La réduction du temps de travail avec le même salaire : UNE solution à bien des maux !

Les femmes qui gagnent en moyenne 20% de moins que les hommes, une productivité du travail qui ne cesse d’augmenter, des inégalités qui se creusent toujours plus, un jour du Dépassement de la Terre qui avance année après année sont autant d’exemples qui démontrent que l’économie actuelle met sous pression notre société, la santé des travailleuses et travailleurs et notre environnement. 

Même s’il y a des mesures ciblées pour chacun de ces exemples, une solution commune existe: Il s’agit de la réduction du temps de travail à salaire égal !

 

Depuis plus d’un siècle, la revendication de réduction du temps de travail revient dans les discussions politiques et syndicales. Déjà en 1886, une manifestation pour la journée de huit heures tournait au massacre à Haymarket Square à Chicago. Trois ans plus tard, en souvenir, la Deuxième internationale proclamait le 1er mai “journée de lutte du mouvement des ouvriers et ouvrières”. En 1918, la réduction du temps de travail fait partie des revendications principales de la Grève générale menée en Suisse. Le mouvement féministe a contribué à ces luttes. Les féministes voulaient et veulent encore aujourd’hui obtenir également que le travail de reproduction soit aussi reconnu comme un travail socialement nécessaire et que le travail, rémunéré comme non rémunéré, soit réparti plus équitablement. Cette revendication figure d’ailleurs dans le manifeste de 2017 « Pour un socialisme pleinement féministe » des Femmes socialistes suisses repris par le Parti socialiste suisse et dans le manifeste de la grève des femmes du 14 juin 2019. Depuis, une motion de Tamara Funiciello a été déposée au Conseil national et sera prochainement débattue.

Une revendication syndicale, politique et féministe qui se révèle également écologiste. En effet, le mouvement de la Grève pour l’Avenir en fait son thème principal de la journée de mobilisation du 9 avril prochain.

Une solution résolument féministe

 

Aujourd’hui encore, le travail rémunéré et le travail reproductif non rémunéré sont répartis de manière très inégale. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, les femmes participent de plus en plus à l’activité professionnelle et travaillent plus que les hommes si l’on fait l’addition du travail non rémunéré et rémunéré. Ainsi, 9,2 milliards d’heures de travail non rémunéré ont été effectuées en 2016, pour une valeur de 408 milliards de francs, dont deux tiers par des femmes. Malgré cela, elles gagnent toujours environ 20% de salaire en moins. Cette répartition inégalitaire ne désavantage pas seulement les femmes dans leur vie professionnelle. En effet, en cas de divorce et séparation ou lorsqu’elles partent à la retraite, elles ne parviennent guère à se constituer un capital suffisant dans le deuxième ou le troisième pilier. Un tiers des femmes n’ont pas de deuxième pilier et elles disposent en moyenne d’une retraite inférieure d’un peu moins de 37 % à celle des hommes. Une situation qui augmente le risque pour les femmes de se retrouver dans une situation précaire et qui s’observe également par le fait que les femmes sont plus tributaires que les hommes  de prestations complémentaires. Ce sont là quelques unes des raisons pour lesquelles les féministes de gauche disent non à AVS21.

 

La réduction du temps de travail à salaire égal est une réelle opportunité pour davantage d’égalité. Réduire le temps de travail offre plus de temps pour le travail reproductif et permettra ainsi de tendre vers une meilleure répartition à la fois du travail rémunéré et du travail reproductif au sein d’un couple, et donc d’améliorer la conciliation entre travail et vie privée. Cette solution permet ainsi de réaliser deux avancées: une répartition plus juste des revenus et de la fortune et une meilleure reconnaissance du travail de care.

 

Une proposition qui profitera aux travailleuses et travailleurs

 

La santé psychique et physique des travailleuses et travailleurs est mise à mal. Les résultats de récentes études démontrent que le Job Stress Index moyen des personnes actives en Suisse s’est encore détérioré en 2020 et cette détérioration est considérée comme étant significative par rapport aux indicateurs des enquêtes de 2014 et 2016.

Bien que la productivité ce cesse d’augmenter, nous en sommes toujours à des cadences de plus de 40 heures de travail hebdomadaire. De plus, les salaires réels stagnent. Une croissance importante du montant total des grandes fortunes durant ces dernières années, ainsi qu’une répartition de la richesse toujours plus inégale sont observées. Le système actuel se fonde sur la maximisation du profit individuel. De plus, les grandes entreprises n’ont eu aucun scrupule à reverser des dividendes et de maintenir des écarts salariaux moyen allant jusqu’à 1 :137. Sur la base de ce constat, les gains de productivité doivent être mieux redistribués et il n’est que justice que les travailleuses et les travailleurs qui génèrent ces gains puissent également en profiter. Et la réduction du temps de travail à salaire égal permet cette redistribution plus juste.

Qui plus est, introduire une telle mesure ne retire pas un volume de travail du marché du travail, mais le répartit sur davantage de personnes. La réduction du temps de travail à salaire égal permet ainsi de créer des emplois par le partage, tout en œuvrant à une répartition plus juste des revenus et de la fortune, voie royale vers une plus grande justice sociale. Ceci est d’autant plus important dans un monde du travail, où le travail manuel est remplacé par l’automatisation. Il en va de même pour la numérisation croissante.

Les fruits des progrès technologiques doivent profiter à toutes et tous et non uniquement servir à augmenter les profits des plus riches. De plus, l’Islande donne l’exemple: la semaine de quatre jours y a été expérimentée pendant 4 ans avec des résultats positifs. La productivité de l’économie n’a pas diminué, au contraire, et le bien-être au travail a augmenté.

