Sous la pression de l’archet, une corde entonne le récit d’un rêve. La première note s’installe doucement dans l’air, enveloppant l’atmosphère de ses vibrations. Le chant de l’alto nous héberge au plus profond de son être. Les doigts de Cristofer Schencke valsent gracieusement sur le sillet, oscillent lors d’un vibrato, donnent peu à peu vie à la première Suite de Max Reger.
« J’ai décidé de devenir musicien à 16 ans ». L’altiste quitte alors Valdivia pour étudier à Santiago de Chile, à plus de 800 kilomètres de sa ville natale. Son jeune âge ne lui permettant pas de travailler, il joue dans la rue tous les jours afin de financer ses études et son logement. L’isolement, la solitude et les difficultés de ce mode de vie forgent tant bien que mal le jeune musicien. À plusieurs reprises, il se rend à la station de bus, toutes ses affaires sur lui, avec la ferme intention de retourner chez ses parents. « J’attendais l’heure du départ devant le bus, puis mon orgueil reprenait le dessus : je regardais le bus disparaître à l’horizon, je retournais à l’hôtel et j’y pleurais toutes larmes de mon corps. » Les années passent, les heures de travail acharné se succèdent, les auditions défilent. La ville de Santiago s’intéresse peu à peu aux talents de Cristofer, qui joue dans différents ensembles. Vient ensuite le jour où l’Orchestre Symphonique National du Chili l’engage comme remplaçant ; une fois, une autre, puis de plus en plus souvent. La stabilité le motive à aller plus loin. Il obtient une bourse pour étudier à Berlin et s’y rend sans connaître la langue. « Toutes les difficultés que j’ai vécues à Santiago se sont manifestées de manière plus intense en Allemagne. J’ai passé deux mois dans cette ville sans pouvoir parler à personne. » Les expériences de ses 16 ans s’avèrent salvatrices, lui conférant l’expérience nécessaire pour mener à bien ce voyage. En 2017, Cristofer obtient un poste permanent à l’Orchestre Symphonique National du Chili. L’artiste exulte. Gratitude, fierté, euphorie. Son rêve réalisé, ses accomplissements célébrés, le musicien insiste sur le rôle de son intuition. « J’ai suivi très tôt la voix qui me disait ce que je devais faire de ma vie, ce qui m’a permis d’arriver plus loin que ce que j’avais imaginé. Deux semaines après avoir reçu cette nouvelle, j’ai recommencé à me poser des questions. » Le musicien s’est créé de nouveaux buts, évoquant de nombreux voyages. Aujourd’hui en séjour à Berlin, Cristofer parle de son parcours avec beaucoup de reconnaissance. Bien plus que la finalité de ses objectifs, son amour pour le processus qui l’y mène lui permet de vivre un rêve éveillé. |
Bajo la presión del arco, una cuerda entona el relato de un sueño. La primera nota se instala suavemente en el aire, envolviendo la atmósfera con sus vibraciones. El canto de la viola nos alberga en lo más profundo de su ser. Los dedos de Cristofer Schencke valsean delicadamente en la cejilla, oscilan durante un vibrato, dándole vida a la Suite 1 de Max Reger.
“Decidí ser músico a los 16 años”. En este momento, el violista deja Valdivia para estudiar en Santiago de Chile, a más de 800 kilómetros de su ciudad natal. Puesto que su edad temprana no le permite trabajar, toca en la calle para financiar los estudios y su vivir. El aislamiento, la soledad y las dificultades de éste estilo de vida forjan el joven músico a duras penas. En ocasiones acudió a la estación de buses, tomando todas sus cosas, con la firma intención de volver a la casa de sus padres. “Esperaba la hora de ida delante del bus, y luego el orgullo vencía: miraba el bus desaparecer en el horizonte, volvía al hostal y lloraba todas sus lagrimas.” Los años pasan, las horas de trabajo incansable se suceden, las audiciones desfilan. La ciudad de Santiago se interesa poco a poco por los talentos del Cristofer. Llega finalmente el día en el que la Orquesta Sinfónica Nacional de Chile lo contrata como músico extra; una vez, luego otra; y con más frecuencia. La estabilidad le motiva a seguir adelante. Obtiene una beca para estudiar en Berlín, en donde el va aún sin conocer el idioma. “Todas las dificultades que viví en Santiago fueron peor aún en Alemania. Pasé dos meses sin poder hablar a nadie.” Las experiencias de sus 16 años se revelan salvadoras, conferándole la experiencia necesaria para llevar a cabo este viaje. En 2017, Cristofer obtiene un puesto permanente en la Orquesta Sinfónica Nacional de Chile. El artista exulta. Gratitud, orgullo, euforia. Su sueño cumplido, su éxito celebrado, el músico insiste en el rol de su intuición. “Tuve la suerte de seguir muy temprano la semilla que me decía lo que tenía que hacer con mi vida, lo que me permitió llegar más allá de lo que me había imaginado. Dos semanas después de haber recibido esta noticia, volví a hacerme preguntas.” El músico se creó nuevas metas, evocando muchos viajes. Ahora en su estancia en Berlín, Cristofer habla de su recorrido con mucha gratitud. Mucho más que la finalidad de sus viajes, su amor por el proceso que le lleva allá, le permite vivir un sueño sin esta vez estar dormido… |