“Une affaire qui roule; une affaire qui VOUS roule”, telle est la devise du business que je dirige avec mon fils, prince héritier, et que vous appelez “Arabie Saoudite”. Moi, Salman ben Abdelaziz al Saoud, je ne fais pas dans la dentelle.
Et que j’inonde l’Occident de mosquées wahabites (financées par VOS achats de MON pétrole), et que j’exporte les imams les plus extrémistes dans vos sympathiques pays peuplés de “bien pensants”, et que j’organise des distributions de Coran dans vos rues ! Tout ça sans que vos gouvernants ne tiquent ! Pas de doute, y’a de quoi se marrer.
Dire qu’en plus, Donald T. me mange dans la main quand je mets le Qatar au ban des nations sous prétexte que ce morveux de Cheikh Tamim ben Hamad Al Thani finance le terrorisme ! Comme si nous n’en faisons pas autant à nos heures perdues… C’est je crois ce qu’en Occident, vous appelez une assurance-vie.
Paraît que chez vous on dit que quand on aime, on ne compte pas. Moi non plus, je ne compte pas. Ni mes sous (y’en a trop), ni sur mes amis (traîtres en puissance). Raison pour laquelle je viens d’annuler ma venue au G20 de Hambourg de cette semaine. On ne sait jamais…
Ce que me coûte ce petit caprice ? A peine quelque 4 millions de francs. Faut dire que j’avais fait réserver les 160 chambres et suites du plus bel hotel de la ville, le Vierjahreszeiten, pour une semaine et pour un petit million de francs. Plus quelque 250 chambres dans d’autres hôtels pour un autre petit million. C’est que je n’aime pas trop voyager seuls, la cinquantaine de membres de ma suite rapprochée et mes 14 cuisiniers personnels vous le confirmeront.
Suite aux visites de mon staff, qui a photographié toutes les chambres, nous avions commandé quelques transformations au Vierjahreszeiten. L’hôtel n’a pas hésité à casser des murs pour agrandir la suite royale (minable, avec ses 400m2), installer des toilettes et lavabos en or et des vitres blindées et aménagé une salle pour le trône que j’emporte dans tous mes voyages, etc. Tout cela pour quelques 4 millions de francs seulement, alors que j’allais quand-même y rester deux jours !
Alors je me marre, car même au prix cassé de 49 dollars le baril de pétrole, les 10,5 millions de barils que nous vous vendons quotidiennement nous rapportent net dans les 400 millions de francs. Donc, claquer 1 % de mon revenu quotidien, ce n’est pas la fin du monde, même si en ce moment, on est un peu serrés. Les achats d’armes aux Etats-Unis nous coûtent bonbon, mais bof…L’amitié, je vous le disais, cela n’a pas de prix.
4 millions pour mon petit caprice ? C’est, chers amis Suisses, la somme (brute et totale) que ceux d’entre vous qui gagnent 8.000 francs par mois, auront gagné en 40 ans de travail. Rigolo, non ?
PS: les informations concernant l’hôtel à Hambourg proviennent en partie du magazine Der Spiegel