 

Une mesure pour permettre un avenir sur notre planète

 

“Il n’y aura de véritable protection du climat que si le capitalisme est fondamentalement modifié”, affirme l’écrivaine et activiste canadienne Naomi Klein. En effet, le système actuel se fonde sur la maximisation du profit individuel et beaucoup y sont perdantes et perdants dans le monde. Pour une meilleure qualité de vie pour toutes et tous, le besoin de structures collectives qui favorisent le bien commun, l’équilibre et la justice semblent évidents. De même, un changement des circuits d’échanges commerciaux est nécessaire, pour miser sur la proximité.

La réduction du temps de travail est également bénéfique pour le climat car elle permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre et l’exploitation des ressources naturelles par une baisse substantielle des rythmes de travail. Quand on sait que les 1 % les plus riches de la planète émettent 30 fois plus que les 50 % les plus pauvres (et 175 fois plus que les 10 % les plus pauvres, on comprend l’importance d’une meilleure répartition des gains de productivités et la réduction du temps du travail à salaire égal y contribuerait.

La consommation fait partie des enjeux de la reconversion écosociale de l’économie mais les choix de production le sont encore plus. La production ou plutôt la surproduction est aussi génératrice de gaspillage. Un gaspillage qui doit cesser et qui peut être atténué par une réduction du temps de travail.

 

Pollution des sols urbains : une surveillance nécessaire

Dioxines et furanes. Seveso, sinistre mémoire. Des mots qui font frissonner tant ils évoquent des catastrophes lourdes en pertes humaines. Pourtant, dioxines et furanes font l’actualité de la ville de Lausanne, qui en a retrouvé dans l’analyse récente de ses sols. Bien trop. Comment est-ce possible qu’une telle pollution n’ait pas été perçue avant cette année ? Est-ce un cas isolé ? Pour l’instant, les autorités peinent à répondre car, disons-le clairement, elles ne s’en sont que peu soucié jusqu’à maintenant, surtout dans les cantons romands. La qualité des sols est le parent pauvre de la politique environnementale et ceci malgré le fait que, dans ce cas précis, nous parlons avant tout de notre santé.

Des places de jeu contaminées ? Des légumes cultivés localement bons à jeter ? Ces exemples sont devenus réalité à Lausanne, mais pourraient bien l’être aussi dans d’autres cantons romands. Car si l’article 4 de l’Ordonnance sur les atteintes portées aux sols (OSol) demande en effet une surveillance des sols de la part des cantons, en Suisse romande, seul le canton de Fribourg a réellement initié la démarche.

Le Canton de Neuchâtel devra lui emboîter le pas pour donner suite à une motion acceptée récemment par le Grand Conseil. Le chef du Service de l’environnement et de l’énergie du canton de Neuchâtel semble peu inquiet des résultats des analyses lausannoises, ceci bien que le sol neuchâtelois n’ait pas encore été investigué. Son optimisme sera-t-il confirmé ? Entre un passé industriel et une usine d’incinération présente depuis de nombreuses années sur son territoire, la ville de la Chaux-de-Fonds pourrait bien ne pas être épargnée. D’autres communes pourraient également présenter des surfaces polluées. Les résultats du canton de Fribourg le confirment: l’âge des jardins joue un rôle quant à la qualité des sols. Alors dioxines et furanes à Neuchâtel ou uniquement métaux lourds et hydrocarbures ? On a hâte de le savoir.

Actuellement, les pollutions de sol sont gérées essentiellement par deux ordonnances : l’ordonnance sur les sites contaminés (OSites) qui traite des pollutions en lien avec une activité industrielle alors que l’ordonnance sur les atteintes portées au sol (OSol) traite des pollutions diffuses. Toutes deux découlent de la loi sur la protection de l’environnement (LPE). Dès son introduction, l’OSites avait des objectifs clairs et elle a vite été accompagnée de moyens financiers pour inciter les cantons à prendre la thématique en main. Ainsi l’OSites a réussi à faire avancer de manière générale la question de la gestion des sites pollués en Suisse, mais le constat n’est pas le même quand des sols sont touchés.

Jusqu’à maintenant, la problématique des sites pollués s’est concentrée principalement sur les eaux souterraines. Un choix délibéré ? Pas vraiment. C’est surtout par manque d’intérêt, de moyens, de ressources humaines, ou peut-être parfois par manque de connaissances, que la problématique peine à avancer. Même constat quand on se tourne vers le bilan de la mise en œuvre de l’OSol: un cadre légal existant, mais dont un grand nombre de cantons de Suisse romande fait tout simplement fi.

Une révision de la LPE est en cours de consultation, mais telle que proposée et même si elle va dans le bon sens, j’affirme qu’elle ne va pas assez loin. Certes, on compte assainir les places de jeux pour jeunes enfants grâce à des moyens tout spécialement débloqués pour l’occasion. Un premier pas. Pourtant, des inégalités de traitement persisteront, ou même s’accentueront, si cette révision devait entrer en vigueur. L’incitation à assainir serait plus grande sur les parcelles publiques. Les propriétaires privés pourraient bénéficier d’aides, mais vont-ils faire les démarches s’ils n’habitent pas sur les parcelles concernées ? Questions importantes quand le but de ces analyses est de connaître l’état de la pollution, pour ensuite prendre les mesures qui s’imposent.

Les mesures, de manière générale, diffèrent malgré tout d’une ordonnance à une autre. En effet, un dépassement des valeurs limite – pourtant les mêmes – n’a pas les mêmes conséquences si la pollution est considérée comme étant diffuse ou en lien avec un site pollué. La source de la pollution influe ainsi sur les mesures à prendre, alors que la pollution elle-même aura un impact identique sur la santé des enfants ou sur la qualité des aliments dans notre assiette. Actuellement, si une pollution dépasse les valeurs limites et qu’elle provient d’une pollution diffuse, elle ne nécessitera pas d’assainissement alors que si elle provient d’un site pollué, cela sera exigé. Une incohérence crasse qui n’encourage pas à détecter les pollutions diffuses.

