Dans les librairies, les rayons et les ouvrages dédiés au développement personnel fleurissent; il en va de même sur les réseaux sociaux, où articles et vidéos se multiplient, offrant des conseils pour s’orienter vers une vie pleine de sens et de bonheur. En fin de compte, le bien-être est-il un choix? Peut-on vraiment décider de s’épanouir et de mener une existence heureuse?
Cela fait maintenant plus de quinze ans que la Professeure en psychologie Sonja Lyubomirsky et son collègue Kennon Sheldon conduisent leurs études sur le bonheur. Étant donné que la signification de ce concept dépend des individus, leur travail s’est basé sur une échelle de perception subjective du bonheur. Évidemment, leurs recherches ont aussi cherché à définir si l’être humain a la capacité d’influencer son bien-être.
Leur réponse: oui et non. Leurs résultats indiquent que le bonheur subjectif est déterminé en grande partie par la génétique, puis par les efforts des individus, et enfin également par les circonstances. Cultiver des comportements constructifs a donc un effet positif et utile pour le bien-être. Au fil du temps et de leurs découvertes, Lyubomirsk et Sheldon ont également cherché à définir de quelle manière les efforts d’un être humain pouvaient avoir le plus d’effet sur son bonheur subjectif, ce qui leur a permis de tirer les conclusions suivantes:
Agir plutôt qu’acquérir
En termes de bonheur subjectif, maintenir à long terme des activités ressourçantes confère un impact plus grand et plus durable que les changements de situation de vie (déménager, changer de partenaire de vie, acheter un objet de valeur ou obtenir une augmentation). Cela s’explique par le réflexe d’adaptation qui s’installe fréquemment: un nouvel appartement rend euphorique les premières semaines, mais il fait partie du quotidien après quelques mois et, souvent, il ne rehausse plus de sentiment de satisfaction. Les efforts semblent donc plus utiles lorsqu’ils s’orientent vers des activités durables intéressantes, inspirantes, qui renforcent les liens et qui génèrent un sentiment positif.
Adapter l’adaptation
Ceci dit, les psychologues ont poussé leur réflexion plus loin: est-il possible de faire durer le bonheur divulgué par un changement de situation de vie lorsqu’il venait de survenir? Leur réponse est positive! Pour cela, il faut tout d’abord éviter de se dire qu’on mérite une nouvelle transformation qui rendra tout encore mieux. À la place, il est recommandé de se connecter aussi souvent que possible au sentiment que le changement a provoqué au début. Par exemple, un déménagement peut continuer d’être une source de bonheur si la personne profite des avantages de son nouveau lieu de vie en organisant souvent des repas dans la salle à manger désormais plus grande, ou en faisant régulièrement des promenades dans son nouveau quartier plus agréable.
La gratitude est la force
Les recherches ont montré que la gratitude et l’optimisme jouent un rôle essentiel dans le bonheur subjectif: ces qualités permettent de modifier positivement la perception du quotidien et de la vie en général. C’est pour cette raison qu’il est préconisé de les cultiver, par exemple en écrivant des lettres de gratitude, en prenant le temps de visualiser un futur positif, ou encore en listant les activités de la semaine qui ont été agréables. Ce type d’habitudes rend les activités du quotidien plus satisfaisantes.
Les efforts ont leur utilité
Les personnes qui ont participé à leurs études en investissant plus d’efforts dans les activités proposées ont vu des meilleurs résultats dans leur bien-être subjectif. Ceci dit, cette corrélation s’observe uniquement lorsque les efforts sont appliqués avec les bonnes méthodes. En conséquence, il est toujours utile de sensibiliser les personnes qui s’y intéressent aux meilleurs moyens de travailler sur leur bien-être. De même, les gens qui souhaitent travailler sur leur développement personnel ont tout intérêt à continuer de se renseigner scrupuleusement sur la question.
Se fixer des objectifs personnels
Excellent pour la motivation et l’estime de soi, le fait de se fixer des objectifs s’avère également avoir une influence positive sur le bonheur. L’étude des psychologues montre même que, plusieurs années après avoir atteint le but fixé, le sentiment de bien-être persiste. Afin d’en savoir plus, cet article permet de découvrir un moyen efficace de se fixer des objectifs.
«Chacun ses goûts»
D’après Lyubomirsk et Sheldon, «la poursuite du bonheur implique d’essayer différents types de buts, de valeurs, de comportements et d’activités afin de déterminer lesquels apportent le plus de satisfaction et de bonheur»1. Chaque personne est différente et trouvera l’épanouissement à sa propre manière. Les recherches des psychologues tendent simplement à prouver que, de manière générale, les attitudes les plus florissantes en termes de bonheur sont, d’une part, d’essayer de s’améliorer sur le long terme, et d’autres part, de renforcer les liens avec les autres.
