Polars, Polis et Cie | Le blog de Mireille Descombes

La Guerre d’Espagne laisse des plaies ouvertes qu’il faut prendre en compte pour permettre au passé de cicatriser. Comme avant lui le Cubain Leonardo Padura dans L’homme qui aimait les chiens, l’auteur de polars catalan Victor del Árbol se penche sur les liens troubles et tyranniques qui unirent l’URSS de Staline aux communistes espagnols. Du goulag au camp de réfugiés d’Argelès, de la Russie de années 30 à l’Espagne contemporaine avec ses mafias et ses magouilles, Toutes les vagues de l’océan brasse avec habilité les générations et les époques dans une fresque baroque et cruelle qui tourne autour de la figure mythique d’Elías Gil, ancien combattant communiste mystérieusement disparu au bord d’un lac, en 1967, le jour de la Saint-Jean. Il laissait une femme et deux enfants partagés entre la vénération et la haine.

Des années plus tard, son fils Gonzalo, bouleversé par le suicide de sa sœur, cherche à connaître enfin le vrai visage de son père, remettant en question du même coup sa vie terne et servile. Qui était vraiment Elías Gil? Comment ce jeune ingénieur asturien idéaliste parti travailler en URSS s’était-il retrouvé dans l’enfer sibérien de Nazino après avoir perdu un œil dans une altercation avec un prisonnier de droit commun qui voulait son manteau? Comment avait-t-il échappé au goulag, mais perdu du même coup une partie de son humanité? Comment traversera-t-il ensuite deux guerres sans craindre de jouer les agents doubles?

C’est cela, et bien d’autres choses, que nous raconte Toutes les vagues de l’océan. Une histoire terrible qui, nous suggère l’auteur, pourrait ne pas être qu’une fiction.

 

 « Toutes les vagues de l’océan ». De Victor del Árbol. Traduit de l’espagnol par Claude Bleton. Actes Sud, 596 p. 

Mireille Descombes

Mireille Descombes

Scènes et mises en scène: le roman policier, l'architecture et la ville, le théâtre. Passionnée de roman policier, Mireille Descombes est journaliste culturelle indépendante, critique d'art, d'architecture et de théâtre.

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Scènes et mises en scène: le roman policier, l’architecture et la ville, le théâtre. Passionnée de roman policier, Mireille Descombes est journaliste culturelle indépendante, critique d’art, d’architecture et de théâtre.

Photo: Lara Schütz

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