Oh ! réveillez-vous !

Nous sommes des veaux schizo. Pourquoi ? Parce que nous avons tendance à lécher la main qui nous gifle et que nous perdons un peu trop souvent contact avec la réalité.

Petit exemple récent : Novartis, apprend-on, va payer jusqu’à 1 milliard de francs à GlaxoSmithKline pour les droits d’un médicament notamment lié au traitement de la sclérose en plaques, une maladie chronique qui affecte le système nerveux. Selon la banque Vontobel, le « marché » mondial de la sclérose en plaque – plus de 2 millions de malades – pèse 19 milliards. Donc, Hosannah au plus haut des cieux puisque Novartis pourrait se faire un saladier, ses actions prendre l’ascenseur et ses dividendes augmenter. Or, comme la plupart de nos caisses de pension ont des actions de cette société dans leur portefeuille, on est bien contents. Champagne !

Mais… car il y a un mais : il est probable que les quelque 10.000 personnes souffrant de cette maladie en Suisse achèteront ce médicament. Et si Novartis le paie un milliard, je doute qu’on le trouve en discount chez Aldi ou Lidl, Novartis ayant plutôt tendance à abuser d’une position dominante que faire œuvre de charité. Et donc, la dose risque fort de coûter bonbon. Vous ne vous sentez pas concernés ? Vous l’êtes cependant, car c'est grâce notamment à de tels « investissements » des Novartis, Roche et autres Bayer que le coût de la santé et celui des primes d’assurance, ne cesse d'augmenter. Cette année, ces dépenses atteindront quelque 800 francs par mois et par personne en moyenne (enfants inclus) et pour bien des ménages, ça coince déjà pas mal. Et et ce n’est pas près d’aller mieux.

Heureusement pour ces fleurons de notre industrie, le lobby de la santé (sic) reste très présent au parlement fédéral et entre les pharma et les caisses maladie, on peut dire – sans trop de risques d’être traîné devant la justice pour diffamation – que ce groupe de pression dispose de suffisamment de parlementaires inféodés (je n’ai pas dit achetés ou loués à l’année…) pour pouvoir mener ses petites affaires sans que quiconque ne s'en mêle.

En clair : Novartis investit l’argent de ses actionnaires (nous notamment, à travers nos caisses de pension), puis, va présenter son nouveau produit à des médecins (de préférence lors d’un congrès à Phuket en hiver, tous frais payés). Ces derniers, convaincus de son efficacité, vont le prescrire quel que soit son prix, puisque grâce au lobby de la santé, ce médicament sera approuvé au remboursement par nos aimables compagnies d’assurance maladie. Celles-ci paieront Novartis avec l’argent de nos primes (tout comme elles paient salaires, pub et autres magazines inutiles avec cet argent) et si tout va bien, les actions de Novartis grimperont (youpee) et les patrons de la boîte se feront voter des couilles en or, via augmentation de salaire et bonus.

Pas de doute, nous sommes donc bien schizo : contents que Novartis gagne de l’argent en oubliant que c’est sur notre dos ou ravis que UBS, Credit Suisse et autres payent des milliards d’amende pour s’être comportés comme des voyous, mais oubliant que c’est avec l’argent des actionnaires qu’elles sont payées.

Et nous sommes des veaux, car nous acceptons tout cela sans nous révolter !

Athènes: j’y étais, j’ai tout vu…

Ras-le-bol de lire tout et n’importe quoi sur la Grèce et donc, cap sur Athènes, où je viens de passer quelques jours, histoire de me faire ma propre idée.

Cela ne fait évidemment pas de moi un expert. Je pense toutefois avoir une vue plus complète – ou du moins plus terre à terre – de ce que vivent les habitants de ce pays que les nombreux journalistes qui savent tout sans avoir quitté leur bureau, les membres de la troïka, qui arrivent en limousine et séjournent dans les hôtels de luxe ou M. Schaüble qui ne connait de la Grèce que des chiffres.

Certes, Athènes n’est pas la Grèce, mais c’est quand-même 40% de la population du pays et sur les îles, où la plupart des habitants sont propriétaires de leur maison et font souvent pousser fruits et légumes, la situation semble être moins dure qu’en ville. Voici donc ce que j’ai vu, entendu et ressenti en allant me balader aussi bien dans les quartiers chics que défavorisés et dans les parcs du centre-ville où s’entassent des centaines de migrants notamment d’Afghanistan, d’Irak, de Turquie et Syrie, mais également de Roumanie, de Bulgarie et de Russie.

Les touristes sont très nombreux au centre d’Athènes, dans le triangle que forment les quartiers de Plaka et Monastiraki avec la place Syntagma. On y trouve des ruelles bardées de magasin de souvenirs (huile d’olive, T-shirts, Ouzo) affichant des prix « européens », tout comme une myriade de tavernes où la nourriture est aussi fade que les quelques refrains connus, débités par des musiciens fatigués.

En fin de journée, dès qu’il fait un peu moins chaud, la jeunesse dorée locale se donne rendez-vous sur les toits des plusieurs immeubles de la place Monastiraki, où se trouvent les bars branchés. Ils sont des centaines à s’envoyer des mojitos et autres caïpirinha à 10 euros le verre. Rejetons de parents aisés, Grecs vivant en Europe ou aux Etats-Unis, ils viennent retrouver leurs amis en été. La crise ? Elle ne les touche pas et en sortant du bar pour retrouver leur Porsche ou BMW, ils ne voient même pas les petits vieux qui cherchent à vendre l’un une nappe brodée, l’autre une icône, aux touristes qui déambulent sur la place.

