Post Scriptum

Youpee, la crise est finie!

Hosanna au plus haut des cieux, la crise est derrière nous ! clament en choeur les gourous de l'économie. Merci St Davos, merci Ste Lagarde ! Mouais… Il me semble que si les riches peuvent à nouveau souffler, il n'en va pas de même pour les moins nantis, qu'ils soient en Suisse, en Grèce, en Espagne, au Portugal, en France ou ailleurs.

Plus de 2,7 millions de poursuites ont été engagées en Suisse l'année dernière dont environ la moitié découlant d'un problème d'assurance maladie ou d'impôts. Jeunes et moins jeunes sont à la même enseigne.

Est-ce dû à un appauvrissement généralisé ? Pas uniquement, affirme Stefan Broger, président de la Conférence suisse des préposés aux poursuites et faillites. Dans une interview dans "Blick", il précise que si le manque de moyens est une cause fréquente, nombre de personnes qui ne paient pas leurs cotisations d'assurance maladie savent parfaitement qu'en fin de compte, l'Etat intervient et donc, se moquent bien d'être aux poursuites.

La pauvreté, tout comme le "je-veux-tout-et-tout-de-suite", ont augmenté dans des proportions alarmantes et si nombreux sont celles et ceux qui manquent de moyens, d'autres vivent au-dessus des leurs, dépensant de l'argent qu'ils n'ont pas. Toujours est-il que l'assurance CSS a entamé 130.000 procédures de poursuite en 2012  (+12 %), la Concordia 50.000 et la Swica 34.472, pour ne citer qu'elles. Combien sont adressées à des personnes démunies ? combien à d'auters qui préfèrent acheter une nouvelle voiture ou une installation de home cinéma que de payer leur assurance maladie? Impossible de le savoir.

Dans un cas comme dans l'autre, une fois le commandement de payer envoyé, les caisses ne remboursent plus et les soins d'urgence sont alors à la charge des cantons. Une facture qui s'élève à quelque 300 millions de francs en 2012, à charge de la collectivité.

N'empêche, il y a sans doute plus de personnes pauvres que de profiteurs et cette pauvreté est un réel problème en Suisse. Si le magazine Bilan se plait à nous rapporter que les 300 plus riches de Suisse totalisent 544 milliards de francs de fortune, il omet – mais c'est peut-être pas son rôle – de mettre en parallèle les 600.000 personnes qui, dans notre pays, vivent en dessous du seuil de la pauvreté (fixé à 2.250 francs/mois pour une personne seule et 4.000 pour un ménage de deux adultes et deux enfants en 2011).

Aussi longtemps qu'en Suisse, des gens ne mangent pas à leur faim, ne pourrait-on pas demander à ces heureux multimillionnaires – souvent étrangers aux bénéfice d'un permis de séjour ou d'établissement – de verser une contribution exceptionnelle de 1 pour 1.000 de leur fortune, soit 544 millions, destinés à un fonds de solidarité pour venir en aide aux personnes en situation de précarité? Je sais, je sais, c'est une proposition populiste et fastoche et il y a mille et un arguments à y opposer.  Mais l'étalage de richesses, les salaires abusifs des Ospel, Vasella et consorts, ces oligarques qui s'achètent des villas à 40 millions et ces mamie-Cayenne qui s'exhibent à Verbier ou St-Moritz a quelque chose d'obscène dans un pays dans lequel la pauvreté est discrète et souvent perçue comme honteuse. Vous avez d'autres idées ? Elles sont les bienvenues…

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