Et dernier élément problématique, et non des moindres: les valeurs limites de certaines substances sont trop élevées. Sur la base de réflexions du Centre Suisse de Toxicologie Humaine Appliquée (CSTHA), une révision de l’OSites avait été initiée avec comme objectif d’abaisser les valeurs limites du plomb et des hydrocarbures aromatiques polycycliques pour les surfaces de sols où les enfants jouent régulièrement. Les valeurs limites proposées permettaient d’être au niveau des valeurs utilisées en comparaison internationale et d’ainsi de permettre une meilleure protection de la santé chez les jeunes enfants notamment. Mais actuellement la consultation de la révision LPE ne les mentionne pas et ne garantit pas une suite à ce dossier. Ceci malgré un engagement pris sur cette thématique par le Conseil fédéral à plusieurs reprises, lors d’interventions parlementaires.

Il est temps que les autorités prennent leurs responsabilités, que cela soit au niveau fédéral ou cantonal, et qu’elles examinent de manière approfondie l’état de la qualité des sols. La population est en droit de savoir sur quel sol grandissent les enfants et sont cultivés une partie des aliments qu’elle consomme.

Voter oui à l’initiative 99%, c’est agir pour le climat

Intenses feux de forêts en Grèce, chaleurs extrêmes au Canada, et, plus près de chez nous, inondations dans la région des trois lacs sont des exemples de ce que nous avons pu observer ce seul été. Pas besoin d’être scientifique pour faire le lien avec le réchauffement climatique global, qui engendre toujours plus d’évènements météorologiques exceptionnels. Les conclusions du rapport du GIEC confirment cet état de fait. Une planète en surchauffe. Une société en mal de solutions.

En Suisse, 24% des émissions de gaz à effet de serre proviennent de l’industrie et 19% de l’agriculture et du traitement des déchets. Il n’y a pas de chiffre disponible pour le transport international de marchandises, mais sachant que près de la moitié de nos exportations vont en Asie et en Amérique, on peut imaginer que la facture est salée en termes de rejets carbone. Pareil pour les importations, dont 44% sont extra-européennes. D’où le constat qu’au-delà des gestes quotidiens de chacune et chacun, c’est bien le système économique qui est central. D’où l’impérieuse question : comment sortir de la logique néolibérale mondialiste, qui pousse à la surconsommation et au gaspillage ?

Pour donner réponse, il faut dire le nom du mal: l’idéologie du libre marche, qui nous a conduit à augmenter, en la globalisant, l’exploitation des ressources naturelles, jusqu’à vivre au crédit de notre planète au bout d’un trimestre.

Cette surexploitation existe dans un but et un seul but, qui n’est pas de répondre aux besoins de la population, mais d’assurer des profits toujours plus élevés aux hyper-riches. Selon une étude d’Oxfam en 2018, 42 milliardaires détiennent autant de richesses que 3,7 milliards de personnes. Quand on sait qu’en 2020, la fortune des milliardaires de la planète a progressé de 30% (étude de l’UBS, qu’on ne suspectera pas de gauchisme),que les 1 % les plus riches pourraient émettre 30 fois plus que les 50 % les plus pauvres et 175 fois plus que les 10 % les plus pauvres, on voit la corrélation entre exploitation des ressources naturelles, exploitation des travailleuses et travailleurs et accaparement des richesses.

Pire, ne se contentant pas d’accaparer, le système néolibéral globalisé conduit aussi à un gaspillage éhonté de marchandises, l’offre dépassant très souvent la demande pour entretenir le mythe d’une société d’abondance. Il en va ainsi du gaspillage alimentaire et son faramineux milliard de tonnes de déchets produits chaque année. Rien qu’en Suisse, ce sont 2,8 millions de tonnes de denrées jetées chaque année, soit le quart des gaz à effet de serre engendrés par notre alimentation!

La réponse à la question passe donc indéniablement par un changement de système au profit de la solidarité et d’une véritable redistribution des richesses.

En ce sens, l’initiative 99% est clairement l’occasion d’un vote écologique car elle s’attaque précisément à cet enrichissement d’une infime minorité au détriment de l’ensemble de la planète.

Dire cela ne fera bien sûr pas plaisir aux partisans du libre marché, mais tant pis ! On leur rappellera ici une évidence qui leur échappe grassement: sans planète viable, pas de marché !

Pour le climat, pour la justice sociale, OUI à l’initiative 99% !

Cataclysme et désolation

Aube du 23 juin 2021. Cataclysme et désolation. Presque 2 ans jour pour jour après les inondations du Val-de-Ruz à Dombresson, c’est Cressier qui paie son lot à la sauvagerie des éléments, avec son si joli petit Ruhaut, devenu torrent dévastateur en quelques minutes durant la soirée précédente. Ce n’est pas la première fois que le ruisseau du village fait des siennes, mais ici, l’accumulation des phénomènes a rendu l’évènement d’une terrible violence. Un alignement de planètes en quelque sorte. Si ce n’était pas tant lié à d’autres enjeux bien plus graves, je serais tout simplement fascinée. Nous le sommes toutes et tous : quand la nature se déchaîne, l’humain se fait tout petit. Malaise. Colère. Lien évident avec le réchauffement climatique. Ici, heureusement pas de décès, mais que ce serait-il passé à l’heure des trajets scolaires ? Je ne veux pas l’imaginer.

 

23 juin 2021. Collision des faits : le dernier rapport provisoire du GIEC confirme ce qui est prédit par de nombreux scientifiques. Les impacts dévastateurs du réchauffement climatique sur notre environnement et sur notre société vont s’accélérer. Le ton est alarmiste, voire apocalyptique : les scientifiques veulent que leur voix soit enfin entendue. Combien de versions de rapports, toujours plus alarmistes, faudra-t-il pour une réelle prise de conscience ? Combien d’évènements extrêmes, comme celui de Cressier, pour qu’on intègre que si nous ne faisons rien, la crise climatique engendrera une crise sociale et qu’elle durera ?