Eux, ces petits vieux qui vivent à Athènes, ils la sentent passer, cette crise. Ils avaient souvent des emplois modestes, payaient leurs impôts et leur cotisations sociales et se réjouissaient de leur retraite. Mais leurs pensions ont fondu et ils doivent se débrouiller avec 200 euros par mois, voire moins, tout en ayant un loyer à payer et devoir se nourrir. Mendier ? Non. C’est indigne. Alors on joue de l’accordéon, on vend quelques bibelots, des nappes en espérant que la saison d’hiver, peu touristique, ne soit pas trop dure, ni trop froide et que le corps tienne le coup sans médicaments, souvent trop chers.

L’Eglise – ou plutôt les popes – sont omniprésents. Fonctionnaires de l’Etat, bien payés et manifestement bien nourris si l’on croit leur embonpoint, ils connaissent la dévotion de leurs ouailles et tout prétexte, que ce soit conjurer le mauvais sort, une naissance, un mariage, un baptême, une visite de malade, une bénédiction, un décès, est bon pour tendre la main et prendre à ces pauvres les quelques sous qui leur restent. Cela permet à l’Eglise d’être généreuse, de dispenser des soins et des aliments et donc, d’être populaire auprès de ceux qui oublient que c’est finalement avec leur argent que tout cela se paie…

On les voit moins, ces popes, derrière la grande place Omonia où de nombreux Chinois se sont installés. Petits commerces, gros trafics. Ce sont les triades qui alimentent en drogue les Africains qui monopolisent la vente. La plupart des immeubles sont tagués et on y voit dans les rues les ravages de l’héroïne. Quelques hommes s’y piquent déjà tôt le matin, sous le regard indifférent des prostituées roumaines, russes, moldaves ou autres, à 10 ou 20 euros la passe (« syphilis, sida ou hépatite garantie », me dit mon chauffeur de taxi). A quelques pas de cette Chine miniature, les ghettos d’Albanais, de Macédoniens, de Turcs qui souvent, dorment dans des maisons abandonnées, aux vitres cassées et aux murs plein de graffitis. Il est peu recommandé d’y venir seul la nuit….

Mon chauffeur, 32 ans, né en Allemagne de parents grecs est revenu au pays à l’âge de 12 ans. Il a deux enfants, travaille entre 12 et 14 heures par jour, 7 jours sur 7 et ramène entre 600 et 700 euros par mois quand tout va bien. Il m’amène dans un magnifique parc du centre-ville, naguère prisé tant des Grecs que des visiteurs. Il est 08h.30 et il fait déjà 34 degrés. Des centaines de tentes sont plantées le long des allées. Mises à disposition par des organisations caritatives, elles abritent des familles de migrants, demandeurs d’asile, réfugiés. Hommes, femmes, enfants, bébés. Ils n’ont. Ne font rien. Ne peuvent rien faire. Attendent. A un croisement d’allées, deux toilettes portables, un petit dispensaire et une distribution d’eau, d’habits et de nourriture sert de lieu de rencontre. Les Grecs, traditionnellement hospitaliers et généreux, aident. Mais souvent démunis, ils ne peuvent pas offrir grand-chose. Le moral est dans les chaussettes ; on se sent mal compris, incompris, abandonné alors que tant de migrants et réfugiés se poussent au portillon, surchargeant l’Etat et les organisations caritatives.

On a déjà tout dit et redit sur cette Grèce qui a « triché » pour entrer dans l’Europe, avec l’aimable complicité de ces fumiers de banquiers d’affaires et de gestionnaires de fonds qui s’en sont mis plein les poches sur le dos de ce pays. On a plus que largement fait état de cette Eglise, riche à milliards et qui ne paie pas d’impôts, de ces nantis ayant planqués des sommes faramineuses en Suisse et ailleurs, de cette « indiscipline » quant au paiement des impôts. Je sais tout cela.

Mais en voyant ce magnifique pays, ces habitants chaleureux, ouverts, bon vivants, ayant le sens de la fête, je me dis que nous nous comportons, nous aussi, amis Européens, comme une belle bande de salopards. Solidarité ? Bof. Partage ? Re bof. Empathie ? Connais pas. Pendant que les gouvernements européens, Suisse incluse, pratiquent la masturbation intellectuelle pour savoir combien de réfugiés ils pourraient éventuellement sous toutes réserves accepter sans que cela ne vienne trop troubler leur sieste, nos voisins, les habitants de la Grèce, souffrent.

J’aimerais tant que pour une fois, nous cessions de compter les francs et les centimes (ou les milliards de dettes, que d’autres pays ont également et dont on sait qu’ils ne seront jamais remboursés) et que nous agissions en frères humains. Certes, les Grecs ont le sens de la tragédie et tendent parfois à en rajouter. Et alors ? Quand rien ne va, les peuples du nord vont chez le psy et prennent du Prozac. Les Grecs pleurent, mais chantent et dansent. Y’a pas photo ! Alors… à vot’ bon cœur Messieurs-Dames des gouvernements européens : il est temps pour les Grecs de retrouver l’envie d’entreprendre et à nous de les aider pour y arriver.

