Post Scriptum

Salut les masos !

Ras-le-bol de payer toujours plus pour votre assurance maladie ? Mais alors, pourquoi voter pour ceux qui, au parlement, roulent pour les pharma et/ou les assurances maladie ?

Notre industrie de la santé (pharma, hôpitaux et médecins notamment) pèse 70 milliards par année, soit plus que le budget de la Confédération. Ce n'est donc pas étonnant qu'elle s'offre les moyens de nous faire payer toujours plus. Elle dispose pour ce faire d'intervenants puissants et peut compter sur bien des parlementaires fédéraux et cantonaux acquis à leur cause. Chacun d'entre nous, femmes, hommes et enfants, malades et bien portants, est ainsi "taxé" de 830 francs par mois en dépenses de santé. Somme que nous payons à travers nos cotisations aux assurances-maladie, impôts et part des frais médicaux et pharmaceutiques à notre charge.

Il est donc grand temps de faire subir à cette industrie le sort que les Américains ont fait subir à nos banques, afin que cessent ces hausses et ce numéro de cirque qu'assureurs, médecins, hôpitaux, entreprises pharmaceutiques et petit monde politique nous présente chaque année en se renvoyant la balle pour dénoncer le(s) fautif(s) de l'explosion des coûts.

Il nous faut radicalement modifier notre approche du problème des coûts de la santé. La faire passer de réactive à proactive. En effet, cette industrie gagne ses milliards en soignant (pas toujours, mais souvent à grands frais) les effets de la maladie.

Or, pour la première fois de notre histoire, la médecine est progressivement en mesure de prévenir efficacement l'arrivée d'une maladie et donc d'éviter qu'elle intervienne. Ainsi, par exemple, un séquençage de l'ADN (un test que chacun peut faire faire aux Etats-Unis pour une centaine de francs), permet de calculer le pourcentage de risque d'attraper une certaine maladie et donc, dans de nombreux cas, de la prévenir. Quant aux soins à apporter une fois un mal déclaré, un séquençage du génome – qui coûte un millier de francs – permet de rechercher une mutation ou un gène particulier impliqué dans certaines maladies et donc, de guérir plutôt que de soigner.

Comme l'explique le médecin, généticien et chercheur Jacques Fellay: "il faut oublier la médecine paternaliste. Place maintenant à la médecine des 4P: préventive, prédictive, participative et personnalisée".

C'est également ce qu'explique brillamment le Dr. Eric Topol dans son récent ouvrage "The Creative Destruction of Medicine". Pour résumer ses thèses:

– les récents développement technologiques, notamment les connaissances en matière de génétique, révolutionnent l'industrie de la santé, qui est parmi les plus conservatrices au monde et qui résiste fortement aux changements qui affectent son porte-monnaie.

– nombre de médecins persistent à gaver de médicaments des personnes qui n'en ont pas besoin ou auxquelles ils ne produisent pas les effets désirés. – la formation des médecins est en retard d'une guerre au moins, notamment dans les domaines du développement de la génétique et la prévention.

– pour des raisons purement financières, il est pratiqués des milliers d'interventions chirurgicales inutiles et dangereuses chaque année et ces interventions, tout comme les erreurs médicales, provoquent de nombreux décès.

– Les thérapies brèves (hypnose, PNL, etc.) sont souvent très efficaces et ne coûtent que peu.

Or, nous avons largement de quoi faire mieux et moins cher. Comment ? En faisant usage courant des moyens dont nous disposons aujourd'hui en matière de prévention. Prévention ? C'est quoi ça ? Dans notre beau pays, où nombre de familles peinent à payer leurs cotisations d'assurance-maladie, la prévention, on s'en tamponne. Eh oui… les très rares mesures préventives prises en charge par nos assurances maladie sont énumérées exhaustivement dans une loi qui date et qui ne tient pas compte de l'évolution des connaissances médicales. Ainsi, par exemple, l'assurance de base refusera de prendre en charge une coloscopie – une mesure de prévention qui coûte quelques centaines de francs – sauf en cas de fréquence du cancer du côlon ou du rectum dans la famille. En clair, pour être remboursé, il faut que 3 personnes de la proche parenté aient souffert d'un tel cancer ou qu'un proche en ait fait un avant sa 30ème année. Mais si un individu constate avoir du sang dans les selles, son assurance payera sans rechigner les dizaines de milliers de francs qu'un traitement risque de coûter. Le fait qu'un cancer aurait pu être évité, n'est pas le problème des assurances qui se déchargent en disant: "ce n'est pas de notre faute si la loi est ainsi faite".

D'ailleurs, cette loi convient bien aux médecins (formés à "soigner", plutôt qu'à prévenir), aux hôpitaux (que les personnes en bonne santé n'intéressent que peu…) et au lobby des pharma (dont les membres engrangent des saladiers, surtout avec des maladies chroniques).

Prévenir vaut mieux que guérir, dit-on. Mais ce n'est pas (encore) la devise de l'industrie de la santé. Cela pourrait le devenir si nous étions moins passifs et résignés… A ce propos, évitez donc de voter pour ceux qui, année, après année font du lobbying pour les pharma et/ou les assurances maladie et contribuent à vous tondre. Ou alors, résignez-vous et payez !

Et, PS du Post-Scriptum: ce blog a paru il y a deux ans, mais comme pas grand chose n'a évolué depuis, je remets la sauce.

 

Quelques exemples de la façon dont les choses changent (cités par le Dr.Topol):

Les autorités de santé de Grande-Bretagne ont refusé l'homologation d'un médicament, son utilisation coûtant quelque 30.000 francs et par personne, estimant que le rapport entre le coût et le résultat obtenu était insatisfaisant. Son fabriquant, Johnson & Johnson a alors proposé de rembourser tout patient auquel ce médicament n'apporterait pas le résultat souhaité. Suite à cet engagement ce médicament a été approuvé.

Il existe déjà de nombreuses applications pour "smartphones" permettant à chaque individu de prendre certaines mesures vitales en temps réel, chez eux et de transmettre directement les informations à leur médecin. Ce dernier peut alors examiner les résultats et soit faire une consultation par skype (téléphone gratuite via internet, avec webcam), ce qui évite déplacements et perte de temps, soit ordonner des examens supplémentaires.

On utilise fréquemment le PEG-interferon, pour traiter l'hépatite C. Le traitement dure plusieurs mois et coûte plusieurs milliers, voire dizaine de milliers de francs. Or, il n'est efficace que dans 50 % des cas. La simple analyse d'une variante d'un seul gène du patient permet désormais de savoir à l'avance si le traitement fera effet ou pas.

 

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