 

Des questions auxquelles je ne vois toujours pas de réponse suffisamment percutantes. C’est finalement, la communication de l’USAM qui m’aura fait esquisser un sourire cette même journée. Sourire d’espoir ? Que nenni : sourire jaune. Car, la bouche en cœur, elle demande de « maintenir » les instruments de politique climatique « qui ont fait leur preuve ». Preuve de quoi ? Preuve de leur inefficacité ? Quelle naïveté, que dis-je, quelle indécence ! Sont-ils réellement convaincus de ce qu’ils écrivent ? Prise de position incompréhensible, qui fait l’inventaire du vocabulaire du bon néolibéral et nappée de bonne conscience, ou plutôt d’inconscience. Odeur de naphtaline surtout. La même odeur qui se dégage de la tribune de Philippe Nantermod qui accuse les grévistes du climat du refus populaire de la Loi sur le CO2. Tellement facile de trouver des coupables alors que, disons-le clairement, c’est bien le PLR qui n’a pas fait son job dans ce cadre précis alors qu’il a participé au compromis.

 

Alors, pointons les vrais coupables ! Visons les industries de notre pays qui peinent à réduire leurs émissions et sont surtout actives dans leur travail de lobby pour que cela ne leur coûte rien. Comble de l’ironie, les plus grands pollueurs en Suisse sont liés au raffinage et à la production de ciment, deux industries bien présentes de la région de Cressier. C’est bien à nous, citoyens et citoyennes, de prendre de décisions pour ne plus être dépendant-e-s de ces industries. Cela aura certes un coût, à moyen terme. Ne rien faire coûtera bien plus cher, à long terme. Ceci est d’autant vrai pour l’environnement que pour le volet social. On doit renforcer le rôle de l’Etat, une tendance qui semble à contre-courant des majorités bourgeoises qui s’efforce de diminuer toujours plus les revenus de l’Etat. Le combat sera rude pour que la solidarité ne soit pas que présente après les catastrophes.

 

Et aujourd’hui, je pense à Cressier. A toutes les autres communes touchées par les intempéries de ce début d’été. Nous sommes ensembles face à ce défi, nous devrons le relever ensembles.

 

Ce n’est pas bien de se défausser, Monsieur le Conseiller fédéral !

« Ce n’est pas moi, c’est lui ! » Je m’attendais à une autre réponse du Conseiller fédéral Parmelin au débat d’Infrarouge de la RTS du 12 mai quant à la question « comment fera-t-on pour assainir les sols pollués aux pesticides de synthèse ? ». On s’attendait à une réponse claire de la part du Président de la Confédération, mais au lieu de proposer des solutions à cette situation, il a préféré trouver un autre coupable, l’industrie. Une posture peu digne d’un Conseiller fédéral, même s’il n’est pas faux qu’une des sources de pollution des sols sont les anciennes activités industrielles. La réponse correcte aurait été « avant de définir les méthodes d’assainissement, nous devons connaître l’état de pollution des sols, et l’impact de l’ensemble des substances présentes dans celui-ci….».

 

La position fuyante du Conseiller fédéral démontre le manque d’intérêt pour la problématique des sols de la part du Chef de l’Agriculture et de l’Économie. Durant ce débat, les opposants aux initiatives pesticides déroulent leurs arguments pour tenter de nous convaincre de ce qui est bon pour l’agriculture et surtout pour notre assiette. Aucun n’est prêt à admettre que l’utilisation de pesticides de synthèse représente un souci de santé au travail, ceci alors que d’autres pays ont classé la maladie de Parkinson comme maladie professionnelle pour le milieu agricole. La Suisse est hélas assez forte dans ce domaine : fermer les yeux sur l’impact de substances nocives, produites par une industrie nationale agressivement lobbyiste. Souvenez-vous du combat acharné pour faire admettre que l’amiante peut être mortelle !

 

Ces substances nocives, si elles s’accumulent dans nos organismes, s’accumulent de façon évidente aussi dans nos sols, induisant des dégâts tout aussi graves. Rappelons que la fonction première d’un pesticide de synthèse est de lutter contre les organismes vivants. Nous ne connaissons pas grand-chose sur leur écotoxicité, sur leur biodégradabilité et donc leur persistance. C’est seulement récemment que nous avons eu une première indication sur la présence de ces substances dans les sols agricoles. Ces substances ne font même pas partie de la liste à analyser systématiquement dans le diagnostic de pollution des sols. Depuis les années 1990, nous nous concentrons principalement sur les métaux lourds et certains hydrocarbures, des reliquats de l’industrie et du trafic routier. Alors qu’on arrête de me dire que dans cette discussion, on se soucie de la ressource qu’est le sol. L’homologation de ces produits ne tient pas assez compte du principe de précaution. Ce que j’observe c’est que tout va lentement, trop lentement, et qu’on joue aux apprentis sorciers en répandant ces substances dans notre environnement sans aucun suivi.

 

Tout comme l’eau, le sol est indispensable à notre survie. C’est le cas pour notre alimentation, mais le sol est aussi l’interface entre le monde minéral et biologique, le support pour la faune et la flore. Il participe à la préservation de la biodiversité. Ne pas préserver le sol, c’est détruire la biodiversité, la vie. Ne pas protéger la vie du sol, c’est réduire le volume de matière organique qui participe à la fertilité du sol. Une matière organique dont le monde scientifique s’accorde à dire qu’il est plus que nécessaire de l’augmenter pour faire face au réchauffement climatique, puisqu’elle permet de capter le CO2 et in fine de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.