Les voyous !

Il y en a de toute taille : des gros, comme UBS, HSBC, Goldman Sachs et des cabinets d’audit genre Ernst & Young (voir L’Hebdo de cette semaine, page 40). Il y en a de mois gros, que l’on trouve à la FIFA, à l’UEFA et dans certaines pharma,. Il y en a des plus petits, tout aussi roublards, tricheurs, escrocs à la petite semaine ou quand l’occasion se présente. Je pense notamment à certaines compagnies d’assurances – promptes à encaisser les primes et réticentes lorsqu’il s’agit de payer des dommages – ou de téléphonie, qui abusent de l’ignorance de leurs clients.

Et puis, il y a parfois les « essayé pas pu » et là, un exemple qui m’a touché de près : mon fils devait prendre un vol EasyJet au départ de Genève, prévu à 07h.05. A midi, après des annonces successives de retard, le vol n’était toujours pas parti…Je vous la fait courte : selon la directive européenne CE 261/2004, les passagers ont droit à des compensations en cas d’annulation ou de retard, la somme variant en fonction de la distance et de la durée du retard.

Donc, demande faite à EasyJet qui répond en substance : « désolés, vraiment désolés de ce retard, dû dans un premier temps à un problème technique, puis à un problème de créneau horaire dépendant de l’aéroport et donc, ce second délai ne nous étant pas imputable, nous ne pouvons pas vous offrir de compensation. Mais évidemment, on compte sur votre fidélité, merci ». Re courriel à EasyJet avec demande de préciser la durée occasionnée par chacune de ces deux causses de retard. Pas de réponse. Donc, le père journaliste que je suis contacte le service de presse de EasyJet avec la même demande : quelle ont été les durées des retards dus respectivement au problème technique et au problème de créneau qui, soit dit au passage, ne dépend pas de l’aéroport, mais du contrôle aérien…

Et là, MIRACLE !!! Non, toujours pas de réponse de EasyJet aux questions posées, mais un courriel confirmant qu’effectivement, le retard était dû à un problème technique et que mille excuses et désolation. Nous nous sommes plantés en écrivant qu’aucune compensation n’était due. Il s’agit d’une malencontreuse erreur et donc, le passager a droit à un dédommagement de EUR 400. Tout est bien qui finit bien ? Pas vraiment… En refusant de fournir les informations demandées tout en reconnaissant être responsable de ce retard considérable, EasyJet s'en tire agréablement bien, car qu'en est-il des autres passagers, auxquels EasyJet a sans doute répondu NIET dans un premier temps ? La compagnie offrira-t-elle une compensation à tous les passagers concernés ? uniquement à ceux qui ont réclamé ou seulement à ceux qui ont un père journaliste ?

Questions posées à EasyJet il y a une dizaine de jours. Silence radio depuis. Avis donc à tous ceux qui se font rouler dans la farine par des entreprises aux procédures parfois douteuses : ne vous laissez pas marcher sur les pieds et battez-vous. Cela en vaut souvent la peine et vous aurez plus de plaisir à vous regarder dans le miroir le matin que si vous vous résignez à jouer le rôle du pigeon…

 

PS : en cas de retard ou d’annulation d’un vol, adressez-vous tout d’abord à la compagnie aérienne. Si vous n’êtes pas satisfait par la réponse ou si vous n’avez pas reçu de réponse dans les 6 semaines, cliquez sur le lien ci-dessous, téléchargez le formulaire et envoyez-le à l’Office fédéral de l’aviation civile OFAC, Droits des passagers, CH-3003 Berne.

http://www.bazl.admin.ch/dienstleistungen/passagierrechte/01019/index.html?lang=fr

Dévalorisons le travail!

Dieu n’a pas fait dans la dentelle! Au premier «couac» d’Adam, agréablement installé au paradis, la sentence tombe: «puisque tu as mangé du fruit de l'arbre défendu, c'est désormais à la sueur de ton front que tu te nourriras» lui dit en substance l’Eternel. Cette malédiction est à l’origine du mot «travail», du latin «trepalium», un instrument formé de trois pieux, auquel on attachait les esclaves pour les punir. Travailler devient ainsi «torturer, tourmenter avec le trepalium».

Dans les sociétés primitives, on n’accordait aucune valeur au travail. Les activités auxquelles elles s’adonnaient avaient pour objectif d’assurer leur survie. On n’en accordait pas plus dans la société grecque où le travail est assimilé à des tâches dégradantes. Ne sont alors valorisées que les activités éthiques et politiques. D’ailleurs, à l’époque romaine, même Dieu ne travaillait pas, la création du monde étant considérée comme «opus» (œuvre) et non «labor» (travail, châtiment). Pour l'église, le travail va être défini comme une loi naturelle à laquelle personne ne peut se soustraire pour subvenir aux besoins de la communauté. Il va progressivement devenir un instrument privilégié de lutte contre l'oisiveté, la paresse et les mauvaises tentations qui détournent de la tâche principale: la contemplation et la prière. Cependant le travail n'est pas valorisé: il est pénitence et jusqu’à la fin du Moyen Age, restera une activité dégradante.

