Y sont débiles ou c’est moi ?

“Pauvres de nous, rackettés à tous les étages. Nous disons encore merci à la Coop et à la Migros qui quadrillent la Suisse avec les marges les plus importantes d’Europe sur l’alimentation”.

Ce “post” sur Facebook a été “aimé” par une flopée d’internautes, partagé une vingtaine de fois et largement commenté, genre “en Suisse, la nourriture coûte presque le double qu’en France; quant aux loyers pratiqués, c’est véritablement un scandale”. Ou “revenant en Suisse tous les 3 mois, je suis sidérée par les prix chaque fois” ou encore: “et dire qu’on ose critiquer ceux qui font faire leurs courses en France voisine…”

Et Swissinfo enfonce le clou expliquant que: ” les consommateurs de Suisse continuent de payer les prix alimentaires les plus élevés d’Europe. Les hôtels et restaurants ne sont nulle part ailleurs plus chers. Dans l’ensemble, les prix demeurent supérieurs de 61% en Suisse comparé au niveau européen….Dans le secteur de l’habillement, les vêtements étaient 43% plus coûteux en Suisse comparé à la moyenne européenne

Et de nous apprendre que l’Albanie, la Macédoine et la Bulgarie sont quand même sacrément moins chers que la Suisse. J’ajouterai pour ma part que le taxi entre l’aéroport de Bangkok et le centre-ville (36 km) coûte 12 francs, qu’à Athènes, le kilo de côtelette d’agneau en coûte 2, qu’à Luang Prabang (Laos), un repas complet au resto m’a coûté 3 francs et qu’à Cusco (Pérou), j’ai payé mon T-shirt 2,50 francs.

Ilôt de cherté  ?

Vous voyez où je veux en venir ? Non ? Alors une question: quel est votre salaire mensuel ? Vous n’aimez pas parler de cela ? Ce n’est pas grave. Prenons, au hasard, une infirmière. La connaissance à laquelle j’ai posé la question a 34 ans, 8 ans de métier et gagne brut: 5.300 francs par mois, plus les primes (nuit, dimanches, etc.). C’est le triple de sa collègue française, qui gagne 1.600 euros (1.750 francs).

En Albanie, Macédoine et Bulgarie, le salaire sera de 350 francs par mois. Idem à Bangkok où après 10 ans de métier, une infirmière touchera l’équivalent de 380 francs par mois. Au Laos, ce sera un peu mois: environ 250 francs. Bien sûr, il faudrait – pour être plus précis – tenir compte des impôts, vacances, charges sociales, etc.

En clair, comparer l’incomparable ne rime à rien. Si, pour le même travail, je gagne trois fois plus en Suisse qu’en France ou en Allemagne, 15 fois plus qu’en Albanie et 20 fois plus qu’au Laos, n’est-il pas normal que le prix des choses soit aussi plus élevé en Suisse qu’ailleurs (ce qui permet de payer des loyers et des salaires plus élevés) ? Car malgré le fait qu’en Suisse, tout ou presque est plus cher qu’ailleurs, nous avons un des niveaux de vie les plus élevés du monde.

A tout prendre, je préfère payer mon kilo de bidoche 5 fois plus cher qu’en Albanie plutôt que d’aller m’y installer et voir mon salaire réduit de 90 % (au cas où je trouverais du travail…).

Donc, il me semble que ce n’est pas moi qui suis débile, mais si vous n’êtes pas d’accord, dites-le !

Moi, Tamim bin Hamad Al Thani, j’me marre !

Emir du Qatar, 37 ans et toutes mes dents, je suis plus courtisé que les bimbos de vos téléréalités ! Même quand je sème une de ces m… dont j’ai le secret, Car contrairement à Louis XIV qui croyait que l’Etat, c’était lui, le Qatar, c’est effectivement moi (et ma famille). Eh oui… nous sommes les heureux propriétaires de ce lopin de sable, grand comme Vaud et les Grisons réunis, peuplé de 2,5 millions d’habitants – dont 2 millions d’étrangers – et gorgé de pétrole et gaz naturel.