 

Alors, Monsieur le Conseiller fédéral, il est trop facile de trouver d’autres coupables à l’état préoccupant de la santé des sols. En tant que pédologue, je ne peux pas me contenter de telles réponses à court terme ou passéistes quant à l’origine de la pollution des sols. Les pollutions liées directement à l’industrie font partie du passé, même si leur assainissement n’est pas du tout résolu. J’aimerais qu’on se concentre sur l’avenir. En tant que politicienne, j’attends que le Conseil fédéral ose prendre des décisions sans céder à la pression des lobbys agricoles et agro-chimiques. Travaillant dans un syndicat, j’attends que le Ministre de l’Économie prenne ses responsabilités pour garantir des conditions de travail sans risque, notamment dans le milieu agricole. Et en tant que maman, j’aimerais qu’un Conseiller fédéral ait une vision à long terme de la gestion des ressources naturelles, et s’engage pour les générations futures. J’espère toutefois que vous assumerez la responsabilité d’expliquer un jour à mes enfants que l’infertilité ou les problèmes neurologiques, en augmentation, sont dus à votre inaction politique !

 

Une chose est sûre, même si les initiatives du 13 juin ne sont pas parfaites, je voterai deux fois oui ! Il est temps qu’on ait une vision à long terme et qu’on dépasse la seule logique du profit économique. Ceci pour permettre un avenir plus durable, par un réel soutien à l’agriculture en menant à bien cette reconversion nécessaire !

Un accord trompeur

Les affirmations voulant que l’accord de libre-échange avec l’Indonésie « pose les bases d’une économie plus durable et équitable »[1] ou « l’accord de libre-échange renforce le développement durable »[2] ne manquent pas ces temps-ci. En effet, l’économie et certaines personnalités politiques soutenant cet accord se veulent depuis quelques semaines être de grandes promotrices de la durabilité. La droite et les milieux économiques auraient-ils enfin intégré que nous n’avons une seule planète ? J’ai bien peur que nous en soyons une fois de plus encore très loin…

Le 7 mars prochain, le peuple suisse devra se déterminer sur cet accord commercial avec l’Indonésie. Un nouvel accord de libre-échange car la Suisse n’en est pas à son premier. Mais pour la première fois, le peuple pourra donner son avis. Une disposition nouvelle qui permet un réel débat dans notre pays en actionnant le référendum.

Même s’il est vrai que cet accord a un chapitre dédié à la durabilité et qu’il a été renforcé par le Parlement, il reste insuffisant. Il n’y a aucune garantie de l’application de sanctions en cas d’infraction lors de la production d’huile de Palme. La certification RSPO n’a rien de convaincant et la formulation dans l’accord reste très vague[3]. Pas besoin de vous faire le dessin que sans contrainte, il n’y aura pas d’avancées avec cet accord.

De plus, alors que la Suisse développe son Agenda 2030 (agenda pour le développement durable), nous pouvons nous demander si un tel accord est compatible avec les objectifs fixés ? L’augmentation de la production l’huile de palme entrainera inévitablement des violations de normes dans le domaine social et environnemental pour garantir une maximisation des profits[4]. Des profits dont seule une minorité profitera. Encore une façon d’un peu plus creuser le fossé entre les pays du Nord et du Sud, au contraire de ce que vise l’Agenda 2030.

Une maximisation des profits qui détruit la planète mais qui a aussi des conséquences sociales : travail forcé ou avec des salaires indécents notamment. L’huile de palme est un triste exemple. Cette activité agricole est accélératrice de la déforestation de notre planète. Une déforestation de la forêt tropicale qui touche directement la biodiversité et le climat, en asséchant des zones comme des tourbières.

Il est temps que nous agissons pour une réelle prise de conscience de la nécessité de la préservation de la nature et de sa biodiversité, et ceci aussi de manière globale. A force de détruire la biodiversité, de diminuer nos ressources naturelles, nous impactons également négativement des populations et accentuons davantage les inégalités. Le vote sur cet accord est l’occasion de nous opposer à ces échanges économiques qui n’ont plus d’avenir si nous voulons réellement vivre dans un monde durable.

[1] https://www.swissinfo.ch/fre/votations-du-7-mars_simone-de-montmollin—cet-accord-de-libre-échange-pose-les-bases-d-une-économie-plus-durable-et-équitable-/46300222

 

[2] https://www.economiesuisse.ch/fr/articles/libre-echange-avec-lindonesie-des-opportunites-pour-les-deux-pays

 

[3] https://www.publiceye.ch/fr/thematiques/politique-commerciale/politique-commerciale-bilaterale/indonesie/votation-ale-indonesie

 

[4] https://www.pronatura.ch/fr/2018/pas-de-libre-echange-pour-lhuile-de-palme

 

QUI A PEUR DU GRAND MÉCHANT LOUP ?

Le retour du loup n’a pas laissé les politiciennes et politiciens indifférent∙e∙s. Interpellations, questions, motions… le Parlement fédéral s’est fait le lieu de nombreuses interventions ces dernières années. Doris Leuthard, ancienne ministre en charge de l’environnement, était contrainte d’aborder la question à presque toutes les sessions. En effet, le loup est réapparu sur le sol suisse au début des années 1990. Un loup qui fait peur, un loup pour lequel une révision du cadre réglementaire s’avérait nécessaire.

Alors que la révision de la loi sur la chasse devait être modérée et permettre de renforcer la coexistence entre l’humain et les animaux sauvages, le texte sorti des débats parlementaires en 2019 n’est pas acceptable. Disons-le clairement : la loi sur la chasse sur laquelle nous allons voter n’est en aucun cas un projet abouti. Au contraire, elle met en péril le dispositif existant de protection des espèces chez les mammifères et les oiseaux sauvages. Ces espèces seraient soumises à une pression plus forte encore.

