Post Scriptum

Faux culs, ma non troppo

Bouche en cul de poule et petit sourire triste et fatigué de circonstance, Ralph Büchi, éditeur de l'Hebdo se la joue un peu chirurgien qui vient annoncer à la famille que malgré tous ses efforts et ceux de son équipe, il n'a pas pu sauver le patient. "Les prévisions pour 2017 s’avèrent également très faibles au niveau de la publicité, nous avons donc dû tirer la conclusion qu’il n’y avait pas de possibilité de redresser la barre, et de retrouver un jour les chiffres noirs".

Comme naguère pour le Journal de Genève – que les Pictet, Lombard et autres Mirabaud auraient pu sauver en y consacrant chaque année un micro pourcentage de leurs bénéfices – L'Hebdo meurt pour cause de de mentalité d'épicier, d'imbécilité et de médiocrité.

Évitons les généralités: pas tous les éditeurs sont cupides et obsédés par la rentabilité et leur pognon. Il y en a qui sont conscients que pas TOUS les titres de leur portefeuille ne peuvent être rentables et que s'ils sont de qualité, ces titres méritent d'être maintenus en vie. Ringier Axel Springer Suisse aurait eu les moyens, mais il n'en a pas eu envie.

Peut-on lui en vouloir pour autant ? A mon avis, oui. Si cela faisait tellement longtemps que L'Hebdo perdait des lecteurs (et donc aussi de la pub), c'est qu'il ne répondait plus à un besoin. Et s'il ne répondait plus à un besoin, il aurait peut-être fallu effectuer des changements à la tête du magazine pour le "réinventer" à l'ère du numérique, plutôt que de se contenter de "réduire la voilure" (comme on le dit si élégamment) année après année…

N'est pas Jacques Pilet qui veut, mais depuis pas mal de temps, il me semblait que L'Hebdo devenait un peu ennuyeux, réactif, mpims de et de pep et de passion. Certes, on y trouvait encore des bons journalistes et chroniqueurs, mais manifestement pas suffisamment pour créer des débats et renouveler l'intérêt. Il ne reste qu'à espérer que Le Temps, qui semble s'être plutôt bien adapté au changement radical de paradigme, connaîtra le succès qu'on lui souhaite.

Bon, Hebdo ou pas, la terre ne va pas s'arrêter de tourner pour autant (même si je n'aurai plus le plaisir d'y publier des blogs). N'empêche, je sens passer un petit vent de nostalgie et de tristesse. Je pense à Jacques Pilet, fondateur, animateur, bouledogue et pit bull des débuts de L'Hebdo et à toutes celles et ceux qu'il a naguère rendu fiers d'être journalistes. Merci.

Une pensée aussi à vous, lectrices et lecteurs. Vous êtes sans doute nombreux à ne plus être de première jeunesse, comme moi d'ailleurs. C'est votre fidélité qui a rendu cette aventure possible….même s'il semble bien que vous ne soyez plus assez nombreux !

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