Pourquoi j’me marre ? Ce ne sont pas les raisons qui me manquent: nous sommes bourrés aux as (mon fonds souverain pèse 340 milliards de dollars), je m’achète ce qui me fait plaisir, que ce soit le PSG, le Crédit Suisse, la FIFA ou les trois plus prestigieux hôtels de Suisse – pour ne citer que quelques exemples. Et comme Qatar Airways m’appartient aussi, je n’ai pas besoin de “Bon à Savoir” pour trouver les billets d’avion les moins chers !  On a beau nous pointer du doigt pour la façon dont nous traitons les travailleurs immigrés (enfin, ceux qui survivent…), le monde que je connais est peuplé de lèche-culs cupides, qu’ils soient chefs d’Etat, politiciens, banquiers, avocats ou patrons d’entreprises. Ils chantent mes louanges ? Je les fais danser !

Mais revenons à nos moutons (noirs): ces jours, j’me marre parce que personne ne pige que dalle à ma  politique extérieure. Pas évident, en effet. Je finance des groupes islamistes terroristes, une pincée de Hamas, une pichenette de Al Quaida, etc. (les Saoudiens nous ont toujours dit qu’il s’agit là d’une excellente assurance-vie), tout en maintenant des relations avec Israël. Je soutiens l’opposition au Président Assad de Syrie, mais en même temps, j’aide aussi ce dernier. Mon pays est membre de la coalition Sunnite crée par le bon roi Salman d’Arabie saoudite pour freiner l’appétit expansionniste des Iraniens – qui de plus sont des vilains Chiites – et en même temps, les Ayatollahs et nous sommes comme cul et chemise. Nous exploitons en effet ensemble et en parfaite harmonie le plus grand champ de gaz du Golfe et avons des accords de coopération militaire. Ce qui ne m’empêche pas d’accueillir aussi  la plus grande base militaire américaine du Moyen Orient (11.000 soldats y sont stationnés).

Heureusement, les Iraniens ne m’ont pas encore demandé de les aider à créer une base militaire de même taille au Mexique, à la frontière du Grand Satan, même si ce serait en somme assez équitable. Gag !

Donc, un jour, ce sont les Saoudiens qui me traitent de “traître”, vu que l’Iran, c’est leur bête noire. Un autre jour, c’est le pharaon Al-Sissi qui n’aiment pas que Al-Jazzeera, ma chaîne de TV soutienne les Frères Musulmans; une autre fois, ce sont les Iraniens, les Turcs ou les Américains qui poussent une beuglante, mais je m’en tamponne. D’ailleurs, récemment, il a suffi d’une promesse de 10 milliards d’investissement dans ses projets d’infrastructures pour calmer M. Trump !

Alors, le caca nerveux de ce matin de l’Arabie saoudite, de l’Egypte, des Emirats et du Bahrein qui rompent leurs relations diplomatiques avec nous pour cause de soutien au terrorisme, cela ne me fait ni chaud ni froid, tout au contraire. A vrai dire, cela m’amuse plutôt de voir les Saoudiens, bailleur de fonds d’organisations terroristes et principaux exportateurs d’imams recruteurs venir nous faire la leçon…  Moi,  je fais comme la Suisse : je mets mes œufs dans plein de paniers. Vous, avec votre “neutralité” disons… active; nous avec notre pognon, qui calme plus efficacement que le Valium ou le Xanax ! Chez moi, le slogan n’est pas “un Mars et ça repart !”, mais “un p’tit milliard et on s’aime à nouveau !”

 

 

Moi, Richard Rodriguez, j’me marre !

 

Pigeon vole ? Non ! Pigeon volé !!! Il y a quand-même de quoi se tordre les côtes: malgré toutes ses tentatives de nous faire baisser nos tarifs, M. Prix est impuissant et ses recommandations, la Chambre Genevoise des Notaires que je préside, elle s’en tamponne le coquillard.

Ne croyez pas que nous manquons d’humour: un des buts de notre Chambre n’est-il pas de garantir le respect des règles de déontologie que nous nous sommes fixés ? En clair: nous faisons comme naguère les banques (avant que cela ne leur saute à la gueule): une sympathique auto-surveillance !

Nos tarifs ? C’est le pied géant ! Pour l’immobilier – passage obligatoire pour vous, chers pigeons – les émoluments sont fixés en proportion du montant de l’acte. Donc, l’augmentation de prix des objets immobiliers engendre automatiquement une hausse de nos émoluments ! Et vous savez comme moi qu’au cours de ces 20 dernières années, les prix ont flambé ! Cerise sur le gâteau, grâce à l’informatique, tout se fait plus rapidement et donc, c’est double bénéf !