Il faut attendre Adam Smith et son ouvrage «La Richesse des Nations», paru en 1776 pour assister à un début de valorisation du travail, car, dit Smith, bien organisé, le travail humain est une puissance formatrice de valeur et donc un facteur de production. Il faut toutefois attendre la seconde partie du 19ème siècle pour que les marxistes associent pleinement les mots «travail» et «valeur», en bonne partie en opposition aux "parasites" détenant le capital.

Ainsi, après 25 siècles au cours desquels le travail était une malédiction d’origine divine, le voici qui devient le rapport social qui structure nos sociétés. Ce qui me semble paradoxal est qu’aujourd’hui, pas grand monde ne travaille pour son plaisir. On travaille par nécessité, pour disposer d’un revenu permettant non seulement d’assurer notre survie, mais aussi nos envies et besoins. Or, si le travail couplé à la rémunération n’est pas la joie, pourquoi pointer du doigt ceux qui n’en bénéficient pas? Dans nos sociétés industrialisées, ne pas avoir d'emploi, lorsqu'on n'est ni riche, ni retraité, est souvent assimilé à une perte d’identité. «Je travaille, donc je suis et si je ne travaille pas, je ne suis plus rien».

Les personnes sans emploi ont donc souvent honte de leur situation. Ils/elles se sentent inutiles, culpabilisent, se terrent et perdent progressivement confiance en eux. Ils sont chômeurs et parfois, après quelques mois d’indemnisation et de découragement, disparaissent des statistiques et deviennent des «non-personnes». Chômeur? un terme qui provient du grec «kauma» qui signifie «se reposer pendant la chaleur». Le rêve, non?  Depuis le début du 20ème siècle, c’est toutefois devenu «l’état d’inactivité d’une personne souhaitant travailler». Souhaitant travailler? hum… je dirais plutôt «ayant besoin d’un revenu». Car si tout le monde disposait d’un revenu qui ne soit pas lié au travail, je doute que tout le monde veuille travailler.

Convaincu qu’au cours des décennies à venir, il y aura de moins en moins de travail et donc d'emplois, je crains donc que le nombre de personnes sans revenu provenant d'une activité lucrative ne progresse fortement. Toujours plus de monde pour toujours moins d’emplois est une recette explosive. Sauf si l’on "découple" travail et revenu. Car les richesses sont là. Certes, de moins en moins bien réparties, mais là quand-même. En l’espace de moins de 20 ans, nous avons assisté à un déplacement de richesses phénoménal. Le nombre de milliardaires recensés (2.325) bat des records, tout comme la fortune qu’ils possèdent (7.300 milliards de francs) et un petit pourcent de la population mondiale détient 95 % de l'ensemble des richesses de notre monde. Peut-être le moment est-il venu de repenser aussi bien le travail que la valeur qu’on y attache. Le travail rémunéré? Il y en aura de moins en moins et donc, il est grand temps de réfléchir à un changement de paradigme auquel nous n’échapperons pas. «Il ne peut y avoir de démocratie lorsque les richesses sont concentrées dans les mains de quelques individus». (Louis Brandeis, juge à la Cour Suprême des Etats-Unis, 1856-1941)

“Casse-toi, pauv’ con”!

La fameuse petite phrase de M. Sarkozy pourrait servir de devise à la "communication" de nombreuses entreprises, dont en particulier la Zurich Assurances.

Suite à un cambriolage et curieux de comprendre l’absence totale d’intérêt de ma compagnie d’assurance aux mesures de prévention, j’ai pris contact avec Francis Duc, Responsable Suisse romande et Membre du comité directeur de la Zurich. Un rendez-vous est fixé pour en parler et un courriel me parvient précisant :

« Dans l'optique de notre rencontre, je voulais encore vous indiquer que notre service Communication d'entreprise, lequel gère tous les contacts media, nous a donné son accord pour cette entrevue tout en précisant les règles d'usage. Si vous avez l'intention d'écrire un article je dois ainsi vous informer que mon collègue ou moi-même ne souhaitons pas être cités quant aux propos que nous pourrons échanger. Si vous mentionnez la Zurich pour des points critiques voire des reproches dans votre article, vous devez nous donner la possibilité de prendre position et les questions sont à adresser de manière officielle à notre service de presse ».

Ainsi donc, les journalistes restent libres d’encenser les compagnies d’assurances, banques, pharma et autres sympathiques « piliers de notre économie » et libres aussi de lécher les bottes de leurs chers dirigeants, mais attention : toute pensée critique se heurtera aux verrous de ce que l’on ose encore nommer la « communication d’entreprise ».

Les « anciens» comme moi se souviendront sûrement des luttes menées par des Jacques Pilet, des Roger de Diesbach ou des Jean-Claude Buffle pour accéder à l’information que des entreprises publiques – tout comme des gouvernements d’ailleurs – cherchaient à tout prix à cacher. D’ailleurs, ce n'est pas pour rien que François-Xavier Perroud, naguère chef de la communication chez Nestlé était surnommé « François-Xavier verrrou, porte-silence».

S’il fallait autrefois du courage du côté des rédacteurs en chef pour publier des enquêtes et articles critiques (et risquer une engeulade de leur éditeur, voire un boycott publicitaire), seuls quelques téméraires et suicidaires – et certains journalistes de qualité – ont ce courage aujourd’hui. Nous sommes à l’ère du copinage politico-journalistique, des publi-reportages qui ne disent pas leur nom, de l’information invérifié et souvent invérifiable, distillée par des « communicateurs » et spécialistes en relations publiques (autrement dit par des passeurs de pommade et cireurs de godasses), ce qui entraîne, trop souvent hélàs, des articles de complaisance. Dommage.

