toute la famille. Tu as bien vu les bateaux sur le lac! Toute la famille y est embarquée, titubant de plaisir. Et la femme rame! Elle rame toute sa vie! Elle n’a une opportunité de changement que lorsqu’elle commence à gagner sa vie par elle-même. Pense à ceci! L’homme travaille. De ce fait, il gagne de l’argent. Une femme qui travaille dur jour et nuit, elle, ne gagne rien! Elle continue et se perd dans l’amour et l’attachement. Ignorante. Sans esprit. Si elle ne se préoccupe pas d’elle-même, alors qui le fera?

– Ammu! Un tel éveil de votre part?!

– Silence ma fille! Tu te jettes sur mes paroles! Bien…pourquoi? Je connais fort bien ton interprétation! C’est mon voyage et c’est toi qui en absorbe toute l’essence!

Regardant en direction de la fenêtre:

– Change ces lourds rideaux! Fais entrer de l’air frais! Laisse-moi au calme, ma fille. Un instant. Mon propre passé est ouvert en moi.

Ammu ferme les yeux. Peu après, voyant sa fille assise en face d’elle:

– Tu es à nouveau assise ici! Dis-moi ceci! Que fais-tu dans ce monde? Montre-moi une once de ce que tu as gagné dans cette vie? Qu’as-tu acquis? Et en plus, tu me juges!

La fille se lève.

– Je m’en vais.

– Non, non. Reste assise! Reste assise près de moi. Je parlerai de ce qui t’intéresse. Il reste peu de temps…

– Alors dis-moi! Où en es-tu? A quel tournant de ta vie? Quelqu’un t’attend-il? Tu ne peux aller chez tes frères et sœurs!

– Ammu, à nouveau ceci…

– Ma fille, ne m’interromps pas en plein milieu! Laisse-moi parler clairement. Ecoute! Fils et filles, petits-fils et petites-filles, toute ma famille est là, en place. Malgré tout, je suis seule! Et toi? Tu es en-dehors de ces chants immémoriaux dans lesquels on trouve mari, enfants et famille. Tu ne participes pas à la construction de ce monde. Mais, en ton for intérieur, tu es toi-même.

Ma fille, pouvoir être soi-même est le but ultime. C’est ce qu’il y a de mieux! Mais, si tu avais aussi dû mener une famille, alors tu aurais compris que dans le fait de tenir une maison, tout se joue au sein des relations. Elle est sa femme, elle est sa belle-fille, elle est sa mère, elle est sa grand-mère…Puis, ici la nourriture! Les bijoux, les vêtements, … Elle n’est une reine que de nom, ma fille! Une fois les tâches effectuées, on la remet à sa place.

La fille, en riant:

– Ammu, ce n’est pas votre réponse!

– Si tu regardes bien, à chaque question sa réponse.

(…)

– Ma fille, tu ne sais pas combien une femme à charge de famille doit travailler sur ses qualités et combien elle est tenue en soumission. Toi, au contraire, tu es libre! Personne ne te contrôle ou ne t’interrompt. Ce que tu désires, tu le fais. Mais, souviens-toi que la liberté doit venir aussi de soi-même. Te la donnes-tu parfois? De toi-même? Je ne parle pas de ton obstination à imposer ta volonté. Est-ce que tu as pu faire quelque chose que tu as longtemps désiré?

– Ammu. Que puis-je répondre?

Long silence dans la chambre.

– Dans la tenue de ma maison, j’ai été aussi précise qu’une horloge. Mais je n’ai rien fait de particulier pour moi. Ma fille, j’ai beaucoup de peine en y repensant.

La fille avec étonnement:

– A quoi pensez-vous Ammu? Qu’est-ce que vous auriez voulu faire?

– J’aurais voulu grimper au sommet des montagnes! Atteindre le sommet. Mais, est-ce compatible avec la tenue journalière d’un ménage? A qui en parler? A ton père? Les difficultés que je rencontrais ne le préoccupaient pas. De plus, rien ne devait être en retard, ni en avance. J’étais devenue moi-même une horloge.

La fille regarde par la fenêtre.

(Photo: Mukul Dube)

Le sentiment amoureux

La St-Valentin, jour de fête pour le sentiment amoureux!

Pour de nombreux poètes indiens classiques, il est le sentiment le plus intense. Celui qui est à la base de tous les autres. Il est le plus délicat, le plus sensuel, le plus esthétique!

Au travers de “la théorie du rasa“, les auteurs sanskrits ont défini les sentiments qui pouvaient être exprimés dans les textes dramaturgiques et littéraires. Parmi eux, un sentiment nommé shringara (śṛṅgāra), s’applique aux situations amoureuses. Lié à l’émotion de la passion (rati), il se décline sous de nombreux aspects. Shringara rasa est d’abord un état mental qui reflète des sentiments amoureux pour un autre être. Mais il s’agit aussi d’un état physique qui accompagne cet état mental. Un état physique qui se dégrade rapidement si l’on est éloigné de l’être aimé. L’environnement et le contexte dans lequel les amoureux se retrouvent sont également très importants. Par exemple, le sentiment d’amour s’exprime mieux en certaines saisons. Les amoureux sont représentés dans des contextes idylliques, entourés de fleurs, de tissus soyeux et de doux parfums. La femme est magnifiquement ornée de bijoux et de beaux vêtements. De la musique accompagne les amants dans leurs discussions ponctuées de citations poétiques. L’atmosphère est détendue et luxuriante.

L’érotisme fait aussi partie de cette conception de l’amour. Le physique des amants, et particulièrement celui de la femme, est décrit dans ses moindres détails. Elle possède des yeux ressemblant à des lotus, une bouche de la couleur du corail, un corps souple comme une liane, un visage clair comme le reflet de la lune.

Le sentiment amoureux, plus volontiers appelé “sentiment érotique”, s’exprime en deux situations spécifiques: lorsque les amants sont réunis ou lorsqu’ils sont séparés l’un de l’autre. Dans le deuxième cas, c’est souvent la bien-aimée qui est décrite dans sa douleur profonde d’être séparée de son tendre amant.

Mais en ce jour de St-Valentin, célébrons l’union des amants avec ce poème de Bihari (17ème siècle, langue braj):

“Dévêtue par son amant en vue de l’union, éclairée par la seule lueur de la lampe,

Elle était enveloppée dans la splendeur de sa beauté; ainsi sa pudeur ne fut pas offensée.”

 

(Bihari Satasai, 463)

Image: “Radha and Krishna on a bed at night”, env. 1830, India (Punjab Hills, Sirmur), Metropolitan Museum of Art