En clair ? Nos revenus ont parfois plus que doublé pour les mêmes prestations…

Suite à la comparaison des tarifs cantonaux des notaires publiée il y a quelques années par le Surveillant des Prix, il y a eu des réductions dans plusieurs cantons. Des mollachus !

Concernant les cantons de l’Arc lémanique, le Surveillant des Prix écrivait: “la forte hausse des prix sur le marché immobilier constitue une raison de plus…pour réduire les barèmes d’instrumentation des actes immobiliers”. Il constatait par ailleurs que si le Canton de Vaud avait baissé son tarif des émoluments en 2016, le Canton de Genève avait refusé d’entrer en matière alors qu’il est le plus cher de Suisse.

Les notaires de Genève ? A la fois la Rolls, les Astérix et les Obélix du notariat Suisse !

Bon, soyons sérieux. Moi, je suis là pour défendre les intérêts de ma profession. Et donc, notamment nos tarifs. “Ca durera c’que ça durera”, comme disait naguère un banquier, bien payé pour aider ses clients à frauder le fisc, aussi longtemps que la loi ne le lui interdisait pas formellement…

Et ce n’est pas demain que cela changera: le consommateur “moyen” n’a pas de couilles. Il groume, il gueule, il peste, il jure, mais il paie et reste passif. Alors que nos tarifs fassent continuellement l’objet de plaintes, on n’en a rien à battre. Au nom de nos Range Rover, Porsche et chalets à Verbier, MERCI !

 

blog dédié à Alessandro Campanelli, docteur en droit, ami de la famille et futur pourfendeur de cette caste 🙂

Moi, Salman Ramadan Abedi, j’me marre

A peine de retour de Libye,  voilà que je me fais exploser, emportant avec moi 22 personnes et en en blessant une soixantaine.

Pas de quoi se marrer, me direz-vous. Il est vrai que je suis mort, mais j’ai atteint mon but: vous faire parler de moi en boucle sur toutes vos chaînes TV, dans vos journaux et sur les réseaux sociaux.

Et que t’envoie 24 heures sur 24 des images de victimes paniquées, de cris, de parents horrifiés, de sirènes d’ambulance et de déclarations outrées de politiciens de tout poil (toujours les mêmes…), jurant que ces crimes ne resteront pas impunis. Ha !

Comme mon but était justement de générer ces réactions, je suis gagnant. Car voyez-vous, vos media sont les meilleurs recruteurs qui soient et à chaque fois que quelqu’un comme moi se fait exploser, 20 autres, 100 autres sont prêts à prendre la relève, désireux, comme moi, de mourir en martyr et de servir d’exemple aux suivants.

Vos media n’ont pas encore compris que nous autres, jeunes gens de parents immigrés, pas toujours bien assimilés, peu formés, souvent au chômage, fréquemment condamnés pour des petits délits et radicalisés en prison, sommes nombreux. Si vous étiez malins, vous éviteriez la contagion. Vous cesseriez de faire tourner ces images en boucle, de mettre ma photo en première page de tous vos journaux et de me qualifier de “monstre”.

Vous ne vous en rendez même pas compte, mais c’est MOI qui ai été le metteur en scène et réalisateur de ces films que vous persistez à passer en boucle (faut bien faire de l’audience, n’est-ce pas…) et qui, croyez-moi, amèneront bien d’autres jeunes à vouloir, eux-aussi, mettre en scène leur mépris de votre société.

Faucher des gens avec un camion ? Faire exploser des enfants ? Bien sûr que cela continuera et ce ne seront pas les candidats jihadistes qui manqueront. Car plus l’horreur est grande et l’indignation universelle, plus les media en parlent. Non seulement, cela attise l’islamophobie dans votre Occident décadent (un autre de nos buts), mais de plus, cela sert de machine à recruter. Vous comprendrez donc que vierges ou pas au paradis, j’me marre…

 

 

 

Moi, Isabelle Chevalley, j’me marre !

