Polars, Polis et Cie | Le blog de Mireille Descombes

Noël n’est plus tout à fait d’actualité. C’est vrai. Mais « La disparue de Noël » de Rachel Abbott n’a pas grand-chose à voir avec les célébrations de fin d’année. Le titre de ce palpitant roman noir – en anglais « Stranger Child » – ne fait que renvoyer à un mystérieux événement survenu peu avant les Fêtes et sur lequel s’ouvre le récit: un tragique accident.

Il fait nuit. Caroline Joseph revient chez elle en voiture après avoir dîné dans sa famille. Elle est tendue, elle n’aime pas conduire dans l’obscurité. Elle peste contre son mari David – directeur d banque à Manchester – qui aurait pu faire l’effort, pour une fois, de se joindre à elle. A elles, plutôt, puisque sur la banquette arrière dort Tasha, leur petite fille de six ans. Soudain, c’est la panique. Une voiture est arrêtée au milieu de la chaussée, son téléphone sonne et un homme – dont elle finit pas reconnaître la voix – la conjure de ne surtout ne pas s’arrêter. La jeune femme tente de contourner l’obstacle et c’est le drame. La voiture dérape sur la route givrée, elle se retourne. Quand les secours arrivent, Caroline est morte. L’enfant, elle, a disparu.

L’arrivée d’une revenante

Six ans plus tard, le mari inconsolable a refait sa vie. Il vient d’avoir un petit garçon, Ollie, avec sa nouvelle femme Emma. C’est alors que Tasha réapparaît. Elle semble physiquement en bonne forme, mais se révèle extrêmement hostile et quasi muette. Ses premiers mots seront aussi catégoriques que déroutants: « Pas la police. Si vous appelez la police je m’en vais. » Son arrivée coïncide en outre avec la découverte du corps d’une adolescente du même âge. Y aurait-il un lien entre les deux affaires? Déjà présent dans les précédents romans de Rachel Abbott, l’inspecteur-chef Tom Douglas mène l’enquête.

Après une telle entrée en matière, on peut s’attendre au pire. Quand les auteurs de polar choisissent des enfants comme victimes, cela peut très vite friser l’horreur. Pour éviter les cauchemars, on lâche alors le bouquin et l’on passe à autre chose. Rien de tel chez Rachel Abbott. De son vrai nom Sheila Rodgers, l’écrivaine britannique contourne le piège avec une certaine maestria. Même si elle sait à merveille susciter l’effroi, elle n’en fait jamais trop.

Manipulation de l’extérieur

Avec un art consommé, elle ne cesse de doser la tension et d’alimenter le suspense tout en créant chez son lecteur l’irrépressible besoin d’en savoir plus. Contrairement aux personnages du roman, ce dernier comprend très vite que Tasha est manipulée par quelqu’un d’extérieur et que si elle est réapparue, c’est en quelque sorte en service commandé.

Nous ne vous en dirons pas plus. Sachez tout de même que, dans « La disparue de Noël », la jeune fille n’est pas la seule à revenir d’entre les morts. Bref! Dans ce livre où l’humain et la psychologie comptent beaucoup plus que la description des lieux, des atmosphères ou des paysages, les retournements de situations les plus imprévisibles sont au programme. Alors, encore un conseil, sous aucun prétexte n’allez jeter un œil à la fin. Vous vous en mordriez les doigts!

« La disparue de Noël ». De Rachel Abbott. Traduit de l’anglais par Muriel Levet. Belfond, 469 p.

 

 

 

 

 

Mireille Descombes

Mireille Descombes

Scènes et mises en scène: le roman policier, l'architecture et la ville, le théâtre. Passionnée de roman policier, Mireille Descombes est journaliste culturelle indépendante, critique d'art, d'architecture et de théâtre.

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A propos de ce blog

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Photo: Lara Schütz

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