Les relations au cœur du bien-être
Ce dernier point concernant les connexions entre être humains rejoint les observations faites par le psychiatre Robert J. Waldiner, l’un des directeurs d’une étude ayant duré plus de 75 ans auprès de plus de sept cents américains. Suivre la vie adulte de ces hommes depuis leur adolescence a permis de souligner la grande importance des relations dans leur bien-être. Il ne s’agit ici plus seulement du bonheur: «les personnes qui ont de meilleurs liens avec leur famille, leurs amis et leur communauté sont plus heureuses, en meilleure santé, et elles vivent plus longtemps que les autres.»2 Les paramètres observés ne dépendent pas du nombre d’amis, mais bel et bien de la qualité des relations étroites–le fait de pouvoir compter sur ses proches s’avère très précieux. Enfin, les relations de qualité s’avèrent aussi protéger la mémoire des participants à l’étude, lorsqu’ils arrivent dans leurs dernières années. Autrement dit, il semble que l’amour au sens large est excellent pour la santé.
Par où commencer ?
Ces nombreux conseils peuvent donner le vertige lorsqu’on s’y plonge pour la première fois. Que faut-il en retenir? Tout d’abord, le courant de psychologie positive auquel Lyubomirsk et Sheldon ont énormément contribué (et continuent de contribuer) ne cherche pas à culpabiliser quiconque ressentant de la tristesse ou passant de mauvais moments. En réalité, les personnes les plus heureuses du monde traversent toutes des périodes difficiles. Le propos des recherches des psychologues est plutôt de définir quelles activités peuvent améliorer le bonheur subjectif. Le fleurissement du développement personnel suit, consciemment ou non, un parcours similaire. Quant à la question de savoir par quoi commencer, autant tester ce qui vous interpelle le plus en premier. Rien de plus efficace que la motivation intrinsèque, celle qui vient du fond de vos propres envies.
2 Traduit de : Waldinger, R. (2015, November). What makes a good life? Lessons from the longest study on happiness [Video]. Ted Conferences.
J’en ai marre qu’on me dise que je n’ai qu’à choisir d’être heureux !
J’ai pris 14 kg depuis le confinement de mars 2020, j’ai perdu beaucoup d’ami-e-x-s à cause des restrictions sociales, je vais prochainement et certainement perdre mon travail alors que je suis resté de permanence au travail tandis que mes collègues profitaient du télétravail en famille et ont accueilli un nouvel enfant (pour beaucoup), etc… Belle découverte donc: si on fait peser toutes les restrictions sur une seule personne, il y a de fortes chances que sa productivité et son humeur baissent 🥺
Et tout cela pour quoi? la deuxième de mes trois doses de vaccin a entraîné des effets (temporaires) plus douloureux que la Covid; et le pass vaccinal m’a éloigné de ma meilleure amie “antivax”…
Je ressors épuisé de deux années de restrictions. En mars 2020, j’étais une valeur sûre, de bonne humeur et pleins d’espoir. J’avais un bel avenir. En février 2022, j’ai tout perdu… y compris tous les membres de ma famille de > 80 ans (généralement abandonnés par l’Etat dans des hôpitaux oû le personnel avait déserté ou prenait des vacances)…
Et je n’aurais que “souhaiter” être heureux?
J’en ai marre que mes connaissances, qui ont passé deux ans en famille et en télétravail sur leur terrasse, me disent que “cela ne dépend que de moi” ! Non!, je n’ai pas fait le choix de tout perdre; j’ai été sacrifié pour que mes supérieurs n’aient pas à faire de choix. On m’a désigné pour travailler dans un bâtiment de trois étages quasiment seul pendant deux ans, et voir les autres à travers des écrans profiter de leur famille …
C’est étonnant que j’en ressorte lessiver?
C’est étonnant que je n’ai pas de pensées positives ?
Bonjour,
Merci beaucoup pour votre commentaire. Vous avez tout à fait raison, le bonheur ne dépend pas que de soi. Je partage votre opinion, comme je l’indique dans le deuxième paragraphe de l’article. Je suis désolée de votre situation et je ne peux qu’espérer qu’elle se soit améliorée depuis février. Beaucoup de force et de courage à vous dans ces épreuves.
Encore merci pour votre commentaire.
Marion Marchetti