 

“J’en ai marre d’être une vierge qui perd. Je préfère être une dépucelée qui gagne”, ai-je affirmé. Me voilà maintenant une dépucelée qui perd…La TOTALE ! J’ai pourtant toujours dit que si j’aimais porter des vestes, je ne tenais pas à en prendre et là, c’en est une belle ! Quand je pense qu’une “rouge” fait presque 10.000 voix de plus que moi, je reste sans… voix.

 

Il est vrai que mon mariage tardif avec l’UDC, tout comme celui de Nicolas Dupont-Aignan avec Marine le Pen, c’était une bonne idée. Pourvu qu’on gagne. Car là,  c’est un peu la m… . Parce que l’image qui va me coller aux basques est celle d’une politicienne ambitieuse et prête à tout pour y arriver. Eh oui, c’est bien moi qui ai dit “il faut passer par des alliances pour arriver à ce que l’on veut”. Et je n’ai pas exclu les alliance contre nature…

Alors pourquoi est-ce que je me marre ? Parce que j’ai obtenu la condamnation pour injures de Pierre-André Marchand, rédacteur en chef du mensuel satirique «La Tuile», coupable de m’avoir grossièrement injurié.  Critiquée, moquée, raillée, d’accord, mais injuriée, ça non!: Je n’ai jamais porté plainte, mais là, les bornes ont été dépassées: il s’agit de faire respecter les lois que je vote en tant que parlementaire.

Quand je pense que ce sale bonhomme avait, entre autres, écrit que «arrogante comme un camélidé, Bédouinette Chamelley, arriviste effrénée, est prête à écrabouiller tout le monde et son père, surtout les écolos sincères, uniquement par ambition personnelle».

Donc, je me marre, parce que sur le fond, il n’a pas vraiment tort, Marchand. N’empêche: si j’ai pris une veste, lui, il a pris une claque ! Mais bon, les juges Jurassiens sont en général des PDC bon teint et ils n’allaient quand-même pas préférer un vieil anar à une vert-libérale proche de l’UDC…

 

 

 

 

Moi, Thomas Klühr, j’me marre !

Mon slogan ? SWISS (vous) vole ! Forcés de baisser nos tarifs pour cause de concurrence, notamment des compagnies genre Etihad, Emirates ou Qatar, qui achètent leur kérosène au prix de l’eau du robinet, il m’a fallu, comme directeur général de Swiss, trouver des recettes supplémentaires. De préférence discrètement…

Vous avez trouvé votre vol sur notre beau site internet, mais n’êtes pas encore décidé ? Pas de problème! Pour CHF 25, je vous garantis le tarif pour 72 heures. Votre bagage en soute ? taxé, bien sûr, comme sur EasyJet, à moins évidemment que vous choisissiez pas le tarif “light”, mais le “classic”, plus élevé !

Vous n’aimez pas être coincé et voulez donc réserver un siège ? En classe économique, je vous taxe. Cela varie évidemment en fonction du siège, mais comptez CHF 25 par trajet

Vous réglez par carte de crédit ? Merci ! Vous payerez en plus des OPC de 1,65 % du prix du billet (CHF 30 au maximum). Pas mal, hein ? Comme vous m’êtes sympa, je vous précise que OPC veut dire “optional paiement surcharge”, ce qui ne veut rien dire, mais vous amène  à payer vous, la commission que nous devons aux instituts de cartes de crédit. Hélas pas remboursables au cas où vous annulez votre réservation.

Un petit champagne vous ferait plaisir ? Commandez-le lors de votre réservation et on ne vous taxera que CHF 39 la demi-bouteille (certes, ce ne sont pas les prix Denner, mais nous c’est Swiss !)

Vous trouvez tout cela un peu riquiqui ?

Attendez que je vous parle de ma dernière trouvaille ! Un coup de G E N I E ! Une première mondiale !

J’ai introduit un choix de siège payant en classe Affaires et quasiment personne n’en a parlé ! Fallait oser ? J’ai ! Ainsi, même si vous déboursez plus de 5.000 francs pour voyager sur Hong Kong en Business avec nous, je vous offre – généreusement – la possibilité de “parfaire l’agrément de votre voyage” en réservant un siège “privacy”, soit un siège individuel situé près d’un hublot, pour le modique supplément de quelque 400 francs aller-retour.