Mais de quelles espèces, mis à part le loup, parle-t-on ? Des espèces protégées comme le lynx, le castor ou le cygne tuberculé, qui pourraient être ajoutés à la liste des animaux pouvant être régulés, aux côtés du bouquetin et du loup. « Régulés », cela veut dire : tirés et abattus lorsque leur présence dérange. Avec la nouvelle loi, ils pourraient être abattus avant même d’avoir causé des dommages ou d’être considérés comme un danger, sans même que des mesures de protection raisonnables aient été prises au préalable.

La peur du loup n’a rien de nouveau. Pour faire face aux problèmes que pourraient provoquer les loups, des solutions efficaces existent déjà, par exemple la protection des moutons et autres animaux d’élevage. Il est déjà possible de décimer sélectivement des meutes.

Cette peur n’est pourtant pas justifiée, car rappelons-le : le retour du loup n’a jamais été une menace pour les habitantes et les habitants de notre pays.

Au contraire, le retour d’espèces animales indigènes a de réels effets positifs sur notre nature, nos écosystèmes. Les aménagements des castors créent de nouveaux habitats pour la faune locale (poissons et oiseaux, par exemple). La présence de lynx et de loups permet de réduire la multiplication incontrôlée des ongulés tels que cerfs et sangliers, dont les dégâts dans les forêts ou les champs et pâturages sont bien connus. Ces espèces participent en fait à l’équilibre naturel. C’est pourquoi toutes les organisations environnementales et de protection des animaux, la société forestière suisse ainsi que de nombreux forestiers, chasseurs et professionnels de la faune sauvage disent clairement Non à cette loi.

De plus, par cette loi révisée, les cantons pourraient ordonner eux-mêmes de décimer des animaux protégés alors qu’actuellement il faut l’assentiment de la Confédération. Ainsi, l’existence de ces animaux dépendrait de leur localisation et des politiques cantonales : comme si les animaux connaissaient les frontières cantonales !

Le référendum a abouti très rapidement : plus de 70 000 signatures ont été recueillies au cours des sept premières semaines de collecte. Alors direz-vous non le 27 septembre prochain ? Si la majorité du peuple suisse va dans ce sens, cela permettra d’ouvrir la discussion pour une nouvelle loi qui devra être moderne et, surtout, qui respectera notre nature et nos animaux sauvages.

Le changement climatique implique de revoir aussi notre rapport au travail

Changer sa façon de se nourrir, de se déplacer, de se chauffer, de consommer sont les défis pour faire face au réchauffement climatique. Des défis gigantesques qui devront être relevés par l’ensemble de la société. Dans cette équation, ne devrions-nous pas également ouvrir un autre débat ? Celui qui concerne l’évolution du travail, en lien avec la transition écologique ?

 

Une quadragénaire et un jeune homme. Habillés de leur tenue orange, ils sont les deux perdus là au milieu des clients qui s’agitent d’une caisse à l’autre. Une dame scanne les prix de ses courses de la semaine, ici un vieux monsieur scanne sa carte du magasin, là encore une bande d’étudiants scannent les sandwichs et boissons de midi. Tout ce petit monde scanne et scanne encore, de quoi alimenter les serveurs informatiques du grand distributeur. Le jeune homme et sa collègue eux attendent. Attendent de pratiquer un contrôle sporadique ou plus fréquemment de vérifier l’âge d’une cliente qui s’est offert une bouteille de Pinot noir de la région. Pendant ce temps, les habituelles caisses restent désertes ou presque, le client fait désormais le travail des employés du magasin, sans même réclamer de salaire.

Aujourd’hui comme hier, le monde du travail subit en première ligne les évolutions de notre société. Il subit plus exactement les dérives de ces évolutions mal encadrées. D’un côté, les milieux économiques appellent à toujours plus de flexibilisation, ce qui met bien souvent l’employé-e sous pression et d’un autre côté, ces mêmes milieux prennent peu de décisions pour accompagner les travailleurs et travailleuses touché-e-s par la digitalisation. Une évolution technologique qui, tout comme transition écologique, iront pourtant de pair afin de ne laisser personne sur le bas-côté et permettre une répartition juste des richesses.

 

L’OCDE estime que près de 25% des emplois seront directement concernés par la robotisation et, en partie, menacés. Malgré cet état de fait, le Conseil national n’a pas adopté une proposition qui aurait permis d’évaluer l’introduction d’une taxe sur les robots. Une taxe qui permettrait de financer la reconversion des personnes impactées par la transition : Nos deux employés de supermarché par exemple, mais aussi le personnel de guichets à la banque ou à La Poste, enfin là où il existe encore des offices. Toutes les personnes dont le travail risque bien d’être effectué bientôt par une machine ou un algorithme. Ne rien faire en attendant les effets d’un tel changement n’est pas défendable. Et peut-être rappeler que toutes avancées technologiques sont souvent aussi issues d’investissements publics dans l’innovation. C’est pourquoi il ne serait pas cohérent que l’évolution technologique ne profite qu’à une part infime de notre société.

 

Dans le domaine de l’écologie, c’est un peu plus nuancé. Il est vrai que, d’un côté, des emplois vont être créés par l’investissement dans les énergies renouvelables et les économies d’énergie, mais, d’un autre côté, le sujet des emplois fossiles est rarement abordé. En effet, se passer de pétrole, c’est aussi se passer des emplois qui vont avec. Bien que nous ne soyons pas le pays le plus pétrolier au monde, nous devons nous préparer à ce qu’à terme, des emplois disparaissent dans les raffineries, les cimenteries ou autres industries grandes consommatrice de combustibles. Nous devons nous soucier de toutes ces personnes. De leur côté, les lobbys des actionnaires sont déjà à l’œuvre pour préserver leurs intérêts. Pourtant, il serait plus juste de protéger les intérêts collectifs des travailleurs et travailleuses, non ?

