Post Scriptum

Moi Johann S.A, j’me marre

 

 “Foutage de gueule et langue de bois”, telle pourrait être ma devise. Vous vous demandez peut-être ce que vous avez fait au bon Dieu et au PLR pour que je sois membre du Conseil fédéral ? Bonne question ! 

Ainsi donc, comme le révèlent les gazettes, je viens d’annoncer un paquet de mesures pour faciliter les importations, alléger la bureaucratie et réduire les achats transfrontaliers.  J’ai pris mon temps, pas vrai ? C’est qu’on n’est pas Bernois pour rien !  Comment je vais m’y prendre ? Fastoche ! Permettez que je me cite: “si les coûts peuvent être réduits grâce à de meilleures conditions cadres, alors les prix vont aussi baisser. C’est la meilleure recette contre le tourisme d’achat”. Vous n’avez pas bien compris ? Sans blââââgue… Moi non plus. Donc, précisons:

“Nous avons deux possibilités pour améliorer les conditions cadres des entreprises: soit réduire la bureaucratie, soit éliminer les obstacles au commerce ou en garder un nombre très bas. Je ne peux pas imposer aux consommateurs de faire leurs achats en Suisse. Mais chacun doit être conscient qu’il peut contribuer à conserver des places de travail et de la prospérité dans notre pays”.

C’est plus clair, d’accord, même si cela ne veut pas dire grand chose. Je terminerai donc pas un scoop-foutage-de-gueule: “nous allons continuer à nous attaquer aux cartels et à l’élimination des entraves techniques au commerce, à l’origine du niveau élevé des prix en Suisse”. Et merci d’avance aux esprits chagrins de ne pas me rappeler ce titre du magazine BILAN d’avril 2013: “La lutte contre les cartels prend du retard”.

Bon, va falloir que je vous quitte car je suis en route pour l’Arabie Saoudite et le bon roi Salman n’aime pas qu’on le fasse poireauter. Laissez-moi donc rapidement vous expliquer ce que signifie “dire pour ne rien parler”. Questionné par “Blick” sur l’opportunité de me rendre en Arabie alors que ce pays sème la mort au Yemen, boycotte le Qatar, finance (discrètement) des mouvements terroristes et considère la femme comme l’égale de la chèvre, voici ce que j’ai répondu (extraits):

“Les crises doivent être résolues par le dialogue. Au Yemen, nous aidons la population civile avec de l’aide humanitaire. Quant au matériel de guerre que nous vendons, nous devons éviter qu’il puisse être utilisé par les belligerents. Ainsi, la Suisse n’accepte de vendre du matériel militaire aux pays impliqués dans la guerre au Yemen que si nous n’avons aucune raison de croire que ce matériel pourrait y être utilisé”.

Pas mal, hein ? C’est comme si je vous vendais quelques lignes de coke, pour peu que je n’ai pas raison de croire que vous allez sniffer ! Quant au volet “terrorisme”, je suis très fier de mon “il est indéniable que l’Arabie Saoudite s’est engagée dans la lutte contre le terrorisme et que cet engagement s’est fortement développé au cours des années écoulées”. Le roi sera ravi et la délégation d’entrepreneurs de Suisse qui m’accompagne et espère quelques juteux contrats appréciera. A vos stylos, prêts ? signez !

 

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