Vous trouvez que je pousse le bouchon un peu loin ? Z’avez pas encore tout vu: j’envisage aussi d’introduire des toilettes payantes, une taxe pour les obèses, un forfait de 10 francs par bagage de cabine et pour les radins sans bagages du tout, des places debout, histoire de ne pas laisser ces long couloirs vides… Allez, bon dimanche les pigeons !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Avocats: tous voleurs ?

“Punaise ! 600 balles de l’heure ! Ils s’en mettent plein le pognes” serait-on tenté de dire en lisant l’article consacré notamment à l’Etude Schellenberg Wittmer paru vendredi dans Le Temps sous la plume de Ghislaine Bloch.

“Un taux horaire atteignant jusqu’à 700 francs de l’heure” précise un sous-titre de l’article et cela m’a interpellé. Je trouve déjà fort de café d’être facturé 140 francs de l’heure par mon garagiste qui, soit dit au passage, a dû acheter du matériel parfois fort coûteux, alors 600 francs de l’heure pour un “bavard”, cela semble énorme !

Oui, mais…faisons un petit calcul pour voir cela de plus près. Une année de travail compte quelque 1.820 heures. Un(e) avocat(e) ne peut pas facturer la totalité de ces heures, ne serait-ce qu’à cause des recherches, des déplacements, de la réflexion, etc. Donc, en gros, il/elle peut facturer quelque 1.300 heures par an. Plus si il/elle travaille plus que la moyenne des gens ou si, comme dans le cas de l’Etude citée, c’est une exigeance.

Pour un collaborateur pouvant facturer 350 francs de l’heure, cela correspond à un chiffre d’affaires de 455.000 francs par an pour l’Etude. Admettons que ce collaborateur gagne 250.000 francs par année (un bon salaire certes, mais rien d’exceptionnel), il coûte donc quelque 320.000 francs à l’Etude, charges sociales (AVS, Chômage, LPP, etc.) incluses. Si on ajoute encore sa part aux frais généraux (loyer, réception, secrétariat, communications, informatique, etc.), soit environ 50.000 francs par an, il rapporte quelque 85.000 francs par an aux associés, propriétaires de l’Etude. Sympa et plutôt bon à prendre…

Passons aux associés qui eux, peuvent facturer quelque 600 francs par heure. Cela correspond à 780.000 francs par an. Comme l’Etude évoquée est organisée en société anonyme, ces associés ne sont donc pas des indépendants, mais des salariés de leur société. Sur ces 780.000 francs, un bon 25 % part en charges sociales. Il reste donc 585.000 francs, moins la participation aux frais généraux, donc mettons qu’en en gros il leur reste un “salaire” de 500.000 francs par an. Super ? Certes, c’est mieux payé que manutentionnaire, mais moins que nombre de chirurgiens et qu’un directeur de banque.

Par contre, là où effectivement, les associés doivent se faire du blé, c’est en “exploitant” leurs collaborateurs (voir ci-dessus) et leurs stagiaires. Au sujet de ces derniers, ils ont beau dire qu’un stagiaire, cela prend du temps à former, j’affirme (ayant moi-même été stagiaire avant de passer mon brevet d’avocat) que nous effectuons le même travail que n’importe quel avocat, expérience en moins. Or donc, ces derniers gagnent en général entre 3.000 et 4.000 francs par mois. Mettons 3.500 francs en moyenne. Ils coûtent donc à l’Etude quelque 75.000 francs par année, charges sociales et participation aux frais généraux inclus.

Comme on leur demande de facturer quelque 1.450 heures par an à 200 francs de l’heure, cela correspond à un chiffre d’affaires de 290.000 francs pour l’Etude et donc, cette dernière encaisse quatre fois plus d’un stagiaire que ce dernier ne leur coûte ! Un sympathique “bénéfice” de 215.000 francs par stagiaire.

Donc, les 210 collaborateurs et quelque 20 stagiaires (entre les bureaux de Genève et de Zurich) de Schellenberg Wittmer pourraient rapporter plus de 20 millions de francs par an à ses 42 associés…

Ce que Benjamin Borsodi, managing partner ne dit pas (mais le lui a t-on demandé ?) est ce que gagnent réellement les avocats associés d’une grande Etude. La réponse ? Au minimum 1 million de francs par an, souvent beaucoup plus.