 

Nous savons que le tissu économique devra se diversifier et que nous devrons nous questionner pour quitter la logique productiviste (ce qui fera l’objet d’un prochain article), mais pour que nous puissions tendre à une société véritablement écologique sans causer de dégâts sociaux, il faudra également rassurer et assurer les personnes travaillant dans les secteurs dépendant des énergies fossiles que la transition se fera avec eux. Mais pour cela, il est nécessaire de mettre en place des mesures strictes. Non sans consultation et participation des différentes actrices et acteurs, mais dans l’intérêt de toutes et tous. Augmenter les droits sociaux, lutter contre les licenciements et un droit à la formation continue sont ainsi parmi les défis pour garantir un avenir professionnel à toutes et tous. Mais à moyen terme, même si je ne me fais d’illusion dans l’immédiat, nous aurons besoin de réduire notre temps de travail. Ceci dans un souci de répartition des richesses, certes, mais aussi pour nous laisser plus de temps pour vivre autrement, pour préserver notre environnement.

 

A Berne, je m’engage à lutter pour obtenir ces droits et protéger les personnes qui en auront besoin.

Politique climatique : l’impuissance des locataires

Louise et Jacques vivent au Val-de-Travers. Ils sont tous les deux à la retraite. En cette période automnale, ils reçoivent un courrier qui leur laisse un goût amer : leur propriétaire leur adresse le décompte annuel de charges. En prime, il leur annonce que, taxe sur le COoblige, un montant est encore à payer en plus des acomptes de charges réglés pour 2018 / 2019. Interpellés par cette annonce, Louise et Jacques demandent des précisions : après une courte conversation avec leur propriétaire, ils font, dépités, le constat de leur impuissance. Premièrement, leur propriétaire reste hermétique aux arguments plaidant pour la mise en place d’un système énergétique émettant peu de CO2. Deuxièmement, profitant des lacunes du système actuel, il n’hésite pas à reporter sur ses locataires le coût de la taxe sur les combustibles. Bien obligés de se chauffer et de se loger, ils paieront.

 

L’exemple n’a rien de caricatural, il est malheureusement encore courant de rencontrer des locataires dont le propriétaire rechigne à améliorer l’isolation de son bâtiment et/ou à opter pour un système de chauffage plus moderne. Cela explique que bon nombre de personnes qui louent un logement portent injustement le poids du tournant énergétique. Il faut savoir que la taxe sur le COest prélevée sur les combustibles. Elle augmente, par ailleurs, régulièrement si les objectifs fixés par la Confédération en termes d’émissions ne sont pas atteints. Dans cette situation, les moyens d’action du locataire sont hélas faibles. Il peut déménager, certes, mais en plus d’être extrême, cette solution n’a rien de réaliste pour une très large majorité des locataires. Des locataires captifs autant que leur porte-monnaie.

 

Ce n’est malheureusement pas la redistribution par le biais de la caisse maladie (un rabais de quelques francs qui figurent sur nos décomptes mensuels de primes maladie) qui changera la donne. Actuellement, cette redistribution a un caractère un tantinet social. En moyenne, le poids de la taxe est partiellement fonction du salaire et pour certaines exemptions (ménage de 4 personnes par exemple), la redistribution permet même de compenser ce qu’on peut avoir à payer comme locataire pour la taxe [1]. La redistribution est donc une bonne chose, mais il est indispensable de veiller à ce que les locataires ne soient pas à terme les seuls à payer le tournant énergétique. En l’état, l’augmentation de la taxe, bien qu’incitative, aura pour seul effet d’étouffer les personnes les plus en difficulté. Il est urgent que le système devienne plus solidaire. Si ce n’est pas le cas, il fera porter le coût du tournant énergétique aux seuls citoyennes et citoyens, qui n’ont pas leur mot à dire dans l’affaire. Toutes celles et tous ceux qui, n’ayant pas les outils pour agir afin de changer « leur » système de chauffage ou en diminuer leur utilisation, se font piéger par des propriétaires plus enclins à encaisser les loyers qu’à investir dans l’avenir. Dans ces conditions, les objectifs voulus par notre pays ne seront jamais atteints et, pire, on aura encore accru les inégalités.

 

Au milieu de ce tableau, finalement assez noir, des outils existent néanmoins, à l’instar du programme « Bâtiment ». Ce programme, très important dans la politique climatique suisse, permet de subventionner en partie les rénovations de constructions en vue d’une amélioration énergétique. Mais là encore, la rénovation dépend du bon vouloir du propriétaire, le locataire restant captif des décisions de son bailleur.

 

En conclusion, si en Suisse 60% des habitants et habitantes sont locataires, le système en œuvre n’en tient que très peu compte… Ou alors, s’il en tient compte, c’est uniquement dans le sens où le locataire est considéré comme financier principal de la transition.

 

Partant de ce constat, pour faire face à la crise climatique, en plus des nécessaires et massifs investissements de la Confédération, les propriétaires doivent impérativement être amenés avec davantage de fermeté à faire évoluer leurs installations énergétiques et isoler leurs bâtiments. Une obligation d’assainir donc[2], mais aussi la possibilité de bénéficier d’aide complémentaire à l’investissement[3], car, disons-le clairement, les propriétaires ne sont pas tous de riches financiers, et il n’est pas question ici de les pousser vers la faillite.

 

Enfin, autre outil ou solution à envisager : une révision du droit du bail pour éviter les reports inconsidérés sur les locataires – et donc des augmentations de loyers. Mais, pour ce cela, comme pour la mise en place d’autres mesures, il faut que de nouvelles majorités se dessinent au Parlement fédéral et que celles que nous connaissons actuellement soit remplacées. Encore une bonne raison, ce 20 octobre, de voter à gauche !

