Aujourd’hui le 8 mars

Le 8 mars est la journée internationale des droits des femmes. Une copine m’a envoyé un message avec des fleurs virtuelles. Merci beaucoup pour les fleurs, mais cela ne me suffit pas ! Il me faut l’égalité, surtout salariale. Désormais retraitée, je m’aperçois que l’inégalité salariale a des effets même sur les rentes ! Une fleur un jour, ne suffit de loin pas !

Lorsque j’ai eu mon premier enfant dans les années 80, mon compagnon et moi-même voulions partager les tâches : chacun travaillerait à mi-temps et s’occuperait de l’enfant durant l’autre mi-temps. Et pour un ou deux jours, nous ferions appel à une garde extrafamiliale.

Le rêve de notre partage équitable des tâches s’est rapidement brisé. Après avoir fait le calcul, nous nous sommes rendus compte que Monsieur gagnait beaucoup plus que Madame, et qu’il n’était économiquement pas intéressant qu’il diminue son temps de travail. Active dans un métier typiquement féminin (les soins !), mon salaire à mi-temps nous permettrait juste de payer le supplément d’impôt et la crèche. Comme la plupart des couples de l’époque, Monsieur a donc travaillé à plein temps et moi, j’ai temporairement quitté mon activité salariée pour m’occuper entièrement de mes enfants.

J’ai eu beaucoup de chance, puisque contrairement à la moitié des personnes mariées dans les années quatre-vingt, je n’ai pas divorcé. Et quelques années plus tard, j’ai pu reprendre des études pour travailler dans un domaine permettant de concilier famille, profession et politique, tout en gagnant mieux ma vie.

D’abord pour des raisons familiales puis pour mon engagement politique, j’ai toujours travaillé à temps partiel. Résultat des courses : ma rente actuelle est minimale. Mais je m’estime heureuse : je suis toujours mariée au même homme, également à la retraite mais avec une rente pleine (normal, c’est un homme !). Et j’ai de merveilleux petits-enfants, dont les parents partagent les tâches. L’égalité a donc quand-même un peu progressé, mais pas encore assez pour que toutes les femmes (et les hommes !) puissent choisir librement s’ils ou elles veulent travailler dans ou hors de la maison ! Et les écarts salariaux ne sont pas encore résorbés en Suisse: 18% de différence en moyenne, dont 7% non explicable. En flagrante violation de la  Constitution et de la loi. Que cela change ! Mobilisez-vous les filles !

Maria Bernasconi

En tant que députée au Grand-Conseil genevois puis conseillère nationale PS, Maria Bernasconi a défendu l'égalité entre femmes et hommes, la justice sociale et le service public. Née en 1955. Elle est mariée, deux enfants et 3 petits-enfants, elle est infirmière et juriste de formation. Elle a fini son parcours professionnel en tant que secrétaire générale d'un syndicat et est à la retraite depuis 2018.