Quant aux avocats indépendants, il y a de tout: ceux qui peinent à gagner de quoi vivre, ceux qui se débrouillent pas trop mal et un petit 10 % (c’est mon estimation perso) qui se font plus de 3 millions de francs par an, comme un certain conseiller national genevois qui aime beaucoup se voir dans les media ou un chevalier de naguère au fume-cigarette en acajou et au vocabulaire fleuri.

P.S: je précise que ces chiffres – qui me semblent proches de la réalité – se basent une une estimation personnelle et non sur les déclarations d’impôt des diverses personnes concernées…

Caramba ! Encore raté ?

“Merde à Bruxelles ! On est chez nous !” scandent à tue-tête les quelque 5.000 personnes venues assister au grand meeting de Marine le Pen, agitant force drapeaux tricolores et banderoles affichant “Marine Présidente”.

Il est 13h.30 et ce n’est que dans 90 minutes que Mme Le Pen fera son apparition et son discours, mais la salle du Zénith de Lille est déjà bien pleine. Cela fait plus d’une heure que les premiers militants ont fait leur apparition, entourés d’un dispositif important de police et du service de sécurité du Front National, dont les badges s’ornent d’un “honneur et patrie”.

Fouille personnelle, passage par un portique détecteur de métal et nous voilà à l’intérieur de la salle. Le parterre – environ 1.500 places – est entièrement réservé pour les ténors du parti, honorables invités de l’étranger et groupes de militants amenés en bus, depuis Londres, Bruxelles ou des villes avoisinantes.  Sur la scène, un orchestre “américain” (trompette, banjo, accordéon et guitare) joue des morceaux jazzés, histoire de chauffer la salle. Beaucoup d’ouvriers, hommes et femmes, la cinquantaine bien sonnée et beaucoup de jeunes gens entre 20 et 35 ans. Mais les 35-50 sont rares en ce beau dimanche.

Dûment badgé “presse” – le seul moyen de se balader librement partout dans cette salle du Zénith – je monte dans les gradins au moment une tonitruante Marseillaise jaillit de quelques centaines de jeune gorges. Quelques instants plus tard, je me fais accueillir par des “Salopard ! Vendu ! Tous des menteurs !”. Pas de doute, la presse n’a pas bonne presse auprès des militants du FN… A chaque contact, il me faudra préciser que je suis venu tout exprès de Suisse pour qu’on accepte de me parler.

Il est 14h.30 et la salle est quasiment pleine. Gérard, 27 ans, a mis ses habits du dimanche: chemise blanche, cravate avec fleur de lys et chaussures vernies, c’est un militant actif, comme il se décrit lui-même. Pourquoi au Front National ? “Les Sarkozy, Hollande et autres Fillon changent de langage comme de chemise, font des promesses qu’ils ne tiennent pas et piquent dans la caisse. Avec Marine au moins, les choses sont claires: elle seule ne change pas de discours avec le vent et elle tiendra ses promesses.”

Nénette (c’est ainsi qu’elle souhaite être citée) est, quant à elle, venue au FN il y a 2 ans. Elle a la soixantaine, les parait largement et travaille comme caissière dans un grand magasin. Pourquoi le FN ? “A cause des migrants, des musulmans et de l’insécurité”. “Il y a des endroits où je n’ose plus me balader”, dit-elle “et cela dans ma propre ville ! Macron, Fillon et compagnie, c’est du pareil au même, du balabla, du vent. Allez, Marine Présidente !”

 

Oui, mais…

Pas grand-chose à dire du discours de Marine Le Pen – dont les propos flottaient souvent bien au-dessus des têtes de ses “fans”, notamment lorsqu’elle parlait économie – si ce n’est de relever son habileté à mobiliser son monde, car dès qu’elle sentait le moindre relâchement d’attention, elle sortait une phrase “forte”, permettant à la foule de crier “On est chez nous ! Marine présidente !”

 

Mme Le Pen a-t-elle de réelles chances de gagner ? Je n’ai pas plus de compétences qu’un institut de sondage pour répondre à cette question et donc, je ne vais pas gêner pour donner mon avis. C’est oui. Pourquoi ?

La France compte en gros 70 millions d’habitants dont 45 millions sont des électeurs inscrits. Avec un taux de participation de l’ordre de 80 %, cela donne environ 36 millions de votants. Au premier tour du moins. Il semble acquis que le trio gagnant du 1er tour soit composé de Mme Le Pen et de MM. Macron et Fillon. Or, le second tour ne se joue qu’à deux. Je suis d’avis que Mme Le Pen jouera la finale, mais avec qui ?