Pharma = mafia ?

C'est ce qu'affirme (et il n'est pas le seul…) le Dr. Peter Gotzsche, directeur du Nordic Cochrane Center au Danemark dans son dernier livre, « Médicaments mortels et crime organisé ». Il y affirme notamment que « bien des façons de procéder des grandes entreprises pharmaceutiques remplissent les critères définissant le crime organisé… Ils corrompent tout azimut, des chercheurs aux professeurs et des chefs de clinique jusqu’à certains ministres de la santé ».

Cela vous semble exagéré ? Daniela Drake du magazine « Daily Beast » nous apprend que huit des neuf médecins ayant rédigé les recommandations dans le domaine de la lutte contre le cholestérol en 2004 ont reçu de l’argent des producteurs de statines et que le psychiatre à l’origine de la folie médicamenteuse contre l’hyper-activité et le déficit d’attention a perçu 1,6 million de dollars des fabricants de médicaments qu’il recommandait. Dans ce domaine d’activité, la corruption est telle que l’ancienne rédactrice en chef du prestigieux « New England Journal of Medicine », Dr Marcia Angell, affirme qu’il « n’est plus possible d’accorder beaucoup de crédibilité aux recherches cliniques publiées ou à la parole de médecins réputés ». Et sans à propos, Novartis Japon vient de se voir ordonner une suspension d’activité de 15 jours due à la non-déclaration de 3.264 cas d’effets secondaires importants concernant 26 de ses produits…

Quel rapport avec l’hypnose, sujet de ce blog ?

L’hypnose a en ce moment le vent en poupe. Journaux et magazines en font régulièrement état, notamment dans le domaine de l’anesthésie et si la presse «people » en parle également, c’est qu’il existe aussi une hypnose « spectacle » (qui n’a pas grand-chose à voir avec l’hypnose comme thérapie, comme le dit le Dr. Bertrand Piccard) une nouveauté à succès dans le monde de la téléréalité. On parle toutefois peu de l’hypnose comme thérapie brève extrêmement efficace, et pour cause : elle se passe de médicaments et ne rapporte donc rien aux médecins et entreprises pharmaceutiques. C’est qu’il n’est pas nécessaire d’être médecin pour pratiquer l’hypnose et c’est bien ainsi.

Découverte au milieu du XVIIIème siècle par un médecin allemand, Mesmer, et développée ensuite notamment par le neurologue Jean-Martin Charcot dans les années 1880, l’hypnose disparait soudainement de la carte des soins, considérée par les Mandarins de la médecine et les entreprises pharmaceutiques comme du charlatanisme. Il faudra attendre près d’un demi-siècle et les travaux de Clark Hull et Milton Erickson pour redonner à l’hypnose ses lettres de noblesse. Aujourd’hui, l’hypnose est non seulement utilisée en anesthésiologie, cancérologie, immunologie et psychiatrie, mais également comme moyen thérapeutique impressionnant pour des personnes souffrant de peurs, anxiétés, phobies, manque de confiance, surpoids, tabagisme, etc. D’ailleurs, de nombreux sportifs de pointe y font aussi appel pour booster leurs performances.

Cela ne fait évidemment pas le beurre des médecins et pharmas car l’hypnose est non seulement une thérapie dite « brève » (2-6 séances suffisent en général pour éliminer le(s) problème(s), mais se passe de médicaments. Donc, avec l’hypnose, pas besoin d’antidépresseurs, calmants, somnifères et autres panacées vendues fort cher. Certains médecins et hôpitaux (au CHUV notamment), sont très ouverts à ces techniques et thérapies qui évoluent avec notre connaissance du cerveau. Ils acceptent volontiers l’aide de praticiens non médecins, tout comme d’ailleurs, ils acceptent les guérisseurs. Qu’importe le diplôme universitaire si l’on fait du bien ! Les neurosciences nous montrent comment nous fonctionnons et l’hypnose permet d’agir sur ces fonctionnements. Mais attention quand-même aux saltimbanques…

Comme le dit Kevin Finel, co-fondateur de l’ARCHE (Académie de Recherche et de Connaissance en Hypnose Ericksonienne) : « les certifications en hypnose ne sont pas réglementées, le métier non plus et il est difficile de comparer les formations ». Comment trouver une personne de confiance ? C’est un peu comme avec un(e) psychothérapeute : le bouche à oreille, quelques questions avant un premier rendez-vous (formation, diplômes, années d’expérience, etc.) et ensuite, sauter à l’eau, ne serait-ce qu’une heure durant pour voir si on peut établir une relation de confiance. Alors que l’hypnotiseur-spectacle manipule sa « victime », le praticien en hypnose écoute ses patients. Comme l’explique Bertrand Piccard, « Ils me disent ce à quoi ils veulent aboutir et (par l’hypnose) j’essaie de les aider à atteindre leur objectif ».