[1]https://www.sp-ps.ch/fr/publications/communiques-de-presse/en-finir-avec-le-petrole-le-plan-marshall-climatique-pour-la(Plan Marschall PS : étude comptabilité sociale (dia 35-37))

[2]https://www.sp-ps.ch/fr/publications/communiques-de-presse/en-finir-avec-le-petrole-le-plan-marshall-climatique-pour-la(Plan Marschall PS : 40 mesures (mesure C5))

[3]https://www.sp-ps.ch/fr/publications/communiques-de-presse/en-finir-avec-le-petrole-le-plan-marshall-climatique-pour-la(Plan Marschall PS: 40 mesures (mesure C3))

Manger sainement doit être un droit et non un luxe

Contre une alimentation à deux vitesses

 

« Je ne sais plus quoi manger »… La phrase m’est arrivée au vol, dans un café de La Chaux-de-Fonds. Une femme discutait avec une amie et le sujet m’a fait tendre l’oreille. J’apprends alors que non, ce n’est ni l’écoeurement, ni la lassitude qui a coupé l’appétit de cette quinquagénaire, mais ses questionnements sur la santé et l’environnement en lien avec l’alimentation. Sa perplexité est largement partagée : comment manger sainement, sans traces de pesticides, par exemple, en épargnant nos ressources naturelles ? Comment savoir si ce que nous ingérons est à la hauteur de nos attentes ? Le florilège des qualificatifs utilisés par l’agriculture moderne, « biologique », « biodynamique », « de proximité », « durable », « extensive », « en respect des animaux » ou « sans pesticide de synthèse », façonnent notre alimentation mais ne simplifie pas vraiment la situation. Comment savoir si on fait réellement le « bon choix », pour nous, pour les générations futures, pour la préservation des écosystèmes ?

 

Cette femme n’est pas aidée dans sa réflexion par les débats parlementaires. Alors que les scientifiques tirent la sonnette d’alarme en révélant notamment la présence de substances toxiques dans nos aliments et leur nocivité, les décisions politiques ne suivent pas ou si peu (la preuve encore lors de la session d’été, qui a vu la majorité du Conseil national s’opposer aux initiatives anti-pesticide). Pendant que les lobbys d’une certaine agriculture, de l’agroalimentaire et de la chimie hantent les couloirs du Palais fédéral, nous, consommatrices et consommateurs, sommes bien seul-e-s face à ces choix cornéliens. « Faut-il se tourner vers le bio, un choix en augmentation, mais est-ce vraiment accessible ?» se demandait ma voisine de table. Après une santé à deux vitesses, une alimentation à deux vitesses ? Malheureusement oui et depuis longtemps. Manger sainement devrait être pourtant un droit et non un luxe ! Se nourrir sainement à tous niveaux a un prix, et c’est peut-être ça le plus grand dilemme et la première injustice.

 

Le temps est venu d’une réelle politique d’incitation pour permettre au plus grand nombre d’avoir accès à une alimentation exempte de substances toxiques. Pourtant, les réticences sont légion : les discussions récentes au Grand Conseil neuchâtelois en sont la preuve. Que ça soit la volonté d’interdire les pesticides de synthèse ou demander la reconversion des exploitations agricoles sur terrain de l’État en culture biologique, une certaine retenue pour ne pas dire une réelle opposition des autorités est palpable. Des craintes quant à la faisabilité, mais surtout de chambouler une partie du milieu agricole qui a de la peine à se réinventer.

 

Or, se réinventer par rapport au mode de production concerne également les conditions de travail. Encore dernièrement, la Chambre d’agriculture de l’Union paysanne suisse s’est démarquée en ne voulant pas reconnaître la rétribution du travail fourni par les paysannes avec une couverture sociale. L’agriculture ne pourra être durable que lorsque l’ensemble des actrices et acteurs des exploitations seront traité-e-s décemment. Dans le système actuel, qui voit l’agriculteur bien mal payé pour son travail alors que les distributeurs et intermédiaires se frottent les mains, il n’est pas normal que le coût ne soit que pour nous, consommateurs et consommatrices.

 

L’enjeu est majeur : notre société doit se réinventer et ce ne sera pas une petite affaire !

 

Et des solutions existent pour faciliter une transition agricole durable et bio. Des mesures d’accompagnement pour soutenir les agricultrices et agriculteurs qui passent à des cultures biologiques ou qui souhaitent s’en rapprocher sont un moyen d’y parvenir, tout en tenant compte que la faisabilité de reconversion dépend du type de production. De la même manière, pourquoi les établissements publics, comme cantines et autres cafétérias de lieux de formation par exemple, ne passeraient-il pas au bio en s’approvisionnant par circuits courts ? Une mesure favorable à plus d’égalité des chances qui permettrait également de garantir aux agriculteurs locaux l’achat de leurs produits et à nos plus jeunes une alimentation saine.

 

Les pessimistes diront que pour passer au bio l’ensemble des cultures à l’échelle mondiale, il faudrait soit augmenter les surfaces des sols soit limiter le gaspillage. Et que la Suisse peine déjà à maintenir ses surfaces cultivables. C’est un fait. Mais pour ce qui est du gaspillage, nous savons combien notre marge de manœuvre est gigantesque. Saviez-vous que l’agriculture actuelle génère plus de 200 000 tonnes de déchets alimentaires alors que les 90% pourraient être évités ? Et que les ménages produisent un million de tonnes de déchets, dont la moitié pourrait être évitée ? Là aussi, il est temps que nous agissions pour trouver des solutions.

 

Car, finalement, d’un point de vue global, si tout le système change, il y aura surtout des bénéfices tant sur notre vie quotidienne que celle de nos enfants et sur les coûts de la santé, de même que pour les travailleurs agricoles.

 

Qu’avons-nous à perdre?