Si c’est avec M. Fillon, c’est fichu, car même si Mme Le Pen peut compter sur ses 10-12 millions d’électeurs inconditionnels et qu’elle en glane 4-5 millions de plus, les pro Macron soit s’abstiendront, soit voteront Fillon ne serait-ce que pour faire barrage à Mme Le Pen. Et donc, son score sera inférieur à 40 %.

Par contre, si c’est avec M. Macron que se jouera la finale, je pense qu’elle aura toutes ses chances malgré ce qu’en disent les sondages. Car au cours de la quinzaine d’entre les tours, elle fera appel à son talent pour tenter de déstabiliser cette “girouette molle de Macron”, comme l’appelait un conseiller régional du Front National Nord-Pas-de-Calais. Et je crois surtout que le “ras-le-bol” d’une bonne partie des électeurs pèsera plus qu’on ne le pense.

“Pourquoi ne pas essayer Mme Le Pen ?” demandait un étudiant en droit venu au meeting en curieux. “Si elle fait mieux que MM. Hollande ou Sarkozy, super ! Si elle fait pire – ce qui ne va pas être facile – elle sera déboulonnée dans cinq ans et plus personne ne parlera du FN”

Faux culs, ma non troppo

Bouche en cul de poule et petit sourire triste et fatigué de circonstance, Ralph Büchi, éditeur de l'Hebdo se la joue un peu chirurgien qui vient annoncer à la famille que malgré tous ses efforts et ceux de son équipe, il n'a pas pu sauver le patient. "Les prévisions pour 2017 s’avèrent également très faibles au niveau de la publicité, nous avons donc dû tirer la conclusion qu’il n’y avait pas de possibilité de redresser la barre, et de retrouver un jour les chiffres noirs".

Comme naguère pour le Journal de Genève – que les Pictet, Lombard et autres Mirabaud auraient pu sauver en y consacrant chaque année un micro pourcentage de leurs bénéfices – L'Hebdo meurt pour cause de de mentalité d'épicier, d'imbécilité et de médiocrité.

Évitons les généralités: pas tous les éditeurs sont cupides et obsédés par la rentabilité et leur pognon. Il y en a qui sont conscients que pas TOUS les titres de leur portefeuille ne peuvent être rentables et que s'ils sont de qualité, ces titres méritent d'être maintenus en vie. Ringier Axel Springer Suisse aurait eu les moyens, mais il n'en a pas eu envie.

Peut-on lui en vouloir pour autant ? A mon avis, oui. Si cela faisait tellement longtemps que L'Hebdo perdait des lecteurs (et donc aussi de la pub), c'est qu'il ne répondait plus à un besoin. Et s'il ne répondait plus à un besoin, il aurait peut-être fallu effectuer des changements à la tête du magazine pour le "réinventer" à l'ère du numérique, plutôt que de se contenter de "réduire la voilure" (comme on le dit si élégamment) année après année…

N'est pas Jacques Pilet qui veut, mais depuis pas mal de temps, il me semblait que L'Hebdo devenait un peu ennuyeux, réactif, mpims de et de pep et de passion. Certes, on y trouvait encore des bons journalistes et chroniqueurs, mais manifestement pas suffisamment pour créer des débats et renouveler l'intérêt. Il ne reste qu'à espérer que Le Temps, qui semble s'être plutôt bien adapté au changement radical de paradigme, connaîtra le succès qu'on lui souhaite.

Bon, Hebdo ou pas, la terre ne va pas s'arrêter de tourner pour autant (même si je n'aurai plus le plaisir d'y publier des blogs). N'empêche, je sens passer un petit vent de nostalgie et de tristesse. Je pense à Jacques Pilet, fondateur, animateur, bouledogue et pit bull des débuts de L'Hebdo et à toutes celles et ceux qu'il a naguère rendu fiers d'être journalistes. Merci.

Une pensée aussi à vous, lectrices et lecteurs. Vous êtes sans doute nombreux à ne plus être de première jeunesse, comme moi d'ailleurs. C'est votre fidélité qui a rendu cette aventure possible….même s'il semble bien que vous ne soyez plus assez nombreux !