Page de pub : comme le dit Cécile Wyler Roulet, coach de vie et enseignante certifiée en hypnose et PNL (et accessoirement mon épouse) : « Je ne prends pas en charge : mon travail consiste à permettre à l’autre de s'éveiller à lui-même. C’est de la maïeutique. Mes clients sont tous plus beaux les uns que les autres dans leur diversité et leur fragilité. Le travail que nous faisons ensemble est essentiellement au niveau non-conscient. C’est en général court, plutôt léger et sympathique et même drôle parfois ! ».

Inconvénient qui ne surprendra pas grand monde : les assurances complémentaires ne remboursent que très rarement ces thérapies sauf pratiquées par un médecin spécialisé. Mais si c’est réellement notre santé et notre bien-être qui les intéressait, cela se saurait… Attendons donc patiemment la St-Glinglin, ce jour béni ou politiques, monde médical et assurances rembourseront ces soins, comme d’autres thérapies brèves avec les bénédictions des entreprises pharmaceutiques, tous convaincus que la seule chose qui compte, c’est le bien-être de la population.

T’as tout faux (ou presque) !

Beijing: paradis du faux…vrai faux, faux vrai, faux faux et vrai tombé du camion… Comment diable s’y retrouver ? Petite leçon de shopping pour touristes, car même si cela semble incongru, il y a des différences…

Prenons en exemple une paire de chaussures. Le vrai faux, c’est l’honnêteté dans la malhonnêteté. Une imitation de grande marque, «à la manière de », un modèle que la marque ne fabrique pas, mais avec logo comme si c’était du vrai, marqué « Adidas » ou « Timberland », et admis (parfois) par le vendeur comme étant de fabrication artisanale. Cela peut se voir dans les finitions, à condition de bien regarder.

Le faux vrai, c’est une copie conforme d’un produit de marque, vendu comme si c’était un vrai, alors que c’est un faux. Et donc trop cher pour ce que c’est. 

Le faux faux, c’est une parfaite imitation d’un modèle de la marque, mais avec un logo « Adidos » ou « Timberlande ». Et donc un produit bidon vendu comme tel – pour peu que le touriste peu attentif le remarque…Quant au vrai tombé du camion, c’est un original, produit en Chine dans la fabrique officielle de la marque et dont un certain nombre de paires ont été discrètement fabriquées en surnombre pour se retrouver sur certains marchés de la capitale. Ainsi, pour la même paire de chaussure de sport, le prix peut aller de 10 francs pour un faux faux à 50 ou 60 francs pour un vrai tombé du camion. Evidemment, la quasi-totalité des marchands jure ne vendre que du vrai. Que ce soit des sacs Dior ou Hermès, des chaussures Nike ou des chemises Lanvin. Il convient donc de marchander, en commencant par diviser le prix demandé par six ou huit…

En Chine, le faux est partout : dans les médicaments, les habits, la nourriture, les alcools et…l’argent. Depuis de nombreuses années, le billet de 100 yuan, soit environ 15 francs est le plus gros billet en circulation. Il y a 20 ans, c’était encore une sacrée somme pour nombre de Chinois. Aujourd’hui ? presque des clopinettes. Et donc, les faux billets sont légion (tout comme ceux de 50 yuan d’ailleurs) et les détecter n’est pas de la tarte. Si les faux grossiers (photocopies) se détèctent facilement, certains faux sont de vrais chefs d’oeuvre. Raison pour laquelle chauffeurs de taxi et nombreux commerces préfèrent être payés en petites coupures. 

Et ne croyez pas qu’en changeant votre argent dans une banque, vous n’aurez que des vrais billets ! Comment faire pour éviter de se faire arnaquer ? Les banques disposent de machines permettant de déceler les faux. Donc, avant de prendre votre argent, demandez à ce que les billets passent à la machine. S’il n’y a pas de machine, le seul moyen consiste à noter le numéro de chaque billet et de faire signer la liste par l’employé du guichet. Ce qui vous fera perdre pas mal de temps – surtout pour convaincre un employé de guichet de se mouiller !

Certes, depuis des années, des billets de 500 yuan dorment dans les souterrains de la Banque Centrale, mais le gouvernement craint que ces billets ne facilitent les activités illégales et la corruption et donc, ne les mettent pas en circulation. Ce qui évidemment n’empêche ni activités illégales, ni corruption, dollars et euros circulant assez librement..

« On peut donc assister à des scènes amusantes », me dit Urs Morf, correspondant de la radio suisse alémanique, qui a vu un client acheter

Une Range Rover cash pour 529.000 yuan (environ 82.000 francs), le tout en billets de 100. Compter et vérifier les 5.290 billets – deux fois à la machine et une fois manuellement – a pris plus d’une heure !

Hyper actives et efficaces lorsqu’il s’agit de censurer l’accès à internet (nombre de sites, incluant par exemple Facebook, ne sont pas accessibles en Chine, au grand dam de 650 millions d’internautes), les autorités sont d’une impressionnante passivité lorsqu’il s’agit de combattre ce fléau qu’est l’industrie florissante du faux. Antibiotiques bidons vendus en emballages « originaux », alcools frelatés mis en bouteilles « originales », poulets gonflés à l’eau insalubre, sont autant de risques pour la santé. 

