Toujours candidat, rarement président

J'ai cru que j'avais mal compris! Après avoir écouté le président français dans son allocution télévisée, j'ai compris qu'il souhaitait "un choc de simplification" pour les entreprises. Enfin, ai-je pensé comme bien d'autres. Mais dans le même élan, le président annonçait que le fameux 75% de prélèvements fiscaux – promesse de campagne –  allait changer de cible. Ce sont désormais les entreprises qui vont passer à la caisse pour les salaires dépassant le million. Personne n'a d'ailleurs très bien saisi comment cela allait s'opérer, mais tant pis.

Contrairement à d'autres qui pensent que Hollande fait un virage à droite, je pense qu'il continue à s'enfermer dans ses promesses électorales. En effet, on peut s'apitoyer tant que l'on veut sur les entreprises françaises mais on doit se souvenir que, outre la bureaucratie, ce sont des charges sociales qui atteignent 47 à 50% des salaires qui bloquent toute vélléité de créer des emplois Si au moins cela servait vraiment à équilibrer les institutions sociales françaises, mais même pas.

Finalement, que reste-t-il de cette longue intervention, pour ce qui concerne la politique économique du président Hollande? Une volonté de supprimer les entraves administratives, fort bien. Cela aurait pu et dû être fait depuis longtemps et ce n'est pas le rôle du président de la République de les détailler. Une volonté de les taxer davantage, pour justifier le malheureux 75% lâché – à l'insu de ses conseillers – par un candidat à la recherche de suffrages. Une passivité inquiétante concernant les vraies raisons qui entravent la création d'emplois, les charges sociales en particulier.

La France est en panne. Cela ne date pas d'aujourd'hui, hélas. Il n'y a pas de recettes miracle mais un début de solution le jour où la France et les Français arrêteront de mépriser la richesse économique et ceux qui la créent au quotidien. 

Martine Brunschwig Graf

Martine Brunschwig Graf est une femme politique suisse membre du Parti libéral-radical (PLR). En octobre 2003, elle est élue au Conseil national et intègre la commission de la science, de l'éducation et de la culture. En 2012, elle préside la Commission fédérale contre le racisme.