Trois d’un coup !

Lubrique ? Non, pratique ! En ce début d'année, il m'est venu une idée qui pourrait résoudre (partiellement) trois problèmes à la fois: le chômage des jeunes Suisses, les migrants et l'inactivité des seniors.

Contrairement aux réfugiés (personnes exposées à de sérieux préjudices en raison de leur race, de leur religion, de leur nationalité, de leurs opinions politiques ou de leur appartenance dans leur pays d’origine), les migrants sont des personnes qui se déplacent volontairement dans un autre pays pour des raisons essentiellement économiques. Ainsi, si tout réfugié est un migrant, les migrants ne sont pas tous des réfugiés.

Si la Suisse a une tradition d'accueil des réfugiés, il est autrement des migrants, à qui nous souhaitons tout le bien du monde, mais de préférence ailleurs. C'est d'ailleurs le cas de quasi tous nos voisins européens…

Pourquoi donc ne pas faire en sorte que les migrants aient moins envie de migrer ? Il suffirait peut-être de leur offrir les moyens d'une vie décente et d'un revenu suffisant dans leur propre pays ! 1er point à l'ordre du jour: fermons nos frontières aux requérants purement économiques (généralement des hommes, qui acceptent n'importe quel travail pour pouvoir envoyer quelques sous à leurs famille restées au pays). Point 2, proposons chaque année une alternative à quelques milliers d'entre eux. Disons-leur "ne cherchez même pas à venir en Suisse: la porte sera close. Restez chez vous et nous vous aiderons à y vivre décemment".

Comment ? "En vous mettant à disposition, dans votre ville ou village, une jeune personne Suisse, ayant terminé sa formation, mais sans travail et ce, pendant 18 mois. Cette personne, qui sera salariée par la Confédération, bénéficiera du soutien actif d'un mentor (un/e retraité/e), examinera avec vous et son mentor le type de commerce ou de petite entreprise que vous pourriez créer, vous aidera à la réalisation et au suivi et disposera pour ce faire d'un budget pouvant aller jusqu'à CHF 20.000".

"Mouais, c'est n'importe quoi, me direz-vous. Comme si on avait les moyens de ce genre de truc alors que tant de gens vivent dans la précarité en Suisse". C'est juste, mais, la triste situation dans laquelle se trouvent tant de nos compatriotes n'empêchera pas la Confédération et les cantons de dépenser quelque 2,4 milliards de francs en 2017 pour les demandeurs d'asile, réfugiés et migrants. En changeant de paradigme, il devrait être possible de réduire ces dépenses, tout en réduisant le taux de chômage des moins de 24 ans, qui atteint 8,3 % ! De plus, ce projet impliquerait des retraités dont nombre ont des compétences inutilisées et pas grand-chose à faire.

Une folie financière ? Pas vraiment. Imaginons que nous décidions d'offrir cette opportunité à 5.000 personnes par année. Cela permettrait à 5.000 jeunes Suisses de disposer d'un emploi salarié, couplé à une superbe expérience à l'étranger pour 18 mois. Sans compter un mentoring passionnant pour 2.500 retraités (chacun s'occupant de deux projets).

Le coût ? Voyons cela de plus près: 5.000 jeunes gens, payés 3.000 francs par mois pendant 18 mois, cela fait 270 millions de francs. Auxquels on ajoute une allocation de 500 francs par mois pour 2.500 retraités, soit 22,5 millions de plus. Comptons encore deux aller-retour par année pour les jeunes gens et un pour le/la retraité, soit 18 millions de francs. Enfin, la création de 5.000 petites entreprises, même avec le budget maximum de 20.000 francs par entreprise, coûterait 100 millions de francs. Rajoutons 200 fonctionnaires chargés de trier parmi les demandes et d'engager les jeunes gens et seniors intéressés et on arrive à un total de 440 millions de francs sur 18 mois, le prix de trois avions de combat…

Bien sûr, tout cela devrait être affiné. Le coût réel mérite d'être mieux calculé, mais en réalité, il devrait être inférieur, ne serait-ce parce que les jeunes gens engagés ne seraient plus au bénéfice d'allocations chômage et que le budget "réfugiés et migrants" de la Confédération pourrait être réduit. En continuons de rêver, en imaginant par exemple que d'autres pays d'Europe fassent de même…