Mais bon, pour des gens qu respirent un des airs les plus pollués de la planète et dont les rivières sont tellement pleines de déchets toxiques que même les poissons les plus résistants n’en veulent plus, c’est peut-être une solution darwinienne : seuls survivront les plus résistants…

Photo: le vrai est en haut – à moins que je ne me trompe. Ou que je remette la photo à l'endroit…

Je, je, je et moi

Ah ! qu’il fait bon se frotter aux Grands de ce monde, le temps d’un petit forum de Davos. La grande messe de Klaus Schwab remplit sa caisse, celle des hôtels de la région et permet à une flopée de journalistes de gonfler leur ego, qui semblent en avoir bien besoin par les temps qui courent.

Et que je te fais un selfie avec M. Attali, et que je montre que Bill Gates et moi sommes cul et chemise et que finalement, eux et moi, c’est kif-kif. Comment ne pas être heureux de savoir que notre Darius national tweete à la mitraillette (39 tweets en 4 heures, selon « Le Matin »), que l’envoyé du « Blick » a été témoin de la bise échangée entre Mme Lagarde et notre M. Jordan de la Banque Nationale Suisse (preuve semble-t-il du soutien de Mme Lagarde à la décision de la BNS qui a mis tant de monde dans la m…).

Et comment ne pas être triste en apprenant, par sa bouche, que la pauvre rédactrice en chef de « Bilan » n’a pas pu se rendre à Davos car son prédécesseur avait quitté son poste pour « Le Temps » – ô le vilain – emportant le badge VIP le seul qui vaille la peine que l’on se déplace. On sent aussi un petit regret dans la voix de celles et ceux qui nous décrivent le ballet des avions privé et hélicoptères qui transportent les Grands, alors qu’ils sont eux, condamnés au train. Néanmoins, flattés, badgés, entendus (à défaut d’être écoutés), les quelques 500 journalistes présents savent que le ticket d’entrée pour l’année prochaine a un prix : mettre une sourdine à toute critique de ce cirque.

Pyromanes pompiers, nombre de politiciens, banquiers et autres participants à ce forum, font partie de ceux qui, depuis des années, mettent le monde à feu et à sang et viennent ensuite papoter dans les salons feutrés du centre de congrès sur les solutions à apporter pour sortir des guerres et des crises. Complices, les journalistes ? Même pas…Trop d’entre eux ont simplement oublié en quoi consistait leur métier. Où êtes-vous, les Gil Baillod ou Roger de Diesbach quand on a tant besoin de vous ?

Si les journalistes (ou plutôt ceux qui les envoient) ne dépensent que quelques milliers de franc pour assister à la messe, les 120 « partenaires stratégiques » du Forum paient chacun 500.000 francs pour avoir le droit d’envoyer 5 délégués, qui paieront encore 20.000 francs chacun (plus évidemment les frais de voyage, d’hôtel, etc.). La hausse du franc suisse va donc faire des heureux… ce d’autant plus que les partenaires stratégiques vont devoir cracher 600.000 francs chacun dès l’année prochaine.

Alors, ce Forum, une simple histoire de gros sous ? Non, ce serait un jugement trop réducteur. Notamment car il convient de reconnaître à Klaus Schwab un talent remarquable : alors que M. de la Fontaine disait que « tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute », M. Schwab fait payer les flatteurs et en vit confortablement. Ah… vanitas, vanitatis

Moi, Abdallah, je me marre !

 

Non, ce n’est pas la couverture de Charlie Hebdo qui me fait rigoler, mais le fait qu’en quelques mois, le prix du baril de pétrole a chuté de 100 à 45 dollars : plus brutal comme baisse, tu meurs !

Vous trouvez bizarre que je trouve cela drôle, alors que nous sommes un des plus importants producteurs mondiaux ? Comme c’est étrange… Je me marre en me souvenant que dans les années 1970, nous avions choqué le monde entier en faisant grimper brutalement le cours du brut et qu'aujourd’hui, nous paniquons les mêmes en le faisant baisser. Ironique, n’est-il pas ?

A 90 ans passés, je ne suis plus de première fraîcheur, certes, mais pas gâteux. Je vais donc vous dire pourquoi moi, Abdallah Abdelaziz ben Abderrahman ben Fayçal ben Turki ben Mohammed ben Saoud, roi d’Arabie Saoudite, je trouve cela rigolo et pourquoi mon pays continue à produire bien plus de pétrole que nécessaire. Sachez préalablement que ne suis pas plus idiot qu’un autre et donc, je sais bien que la demande est en baisse (je laisse à vos nombreux analystes surpayés le soin de vous dire pourquoi). Je sais aussi que les petits gluants du monde entier se poussent au portillon de mon palais pour me demander de réduire notre production, mais franchement, rien à cirer ! Perso, ce n’est pas trop grave : je pèse dans les 20 milliards, de quoi me payer whisky et petites pépées pendant un bon moment et comme mon pétrole est super bon marché à produire – moins de 8 dollars le baril – même à 40 dollars, je tourne. Et donc, la chute des prix, bof !

Bien sûr, notre budget va prendre un coup dans les gencives, mais… non seulement nous avons encore quelques belles réserves et, dans le pire des cas, je retourne sous ma tente…

Comme la plupart des pays exportateurs de pétrole ont des coûts de production bien plus élevés que les nôtres, il n’y a pas de doute : ils sont dans la m… Je pense à la Russie, au Venezuela, au Mexique, à l’Irak, à la Libye, etc. Bien sûr, cela m’ennuie un peu pour certains, comme nos amis Qatari: ils peineront plus à se payer des hôtels de luxe en Suisse ou… la FIFA. Mais, vous le savez, on ne fait d’omelette sans casser des œufs, et ceux à qui je veux briser les reins, ce sont les Etats-Unis et, accessoirement, à la Russie et à l’Iran.

