Post Scriptum

Moi, Tamim bin Hamad Al Thani, j’me marre !

Emir du Qatar, 37 ans et toutes mes dents, je suis plus courtisé que les bimbos de vos téléréalités ! Même quand je sème une de ces m… dont j’ai le secret, Car contrairement à Louis XIV qui croyait que l’Etat, c’était lui, le Qatar, c’est effectivement moi (et ma famille). Eh oui… nous sommes les heureux propriétaires de ce lopin de sable, grand comme Vaud et les Grisons réunis, peuplé de 2,5 millions d’habitants – dont 2 millions d’étrangers – et gorgé de pétrole et gaz naturel.

Pourquoi j’me marre ? Ce ne sont pas les raisons qui me manquent: nous sommes bourrés aux as (mon fonds souverain pèse 340 milliards de dollars), je m’achète ce qui me fait plaisir, que ce soit le PSG, le Crédit Suisse, la FIFA ou les trois plus prestigieux hôtels de Suisse – pour ne citer que quelques exemples. Et comme Qatar Airways m’appartient aussi, je n’ai pas besoin de “Bon à Savoir” pour trouver les billets d’avion les moins chers !  On a beau nous pointer du doigt pour la façon dont nous traitons les travailleurs immigrés (enfin, ceux qui survivent…), le monde que je connais est peuplé de lèche-culs cupides, qu’ils soient chefs d’Etat, politiciens, banquiers, avocats ou patrons d’entreprises. Ils chantent mes louanges ? Je les fais danser !

Mais revenons à nos moutons (noirs): ces jours, j’me marre parce que personne ne pige que dalle à ma  politique extérieure. Pas évident, en effet. Je finance des groupes islamistes terroristes, une pincée de Hamas, une pichenette de Al Quaida, etc. (les Saoudiens nous ont toujours dit qu’il s’agit là d’une excellente assurance-vie), tout en maintenant des relations avec Israël. Je soutiens l’opposition au Président Assad de Syrie, mais en même temps, j’aide aussi ce dernier. Mon pays est membre de la coalition Sunnite crée par le bon roi Salman d’Arabie saoudite pour freiner l’appétit expansionniste des Iraniens – qui de plus sont des vilains Chiites – et en même temps, les Ayatollahs et nous sommes comme cul et chemise. Nous exploitons en effet ensemble et en parfaite harmonie le plus grand champ de gaz du Golfe et avons des accords de coopération militaire. Ce qui ne m’empêche pas d’accueillir aussi  la plus grande base militaire américaine du Moyen Orient (11.000 soldats y sont stationnés).

Heureusement, les Iraniens ne m’ont pas encore demandé de les aider à créer une base militaire de même taille au Mexique, à la frontière du Grand Satan, même si ce serait en somme assez équitable. Gag !

Donc, un jour, ce sont les Saoudiens qui me traitent de “traître”, vu que l’Iran, c’est leur bête noire. Un autre jour, c’est le pharaon Al-Sissi qui n’aiment pas que Al-Jazzeera, ma chaîne de TV soutienne les Frères Musulmans; une autre fois, ce sont les Iraniens, les Turcs ou les Américains qui poussent une beuglante, mais je m’en tamponne. D’ailleurs, récemment, il a suffi d’une promesse de 10 milliards d’investissement dans ses projets d’infrastructures pour calmer M. Trump !

Alors, le caca nerveux de ce matin de l’Arabie saoudite, de l’Egypte, des Emirats et du Bahrein qui rompent leurs relations diplomatiques avec nous pour cause de soutien au terrorisme, cela ne me fait ni chaud ni froid, tout au contraire. A vrai dire, cela m’amuse plutôt de voir les Saoudiens, bailleur de fonds d’organisations terroristes et principaux exportateurs d’imams recruteurs venir nous faire la leçon…  Moi,  je fais comme la Suisse : je mets mes œufs dans plein de paniers. Vous, avec votre “neutralité” disons… active; nous avec notre pognon, qui calme plus efficacement que le Valium ou le Xanax ! Chez moi, le slogan n’est pas “un Mars et ça repart !”, mais “un p’tit milliard et on s’aime à nouveau !”

 

 

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