Faux-culs de 1ère, le Américains nous encensent quand ils ont besoin de nous, puis nous pointent du doigt parce que nous finançons quelques réseaux terroristes. Ils nous encouragent à maintenir un prix du baril élevé pour que leur propre production soit rentable, puis pactisent derrière notre dos avec nos ennemis, l’Iran notamment, tout en nous promettant de nous vendre au prix fort, les armes dont nous avons besoin pour nous défendre de ces ennemis. Basta !

Quant aux Russes et aux Iraniens, disons pudiquement qu’ils paient le prix de leur soutien à Bachar el Assad… Donc, comme on dit chez vous, je laisse pisser le mérinos. A 40 dollar le baril, des milliers de producteurs Américains feront faillite vu le coût d’extraction par fracturation hydraulique et toutes les industries qui tournent autour du pétrole vont la sentir passer. Bien sûr, si l’année prochaine, je vois que les Républicains ont le vent en poupe et que les Etats-Unis cessent de faire les yeux doux à l’Iran, on pourra toujours aviser et revenir à un prix de 60-70 dollars le baril.

Enfin, je me marre, car si je vous savais lâches, veules et hypocrites, « amis » Occidentaux, là, c’est le pompon ! Pas un d'entre vos dirigants n’a tiqué quand j’ai envoyé ce brave Nizar, un de mes ministres, glorifier la liberté d’expression à Paris et déambuler aux bras de ce brave Hollande en chantant« Je suis Charlie » pendant que chez nous, je faisais fouetter Raef Badawi, un blogueur impertinent ! Sans parler de cette femme que nous avons fait décapiter avant-hier sur la place publique…Faut dire que dans la famille "on vous crache desssus et vous en redemandez", cette tête de Turc d’Erdogan fait assez fort: il remplit ses prisons de journalistes, soutient l’Etat Islamique et fait couper quelques mains de voleurs à l’heure de l’apéro pendant que vous le courtisez comme digne membre de l’OTAN… Chapeau

 

PS : La Turquie occupe la 154ème place sur 180 dans le classement mondial 2014 de la liberté de la presse, établi par Reporters sans frontières. L’Arabie Saoudite, la 164ème

Lire "Moi, Jean-Pierre Danthine, je me marre…"

Moi, Jean-Pierre Danthine, je me marre…

 Téléchargez ici l'édition spéciale de L'Hebdo: "Le taux plancher: Krach historique" 

Eh oui ! bombardé « père du taux plancher » par Patrick Fischer lundi dernier dans son émission TTC, je suis aussi l’heureux papa d’un superbe tsunami (dixit M. Hayek) et à part Saddam Hussein ou Ben Laden, je ne vois pas qui d’autre que moi est arrivé à se faire autant d’ennemis en si peu de temps !

Petit rappel : lundi dernier donc, j’ai affirmé urbi et orbi que « nous (à la Banque Nationale) sommes totalement déterminés. Nous avons fait une évaluation de situation et nous sommes convaincus que le taux plancher doit rester aujourd’hui le pilier de notre politique monétaire. Trois jours plus tard, crac !!! Mon collègue Jordan annonce que c’est fini. T E R M I N E ! La BNS ne soutient plus le cours de l’euro.

La suite, vous la connaissez : un bordel pas possible ! Un euro qui descend à moins de nonante centimes, un dollar en chute libre et la bourse en gros rouge qui tâche. Vous devez vous dire que soit mon copain Jordan s’est royalement fichu de ma poire et m’a envoyé sciemment au casse-pipe – ce qui montrerait la grande estime qu’il me porte au vice-président de la BNS que je suis – soit je savais que nous allions lâcher l’euro et je vous ai vendu des salades avec un aplomb qui mérite un Oscar. Il y a bien sûr une 3ème hypothèse : que nous avons changé d’avis entre lundi soir et mercredi soir. Mouais, d’accord, ce n’est pas très crédible. Mais alors, pourquoi je me marre ?

Parce que pendant que vous ramasserez les morceaux – et il y en a pour un moment – moi, fin juin, je suis à la retraite et ma rente n’est pas en euros ! Je ne vais pas entrer dans les détails, histoire de ne pas faire de jaloux, mais ne vous faites pas de soucis pour moi : ce que je vais toucher correspondra quasiment au salaire d’un conseiller fédéral en activité… Bon, une chose encore avant qu’on se quitte car c’est le weekend et nous montons au chalet : lisez attentivement mon CV. Vous verrez que je n’ai jamais,mais vraiment jamais, travaillé en entreprise. J’ai été professeur à Lausanne, à New-York et ailleurs, vice-recteur, associé de recherches et tralali ettralala et j’ai écrit des centaines de papiers théoriques, mais le vrai monde du travail, ça n’a jamais été mon truc. Donc un conseil pour l’avenir, que je ne vois pas vraiment en rose: méfiez-vous des théoriciens de salon… Et je ne dis pas cela spécialement pour mon collègue Jordan, mais hum… son expérience du monde du travail n’est guère plus étendue que la mienne.

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